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lundi 29 février 2016

Patrick de Laubier


Radio Vatican annonce le retour à Dieu de Patrick de Laubier, sociologue connu et jeune prêtre de 81 ans. Son ouvrage "Pour une civilisation de l'amour" est disponible gratuitement en ligne sur le site doctrinesocialeeglise.org .

Article sur France Catholique.


Votation sur l’initiative «Pour le couple et la famille - Non à la pénalisation du mariage»


La Conférence des évêques suisses regrette le rejet de l’initiative
Votation sur l’initiative «Pour le couple et la famille - Non à la pénalisation du mariage»

La Conférence des évêques suisses regrette le rejet de l’initiative «Pour le couple et la famille - Non à la pénalisation du mariage» exprimé dimanche lors de la votation populaire. L’initiative a cependant atteint un de ses buts, à savoir mettre en évidence la grande valeur accordée à la famille par la population en Suisse. Beaucoup d’opposants à l’initiative ont souligné eux-mêmes l’importance primordiale de la famille pour le présent et l’avenir de notre société.

Le résultat de la votation ne surprend pas les évêques suisses. Le synode des évêques consacré à la famille, qui s’est déroulé il y a quelques mois à Rome, a suscité en Suisse un vif intérêt bien au-delà du cercle des fidèles de l’Eglise catholique. A cette occasion, les très nombreuses réactions reçues par les évêques en Suisse ont clairement mis en évidence une grande diversité de points de vue dans l’Eglise et la société face à la meilleure façon de concevoir et de renforcer le mariage et la famille dans notre société.

Charles Morerod
Evêque de Lausanne, Genève et Fribourg
Président de la Conférence des évêques suisses

dimanche 28 février 2016

Angélus du pape

Le Pape François
ANGELUS
Place Saint Pierre
Troisième dimanche de Carême, 28 Février, 2016
Traduction personnelle en attendant celle de Zénit

Chers frères et sœurs, bonjour!


Chaque jour, malheureusement, les informations rapportent de mauvaises nouvelles: homicides, accidents, catastrophes... Dans le passage de l'Evangile d'aujourd'hui, Jésus fait référence à deux événements tragiques qui à cette époque avaient causé beaucoup d’émoi: une répression sanglante par les soldats romains à l'intérieur du temple; et l'effondrement de la tour de Siloé à Jérusalem, qui avait fait dix-huit victimes (cf. Lc 13,1 à 5).

Jésus connaît la mentalité superstitieuse de ses auditeurs, et sait qu'ils interprètent ce genre d'événements dans un mauvais sens. En effet, ils pensent que si ces hommes sont morts si cruellement, c’est un signe que Dieu les a punis pour une ou plusieurs fautes graves qu'ils avaient commises; comme si ils disaient : «ils le méritaient». Le fait qu'ils avaient été épargnés eux par la catastrophe équivalait à se sentir «bien en ordre». Eux ils «le méritaient» (leur propre état); Je suis « bien en ordre ».

Jésus rejette clairement ce point de vue, parce que Dieu ne permet pas les tragédies pour punir les péchés, et il affirme que ces pauvres victimes n’étaient pas pires que les autres. Au contraire, il nous invite à tirer de ces événements douloureux un avertissement qui concerne tout le monde, parce que nous sommes tous pécheurs; Il dit à ceux qui l’avaient interpellé : «Si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de la même manière» (v. 3).

Même aujourd'hui, confrontés à certains malheurs et à des événements tragiques, peut survenir  la tentation de "faire porter" la responsabilité sur les victimes, ou même sur Dieu lui-même. Mais l'Evangile nous invite à réfléchir: quelle idée de Dieu nous sommes-nous faits? Est-ce que nous croyons simplement que Dieu est ainsi, ou ne serait-ce pas plutôt notre projection, d’un dieu fait « à notre image et ressemblance»? Jésus, au contraire, nous appelle à changer notre cœur, à faire un changement radical sur le chemin de notre vie, en abandonnant les compromis avec le mal (- et cela nous le faisons tous, des compromis avec le mal - l'hypocrisie - je crois que presque tous nous avons au moins un peu d'hypocrisie –) pour prendre résolument le chemin de l'Evangile. Mais là encore, de nouveau la tentation de nous justifier: "Mais de quelle chose devons-nous nous convertir? Ne sommes-nous pas tous de bonnes personnes? ". Combien de fois avons-nous pensé ceci: «Mais dans l'ensemble je suis bon, je suis brave – n’est-ce pas? - Ne sommes-nous pas des croyants, même suffisamment pratiquants? ". Et nous croyons qu’ainsi nous sommes justifiés.

Malheureusement, chacun de nous ressemble un peu à un arbre qui, pendant des années, a donné de nombreuses preuves de sa stérilité. Mais, heureusement pour nous, Jésus est comme le paysan qui, avec une patience sans limite, obtient encore une prolongation pour le figuier stérile: "Laissez-le encore cette année - dit le maître - [...] Nous allons voir s’il portera du fruit à l’avenir "(v. 9). Une «année» de grâce: le temps du ministère du Christ, le temps de l'Eglise avant son retour glorieux, le temps de nos vies, ponctuées par un certain nombre de Carêmes, qui nous sont offerts comme des occasions de repentance et de salut, le temps d'une année jubilaire de la Miséricorde. La patience invincible de Jésus! Avez-vous pensé, vous, à la patience de Dieu? Avez-vous aussi pensé à sa préoccupation irréductible  pour les pécheurs, alors devrait être provoquée son impatience contre nous-mêmes! Il n’est jamais trop tard pour se convertir, jamais! Jusqu'au dernier moment: la patience de Dieu nous attend. Rappelez-vous la petite histoire de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, quand elle a prié pour le condamné à mort, un criminel qui ne voulait pas recevoir le réconfort de l'Eglise, il avait refusé le prêtre, il ne voulait pas: il voulait mourir ainsi. Et elle priait pour lui dans son monastère. Et quand l'homme était là, juste au moment où il allait être  tué, il se tourne vers le prêtre, prend le crucifix et l'embrasse. la patience de Dieu! Il fait la même chose avec nous, avec nous tous! Combien de fois - nous ne savons pas, nous saurons dans le ciel - combien de fois nous sommes là, là ... [sur le point de tomber], et le Seigneur nous sauve, nous sauve, car il a beaucoup de patience pour nous. Et ceci est sa miséricorde. Il n’est jamais trop tard pour se repentir, mais c’est urgent, c’est maintenant! Commençons aujourd'hui.

Que la Vierge Marie nous soutienne, afin que nous puissions ouvrir nos cœurs à la grâce de Dieu, à sa miséricorde; et qu’elle nous aide à ne jamais juger les autres, mais à nous laisser interpeller par les malheurs quotidiens pour faire un sérieux examen de conscience et nous repentir.

Après l'Angélus, le pape a encore dit sa prière pour les réfugiés fuyant la guerre et il a sollicité l’appui de tous à ceux qui sont en première ligne de ce front, en particulier, la Grèce.
Il se félicite de l'espoir donné par les nouvelles sur la cessation des hostilités en Syrie, nous invite tous à prier pour que soit valorisée cette fenêtre d'opportunité.

Il tient également à assurer de sa proximité le peuple des îles Fidji, durement touché par un cyclone dévastateur et prie pour les victimes et pour ceux qui sont engagés dans les opérations de secours.
Il a salué cordialement tous les pèlerins de Rome, d’Italie et d'autres pays, polonais, biafrais, espagnols.

Il a salué aussi le groupe est venu à l'occasion de la "Journée pour les maladies rares", avec une prière spéciale et d'encouragement à leurs associations d'entraide.
En concluant traditionnellement par :
Je vous souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez de prier pour moi. Bon appétit et au revoir!

samedi 27 février 2016

En attendant le saint jour de Pâques




Comment se fait-il que Noël survienne un 25 décembre, l'Annonciation un 25 mars et que cette année le Vendredi Saint et l'Annonciation se chevauchent pour ainsi dire ? En Occident et en particulier en Afrique du Nord, les Pères à commencer par Tertullien paraissent être les auteurs réfléchis de cette expression des premiers calendriers liturgiques. Il en est un qui à Rome remontant à la fin du 3ème siècle fixe la mort du Christ un 25 mars. Hippolyte de Rome (interpolation ancienne?), à la même époque mentionne la date du 25 décembre comme étant celle de Noël et le 25 mars la mort de Jésus. Le Christ est venu en notre chair, a donné sa vie et est ressuscité à des dates précises. A notre humble niveau ne pouvant que les conjecturer, mieux vaut alors se consacrer et s'intéresser à la symbolique, au sens spirituel des dates. Le Père Roland Bresson dans une brochure de présentation du Jubilé du Puy, après d'excellentes et savantes explications nous offre cette synthèse.

En un seul jour : celui de sa conception et celui de sa mort, Jésus assume exactement la condition humaine. En cette coïncidence des deux mystères fondamentaux du projet de Dieu, l’homme peut contempler l’Emmanuel qui a pris chair de sa chair pour lui. Il est né comme nous, pour que nous renaissions dans le baptême comme lui, et il est mort comme nous, pour que nous ressuscitions comme lui. Il s’est fait homme pour que nous devenions des dieux… L’Incarnation est tout entière pour la déification de l’homme qui se réalise par la mort et la résurrection du Christ. Cette entrée historique dans la vie et la mort humaines, fait de Jésus-Christ non pas un héros hors d'atteinte et seulement admirable. Il est le Dieu qui affronte l’ennemie héréditaire de l’homme : la mort. Et il affronte celle-ci sur son terrain : en mourant dans la souffrance et le don total de lui-même, pour que sa divinité triomphe de la mort et ouvre à tout homme le chemin de sa victoire sur la mort.
Comment une telle mystique de la date du 25 mars, un si saisissant rappel du cœur du message chrétien, se sont-ils conservés dans un seul lieu au monde : la cathédrale du Puy? Cela reste mystérieux... 

Ce que dit saint Augustin dans le de Trinitate et Questions sur l'Exode à propos de cette date :

CHAPITRE V.
LE NOMBRE SIX ET LE TEMPLE DE JÉRUSALEM.

9. On peut encore, et avec raison, appliquer ce même nombre à la résurrection du Sauveur. Car il a dit lui-même, en faisant allusion au temple de Jérusalem : « Détruisez ce temple, et je le rebâtirai en trois jours ». Mais ici le jour est pris pour l’année, selon que lui répondirent les Juifs : « On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple (Jean, II, 19, 20 )». Or, quarante-six fois six font deux cent soixante-seize, c’est-à-dire neuf mois, et six jours qui sont eux-mêmes comptés pour un mois entier. C’est ainsi que nous disons que la mère porte l’enfant dans son sein pendant dix mois, quoique ce ne soit réellement que neuf mois et quelques jours. Tous les enfants en effet ne naissent point exactement au bout de neuf mois et six jours; mais cela arriva pour le divin Sauveur, comme nous l’atteste la tradition que l’Eglise a sanctionnée. Il fut donc conçu et il mourut le huit des calendes d’avril, en sorte que le sépulcre neuf où il fut enseveli, et où personne n’avait été mis, et qui depuis ne reçut personne, est en parfait rapport avec le sein (408) qui l’avait porté, et qui toujours resta vierge. On s’accorde également à mettre la naissance de Jésus-Christ au huit des calendes de janvier, ce qui nous donne à partir de sa conception le nombre de deux cent soixante-seize jours, nombre où six est répété quarante-six fois. Qui ne voit maintenant le rapport de ce nombre avec les années que l’on mit à bâtir le temple, puisque ce fut pendant un égal espace de jours que se forma dans le sein de Marie ce corps du Sauveur Jésus qui devait mourir sur la croix et puis ressusciter le troisième jour? Car l’évangéliste saint Jean observe expressément que « Jésus-Christ parlait du temple de son corps (Jean, II, 21 ) ». Nous entendons encore dans saint Matthieu le divin Sauveur s’exprimer avec non moins de force et d’évidence, quand il dit : « Comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Matt., XII, 40 ).

Questions sur l’Exode, Lib. VII, II, 90: CCI 33,115-116

Or, la conception et la passion du Christ ont eu lieu dans le même mois, comme l'attestent la célébration de la Pâque et le grand jour, si connu dans les églises, consacré à la fête de sa Nativité. Venu au monde au terme des neuf mois, le huit de calendes de Janvier, il a été conçu nécessairement vers le huit des calendes d'Avril; or ce fut aussi dans ce temps qu'eut lieu sa passion, dans le lait de sa mère, c’est-à-dire au temps ou sa mère vivait encore.


vendredi 26 février 2016

RCF

Une de ces radios chrétiennes qui vous font du bien :



RCF, Radio Chrétienne Francophone, un réseau de 63 radios locales

Décès, mariages et divorces

25.02.2016 09:15  - OFS, Démographie et migration (0351-1601-80)
Résultats provisoires du mouvement naturel de la population en 2015
Le nombre de décès au plus haut depuis 1918
Neuchâtel, 25.02.2016 (OFS) – L’année 2015 se caractérise par une forte augmentation du nombre de décès, alors que celui des naissances, mariages, partenariats enregistrés et divorces a diminué. Au niveau cantonal, on observe les mêmes tendances. Tels sont les résultats provisoires de la statistique du mouvement naturel de la population de l'Office fédéral de la statistique (OFS).

Vente de Joseph et vignerons homicides


1ère lecture : « Voici l’expert en songes qui arrive ! Allons-y, tuons-le » (Gn 37, 3-4.12-13a.17b-28)
Evangile : « Voici l’héritier : venez ! tuons-le ! » (Mt 21, 33-43.45-46)

La vente de Joseph est assez curieuse. Ses frères jaloux pensent à le tuer, mais les interventions de Roubène puis de Juda évitent le pire, c’est une forme de miséricorde. Ce dernier use du levier qui emporte souvent la décision, hier comme aujourd'hui : l'appât du gain. Pourquoi ne pas faire un lien avec la demande des trois derniers papes de renoncer à appliquer la peine de mort ? Ne serait-ce que par respect de la vie humaine et parce qu’elle est un don de Dieu. Elle ne nous appartient pas. Les usages n’étaient pas tendres autrefois, chez les empereurs et rois chrétiens aussi, et ne le sont toujours pas en certaines parties du monde aujourd’hui.
Il y a ensuite une autre particularité dans le texte, si vous avez été attentifs : ce sont des Madianites qui tirent Joseph de la citerne et le vendent aux Ismaélites, descendants eux aussi d’Abraham. Ils le vendront à leur tour aux égyptiens. Voilà l’opprobre des demi et faux-frères (Ismaélites). Les frères de Joseph ont-ils pris un intermédiaire  pour accomplir leur forfait, moyennant une commission? Cela paraît plausible. 
Le texte ne le dit pas, mais ils portent la responsabilité de cette "délégation". 

Dans l’Evangile Jésus nous offre une parabole permettant un parallèle avec cette lecture. Comme Joseph, il a été envoyé par son Père et on veut attenter à sa vie. Comme Joseph, on va le dépouiller de sa tunique. Comme Joseph il va être vendu, lui aussi   et livré à l’étranger mais pour être crucifié. Aujourd’hui, pour un temps, qui est celui de la miséricorde pour les accusateurs, on ne touchera pas encore à sa vie. La miséricorde peut se manifester parce qu’il y a une crainte chez les accusateurs, la crainte de la foule.

Toutefois les sentiments des ennemis de Jésus, croyant défendre l’intégrité d’Israël et sa foi, vont pouvoir s’exprimer librement et se traduiront en actes. Contrairement à ce qu’ils pensent, la mort de Jésus sera salvatrice, comme la vente de Joseph, qui va sauver les vies de ses frères. Celle de Jésus le sera bien plus encore. Le Fils unique va devenir le Fils aîné d’une multitude de frères et sœurs. 
La miséricorde a de curieux chemins. Nous pouvons tout de même nous interroger dans notre vie personnelle sur les barrières qui nous empêchent d’accomplir des actes inadéquats, d’accomplir le mal. Il y a celle de la conscience, mais aussi de la loi civile et de la correction fraternelle. Veillons-nous à ce que les consciences des enfants et des adultes soient bien formées et les lois civiles correspondant à ce que Dieu demande à l'homme dans le respect et le vivre ensemble selon sa volonté? Ces barrières et ces craintes, sont-elles pour nous de vraies occasions de revenir de tout notre cœur au Seigneur et d’écouter la voix de la Sagesse qui donne la vie ? La voix de la miséricorde ?

jeudi 25 février 2016

Léon III ou Saint Léon III ?


Si à la sainteté de Charlemagne il est légitime de mettre un point d'interrogation, il est un pape auquel le calendrier liturgique en aurait mis un, il s'agit de Léon III.

Peut-être presque contre sa volonté, l'empereur, nous le savons, fut couronné à la Noël de l'an 800 par Léon III, un bénédictin d'origine devenu cardinal puis pape.
Léon III, après une élection rapide mais correcte, s'était  attiré la vindicte de la noblesse locale. Battu et maltraité, il s'en tira par l'intervention divine, dit-on, et fut justifié par l'empereur d'accusations qu'il est d'usage de propager pour dénigrer un ecclésiastique.
Lorsque sous l'influence d'Alcuin, Charles voulut introduire le Filioque dans le Credo, Léon, malgré les services que lui avait rendus Charlemagne, refusa cette innovation et fit graver en grec et en latin la formule originale sur les portes de sa cathédrale. Reconnu comme saint au XVIIe siècle, on se demande aujourd'hui pourquoi il aurait été mis sous le boisseau en 1953, attendu qu'il est vénéré par les orthodoxes pour son acte. Sa fête a lieu le 12 juin.
Saint LEON III, pape et patriarche de Rome (795-816), qui confessa la foi orthodoxe en refusant l'insertion du filioque dans le Credo que voulait imposer Charlemagne (816).
Restons-en là avant de pouvoir creuser.

Sacré Charlemagne


Max Gallo, auteur prolifique est auteur de passionnantes biographies historiques, parmi elles, celle de Louis XIV. Il s'est fendu, avec l'aide d'Éginhard, d'une brève histoire de Charlemagne, sous forme d'autobiographie. Le nombre de pages est modeste, mais c'est un réel plaisir de la lire.
Nous avons eu une exposition à Zurich sur l'influence du lointain et mystérieux empereur à la barbe fleurie en ces territoires appelés à former notre pays.

Que de sang versé pour asseoir un peu de paix et de culture. Et Dieu s'accomode de tout cela... et l'homme d'abord s'étonne qu'il n'intervienne pas alors qu'il est bien l'auteur de cette violence.

Année de la miséricorde et clins d'oeil de l'histoire : l'empereur avait des missi dominici, ses "missionnaires" et le pape a aujourd'hui des missionnaires de la miséricorde, dans le diocèse de LGF uniquement. A propos de cette Sainte Année, il paraît que les portes saintes situées dans les églises de LGF sont intérieures et très petites à Genève et à Neuchâtel en tout cas. S'agit-il d'une invitation à la vie intérieure et à beaucoup d'humilité? A Genève, cela se comprend. Notre grille à la chapelle est plus grande et intérieure aussi.

Charlemagne savait se montrer miséricordieux par bon sens politique ou aussi pour motif familial.

Il y a peut-être d'autres lieux où la miséricorde est mentionnée, mais voici deux citations :

Il fait d'abord prier l'armée pendant trois jours avant d'attaquer les Avars :

« Nous avons fait des processions pendant trois jours à partir du lundi des nones de septembre, et nous avons prié la miséricorde divine de nous accorder le repos, la santé, la victoire et un heureux succès pour notre expédition. (98)

A son fils Louis le Pieux : «Je t’avertis par-dessus tout d’aimer et de craindre Dieu tout-puissant, d’observer ses préceptes et de défendre ses églises.
« Montre-toi toujours miséricordieux pour tes sœurs, tes neveux et tous tes proches... Honore les prêtres comme des pères, aime les peuples comme tes fils. (169)

Pas facile de vivre au IXème siècle. Saint Charlemagne? Un gros point d'interrogation tout de même.

Présentation de l'ouvrage par l'éditeur.

Eginhard Vie de Charlemagne

La chapelle du Vorbourg va-t-elle réapparaître sur les cartes?

C'est possible, le canton va intervenir dans ce sens après une question orale au parlement jurassien hier, via la problématique du Béridier. Mais en 2019, nous avons le temps de penser aux futurs retraités. En attendant pour voir venir, la tour sainte Anne demeure... le point de référence.

mercredi 24 février 2016

La vigne de Naboth


La catéchèse du pape François en italien sur Zénit.

Le pape a mentionné durant l'audience d'aujourd'hui sur la Miséricorde et le Pouvoir, un ouvrage de Saint Ambroise de Milan sur Naboth et sa vigne. Nous en avons une introduction à cette adresse.

Certains se demandent pourquoi s'intéresser aux Pères de l'Eglise, ces monuments archéologiques littéraires de la vie chrétienne. D'abord parce qu'ils ont transmis la foi de l'Eglise et l'ont formulée et vécue. Les évêques, prêtres et diacres devaient aussi s'occuper de soutenir les plus pauvres et les malades. La "charité" publique était une lourde responsabilité et bon nombre se sont fendus de propos enflammés contre les coeurs endurcis et l'avarice des plus riches. Saint Jean Chrysostome et Ambroise de Milan furent de ceux-là. Mais relevons que proclamation de la foi et défense des pauvres doivent aller de pair. On ne peut valoriser l'une en laissant de côté l'autre.

mardi 23 février 2016

Le chemin de Damas de l'abbé Edgar Imer


23.02.2016 par Grégory Roth
Emporté à 61 ans des suites d’un cancer, l’abbé Edgar Imer a marqué l’esprit des gens qui ont croisé son chemin. Lui-même avait rencontré le Christ sur un “chemin de Damas”. Une conversion digne de saint Paul qui l’a mené à la prêtrise.

Voir l'article sur cath.ch

Evangile : « Ils disent et ne font pas » (Mt 23, 1-12)


Un peu délicat notre Evangile d’aujourd’hui. Le Seigneur demande à chacun de vivre dans l’humilité du cœur, elle qui permet à la parole de Dieu d’y entrer et d’y apporter sa lumière, une lumière qui ne contente pas de montrer ce qui ne va pas, mais qui nous transforme et brûle le mal en nous. C’est le processus de guérison opéré par la miséricorde. Cela nous l’oublions parfois lorsque nous voulons sauver des apparences, préserver une honorabilité ou un statut social, par amour des décorations et de la carrière, y compris ecclésiastique. L’expression « faites comme je dis et pas comme je fais » est dans le parler commun. Donner un enseignement sans se laisser au moins interpeller par ce qu’on dit, est inquiétant. En quelque sorte, on utilise Dieu et sa parole comme des moyens pour parvenir à ses fins. Nous nous rappelons dans l’Ecriture que le diable au désert avait montré ses qualités d’exégètes. Il connaît la lettre de l’Ecriture mieux que personne, et sait comment flatter, utiliser nos points faibles : goût de la démesure, la vanité, l’orgueil, le désir des honneurs, la cupidité, la colère, la convoitise, la luxure et tout ce qu’il suscite. De plus il connaît ce que nous avons fait et se montre après que nous l’ayons bien servi, un féroce accusateur. Une lumière différente de la miséricorde… Il cherche surtout à instiller en nous le désespoir, et un non à Dieu. Il ne parvient plus à aimer Dieu. Pourtant cet appel résonne en lui.
Saint François de Sales nous dit dans son Traité sur l’amour de Dieu (chapitre XVIII, livre I) que nous avons par nature dans nos coeurs, l’inclination  d’aimer Dieu par-dessus tout; Dieu s’en sert dit-il, comme d’une anse, pour pouvoir nous prendre facilement et nous attirer à lui. Il paraît aussi, autre  donner l’impression d’attacher nos coeurs comme des petits oiseaux par un filet, par lequel il nous puisse tirer quand il plait à sa miséricorde d’avoir pitié de nous; et Pour nous, c’est un indice et  un secret avertissement que nous appartenons à sa divine bonté. Il raconte à ce propos une anecdote. Les grands princes à son époque faisaient quelquefois mettre des colliers avec leurs armoiries à des cerfs capturés et les lâchaient dans les forêts. Aujourd’hui il arrive aussi qu’on marque du gibier ou qu’on y mette un petit émetteur. Ce n’est plus : j’appartiens à un grand prince ou à César, mais à Dieu. Ce signal est en nous et dans l’Evangile le Seigneur a voulu nous dire que ne plus vouloir l’entendre est la pire des choses qui puisse nous arriver. Demandons à Marie, Mère de Miséricorde de nous aider à être attentifs à cette voix qui en nous, nous appelle.



dimanche 21 février 2016

Transfiguration


Pape François

ANGELUS

Place Saint Pierre
Deuxième dimanche de Carême, le 21 Février, 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Le deuxième dimanche de Carême nous présente l'Evangile de la Transfiguration de Jésus.

Le voyage apostolique que j’ai fait ces derniers jours au Mexique a été une expérience de la transfiguration. De quelle manière? Parce que le Seigneur nous a montré la lumière de sa gloire à travers le corps de son Église, son peuple saint qui vit dans ce pays. Un corps si souvent blessé, un peuple si souvent opprimé, méprisé, violé dans sa dignité. En effet, les différentes rencontres vécues au Mexique étaient pleines de lumière: la lumière de la foi qui transforme les visages et éclaire le chemin.

Le "centre de gravité" spirituel du pèlerinage était le Sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe. Rester en silence devant l'image de la Mère était ce que je voulais avant tout. Et je rends grâce à Dieu qui me l'a accordé.

J’ai contemplé et je me suis laissé regarder par celle qui porte imprimée dans ses yeux, les regards de tous ses enfants, et recueille les douleurs de la violence, des enlèvements, des meurtres, des abus au détriment de beaucoup de gens pauvres, de nombreuses femmes. Guadalupe est le sanctuaire de Marie le plus visité au monde. De partout en Amérique on va prier là où la Vierge Brune se montra à l'Indien Saint Juan Diego, donnant le début de l'évangélisation du continent et de sa nouvelle civilisation, fruit de la rencontre entre les différentes cultures.

Et ceci est précisément l'héritage que le Seigneur a donné au Mexique: garder la richesse de la diversité et, en même temps, montrer l'harmonie de la foi commune, une foi sincère et forte, accompagnée d'une grande force de vitalité et d'humanité. Comme mes prédécesseurs, je suis allé confirmer la foi du peuple mexicain, mais en même temps en être confirmé; je récolte ce don parce qu’il va au bénéfice de l’Eglise universelle.


Un exemple lumineux de ce que je dis est donné par les familles: les familles mexicaines qui m'ont accueilli avec joie comme un messager du Christ, Pasteur de l'Eglise; mais à son tour, ils m’ont donné le témoignage clair et fort,  le témoignage de la foi vécue, une foi qui transforme la vie, et cela, pour l'édification de toutes les familles chrétiennes du monde. Et la même chose peut être dite pour les jeunes, pour les personnes consacrées, pour les prêtres, pour les travailleurs, pour les prisonniers.

Je remercie le Seigneur et la Vierge de Guadalupe pour le don de ce pèlerinage. En outre, je remercie le Président du Mexique et les autres autorités civiles pour leur accueil chaleureux; Je remercie chaleureusement mes frères dans l’épiscopat, et toutes les personnes qui ont collaboré de tant de manières.

Nous élevons une louange spéciale à la Sainte Trinité pour avoir voulu qu’à cette occasion, advienne à Cuba la rencontre entre le pape et le patriarche de Moscou et de toute la Russie, le cher frère Cyrille; une réunion tant désirée par mes prédécesseurs. Cet événement est une lumière prophétique de la Résurrection, dont le monde d'aujourd'hui a plus que jamais besoin. La Sainte Mère de Dieu continuera de guider le chemin de l'unité. Prions Notre-Dame de Kazan dont le patriarche Kirill m'a donné une icône. Amen.

Après l’Angélus le Pape a notamment mentionné que se déroulait une rencontre internationale sur le thème d’un « monde sans peine de mort » organisé par la communauté Sant’Egidio. Le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde est une occasion propice de promouvoir dans le monde le respect de la vie et de la dignité de chaque personne humaine, dont celle des criminels. La vie est un don de Dieu.

samedi 20 février 2016

Un moment de grâce à Develier


Une dernière bénédicition par Mgr Gmür, pour Sr Marie-Bernard de Brigue-Glis qui a prononcé ses voeux cette après-midi à Develier.
Le voile noir des professionnes solennelles,
Nigra sum sed formosa.

Marie Mère de Miséricorde


Ce titre de Marie est présent dans le Salve regina et le Magnificat. L'Aumônerie de l'enseignement catholique dans les Yvelines, propose une fiche thématique très fouillée sur ce sujet. Une lecture et un téléchargement s'imposent : http://aep.catholique78.org/sites/default/files/theme/fiche_3_marie_mere_de_misericorde.pdf

vendredi 19 février 2016

A Dieu Edgar

Messe sur le monde pour un renouveau de l'Eglise.

En ce vendredi 19 février bien avant l'auble, il s'en est allé à Aubonne. A Dieu Edgar, tu es parti encore jeune, face au plus beau paysage du monde, pour rejoindre celui qui t'avait appelé à le servir. Merci, fidèle pèlerin de Notre-Dame du Vorbourg, de ton amitié et de ton soutien fraternel. En toute charité, de ton titre de chanoine qui t'était cher, je m'en moquais un peu, tu sais pourquoi.

A la chapelle de l'Unité, Develier (2005).

Par contre de ton amour du Christ Prêtre auquel tu essayais de ressembler, sur ta croix, et jusqu'au bout, je m'en souviendrai toujours, jusqu'à ce que vienne mon tour.

Nous t'accompagnerons par notre présence ou notre prière le mercredi 24 février 2016, à 10h30 à la Basilique Notre-Dame de l'Assomption de Neuchâtel.

Envol depuis Aubonne

Voir site de LGF


Monsieur l'Abbé Edgar IMER
  • curé in solidum des paroisses de Porrentruy, Bressaucourt et Fontenais, de 1985 à 1991,
  • curé in solidum des paroisses de Courtételle, Courfaivre et Develier, de 1991 à 2001,
  • curé de la paroisse de Moutier, de 2001 à 2006,
  • doyen du Doyenné du Jura bernois, de 2004 à 2006,
  • prêtre auxiliaire, puis curé in solidum au sein de l’UP Grand-Vevey, de 2006 à 2012,
  • curé modérateur de l’UP La Venoge – L’Aubonne, dès 2012,
  • doyen pour la région de La Côte (décanat St-Bernard), dès 2015,
  • chanoine non résident, puis honoraire, du Chapitre cathédral du diocèse de Bâle,
qui est entré dans la paix du Seigneur le 19 février 2016.
Il était dans sa 62e année et la 31e de son sacerdoce.

L’Eucharistie et le dernier adieu seront célébrés en la Basilique Notre-Dame de Neuchâtel, le mercredi 24 février 2016, à 10 heures 30.

Cath.ch



«Plus de mort ni d’exploitation!» l’appel de Ciudad Juarez

Totalité de l'homélie traduite sur et par Zénit

Et dans ce texte (Jonas à Ninive), nous nous trouvons face au mystère de la miséricorde divine. La miséricorde rejette toujours le mal, en prenant très au sérieux l’être humain. Elle s’adresse toujours à la bonté endormie, anesthésiée de chaque personne. Loin d’anéantir comme bien souvent nous souhaitons ou voulons le faire, la miséricorde s’approche de toute situation pour la transformer de l’intérieur. C’est précisément le mystère de la miséricorde divine. Elle s’approche et invite à la conversion, elle invite au repentir; elle invite à voir le dommage qu’on crée à tous les niveaux. La miséricorde pénètre toujours le mal pour le transformer.

Le roi a écouté, les habitants de la ville ont réagi et la pénitence a été décrétée. La miséricorde de Dieu a pénétré le cœur en révélant et en manifestant ce qui sera notre certitude ainsi que notre espérance: il y a toujours une possibilité de changement, il est temps de réagir et de transformer, de modifier et de changer, de convertir ce qui nous détruit comme peuple, ce qui nous dégrade comme humanité. La miséricorde nous encourage à regarder le présent et à faire confiance à ce qui bat de sain et de bon dans chaque cœur. La miséricorde de Dieu est notre bouclier et notre force.

jeudi 18 février 2016

Ciudad Juarez


Une messe surréaliste, à la frontière des USA, des Mexicains y assistaient derrière la barrière-frontière. 30 millions de Mexicains aux States et une frontière plus étanche dans les cartons des politiciens. En attendant les textes, le Figaro nous donne un condensé. Le Pape est dans l'avion du retour.
Radio Vatican.

mercredi 17 février 2016

RENCONTRE AVEC LES FAMILLES


Stade “Víctor Manuel Reyna”, Tuxtla Gutiérrez
Lundi 15 février 2016

Extrait :

De nos jours, nous voyons et nous expérimentons à travers différents visages comment la famille est affaiblie, comment elle est remise en question. Comment on croit que c’est un modèle déjà dépassé et n’ayant plus de place dans nos sociétés qui, avec la prétention de la modernité, offrent toujours davantage un modèle fondé sur l’isolement. Et on inocule, dans nos sociétés  - on parle de sociétés libres, démocratiques, souveraines – on inocule des colonisations idéologiques qui les détruisent et nous finissons par être des colonies d’idéologies destructrices de la famille, du noyau familial, qui est la base de toute société saine.

Certes, vivre en famille n’est pas toujours facile, bien des fois c’est douloureux et fatiguant mais, comme je l’ai dit plus d’une fois de l’Eglise - je crois qu’on peut l’appliquer à la famille - : je préfère une famille blessée qui essaie tous les jours de vivre l’amour, à une famille et à une société malades de l’enfermement ou de la facilité de la peur d’aimer. Je préfère une famille qui essaie sans cesse de recommencer, à une famille et une société narcissistes et obnubilées par le luxe et le confort. Combien d’enfants as-tu ? ‘‘Non, nous n’en avons pas parce que, évidemment, nous aimons aller en vacances, faire du tourisme, je veux acheter une maison de campagne’’. Le luxe ainsi que le confort ; et les enfant attendent et, lorsque tu veux en avoir un, il est déjà trop tard. Comme ça fait du mal, ça, eh !   Je préfère une famille au visage épuisé par le don de soi, à une famille aux visages maquillés qui n’ont pas su ce qu’est la tendresse et la compassion. Je préfère un homme et une femme, Monsieur Aniceto et son épouse, aux visages ridés à cause des luttes quotidiennes qui, après plus de cinquante ans continuent de s’aimer, et nous les voyons là ; et leur fils a appris la leçon, il est marié depuis vingt-cinq ans. Voilà des familles ! Lorsque j’ai demandé, il y a quelques instants, à Monsieur Aniceto et à son épouse qui a eu plus de patience que l’autre durant ces cinquante ans : ‘‘Nous deux, mon Père’’. Car en famille, pour réaliser ce qu’ils ont fait, il faut avoir de la patience, de l’amour, il faut savoir se pardonner. ‘‘Mon Père, une famille parfaite ne se querelle jamais’’. Ce n’est pas vrai, il faut que vous vous querelliez de temps en temps et que quelque vaisselle vole ; c’est normal, n’ayez pas peur de cela. L’unique conseil, c’est que vous ne terminiez pas la journée sans faire la paix, car si vous terminez la journée en guerre, vous vous réveillerez en guerre froide, et la guerre froide est très dangereuse en famille, parce qu’elle sape par-dessous les rides de la fidélité conjugale. Merci pour le témoignage de vous aimer pendant plus de cinquante ans. Merci beaucoup !

Vivre l'année de la Miséricorde avec Marie, par le Cardinal Müller


Conférence du Cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Cette conférence s'est tenue dans la crypte de la basilique de Fourvière à Lyon le 16 janvier 2016. 

Les Servites de Marie


L'Eglise fait mémoire aujourd'hui des Servites de Marie. Les Servites du Canada ont publié un excellent site : http://www.servitesdemarie.org/fr_1001_index.php .

L'ordre vénère notamment saint Pérégrin (pèlerin), lequel donna une raclée à Saint Philippe Bénizi, prieur général de l'Ordre. Pris de remords, il se convertit et entra dans l'Ordre. 
Il fut guéri d'un cancer, juste avant l'opération où on voulait lui couper la jambe, il fut guéri. Auprès de lui se rassemblent ceux et celles qui souffrent d’un cancer, d’une maladie de longue durée ou qui sont aux prises avec des problèmes de violence
Appel à la conversion... sans avoir à rosser le missionnaire!

mardi 16 février 2016

Quel est donc, pauvre François, l'esprit qui t'anime ?

Un des buts de Saint François de Sales avait été d'appliquer la réforme du Concile de Trente, en prenant Saint Charles Borromée en exemple.

Prévôt du Chapitre de Genève, il élabora un discours programme célèbre où il expliqua qu'il fallait prendre comme armes la charité pour ébranler les murs de la ville de Genève, ce fut tout son programme d'action pastorale et de vie spirituelle. Excellent juriste, il était conduit par une conception unitaire de l'Etat dépendant de l'Eglise, et catholique, comme il se devait.

Cependant, si contexte et vision politique sont bien différents aujourd'hui, tout comme la forme du langage, nul ne le conteste, le grand moyen mis en avant pour la nouvelle évangélisation, celui de la CHARITÉ, est le même. C'est celui que préconise le pape François. Relevons au passage que saint François de Sales passa quelques années dans un collège jésuite, à sa demande, mais qu'il traça sa propre voie.

L'un des éléments les plus importants de cet assaut de charité est la sainteté du clergé.


HARANGUE POUR LA PRÉVÔTÉ
Fin décembre 1593
Rédaction définitive

« O Dieu qui venez de m'élever à cette charge, que votre puissance me garde toujours, afin que j'évite tout péché dans l'exercice de mes fonctions, et que l'accomplissement de vos lois si justes soit le motif et la règle de mes pensées, de mes paroles et de mes œuvres. »

dimanche 14 février 2016

A propos de la rencontre avec les évêques de Mexico

Le discours du pape aux évêques mexicains est "immense" environ 10-13 pages A4 selon la police de caractères.

Le passage qu'a retenu les médias est celui-ci:

Je suis préoccupé par beaucoup d’entre eux, qui, séduits par la puissance du monde, exaltent les chimères et se revêtent de leurs macabres symboles pour commercialiser la mort en échange de trésor qu’en fin de compte les mites et la rouille dévorent, et qui incite les voleurs à percer les murs (cf. Mt 6, 20). Je vous demande de ne pas sous-évaluer le défi moral et anticivique que représente le narcotrafic pour la jeunesse et pour toute la société mexicaine, y compris l’Eglise.

La proportion du phénomène, la complexité de ses causes, l’immensité de son extension comme une métastase qui dévore, la gravité de la violence qui désagrège, tout comme ses connexions néfastes, ne nous permettent pas à nous, Pasteurs de l’Eglise, de nous réfugier derrière des condamnations génériques, une espèce de nominalisme. Mais tout cela exige un courage prophétique ainsi qu’un projet pastoral sérieux et de qualité, pour contribuer, progressivement, à resserrer ce délicat réseau humain, sans lequel tous, nous serions dès le départ vaincus par cette insidieuse menace. En commençant d’abord par les familles ; en nous approchant et en embrassant la périphérie humaine et existentielle des territoires dévastés de nos villes ; en impliquant les communautés paroissiales, les écoles, les institutions communautaires, les communautés politiques, les structures de sécurité ; c’est seulement ainsi qu’on pourra se libérer totalement des eaux dans lesquelles malheureusement se noient tant de vies, que ce soit la vie de celui qui meurt comme victime, que ce soit celle de celui qui devant Dieu aura toujours du sang sur les mains, même s’il a les poches pleines d’argent sale et la conscience anesthésiée.

Nous remarquons qu'il utilise un terme philosophique qui tranche avec ses habitudes. Qu'est-ce que le nominalisme? Les définitions ne sont pas trop ardues à découvrir, plus à saisir (Wikipedia ; CNRTL) . Qu'est-ce que le pape a bien voulu dire par cette comparaison curieuse? S'agit-il de l'influence du nominalisme en morale

En fait on peut penser à une référence à Evangelii Gaudium, l'exhortation apostolique du pape sur la Nouvelle Evangélisation. Le passage concerné mérite un retour sur le sujet et une citation :

La réalité est plus importante que l’idée

231. Il existe aussi une tension bipolaire entre l’idée et la réalité. La réalité est, tout simplement ; l’idée s’élabore. Entre les deux il faut instaurer un dialogue permanent, en évitant que l’idée finisse par être séparée de la réalité. Il est dangereux de vivre dans le règne de la seule parole, de l’image, du sophisme. A partir de là se déduit qu’il faut postuler un troisième principe : la réalité est supérieure à l’idée. Cela suppose d’éviter diverses manières d’occulter la réalité : les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les nominalismes déclaratifs, les projets plus formels que réels, les fondamentalismes antihistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse.

232. L’idée – les élaborations conceptuelles – est fonction de la perception, de la compréhension et de la conduite de la réalité. L’idée déconnectée de la réalité est à l’origine des idéalismes et des nominalismes inefficaces, qui, au mieux, classifient et définissent, mais n’impliquent pas. Ce qui implique, c’est la réalité éclairée par le raisonnement. Il faut passer du nominalisme formel à l’objectivité harmonieuse. Autrement, on manipule la vérité, de la même manière que l’on remplace la gymnastique par la cosmétique.[185] Il y a des hommes politiques – y compris des dirigeants religieux – qui se demandent pourquoi le peuple ne les comprend pas ni ne les suit, alors que leurs propositions sont si logiques et si claires. C’est probablement parce qu’ils se sont installés dans le règne de la pure idée et ont réduit la politique ou la foi à la rhétorique. D’autres ont oublié la simplicité et ont importé du dehors une rationalité étrangère aux personnes.

233. La réalité est supérieure à l’idée. Ce critère est lié à l’incarnation de la Parole et à sa mise en pratique : « À ceci reconnaissez l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu » (1Jn 4, 2). Le critère de réalité d’une parole déjà incarnée et qui cherche toujours à s’incarner, est essentiel à l’évangélisation. Il nous porte, d’un côté, à valoriser l’histoire de l’Église comme histoire du salut, à nous souvenir de nos saints qui ont inculturé l’Évangile dans la vie de nos peuples, à recueillir la riche tradition bimillénaire de l’Église, sans prétendre élaborer une pensée déconnectée de ce trésor, comme si nous voulions inventer l’Évangile. D’un autre côté, ce critère nous pousse à mettre en pratique la Parole, à réaliser des œuvres de justice et de charité dans lesquelles cette Parole soit féconde. Ne pas mettre en pratique, ne pas intégrer la Parole à la réalité, c’est édifier sur le sable, demeurer dans la pure idée et tomber dans l’intimisme et le gnosticisme qui ne donnent pas de fruit, qui stérilisent son dynamisme.
On ne peut non plus oublier qu'il est tout aussi peu judicieux de se positionner dans un anti-intellectualisme de principe, qui conduit à l'étouffement et la perte de tout sens critique, donc de liberté, ainsi qu'à l'imposition d'un système qui s'imposerait comme seule lecture du réel.
Voir aussi son discours au Conseil de l'Europe
Paul VI dans un discours à la commission théologique internationale rappelait trois dangers : "l’accueil de la foi se dégrade dans les formes imparfaites et caduques du nominalisme, du pragmatisme ou du sentimentalisme." Dans un discours pour la paix, il mentionnait ceci : "Face à ce réalisme brutal et toujours renaissant (la guerre), Nous proposons non pas un nominalisme toujours contredit par des expériences nouvelles et irrésistibles, mais un idéalisme invincible, celui de la Paix, destiné à s'affirmer progressivement." 
Sujet d'approfondissements.

Notre-Dame de Guadalupe




MESSE EN LA BASILIQUE DE GUADALUPE
HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE
Mexico
Samedi 13 février 2016

Nous avons entendu comment Marie a été à la rencontre de sa cousine Elisabeth. En hâte, sans hésiter, sans tarder, elle va assister sa parente dans les derniers mois de sa grossesse.
La rencontre avec l’ange ne retient pas Marie, car elle ne s’est pas sentie privilégiée, ni ne devait s’éloigner de la vie de ses proches. Au contraire, cette rencontre a ravivé et suscité une attitude pour laquelle Marie est et sera reconnue comme la femme du oui, un oui du don d’elle-même à Dieu, et en en même temps, un oui du don à ses frères. C’est le oui qui l’a poussée à donner le meilleur en se mettant en route vers les autres.
Ecouter ce passage évangélique dans cette maison a une saveur spéciale. Marie, la femme du oui, a voulu également visiter les habitants de cette terre d’Amérique à travers la personne de l’indien saint Juan Diego. Tout comme elle a parcouru les routes de Judée et de Galilée, de la même manière, elle a sillonné le Tepeyac, revêtant ses costumes, utilisant sa langue, pour servir cette grande Nation. Et tout comme elle a offert sa compagnie durant la grossesse d’Elisabeth, de même elle a accompagné et accompagne la gestation de cette terre mexicaine bénie. Tout comme elle s’est fait présente au petit Juan, de la même manière, elle continue d’être présente à nous tous ; surtout à ceux qui, comme lui, sentent « qu’ils ne valaient rien » (cf. Nican Mopohua, 55).  Ce choix particulier, disons préférentiel, n’a été contre personne mais en faveur de tous. Le petit indien Juan qui se désignait lui-même comme « mecapal, cacaxtle, queue, aile, entièrement dépendant d’autrui » (cf. Ibid, 55), devenait « l’ambassadeur, vraiment digne de confiance ».
Ce matin de décembre 1531, se produisait le premier miracle qui sera ensuite la mémoire vivante de tout ce que Sanctuaire protège. Ce matin-là, lors de cette rencontre, Dieu a éveillé l’espérance de son enfant Juan, l’espérance d’un peuple. Ce matin, Dieu a réveillé et réveille l’espérance des petits, des souffrants, des déplacés et des marginalisés, de tous ceux qui sentent qu’ils n’ont pas une place digne sur cette terre. Ce matin, Dieu s’est approché et s’approche du cœur souffrant mais endurant de tant de mères, pères, grands-parents, qui ont vu leurs enfants partir, se perdre, voire être arrachés de manière criminelle.
Ce matin-là, le petit Juan expérimente dans sa propre vie ce qu’est l’espérance, ce qu’est la miséricorde de Dieu. Il est choisi pour superviser, soigner, protéger et encourager la construction de ce Sanctuaire. A plusieurs occasions, il a dit à la Vierge qu’il n’était pas la personne indiquée, qu’au contraire, si elle voulait mener à bien cette œuvre, elle devrait choisir d’autres personnes, puisqu’il n’était pas cultivé, instruit ou qu’il ne faisait pas partie de ceux qui pouvaient le faire. Marie, obstinée – de cette obstination qui naît du cœur miséricordieux du Père – lui dit non, qu’il sera, lui, son ambassadeur.
Ainsi, elle réussit à éveiller une chose qu’il ne savait pas exprimer, un vrai étendard d’amour et de justice : dans la construction de cet autre sanctuaire, celui de la vie, celui de nos communautés, de nos sociétés et de nos cultures, personne ne peut être marginalisé. Nous sommes tous nécessaires, surtout ceux qui normalement ne comptent pas parce qu’ils ne sont pas ‘‘à la hauteur des circonstances’’ ou parce qu’ils n’‘‘apportent pas le capital nécessaire’’ à ces constructions. Le Sanctuaire de Dieu est la vie de ses enfants, de tous et dans toutes leurs conditions, surtout celle des jeunes sans avenir, exposés à d’interminables situations douloureuses, risquées, et celle des personnes âgées non reconnues, oubliées à tant d’endroits. Le Sanctuaire de Dieu, ce sont nos familles qui ont besoin du minimum nécessaire pour pouvoir se construire et grandir. Le Sanctuaire de Dieu, c’est le visage de tant de personnes qui croisent nos chemins…
En venant à  ce Sanctuaire, il peut nous arriver la même chose qu’à Juan Diego. Regarder la Mère avec nos douleurs, nos peurs, nos désespoirs, nos tristesses et lui dire :  ‘‘Que puis-je apporter, moi, si je ne suis pas instruit ?’’ Regardons la mère avec des yeux qui disent : les situations qui nous ôtent la force sont si nombreuse, qui font sentir qu’il n’y a pas de place pour l’espérance, pour le changement, pour la transformation.
Voilà pourquoi, je crois qu’aujourd’hui un peu de silence nous fera du bien ; tout comme la regarder, elle, la regarder longuement et calmement, et lui dire comme l’a fait l’autre enfant qui l’aimait beaucoup :
 « Te regarder simplement – Mère -,
laisser ouvert uniquement le regard ;
te regarder entièrement sans rien te dire,
tout te dire, sans paroles et avec respect.
Ne pas perturber le vent de ton visage ;
uniquement bercer ma solitude violée,
dans tes yeux de Mère amoureuses
et dans ton nid de terre transparente.
Les heures s’évanouissent ;
secoués, les hommes insensés mordent  les déchets
de la vie et de la mort, bruyamment.
Te regarder, Mère ; rien que te contempler,
le cœur muet dans ta tendresse,
dans ton silence chaste de lys ».
(Hymne liturgique).
Et en silence, et dans cette contemplation, l’écouter une fois de plus nous redire : ‘‘que se passe-t-il mon fils le plus petit ? qu’est-ce qui attriste ton cœur’’ (cf. Nican Mopohua, 107.118) ‘‘Ne suis-je pas ici moi, moi qui ai l’honneur d’être ta mère ?’’ (Ibid, 119).
Elle nous dit qu’elle a l’‘’honneur’’ d’être notre mère. Cela nous donne la certitude que les larmes de ceux qui souffrent ne sont pas stériles.  Elles sont une prière silencieuse qui monte vers le ciel et qui trouve toujours chez Marie une place sous son manteau. En elle et avec elle, Dieu se fait frère et compagnon de route, partage avec nous la croix pour que ne soyons pas écrasés par nos douleurs.
Ne suis-je moi, ta mère ? Ne suis-je pas présente ? Ne te laisse pas vaincre par tes douleurs, tes tristesses, nous dit-elle. Aujourd’hui, elle nous envoie de nouveau, comme le petit Juan ; aujourd’hui, elle nous redit : sois mon ambassadeur, sois mon envoyé pour construire de nombreux et nouveaux sanctuaires, pour accompagner de nombreuses vies, pour essuyer de nombreuses larmes. Va simplement par les chemins du voisinage, de ta communauté, de ta paroisse comme mon ambassadeur, mon ambassadrice ; bâtis des sanctuaires en partageant la joie de savoir que nous ne sommes pas seuls, qu’elle chemine avec nous. Sois mon ambassadeur, nous dit-elle, en donnant à manger à l’affamé, à boire à celui qui a soif, accueille celui qui est dans le besoin, habille celui qui est nu et visite le malade.  Va au secours du prisonnier, ne le laisse pas seul, pardonne à celui qui t’a offensé, console celui qui est triste, sois patient avec les autres et surtout supplie et prie notre Dieu. Et en silence, nous lui disons ce qui surgit dans notre cœur.

‘‘Ne suis-je, moi, pas ta mère ? Ne suis-je pas là, moi ?’’, nous redit Marie. Va construire mon sanctuaire, aide-moi à bâtir la vie de mes enfants, qui sont tes frères.

Quel type de conversion?

 
En descendant en ville tout à l'heure, j'ai vu un sympathique petit troupeau de moutons pratiquant les sports d'hiver. Ils étaient bien protégés par leurs doudounes, ils l'ont inventée!


Petit questionnement en cette année de la miséricorde. La miséricorde, est-ce que c'est un peu de neige sur les brebis que nous sommes, sombres et splendides béliers compris, ou un nettoyage de fond, "lave plus planc, impossbile"?


La conversion sincère, tout un approfondissement.


La lettre de l'évêque

Le 1er Dimanche de Carême, est lue traditionnellement la lettre de l'évêque. Comment obtenir un bon tampon sur son passeport et le garder? Toute la problématique...

Cette lettre es accessible à cette addresse : Hirtenwort 2016 F als PDF (PDF, 181 Ko)
Une vidéo l'est à celle-ci : Video Hirtenwort F 2016 (MP4, 273.9 Mo)

Notre identité chrétienne :
Faire mémoire et confesser sa foi, être reconnaissant et miséricordieux
Lettre pastorale pour le 14 février 2016
+ Félix Gmür
Evêque de Bâle

1er dimanche de carême, année liturgique C 14 février 2016


Le texte est à lire comme homélie lors des célébrations du samedi et du dimanche, 13 et 14 février 2016, ou à diffuser d'une autre manière appropriée.


Chers frères et sœurs,
Chez nous, il est rouge. Ailleurs, il est bleu ou vert. Chaque fois que nous partons pour un long voyage, nous l'avons sur nous. Celui qui s'en va de son plein gré est souvent fier de l'avoir sur lui. Celui qui est contraint de partir le cache peut-être ou s'en débarrasse. Car il révèle l'origine et l'identité. C'est le passeport. Il atteste que nous sommes suisse, allemand, italien, syrienne, australien, congolaise ou bolivien. L'identité nationale se concrétise dans ce document. Avec un nom, une photo, une nationalité.
Ce n'est toutefois pas le passeport qui constitue la véritable identité. L'identité naît de la langue, de l'expérience, d'une histoire commune.
Et nous, qui sommes chrétiens ? Quelle est notre identité ? Si nous avions un passeport chrétien, on y trouverait sûrement le symbole des Apôtres. Celui ou celle qui professe la foi chrétienne déclare publiquement et librement qu'il croit en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. C'est une partie de notre identité chrétienne, notre identité officielle, pourrait-on dire. Elle est de notoriété publique - exactement comme un passeport. Avec un nom et une profession de foi. C'est toujours pareil.
C'est sur cette base que se développe l'autre partie de l'identité d'un chrétien ou d'une chrétienne. Elle apparaît lorsque nous croyons dans notre cœur ce qu'affirme notre bouche, comme nous l'avons entendu dans la lecture de la lettre aux Romains. La profession de foi a des conséquences, sinon elle finit par arriver à échéance, comme un passeport. C'est l'identité qui n'est pas figée une fois pour toute, mais qui se renouvelle sans cesse. C'est l'identité vécue. C'est nouveau à chaque fois.
La lecture du livre du Deutéronome nous donne un exemple. Au commencement, il y a l'expérience, c'est-à-dire l'histoire commune vécue avec Dieu. La petite profession de foi historique du peuple d'Israël repose sur ces fondations. Elle est encore répétée de nos jours, année après année, lors du rite d'action de grâce pour les récoltes. Elle raconte le départ d'un Araméen sans nationalité qui est arrivé en Egypte comme étranger et qui est devenu un grand peuple. Ce peuple a été maltraité et ses droits n'ont pas été reconnus. Les membres de ce peuple ont alors commencé à crier vers Dieu. Ils l'ont appelé à l'aide. Leur identité devient ainsi plus concrète ; elle devient vivante. Avec un nom, une profession de foi, une prière.
Et Dieu ? Dieu entend leur cri. Il voit quelle injustice ils subissent et comment ils s'effondrent sous la charge de travail. Il compatit et ressent leur détresse. Dieu montre de la compassion. Voilà pourquoi il sauve son peuple de cette misère. Il mène les hommes et les femmes vers une vie sans famine ni soif, sans persécution ni exploitation. Il les mène dans un pays où coulent le lait et le miel. Un petit paradis sur terre !
Le peuple s'en montre reconnaissant. Il sait que cela ne va pas de soi. C'est pourquoi il se remémore sans cesse ces événements et rend grâce à Dieu en lui offrant ses premiers fruits lors de la Fête des récoltes. Et il y a encore autre chose, importante elle aussi : Les membres du peuple de Dieu ne restent pas seulement entre eux. Ils fêtent avec toute la famille et « l'immigré qui réside au milieu de toi », comme nous pouvons le lire au verset 11, qui vient juste après la lecture d'aujourd'hui. Pas tout seuls, mais avec l'étranger qui est parmi nous !
Par le rite de la Fête d'action de grâce pour les récoltes, Israël interprète son histoire. Le peuple d'Israël se remémore sans cesse qu'il a été lui-même étranger, socialement déclassé, indésirable et qu'il a finalement été entendu et sauvé par Dieu. Il fait le lien entre la gratitude et la profession de foi en Dieu. Année après année, Israël fait mémoire, rend grâce et professe ainsi son identité de peuple de Dieu sauvé. Avec un nom, une profession de foi, une action de grâce. C'est toujours pareil. C'est nouveau à chaque fois.
Nous le faisons aussi, nous les chrétiens. A chaque célébration de l'eucharistie, qui est une célébration d'action de grâce, nous interprétons notre histoire avec Dieu. Nous sommes là, avec notre nom, nous professons notre foi et nous rendons grâce. Nous nous assurons de notre identité. Avec un nom, une profession de foi, une action de grâce. C'est toujours pareil. C'est nouveau à chaque fois.
Ce n'est pas sans conséquence. La gratitude envers Dieu se manifeste dans la solidarité envers les autres et les étrangers. Se souvenir avec reconnaissance de sa propre histoire est un acte qui contient déjà en lui-même l'appel à défaire les entraves de l'injustice et à respecter les étrangers. Celui qui a lui-même été étranger ne peut pas exclure les étrangers de la fête. Non parce qu'on ne pourrait pas fêter sans eux. Pas non plus parce que leur présence serait la garantie que la fête soit plus belle. Mais parce que les étrangers ont part, comme tous les autres, à la vie en abondance.
Le Dieu d'Israël est aussi notre Dieu. Il montre de la compassion car il est ému par la détresse des hommes. Il sauve. En un mot : Il est miséricordieux. Miséricorde est son nom, son identité. C'est toujours pareil. C'est nouveau à chaque fois.
Nous, les chrétiens, nous croyons en ce Dieu miséricordieux. La confession de notre foi en lui figure dans notre passeport chrétien. L'identité chrétienne vécue est la réponse que nous donnons à notre Dieu qui, à travers toute l'histoire, se montre solidaire des étrangers, des méprisés, des pécheresses et des pécheurs et qui, finalement, s'est fait homme en Jésus Christ.
En cette Année sainte de la Miséricorde, j'ai la chance de visiter des lieux dans lesquels des hommes et des femmes professent notre identité chrétienne de manière variée. C'est ici que vit la miséricorde de Dieu. C'est là que des personnes sont soutenues, que des défavorisés sont intégrés, que des marginaux sont remis au centre. C'est là que la misère des étrangers touche les cœurs. Et le cœur croit ce que la bouche affirme. Notre identité vécue marque notre passeport chrétien du sceau de la validité.
Pour que le passeport n'arrive pas à échéance et conserve sa validité, nous avons à nous assurer sans cesse de notre identité chrétienne. Elle est notre origine, notre histoire, notre présent, notre avenir. Soyons donc attentifs aux mots avec lesquels nous construisons notre identité, attentifs aux faits et aux noms qu'ils portent. Traitons avec attention les histoires et les souvenirs qui nourrissent notre identité chrétienne. Avec la mémoire et avec miséricorde. C'est toujours pareil. C'est nouveau à chaque fois.
Chacune et chacun vit cela pour soi, avec le passeport chrétien de la couleur qui lui est propre. Nous le vivons collectivement en tant que communautés chrétiennes, avec le passeport chrétien multicolore. C'est ainsi que notre voix se fait plus forte dans le monde. Que nous disait déjà la lecture ? Tous ensemble, ils ont commencé à crier, et c'est alors que Dieu les a entendus. Le monde qui nous entoure ne pourra pas non plus faire autrement.
Je nous souhaite à nous tous et toutes le souffle qui nous permet de vivre et d'affermir notre identité chrétienne, à voix forte ou peut-être à voix basse. Que Dieu pour cela soit notre force !
Bien à vous !
+Félix Gmür Evêque de Bâle



vendredi 12 février 2016

Rencontre à la Havane

Premières images :




texte intégral de cette déclaration commune:

« La grâce de Notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit avec vous tous » (2 Co 13, 13).

1. Par la volonté de Dieu le Père de qui vient tout don, au nom de Notre Seigneur Jésus Christ et avec le secours de l’Esprit Saint Consolateur, nous, Pape François et Kirill, Patriarche de Moscou et de toute la Russie, nous sommes rencontrés aujourd’hui à La Havane. Nous rendons grâce à Dieu, glorifié en la Trinité, pour cette rencontre, la première dans l’histoire.
Avec joie, nous nous sommes retrouvés comme des frères dans la foi chrétienne qui se rencontrent pour se « parler de vive voix » (2 Jn 12), de cœur à cœur, et discuter des relations mutuelles entre les Eglises, des problèmes essentiels de nos fidèles et des perspectives de développement de la civilisation humaine.

2. Notre rencontre fraternelle a eu lieu à Cuba, à la croisée des chemins entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest. De cette île, symbole des espoirs du « Nouveau Monde » et des événements dramatiques de l’histoire du XXe siècle, nous adressons notre parole à tous les peuples d’Amérique latine et des autres continents.
Nous nous réjouissons de ce que la foi chrétienne se développe ici de façon dynamique. Le puissant potentiel religieux de l’Amérique latine, sa tradition chrétienne séculaire, réalisée dans l’expérience personnelle de millions de personnes, sont le gage d’un grand avenir pour cette région.

3. Nous étant rencontrés loin des vieilles querelles de l’« Ancien Monde », nous sentons avec une force particulière la nécessité d’un labeur commun des catholiques et des orthodoxes, appelés, avec douceur et respect, à rendre compte au monde de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15).

4. Nous rendons grâce à Dieu pour les dons que nous avons reçus par la venue au monde de son Fils unique. Nous partageons la commune Tradition spirituelle du premier millénaire du christianisme. Les témoins de cette Tradition sont la Très Sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, et les saints que nous vénérons. Parmi eux se trouvent d’innombrables martyrs qui ont manifesté leur fidélité au Christ et sont devenus « semence de chrétiens ».

5. Malgré cette Tradition commune des dix premiers siècles, catholiques et orthodoxes, depuis presque mille ans, sont privés de communion dans l’Eucharistie. Nous sommes divisés par des blessures causées par des conflits d’un passé lointain ou récent, par des divergences, héritées de nos ancêtres, dans la compréhension et l’explicitation de notre foi en Dieu, un en Trois Personnes – Père, Fils et Saint Esprit. Nous déplorons la perte de l’unité, conséquence de la faiblesse humaine et du péché, qui s’est produite malgré la Prière sacerdotale du Christ Sauveur : « Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous » (Jn 17, 21).

6. Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de cette unité voulue par Dieu, pour laquelle le Christ a prié. Puisse notre rencontre inspirer les chrétiens du monde entier à prier le Seigneur avec une ferveur renouvelée pour la pleine unité de tous ses disciples ! Puisse-t-elle, dans un monde qui attend de nous non pas seulement des paroles mais des actes, être un signe d’espérance pour tous les hommes de bonne volonté !

7. Déterminés à entreprendre tout ce qui nécessaire pour surmonter les divergences historiques dont nous avons hérité, nous voulons unir nos efforts pour témoigner de l’Evangile du Christ et du patrimoine commun de l’Eglise du premier millénaire, répondant ensemble aux défis du monde contemporain. Orthodoxes et catholiques doivent apprendre à porter un témoignage unanime à la vérité dans les domaines où cela est possible et nécessaire. La civilisation humaine est entrée dans un moment de changement d’époque. Notre conscience chrétienne et notre responsabilité pastorale ne nous permettent pas de rester inactifs face aux défis exigeant une réponse commune.

La pensée unique

Un passage du message de carême du pape François nous dit  que le démoniaque « vous serez comme des dieux » (Gn 3,5),  est à la racine de tout péché. Un tel délire peut également devenir un phénomène social et politique, comme l’ont montré les totalitarismes du XXe siècle, et comme le montrent actuellement les idéologies de la pensée unique et celles de la technoscience qui prétendent réduire Dieu à l’insignifiance et les hommes à des masses qu’on peut manipuler.
Le questionnement sur la pensée unique peut avoir lieu à l'intérieur de l'Eglise également, lorsqu'à tout prix on veut imposer une seule ligne de pensée, une seule  interprétation du message évangélique. C'est courir le risque de faire taire les prophètes, d'empêcher un renouvellement de l'Eglise, mais aussi d'opter pour des solutions qui portent atteinte à sa structure sacramentelle voulue par le Christ. Liberté d'expression dans le cadre du Magistère... Mais LIBERTÉ qui ne doit pas être limitée à la pensée unique médiatique et à celle de groupes de pression majoritaires, sachant aussi que "S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi." Le Pape François a pris cette option de tolérance et d'écoute en cette année de la miséricorde.

Qui t’a institué chef et juge sur nous ?



Office des lectures
1ère lecture : Exode 2,1-22

11 Or vint le jour où Moïse, qui avait grandi, se rendit auprès de ses frères et les vit accablés de corvées. Il vit un Égyptien qui frappait un Hébreu, l’un de ses frères.
12 Regardant autour de lui et ne voyant personne, il frappa à mort l’Égyptien et l’enfouit dans le sable.
13 Le lendemain, il sortit de nouveau : voici que deux Hébreux se battaient. Il dit à l’agresseur : « Pourquoi frappes-tu ton compagnon ? »
14 L’homme lui répliqua : « Qui t’a institué chef et juge sur nous ? Veux-tu me tuer comme tu as tué l’Égyptien ? » Moïse eut peur et se dit : « Pas de doute, la chose est connue. » 
15 Pharaon en fut informé et chercha à faire tuer Moïse. Celui-ci s’enfuit loin de Pharaon et habita au pays de Madiane. Il vint s’asseoir près du puits. 

Les débuts de l'Exode sont une sorte d'accumulation de malheurs, de brutalité, de violence, de meurtres et de trahisons.
Mais la libération du peuple de Dieu a commencé par un geste de compassion et de miséricorde, celui de la fille de Pharaon. Touchée jusque dans ses entrailles par cet enfant abandonné.
Plus tard, Moïse a voulu user de la force devant le malheur du Peuple dont il est issu. Puis, il se voit interpellé, alors qu'il voulait bien faire, par une question de fond et il va être trahi et renié. Le mouchardage vient d'un israélite, c'est évident. Les Pères disent que la situation par laquelle passe Moïse est une préfiguration du Christ devant Pilate, renié par son Peuple (poussé par des meneurs bien sûr). Moïse part au désert et va y recevoir sa mission de Dieu.

Et nous, quelle est notre mission?
Pour quelle libération?
Face à quelles trahisons?
A quels abandons?
A quelles lâchetés?
A quelles haines fratricides?
A quelles limites de notre part?
Comment réagissons-nous?
Avec quelle Miséricorde?

Fuir au désert pour rencontrer Dieu, recevoir notre mission, ou nous la rappeler et être au final configurés au Christ, par sa grâce seule et la poursuivre au-delà de la mort, jusqu'au jour de la Résurrection.

jeudi 11 février 2016

Messe des cendres à Rome

Nous aurons peut-être remarqué que lors des célébrations d'hier la liturgie traditionnelle avec le passage à Saint Anselme, puis la messe des cendres à Sainte Sabine, l'Ordo coutumier a été bouleversé. Il est connu qu'une compréhension de la liturgie bien différente existe entre les jésuites en particulier et le reste de l'Eglise ou presque. Pourquoi?
Le mouvement liturgique a voulu reconstruire en raison des tempêtes du 19ème siècle une piété sociale, construite autour de la liturgie. Elle avait été la cible privilégiée de la réforme et des nouvelles philosophies.
Un connaisseur condense ainsi la position de la question :

...Une âme qui prie n'est pas l’Eglise en prière ; car un membre n’est pas le Corps tout entier.
Dans la ligne de mire des liturgistes se trouve ainsi, d’une manière particulière, la Compagnie de Jésus dont le travail de restauration catholique a négligé la fondation d’une spiritualité liturgique. Selon Dom Maurice Festugière, les Jésuites ont combattu l'individualisme protestant par un individualisme catholique, parfaitement orthodoxe pour la foi, mais en laissant de côté les fondements liturgiques communautaires. Ainsi, des deux côtés, « la liturgie est entrée en crise. Elle est niée des protestants
et oubliée des catholiques ». Les liturgistes proposent au contraire de lutter contre l’individualisme de la Réforme par une vie catholique collective et rituelle dans laquelle la foi, en même temps qu’elle serait individuellement confessée dans la plus rigoureuse vérité, serait ensemble célébrée liturgiquement. La différence entre la messe basse et la messe solennelle ne met nullement en péril l’intégrité doctrinale ; mais il existe néanmoins entre elles cette distinction essentielle que dans un cas la foi est celle d’une assemblée, tandis que dans l’autre elle risque bien de n’être que celle d’une collection d’individualités.
En Note : On comprendra pourtant que la Compagnie de Jésus ait été irritée de ces accusations : le débat prit de l'ampleur jusqu'au silence de Dom Maurice Festugière. On trouve un écho de cette polémique entre liturgie et contemplation dans un ouvrage de Jacques Maritain.
Matthieu Rouillé d'Orfeuil, Histoire liturgique du XXe Siècle, éd. L'Harmattan 2012, p. 18-19

Cela ne nous empêchera cependant pas de comprendre l'intention du pape qui est de promouvoir la miséricorde.

mercredi 10 février 2016

Journée Mondiale des malades

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
POUR LA XXIVe JOURNÉE MONDIALE DU MALADE 2016
Se confier à Jésus miséricordieux comme Marie :
“Tout ce qu’il vous dira, faites-le” (Jn 2,5)

Chers frères et sœurs,
La XXIVe Journée Mondiale du Malade m’offre l’occasion d’être particulièrement proche de vous et de ceux qui vous entourent de leurs soins.
Cette année, puisque la Journée sera célébrée de manière solennelle en Terre Sainte, je propose de méditer sur le récit évangélique des noces de Cana (Jn 2, 1-11), où Jésus accomplit son premier miracle grâce à l’intervention de sa Mère. Le thème de cette année : Se confier à Jésus miséricordieux comme Marie : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le (Jn 2,5) », s’inscrit très bien dans le contexte du Jubilé extraordinaire de la miséricorde. Précisément, la célébration eucharistique solennelle, point central de la Journée, aura lieu le 11 février 2016 à Nazareth, lieu où le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous (Jn 1,14). À Nazareth aussi, Jésus a commencé sa mission salvifique, s’attribuant les paroles du prophète Isaïe, comme nous le rappelle l’Évangéliste Luc : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (4, 18-19).
La maladie, surtout lorsqu’elle est grave, met toujours l’existence humaine à l’épreuve et apporte avec elle des interrogations qui creusent en profondeur. Parfois, le premier moment peut être de révolte : pourquoi est-ce que cela m’est arrivé ? On se sent désemparé, la tentation devient grande de penser que tout est perdu, que désormais rien n’a plus de sens…