Nous aurons peut-être remarqué que lors des célébrations d'hier la liturgie traditionnelle avec le passage à Saint Anselme, puis la messe des cendres à Sainte Sabine, l'Ordo coutumier a été bouleversé. Il est connu qu'une compréhension de la liturgie bien différente existe entre les jésuites en particulier et le reste de l'Eglise ou presque. Pourquoi?
Le mouvement liturgique a voulu reconstruire en raison des tempêtes du 19ème siècle une piété sociale, construite autour de la liturgie. Elle avait été la cible privilégiée de la réforme et des nouvelles philosophies.
Un connaisseur condense ainsi la position de la question :
...Une âme qui prie n'est pas l’Eglise en prière ; car un membre n’est pas le Corps tout entier.
Dans la ligne de mire des liturgistes se trouve ainsi, d’une manière particulière, la Compagnie de Jésus dont le travail de restauration catholique a négligé la fondation d’une spiritualité liturgique. Selon Dom Maurice Festugière, les Jésuites ont combattu l'individualisme protestant par un individualisme catholique, parfaitement orthodoxe pour la foi, mais en laissant de côté les fondements liturgiques communautaires. Ainsi, des deux côtés, « la liturgie est entrée en crise. Elle est niée des protestants
et oubliée des catholiques ». Les liturgistes proposent au contraire de lutter contre l’individualisme de la Réforme par une vie catholique collective et rituelle dans laquelle la foi, en même temps qu’elle serait individuellement confessée dans la plus rigoureuse vérité, serait ensemble célébrée liturgiquement. La différence entre la messe basse et la messe solennelle ne met nullement en péril l’intégrité doctrinale ; mais il existe néanmoins entre elles cette distinction essentielle que dans un cas la foi est celle d’une assemblée, tandis que dans l’autre elle risque bien de n’être que celle d’une collection d’individualités.
En Note : On comprendra pourtant que la Compagnie de Jésus ait été irritée de ces accusations : le débat prit de l'ampleur jusqu'au silence de Dom Maurice Festugière. On trouve un écho de cette polémique entre liturgie et contemplation dans un ouvrage de Jacques Maritain.
Matthieu Rouillé d'Orfeuil, Histoire liturgique du XXe Siècle, éd. L'Harmattan 2012, p. 18-19
Cela ne nous empêchera cependant pas de comprendre l'intention du pape qui est de promouvoir la miséricorde.
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