Un peu délicat notre Evangile d’aujourd’hui. Le Seigneur demande à chacun de vivre dans l’humilité du cœur, elle qui permet à la parole de Dieu d’y entrer et d’y apporter sa lumière, une lumière qui ne contente pas de montrer ce qui ne va pas, mais qui nous transforme et brûle le mal en nous. C’est le processus de guérison opéré par la miséricorde. Cela nous l’oublions parfois lorsque nous voulons sauver des apparences, préserver une honorabilité ou un statut social, par amour des décorations et de la carrière, y compris ecclésiastique. L’expression « faites comme je dis et pas comme je fais » est dans le parler commun. Donner un enseignement sans se laisser au moins interpeller par ce qu’on dit, est inquiétant. En quelque sorte, on utilise Dieu et sa parole comme des moyens pour parvenir à ses fins. Nous nous rappelons dans l’Ecriture que le diable au désert avait montré ses qualités d’exégètes. Il connaît la lettre de l’Ecriture mieux que personne, et sait comment flatter, utiliser nos points faibles : goût de la démesure, la vanité, l’orgueil, le désir des honneurs, la cupidité, la colère, la convoitise, la luxure et tout ce qu’il suscite. De plus il connaît ce que nous avons fait et se montre après que nous l’ayons bien servi, un féroce accusateur. Une lumière différente de la miséricorde… Il cherche surtout à instiller en nous le désespoir, et un non à Dieu. Il ne parvient plus à aimer Dieu. Pourtant cet appel résonne en lui.
Saint François de Sales nous dit dans son Traité sur l’amour de Dieu (chapitre XVIII, livre I) que nous avons par nature dans nos coeurs, l’inclination d’aimer Dieu par-dessus tout; Dieu s’en sert dit-il, comme d’une anse, pour pouvoir nous prendre facilement et nous attirer à lui. Il paraît aussi, autre donner l’impression d’attacher nos coeurs comme des petits oiseaux par un filet, par lequel il nous puisse tirer quand il plait à sa miséricorde d’avoir pitié de nous; et Pour nous, c’est un indice et un secret avertissement que nous appartenons à sa divine bonté. Il raconte à ce propos une anecdote. Les grands princes à son époque faisaient quelquefois mettre des colliers avec leurs armoiries à des cerfs capturés et les lâchaient dans les forêts. Aujourd’hui il arrive aussi qu’on marque du gibier ou qu’on y mette un petit émetteur. Ce n’est plus : j’appartiens à un grand prince ou à César, mais à Dieu. Ce signal est en nous et dans l’Evangile le Seigneur a voulu nous dire que ne plus vouloir l’entendre est la pire des choses qui puisse nous arriver. Demandons à Marie, Mère de Miséricorde de nous aider à être attentifs à cette voix qui en nous, nous appelle.
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