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dimanche 26 novembre 2023

Le Christ Roi de l'Univers

 


Mais Oui! des brebis à corne!


26 NOVEMBRE 2023

 Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers — Année A - Solennité

 Lectures de la messe

Première lecture« Toi, mon troupeau, voici que je vais juger entre brebis et brebis »Ez 34, 11-12.15-17

PsaumeLe Seigneur est mon berger :

rien ne saurait me manquer.Ps 22 (23), 1-2ab, 2...

Deuxième lecture« Il remettra le pouvoir royal à Dieu le Père, et ainsi, Dieu sera tou...1 Co 15, 20-26.28

Évangile« Il siégera sur son trône de gloire et séparera les hommes les uns de...Mt 25, 31-46

Intro

Chers frères et sœurs, 

Bienvenue à tous et à toutes pour célébrer le Christ-Roi de l’Univers. Cette célébration nous rappelle que nous sommes à la fin de l’année liturgique et que bientôt commence le temps de l’Avent.

Cette fête avait été instituée par le pape Pie XI en 1925, pour essayer de mettre en valeur une forme de royauté sociale du Christ.  Avec la réforme liturgique du Concile, elle a été placée en ce dimanche, pour signifier de manière plus liturgique le retour du Christ à la fin des temps. Ce dimanche est en même temps la 38ème journée mondiale de la jeunesse. Nous prions avec eux et pour eux. Il nous faut aussi demander pardon pour les scandales qui sont encore apparus ces jours. Nous espérons que toute la société se réforme également en profondeur. Le but est d’accueillir le mystère du Christ et le salut qu’il veut offrir au dernier jour à tous les hommes. 

Préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

Homélie

Chers Frères et Sœurs,

 L’année liturgique arrive à son terme et s’achève sur le jugement dernier de Saint Matthieu avec le retour du Christ. Nous avions hier à l’office des lectures son annonce par le prophète Zacharie et sa description de la venue du Seigneur : « 04 Ses pieds se poseront, ce jour-là, sur le mont des Oliviers qui est en face de Jérusalem, à l’orient. Et le mont des Oliviers se fendra par le milieu, d’est en ouest ; il deviendra une immense vallée. Une moitié de la montagne reculera vers le nord, et l’autre vers le sud. » La mémoire chrétienne conserve le récit de l’Ascension de Jésus au Mont des Oliviers. Nous attendons tous son retour.

Il est extrêmement difficile aujourd’hui de douter que notre univers aura une fin, près du  zéro absolu. Mais le jugement, le retour du Christ est encore de l’ordre de la foi.

Le jugement, lors de ce retour, va s’opérer sur le critère des béatitudes et des œuvres de miséricordes. L’image est impressionnante. Il sera accompagné de la résurrection et nos corps seront semblables à celui du Christ. Cela constitue une différence d’avec les conceptions prédominantes aujourd’hui. N’est-ce pas la résurrection chrétienne qui respecte le plus notre nature humaine ? Le Christ est mort et ressuscité, avec un vrai corps glorieux et une âme. Ce compagnon, cette partie de notre oui et de nos non, pourrait-on y renoncer, comme s’il ne s’agissait que d’une enveloppe temporaire ? Mon corps, n’est-ce pas aussi moi ? Je me suis demandé au fil de mes lectures : Pourquoi est-ce qu’après une expérience de mort imminente, l’âme retournait dans son corps ? Ne serait-ce pas parce qu’elle et lui sont intimement liés ? Notre nature humaine ne peut renier cette unité. Le Christ ressuscité est vrai Dieu et vrai Homme, ayant un corps et une âme. Il veut nous ressusciter tout entier, comme lui. Pourquoi dire non ? Pourquoi ne pas respecter le cheminement d’autrui, de ceux qui nous ont tant appris sur ces questions ? Sachant que tout et tous convergent vers le Christ.

Les scénarios catastrophes des films d’aujourd’hui meublent notre imaginaire. Je vous avoue à en regarder des passages de temps à autres, de m’interroger sur cette propension, cette attirance, ce désir de mort qui habite nos sociétés, alors que le Seigneur nous appelle à la vie. Il veut nous attirer vers le haut, vers lui, vers la joie. Le Fils de l’homme apparaît dans la gloire. « Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie » Il est glorifié nous dit l’Écriture, lorsqu’il est mis en croix et qu’il donne sa vie pour nous. Sur le Mont Thabor, Moïse et Élie parlaient avec lui de sa montée à Jérusalem. Il s’agit maintenant de la Gloire eschatologique. Il se présente à nous en tant que Dieu, et le discernement va s’opérer sur le déroulement de sa vie humaine, la gloire de la croix, sur la manière dont nous aurons vécu les béatitudes et pratiqué les œuvres de miséricorde. Sur la manière dont nous aurons aimé, sur notre témoignage de vie, sur la manière dont nous aurons aimé notre Père.

S’agit-il d’un film catastrophe ? « Dieu aime tous les hommes et veut que tous les hommes soient sauvés, il veut qu’aucun ne se perde ». Il le veut non seulement en raison de son amour personnel pour chacun de nous, mais parce que son Fils a donné sa vie pour nous. Il coupe court à toute protestation d’injustice, y compris de notre part. Son amour dépasse celui d’une mère pour ses enfants. Il n’est limité que par notre refus d’aimer, par notre refus de pardonner et d’être comme Lui. « J’ai dit : vous êtes des dieux ». Etre des dieux, veut dire aimer comme Dieu nous aime. Le refus du pardon conduit à un endurcissement du cœur, il empêche Dieu d’y rentrer.

Pourquoi illustrer notre problématique avec l’image de ces brebis et de ces petits boucs ? Il est possible que soient en cause les cornes des seconds. Les cornes avaient diverses significations quant à leur symbole. Il y en avait de béliers et de boucs bien sûr, ce qui me permet chaque année de rappeler qu’il y a également certaines variétés de brebis à cornes. J’en ai vu de l’oberland grison, mais paraît-il dans les Pyrénées il n’en manque pas, ni en Écosse. Quant au Jura, c’est un sujet plus délicat, mais nos brebis ont du caractère. Il y aurait peut-être intérêt pour un équilibre à effectuer un croisement avec la variété grisonne. Qui sait ?

Passons la plaisanterie, pour nous rappeler que les cornes symbolisaient la force et la résistance. On les utilisait pour appeler à la guerre, mais aussi à la conversion, avec le fameux shofar du Yom-Kippour, du grand pardon. Ces cornes de bélier rappellent celles du bélier du sacrifice d’Abraham pris dans les buissons. Il avait annoncé il avait aussi provoqué la chute des murs de Jéricho. C’étaient des cornes qui étaient figurées aux 4 coins de l’autel dans le temple, manifestant la puissance de Dieu. La corne est un signe de notre volonté de puissance, mais aussi de le toute-puissance de l’amour de Dieu.

Une image m’est venue au cours de la prédication. Au temps de ma jeunesse, voici près de 40 ans, ayant participé à un pèlerinage en Terre Sainte, j’avais vu un troupeau qui avançait à la suite de son berger en direction de Jéricho. Curieusement, ils étaient regroupés par couleur, les blancs et les noirs. N’est-ce pas une image qui illustre le fait que tout concourt à notre vie et à notre bonheur, à notre joie, ce qui est bon et mauvais en nous, nos oui et nos non. Au sortir du Carmel, un troupeau s’y trouvait dans un champ voisin. Toutes les couleurs étaient mélangées. Encore une image de ce qui se passe dans nos cœurs.

Encore un élément pour nous inviter à l’espérance. Nous espérons que tous les hommes soient sauvés, nous aussi et peut-être nous d’abord. Nous pensons au fameux bouc émissaire de René Girard, envoyé au désert portant le péché d’Israël. Pour nous, il s’agit de toute évidence d’une référence au Christ, qui a pris sur lui les péchés du monde, notre refus. Comment alors faire taire en nous l’espérance, car le Juge c’est lui qui a tout pris sur lui.

« Le Christ est notre joie ». Je ne puis m’empêcher de me rappeler Mgr Otto Wüst, dont la devise était «  Au service de votre joie. » Il serait bon de nous le rappeler. Il est la porte de notre joie. Il respecte notre liberté, mais comment lui dire non ?

Pourquoi rappeler la joie, sinon en raison du message adressé par le pape François aux jeunes et intitulé : « Joyeux dans l’espérance » (cf. Rm 12, 12)

Il demande aux jeunes d’allumer le Flambeau de l’espérance, en citant Charles Péguy. Ce poète et écrivain nous invite à respecter le cheminement de chacun. J’ai découvert il y a quelques temps que le cher et grand Jacques Maritain, dans sa jeunesse, un de mes auteurs préférés, ainsi qu’un bénédictin de Solesmes en exil, avaient voulu lui faire presser le pas vers un retour effectif total à l’Église, qui incluait la renonciation de son épouse incroyante, selon les conceptions de l’époque. Il ne l’avait pas fait. Nous nous souvenons des conditions de sa mort. Il avait prié la Vierge peu avant. Le fait qu’il soit mentionné par le pape François invite encore plus au respect.

Nous terminons avec un passage du message du pape aux jeunes : Chers jeunes, n'ayez pas peur de partager avec les autres l'espérance et la joie du Christ ressuscité ! L'étincelle qui s'est allumée en vous, entretenez-la, mais en même temps donnez-la : vous constaterez qu'elle grandira ! Nous ne pouvons pas garder l’espérance chrétienne pour nous, comme un beau sentiment, parce qu'elle est destinée à tout le monde. Soyez particulièrement proches de vos amis qui peuvent sourire en apparence mais qui pleurent à l'intérieur, pauvres en espérance.

Confions toute notre vie à Marie, Mère de l'Espérance. Elle nous apprend à porter en nous Jésus, notre joie et notre espérance, et à le donner aux autres . Amen.


dimanche 12 novembre 2023

Le banquet de Saint Martin?

 


12 NOVEMBRE 2023 - 32ème semaine du Temps Ordinaire — Année A

Première lecture« La Sagesse se laisse trouver par ceux qui la cherchent »Sg 6, 12-16

Psaume Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu !Ps 62 (63), 2, 3-4, ...

Deuxième lecture« Ceux qui sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui »1 Th 4, 13-18

Évangile« Voici l’époux, sortez à sa rencontre »Mt 25, 1-13


Chers Frères et Sœurs,

Le Seigneur utilise une image bien connue de l’avènement du Royaume de Dieu, celui d’un gigantesque repas de noces qui peut nous faire penser aux festivités de la Saint-Martin. Dans l’antiquité, le banquet était considéré comme la clé  de voûte de la civilisation grecque et romaine. Il y en avait autant chez les dieux que chez les rois et dans les temples. Il faut mentionner les banquets philosophiques et poétiques. Un des ouvrages de Platon porte d’ailleurs le nom de « Banquet ».  Une curiosité entendue hier soir sur Arte, à propos de tombes étrusques : les défunts étaient disposés dans des sortes de chambres qui ressemblaient à une salle à manger de l’époque.

En Israël, on lit dans le livre des chroniques qu’on en fit durer un 14 jours. Il suffit de parcourir l’Écriture Sainte pour constater leur fréquence et leur importance. Jésus était souvent invité et il avait commencé son ministère en participant à des noces à Cana. Saint Martin quant à lui, est toutefois plutôt présenté comme un acète frugal. Il ne participe qu’une fois à un repas donné par l’empereur Maxime, selon ce que rapporte son secrétaire et biographe, Sulpice Sévère. Ce dernier était originaire de l’Aquitaine Romaine, appréciée déjà pour ses huîtres et ses vins. (Vie de Saint Martin)

Le banquet dont parle le Seigneur ne nous sera toutefois servi qu’à la fin des temps. Il nous demande bien du travail de préparation… c’est-à-dire veiller dans la prière, la foi et la charité qui en témoigne, ainsi que par notre espérance. C’est la composition de cette fameuse huile des jeunes filles… Durant ce temps de préparation il n’y a qu’un appel discret, un murmure du Christ à l’oreille des cœurs.

Le grand signal d’alarme dans la nuit, ressemble aux sirènes d’alertes. On ne les entend qu’épisodiquement lors d’exercices, sans plus faire attention. Cela n’arrivera pas… L’Écriture rapporte les traitements infligés aux prophètes tués ou tournés en dérision. Dans les Tintins de nos enfances, il y avait un professeurPhilippulus dont on riait.

Comment nous émouvoir ? Le Seigneur s’est posé la question dans son dialogue trinitaire. Comment leur faire comprendre combien leur vie dépend de leur relation avec moi ? Nous ne sommes pas faits pour vivre éternellement tout seuls, mais avec lui. Les auteurs de l’ Écriture avaient interprétés les malheurs qui arrivaient au Peuple élu comme des avertissements : dans le désert, sous les rois d’Israël, avec des guerres, des invasions, des famines, des criquets, des maladies, des déportations. Les prophètes avaient été des lanceurs d’alerte. Venait ensuite une réaction de ceux qui subsistaient : Il nous faut retourner à une vie à la Loi qui est source de vie. Ce que l’Écriture essaye de nous dire, est qu’on ne peut dissocier notre vie humaine de la communion avec Dieu, parce que nous sommes appelés à vivre ensemble un jour pour toujours avec lui. Cela dépendra de la manière dont nous avons vécu et aimé ici et maintenant. Cela dépendra des deux commandements qui résument toute cette fameuse Loi, l’amour de Dieu et du prochain.

L’Écriture montre que ce retour au Seigneur ne nous était pas possible par nous-mêmes. Nos capacités humaines sont limitées ! Elles sont dues globalement à une blessure spirituelle que lui seul est capable de réparer, ce fameux péché. Le vocabulaire et les psychologues parlent aujourd’hui de résilience. Il s’agit de trouver des ressources humaines en soi pour se reconstruire. Il s’agit aussi de retrouver une autre source en soi-même par une forme de silence intérieur, la voix du Seigneur qui vient nous parler au cœur. Même ceux qui doutent de son existence disent que la figure de Dieu est utile et même indispensable pour se relever.

Pour aller plus loin et surtout à la racine d’un relèvement et d’une réconciliation  possible, le Seigneur est allé jusqu’à envoyer son Fils dont le nom de Jésus signifie Dieu sauve. Cela veut dire qu’il est venu lui-même. Il a voulu tellement sauvegarder notre liberté créée à l’image de la sienne, il a voulu un oui tellement libre de notre part à l’amour qu’il nous proposait, qu’il s’est en quelque sorte caché. Nous lui avons fait ce que nous avons voulu et nous l’avons rejeté. C’est là quelque chose de mystérieux. Un grand anthropologue, historien et philosophe français, René Girard,  a écrit parmi de nombreux ouvrages, un petit bouquin devenu célèbre : « le bouc émissaire ». Il essaye d’y rendre compte de cette étrange loi de la violence humaine qui cristallise sur une personne ses contradictions et l’origine de ses fractures internes. Jésus est devenu pour nous un bouc émissaire, mais il a échappé à la mort comme l’oiseau pris au filet de l’oiseleur. Sa résurrection a été sa réponse à un rejet qui a un aspect collectif et personnel. Nous ne pouvons nous approcher de ce grand mystère, qu’en intégrant bien dans notre réflexion que Dieu est hors du temps, mais aussi que les conséquences d’une action humaine ont une résonnance hors du temps. Jésus est devenu un pont, un chemin, un passeur.

Les lectures de ce dimanche qui nous rapproche de la fin de l’année liturgique, viennent nous rappeler que si notre vie ici-bas a une fin, elle aussi, elle n’en a pas en définitive. « Ceux qui sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui ». Il ne s’agit pas de gober tout ce qu’on dit ou écrit, sur la vie après la vie et les états de mort imminente, mais de se laisser interpeller, de revisiter notre espérance sur ce sujet. Ce sont les termes employés ce jeudi soir par l’archevêque émérite de Paris dans une conférence. Il est ancien médecin. 

Il suffit de se tenir un peu au courant des recherches et découvertes faites depuis environ une centaine d’années sur la fin de la vie, le cerveau, la matière et autre physique quantique, l’espace et le temps, pour se rendre compte qu’il est temps de réviser nos vieilles manières de penser. Lorsqu’ on se rapproche ou qu’on a passé la barrière de ses 70 ans, nous percevons avec plus d’intérêt que c’est notre éternité à nous qui est devant nous et que personne n’a le droit de nous en priver, ni les scandales, ni les grands titres. Elle ne dépend pas de nous mais de celui qui est amour. Les chanteurs utilisent souvent les mots : Ma vie. Dans l’une d’elle il y a ceci : « Ma vie à moi c’est un combat que j’ai mené et si Dieu veut me pardonner, J’irai plus haut que les nuages… » Bien sûr et même nous ressusciterons. Nous l’espérons les uns pour les autres… Nous avons déjà  la chance d’être invités au repas des noces de l’Agneau lors de chaque Eucharistie. On ne peut conclure sans le pape François : parlant mercredi de Madeleine Delbrêl et de sa passion pour l’évangélisation : Madeleine se sent appelée à "vivre entièrement et à la lettre l'amour de Jésus, afin qu'en l'aimant sans réserve et en se laissant aimer jusqu'au bout, les deux grands commandements de la charité s'incarnent en nous et n'en fassent plus qu'un" .

Marie, Mère de l’Église et notre Mère prie pour nous. Amen.


mercredi 1 novembre 2023

Tous les Saints

 


1 NOVEMBRE 2023  Tous les Saints — Solennité 

Lectures de la messe

Première lecture : « Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de t...Ap 7, 2-4.9-14

Psaume : Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur. Ps 23 (24), 1-2, 3-4...
Deuxième lecture« Nous verrons Dieu tel qu’il est »1 Jn 3, 1-3
Évangile « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » .Mt 5, 1-12a

Chers Frères et Sœurs,

Ces seuls mots de l’Évangile devraient nous remplir de joie, tirés de leur contexte, celui des béatitudes. Hier toutefois et déjà, quelqu’un qui avait lu l’épitre du jour m’a dit avant la messe : Mais alors nous ne sommes pas sûrs d’être sauvés. C’est le genre de questions qui vous font penser : doux Jésus, que répondre ? Il faut rappeler l’amour de Dieu et sa volonté de sauver tous les hommes, mais il veut entendre une réponse libre d’un homme libre, à l’image de sa propre liberté. Il ne force pas à aimer et à l’aimer. L’autre difficulté vient des béatitudes. Elles sont un programme du bonheur. Jésus les a prononcées dans son sermon sur la montagne, au bord du lac de Tibériade sur le Mont des béatitudes. Pour ceux qui y sont allés, le cadre est idyllique. Dans ma jeunesse, au collège, j’aimais beaucoup le lac Léman par beau temps. Prises dans le détail, les béatitudes ne sont pas des mystères joyeux, mais bien ce qu’a vécu Jésus. Aimer, c’est aller jusque-là, aimer jusque-là, dans le détail :     « être  pauvre jusque dans son cœur, pleurer, être doux jusqu’au dépouillement, avoir faim et soif de la justice, c’est-à-dire avoir été maltraité et calomnié ; être miséricordieux veut dire avoir des raisons de l’être ; avoir un cœur pur, peut nous faire comprendre que nous pouvons être victimes de ceux qui ne l’ont pas ; alors que Dieu a le cœur pur et des intentions droites. Ils verront Dieu. Quant à la paix et à sa recherche, pour être appelés fils de Dieu, la difficulté de la transmettre et de maintenir cette paix est manifeste. Être persécuté pour la justice est un sentiment terrible qui vous poursuit votre vie durant, c’est le dépouillement qui mérite le royaume des Cieux, même si cela réjouit les ricaneurs qui vous traitent de naïfs. Quant on est insulté et persécuté, calomnié pour lui, le Seigneur nous assure d’une immense récompense.

Au bout d’une vie, nous comptons nos cicatrices… cela me rappelle un film d’action de ma jeunesse. Quelle liste ! Pardonnez-moi si elle a été longue.

Mais sur quoi débouchent ces béatitudes, après ces prémisses et leur côté obscur qui nous ont été imposés par le non-amour : « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » Vivre les béatitudes c’est être assimilé à Jésus qui meurt et ressuscite.

Serions-nous naïfs ? Vous comme moi, l’avons certainement été, mais cette forme de naïveté conduit-elle à une impasse ? Il y a bien longtemps, nous blaguions entre séminaristes sur le nom de la rue qui menait au séminaire : « Impasse du cardinal Journet ». Le Cardinal Journet, Monsieur Journet, un merveilleux théologien et père du Concile. Le séminaire conduit-il à une impasse ? Non, un séminaire est là pour aider chacun de nous, par ceux qui en sortent, à relever la tête, à regarder vers la finale de ce que nous traversons : une récompense dans les cieux, le royaume des Cieux, être  fils de Dieu, voir Dieu, obtenir miséricorde, être rassasiés, avoir la terre en héritage, être consolés, obtenir le Royaume des cieux.

Est-ce si impossible ? Voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues, nous a dit saint Jean. N’est-ce pas là un signe d’espérance ? Si personne ne pouvait dénombrer cette foule, cela ne veut-il pas dire que le Seigneur nous ouvre toutes grandes les portes du Royaume, en la personne de son Fils ? Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu. Nous le sommes par notre baptême qui nous unit à Jésus et d’une certaine manière, nous identifie à lui sur un parcours qui n’est pas de tout repos. Sa clef ne peut être que l’amour. Si vous en avez une autre, je suis prêt à vous entendre. Cet amour, c’est la personne de Jésus et son Esprit, l’Esprit du Père et du Fils, qui viennent habiter en nous. L’Esprit vient nous transformer en d’autres Christ.

S’agit-il de naïveté ? Ceux qui vous annoncent ce message le sont-ils ? Sont-ils parfaits ? Certainement pas. Suffit-il de ne pas être prêtre pour être parfaits ? Certainement pas non plus.

De l’autre côté, qu’est-ce qui nous attend ? Depuis 5 ans que je parcours un peu tout le Jura, je lis aussi beaucoup et j’ai appris à connaître toute une littérature et des émissions sur des événements de mort imminente, ou d’événements qui la précèdent. Ils nous font fortement plus que soupçonner sur ce qui se produit dans cette vie après la vie. Les vérifications ne surviennent qu’après l’expérience personnelle et la rencontre,  mais les indices sont nombreux et intéressants. L’honnêteté intellectuelle nous invite à en tenir compte, tout comme les progrès scientifiques sur l’infiniment grand et l’infiniment petit. J’ai eu la chance d’aller faire un saut à l’exposition du CERN à Genève, la semaine passée. Allez-y pour vous laisser instruire et être étonnés. Nous avons dépassé les connaissances et les préjugés du 19ème siècle. Nous avons le droit de prendre notre liberté ou de la recouvrer, délivrés de ce carcan. Nous avons aussi le droit de penser que tous ceux qui nous ont précédés et n’avaient pas nos moyens, n’étaient pas des sots parce qu’ils en connaissaient moins que nous. La foi et la résurrection de Jésus sont offertes à tous les hommes de toutes les générations. Dieu veut que par lui, avec lui, et en lui tous les hommes soient sauvés. C’est lui, personnellement, que tous les hommes rencontrerons un jour. Nous ne le rencontrerons plus seulement par la foi et les sacrements. L’Esprit nous apprend à connaître les profondeurs de Dieu, en tant que Dieu en trois personnes et pas seulement l’amour immense d’une seule personne.

Une de nos priorités aujourd’hui est de consoler ceux qui sont dans la peine parce qu’ils ont perdu un proche, ou un ami. Cela fait toujours mal et encore une fois nous ne sommes pas des naïfs. Consoler ceux qui sont affligés, affligés nous le serons tous, est une œuvre de miséricorde qui passe par la communion des cœurs. Un décès ne peut que faire mal à ceux qui restent. Nous confions tous ceux d’entre nous qui souffrent d’un deuil depuis peu, ou longtemps, à Notre-Dame de Compassion, à Marie.

Je conclus avec le Pape François : Frères et sœurs, le souvenir  des saints nous incite  à lever les yeux vers le ciel: non  pour oublier les réalités de la terre, mais pour les affronter avec plus de courage, avec plus d’espérance. Que Marie, notre Très Sainte Mère, nous accompagne par son intercession maternelle, signe de consolation et d’espérance sûre.