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mardi 30 janvier 2018

Béni soit Dieu de ne m’avoir pas fait femme



ÉVANGILE
« Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » (Mc 5, 21-43)

Nous avançons à bonne allure dans l’évangile de saint Marc, puisque nous en sommes déjà au chapitre 5. Après 3 paraboles, Jésus donne 4 signes.
Les deux d’aujourd’hui sont en faveur de femmes. Quelques mots sur l’attention de Jésus envers elles et leur rôle, dans ce début d’Evangile de saint Marc.
La belle-mère de Pierre avait bénéficié de la première guérison physique qu’il avait faite. Avec toutes les histoires qui courent sur les belles-mères, c’est un plus historique. Les deux miracles qui suivent paraissent montrer qu’il était attentif à toutes : jeunes (la petite-fille), adultes (la femme subissant des hémorragies) et anciennes (la belle-mère).
Dans ce portrait, il ne faut pas oublier Marie. Elle a d’ailleurs passé un premier moment apparemment difficile, puisque Jésus avait eu des propos qu’elle avait certainement été la seule à comprendre sur sa vraie parenté. Après ces deux miracles, il montera à Nazareth le contexte sera encore plus pénible pour elle.
Le premier rappel à la vie, c’est donc encore une femme qui en bénéficie. Ce qui interpelle aussi, c’est la douleur de ce père, de ce chef de synagogue. L’évangéliste la met en valeur et montre également non seulement l’intérêt, mais encore la compassion de Jésus. Cette époque ne brillait pas, d’après ce qu’on en sait pour sa grande considération envers l’autre moitié du monde.
Les hommes devaient remercier Dieu de leur condition dans leurs prières.  « L’homme, disait un Rabbi célèbre, est tenu de faire trois bénédictions par jour. Béni soit Dieu de m’avoir fait israélite ; de ne m’avoir pas fait femme ; de ne m’avoir pas fait ignorant ! »  « Une autre prière disait aussi de remercier le créateur pour la femme obéissante, belle, glorieuse ; ». On arrête la liste là, pour apprécier d’autant plus le cadeau fait à celle qui souffrait de pertes de sang. Sa maladie lui faisait contracter une impureté légale, elle devait se tenir à l’écart, quasiment exclue de la communauté et marginalisée… Elle n’osait approcher et vole presque un miracle à Jésus.
Les lectures ayant été suffisamment longue, je crois que nous pouvons nous contenter d’en rester sur l’invitation à la confiance que donne le Seigneur par ces deux signes. Il est attentif à chacun et à chacune, jusque dans ce qui paraît des détails. Il demande de faire manger la petite.
Il ne nous laisse pas à l’abandon même lorsque nous avons l’impression qu’il y a beaucoup de nuages entre le soleil et nous. « Seigneur, réjouis ton serviteur : vers toi, j’élève mon âme ! ». Il entend notre prière, y compris silencieuse. Il ne faut pas hésiter non plus à essayer de lui « voler » un miracle. Il se laisse toucher. Amen.

dimanche 28 janvier 2018

Jésus à la Synagogue de Capharnaüm



28 janvier 2018 - dimanche, 4ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B
    Première lecture « Je ferai se lever un prophète ; je mettrai dans sa bouche mes parole... Dt 18, 15-20
    Psaume Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
    mais écoutez la voix du Seigneur. 94 (95), 1-2, 6-7abc...
    Deuxième lecture La femme qui reste vierge a le souci des affaires du Seigneur, afin d’... 1 Co 7, 32-35
    Évangile « Il enseignait en homme qui a autorité » Mc 1, 21-28


Frères et Sœurs,

Nous continuons à suivre ce matin Jésus au début de son ministère. Il a été baptisé par Jean, s’est retiré au désert et après son emprisonnement commence d’appeler ses premiers disciples. Voilà que, dans l’Evangile de Marc, il se rend dans la synagogue de Capharnaüm pour sa première prédication. Elle impressionne par son autorité.
Déjà, nous avons été surpris de la réponse rapide des premiers apôtres. Ils ont été saisi, sous un charme et par une emprise inédite, pris par cette parole, plus que s’ils l’étaient par des filets.  La dernière épître celle de saint Paul aux Corinthiens, nous donne l’exemple de réponses totales. Jésus voulait ses Apôtres totalement à son service. Paul nous explique qu’il est mieux de ne pas être marié pour se donner ainsi. Il songe à sa propre condition. Ce sera aussi celle des femmes qui se mettront au service des communautés, vierges consacrées, veuves.
Après la première prédication de Capharnaüm Jésus va opérer des guérisons dont celle de la célèbre belle-mère de Pierre qui va s’occuper aussitôt de Jésus et des Apôtres. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Ce qui surprend le plus les auditeurs de Jésus, c’est l’autorité (eksousian) de sa Parole. Il parle comme un roi, si vous voulez. Pour commenter l’Écriture, à l’époque où Jésus vivait, les rabbins lisaient un passage de l’Écriture et pour dire quelque chose, s’appuyaient sur des autorités et leurs connaissances,  Ils essayaient d’en donner le sens et de faire une application selon les circonstances et les temps de l’année. Aujourd’hui ils procèdent de manière variée et analogue. Les juifs faisaient mémoire hier de la libération des camps à la fin de la 2ème guerre. Certains rabbins étaient à cette époque, l’un d’eux en hurlant quasiment, d’après ce que j’ai lu, disait : « Nous nous sommes rendus coupables de péchés qui ne figurent pas dans le livre de prière… Combien de fois nombre d'entre nous, avons-nous prié en disant : Maître de l'univers, je n'ai plus la force, prenez mon âme afin que je n'aie plus à réciter la prière d’action de grâce ? » … Nous devons demander au Tout Puissant de restaurer notre foi et notre confiance en Lui. ‘Comptez sur lui en tous temps... Devant lui épanchez votre coeur …’ »
En temps ordinaire, il leur arrive ce qui arrive à tous vos prédicateurs du dimanche. Les juifs alsaciens racontent un bon mot sur une déception : - « Monsieur le rabbin, après votre dernier sermon prononcé hier au soir, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit... - Vous a-t-il à ce point impressionné ? - Ce n'est pas tout à fait cela. Quand je dors dans la journée, je ne peux plus dormir la nuit !!! » Quant à nous, c’est plutôt la nuit qui précède que nous ne dormons pas. Après il y a parfois des regrets sur la manière dont nous avons procédé.


La particularité de Jésus est qu’il n’avait pas besoin de référence, d’invoquer les docteurs, Hillel ou Gamalaliel, ou la tradition orale juive. C’est Dieu lui-même en la personne de Jésus qui vient donner son enseignement. « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. » Nous nous souvenons de certaines de ses expressions dans le sermon sur la Montagne : « On vous dit telle chose… Eh bien Moi, Je vous dis. » La première lecture nous a expliqué que dans le désert, les Hébreux avaient supplié Dieu de ne pas leur parler directement parce qu’ils en avaient peur. Moïse leur annonce qu’il leur donnera un prophète comme lui. « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez. » Moïse lui-même bégayait et avait demandé que son frère Aaron parle à sa place…
Jésus venant donner la parole, c’est Dieu qui le fait sans intermédiaire et de manière à ne pas effrayer. « Le Verbe s’est fait chair. » Ses auditeurs perçoivent la force de cette parole, qui agit non seulement dans les cœurs, mais sur l’esprit impur qui tourmente l’un d’eux. Il ne peut s’empêcher de réagir, il a senti le danger : « Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » La réponse de Jésus ne se fait pas attendre : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » On a l’impression qu’il voudrait que la révélation de son identité ne soit que progressive, il ne veut pas faire peur et fomenter une sorte de révolte violente, mais il vient enseigner pour transformer les personnes et sauver. Faire tout, tout de suite et avec puissance ce n’est pas la méthode et le rythme de Dieu pour nous. Saint Thomas d’Aquin que nous fêtons aujourd’hui mérite pour cette raison, une mention, même brève. Dans un premier temps il se pose la question de savoir si c’est une bonne chose qu’ait fait ce démon, puisqu’il a dit la vérité « Tu es le Saint de Dieu ». Mais tout de suite Thomas rétorque que l’homme approche progressivement de la vérité par sa raison, ce qui n’est pas le cas de l’ange dont la volonté adhère immédiatement à son objet d'une façon fixe et immuable. (Somme Théologique, I Qu.64 a.2). Il voit tout en un éclair et sa décision est irrévocable. Son intention ne peut être bonne dans l’Evangile. Il est curieux de voir que les paroles de ce mauvais esprit se retrouveront dans la bouche de Pierre lorsqu’il fait sa confession de foi dans la même Synagogue, d’après  l’évangile de saint Jean, alors que tout le monde s’en va (Jn 6, 69).  « Nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu ». C’est la conséquence d’une adhésion et d’une découverte progressives de l’identité de Jésus. Il ne peut pas le quitter, il s'est laissé saisir par lui.
Demandons-nous simplement ce matin, si nous considérons la parole de Jésus comme la parole de Dieu. Quelle attention portons-nous aux Écritures ? Le pape nous invite à porter les évangiles sur nous. Dieu se laisse toucher, approcher et trouver, il nous parle simplement et directement. Il a aussi besoin de nos services pour se rendre proche de ceux qui nous entourent. Il a besoin de notre temps, comme il a voulu avoir besoin de ses Apôtres et de ses disciples. Combien lui en donnons-nous ?
Ô Marie de Nazareth, Mère de Dieu, Prie pour nous, sainte mère de l'Église, afin que nous soyons de fidèles disciples de Jésus, toujours remplis de joie et d'espérance. Obtiens-nous la faveur de vivre en parfaite union avec ton Fils et avec nos frères et sœurs. JP II

dimanche 21 janvier 2018

Dimanche de l'Unité


21 JANVIER 2018 -  dimanche, 3ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Les gens de Ninive se détournèrent de leur conduite mauvaise » (Jon 3, 1-5.10)
PSAUME
(24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9)
DEUXIÈME LECTURE
« Il passe, ce monde tel que nous le voyons » (1 Co 7, 29-31)
ÉVANGILE
« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 14-20)

Frères et Sœurs,

Nous avions entendu dimanche dernier, la manière dont saint Jean relatait les débuts du ministère de Jésus. Il ne mentionnait pas la tentation au désert. Saint Marc le fait et de manière très synthétique rapporte le fait qui a marqué son point de départ, à savoir l’emprisonnement de Jean-Baptiste par Hérode.

dimanche 14 janvier 2018

Où demeures-tu?


Intro
Frères et Sœurs, merci de venir célébrer ce 2ème dimanche du temps ordinaire avec Notre-Dame du Vorbourg. Vous voyez que le sapin a laissé sa place au palmier.
Nous avons lu ou entendu des propos indélicats attribués à un chef d’état, à propos de personnes d’autres pays ou réfugiées ces jours. Bien que rien ne soit simple, je me suis permis de mettre en évidence une image de la fuite en Égypte, pour nous rappeler que le Seigneur lui-même a du s’expatrier avec sa famille. Il y a une merveilleuse légende qui raconte qu’un palmier en s’inclinant, avait offert ses fruits, son ombre et de l’eau à la Sainte Famille. En remerciements Dieu transplanta une de ses branches au paradis et c’est de cet arbre qu’on distribue les palmes aux martyrs. Rien de tel qu’une belle histoire pour nous enseigner ce qui est beau, bon et vrai.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Seigneur commence à rassembler ses premiers disciples. Saint Jean-Baptiste lui envoie les deux premiers.  Si nous recherchons le Seigneur, il nous invite à demeurer chez lui.
C’est à cette invitation que nous répondons ce matin. Nous nous y préparons en reconnaissant que nous avons besoin de sa miséricorde.

vendredi 12 janvier 2018

Le paralytique



ÉVANGILE
« Le Fils de l’homme a autorité pour pardonner les péchés sur la terre » (Mc 2, 1-12)


Que fait Jésus, au début de son ministère, selon ce que rapporte saint Marc ? Dans un premier temps, il appelle les premiers disciples qui avaient commencé à le suivre après son baptême. Ils seront les témoins de ses gestes et de ses paroles. Les Apôtres choisis par Jésus, ont en premier lieu cette fonction. Après la résurrection, avec l’aide de l’Esprit, ils témoigneront de ce qu’ils ont vu et entendu. Puis il opère des guérisons. Hier c’était un lépreux qui ne l’a pas écouté, et est allé annoncer sa guérison partout ce qui a gêné Jésus dans sa démarche. Il avait un message important à faire passer d’abord. Aujourd’hui, chez Simon Pierre, il guérit un paralytique. Nous savons bien aujourd’hui que même avec toute notre technologie, c’est presque impossible, même si la science a des pistes sérieuses en ce domaine. Elle y parviendra un jour et tant mieux ! Les drames que vivent ceux qui sont victimes de fractures de la colonne ou d’AVC ne peut que le faire souhaiter.  Ce qui est à remarquer, dans notre passage c’est que Jésus ne commence pas par le guérir, comme s’il y avait un mal plus important et plus grave. Quel est-il ? La majeure partie de l’Évangile a porté là-dessus : Le pardon des péchés. Ce qui  sépare spirituellement de Dieu est plus important et plus grave que ce qui a trait à l’état de notre corps, dans la démarche. Mieux : c’est une priorité.
Un moment où cela doit nous interpeller le plus, n’est-ce pas au moment de la mort ?
Avant chaque eucharistie, nous songeons à cela, je vous rappelle ce que disait le saint Père la semaine passée à l’audience : Chacun confesse à Dieu et à ses frères “d’avoir péché en pensées, en paroles, par action et par omission”. Oui, aussi par omission, c’est-à-dire d’avoir omis de faire le bien que j’aurais pu faire. Souvent nous nous sentons bons parce que – disons-nous – “je n’ai fait de mal à personne”. En réalité, il ne suffit pas de ne pas faire de mal au prochain, il faut encore choisir d’accomplir le bien en saisissant les occasions pour bien témoigner que nous sommes disciples de Jésus. Il est bon de souligner que nous confessons aussi bien à Dieu qu’aux frères que nous sommes pécheurs : cela nous aide à comprendre la dimension du péché qui, alors qu’elle nous sépare de Dieu, nous sépare aussi de nos frères, et vice-versa. Le péché coupe : il coupe la relation avec Dieu et il coupe la relation avec les frères, la relation dans la famille, dans la société, dans la communauté. Le péché coupe toujours, sépare, divise.

Amen.

dimanche 7 janvier 2018

L'Épiphanie du Seigneur


Adoration des mages à l'église de Lajoux
Elle provient de l'abbaye de Bellelay.


7 JANVIER 2018
L'Épiphanie du Seigneur — Année B
Solennité
Première lecture« La gloire du Seigneur s’est levée sur toi »Is 60, 1-6
Psaume Toutes les nations, Seigneur,
se prosterneront devant toi.
cf. 71,1171 (72), 1-2, 7-8, 1...
Deuxième lecture« Il est maintenant révélé que les nations sont associées  ...Ep 3, 2-3a.5-6
Évangile Nous sommes venus d’Orient adorer le roi

Frères et Sœurs,
Nous voyons deux titres mentionnés au début de l’évangile, celui de roi, basileus, attribué à Hérode et celui de Magoi, de mages, aux visiteurs guidés depuis l’Orient, par l’étoile. Hérode était un personnage, terrible, courageux, génial en matière architectural. Songez, frères et sœurs, à ses constructions, d’abord le Temple, qui n’avait pas été achevé du vivant de Jésus, puis les forteresses, Machéronte, l’Hérodium, Massada et la ville de Césarée. Il avait rassemblé presque tout le territoire de l’ancien Israël par la force, le courage, une diplomatie des plus audacieuses et la ruse. Les romains lui avaient reconnu le titre de roi. Mais ce mégalomane paranoïaque à un degré incroyable, était le plus cruel des hommes. Un auteur célèbre, de la fin du 3ème, début du 4ème siècle, Macrobe, rapporte qu’Auguste aurait dit de lui : « Il vaut mieux être le cochon d'Hérode que son fils » (Macrobe, Saturnalia, 2 : 4, 11). Il avait fait exécuter son épouse préférée et plusieurs de ses fils.
Dès lors, nous imaginons l’effet qu’a pu provoquer chez Hérode, la  demande des mages : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? ». Il sentait déjà le trône vaciller sous ses pieds, lui qu’on accusait d’être à la solde des romains et illégitime. Il n’était pas le descendant de David. Un enfant peut-il être dangereux ? L’histoire d’Israël nous dit que Salomon fut couronné roi d’Israël à 12 ans, Manassé à 12 ans aussi, Josias à 8 ans. C’est dire si, dans l’esprit de ce monarque, un enfant descendant de David, pouvait représenter un danger.
Que voulaient faire les mages ? « Nous sommes venus nous prosterner devant lui. » L’acte est réservé aux détenteurs de l’autorité publique à l’époque. Même aujourd’hui on salue ceux qui sont établis dans une fonction publique, pour reconnaître leur nouvelle responsabilité. Cela se fait  différemment, le sens de la poignée de main change, ce n’est plus celui de la période électorale.
Les mages avaient été conduits par une étoile, depuis l’Orient. Elle semble avoir disparu au-dessus de Jérusalem. Ce sont ceux qui connaissaient les Ecritures qui ont donné la réponse à la question des mages. Matthieu veut certainement attirer notre attention sur elles, qui contiennent la lumière. « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Selon les notes de nos Bibles, c’est une combinaison qui n’est pas littérale du prophète Michée et du 2ème livre de Samuel. L’étoile à sa manière confirme les Écritures en brillant à nouveau et en conduisant ces voyageurs à la crèche.
Ces trois sages, ces trois mages sont venus de loin. Ils avaient appris par leur science étonnante et païenne, cet événement extraordinaire et caché qu’était la naissance de l’enfant. Ne serait-ce pas une indication que Dieu aime tous les hommes et veut les conduire à son Fils, à travers leurs cultures et leurs religions ? « Les rois mages n'ont-ils pas trouvé le Christ (Mt 2,1-12) grâce à l'étoile, c'est-à-dire grâce à leur « superstition », grâce à leur religion ? Par leur intermédiaire, leur religion ne s'est-elle pas présentée pour ainsi dire à genoux devant le Christ et comme courant au-devant du Christ? » (Benoît 16 – Foi, vérité, tolérance) On insiste beaucoup aujourd’hui sur la laïcisation et l’oubli du Christ par pans entiers de nos sociétés. Où brille l’étoile aujourd’hui ? Où sont les sages d’aujourd’hui qui la cherchent? La crèche, n’est-ce pas les lieux où l’évangile est vécu, où le Christ est vivant ? N’est-ce pas dans son Église qu’il est vivant avant tout ? L’Église n’est-ce pas le lieu où il naît aujourd’hui, où il se laisse approcher et reconnaître ? Il est déjà tout près de ceux qui se sont éloignés de lui, il fait briller son étoile.
Les mages se sont fait pèlerins, ils ont accepté de regarder vers l’étoile, de se mettre en route et d’apporter leurs dons. Vous me permettez une citation d’un sermon de mes auteurs préférés pour l’Épiphanie, saint Augustin : « Au-dessus de la couronne de gloire qui apportait la joie à toute la terre, on voyait donc voltiger et briller, au milieu des ténèbres, les mystérieuses et bleuâtres lueurs destinées à annoncer le Sauveur; et, par la route de feu qu'elle traçait, avec un empressement joyeux, dans les airs, l'étoile amenait d'Orient les trois mages , comme trois pierres précieuses à ajouter à la couronne du Christ naissant dans l'innocence : ils devaient y être incrustés à titre de prémices et en fléchissant le genou. Voilà donc que des milliers de pierres précieuses viennent s'attacher à la couronne de cet enfant qui naît pour rajeunir la vieillesse d'un monde devenu caduc. » Ils lui ont apporté l’or de la royauté, l’encens de la divinité et la myrrhe pour annoncer le moyen par lequel il allait régner.
Le pape hier nous invitait à suivre l’exemple des mages et leur parcours en cette fête de l’épiphanie : Trois gestes des Mages orientent notre marche à la rencontre du Seigneur qui se manifeste aujourd’hui comme lumière et salut pour tous les peuples. Les Mages voient l’étoile, ils marchent et ils offrent des présents.
Les mages sont  allés à la rencontre du Christ en acceptant de se laisser surprendre et ils l’ont été. Qu’ont-ils vu ? Un enfant sur les genoux de sa mère ? « Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère. » - « Voici qu’a brillé (à leurs yeux) la splendeur de Dieu : sa puissance est apparue grâce à la Vierge, car le Très-Haut a choisi une humble naissance pour manifester dans cette humilité sa propre majesté. » Qui aurait peur d’approcher d’un enfant ?

Marie, l’étoile de la mer est experte en étoiles. Qu’elle fasse briller encore plus celle qui nous conduit, nous à notre Bethléem, dans l’Église de son Fils pour l’y adorer et nous prosterner. Amen.