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dimanche 23 mai 2021

La Pentecôte : Du Sinaï au Mont Sion

 



Première lecture « Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler » Ac 2, 1-11
Psaume Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !
Deuxième lecture « Le fruit de l’Esprit » Ga 5,16-25
Séquence
Évangile « L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » Jn 15, 26-27 ; 16, 1...

Chers Frères et Sœurs,

Je me suis demandé à quoi comparer la Pentecôte. Je me suis arrêté sur sur une de ces reconstitutions grandioses du début de l’univers que l’on voit à la télé. L’univers aurait commencé comme un point d’énergie très dense qui a explosé et qui s’étend maintenant encore. La Pentecôte, spirituellement, ressemble à cela, un moment très fort, un vent et du feu qui se communique à tous les hommes et à tous les âges depuis le cœur des disciples. Lorsque nous célébrons la Pentecôte, la liturgie nous rend présent ce moment qui a du paraître extraordinaire à ceux qui étaient à Jérusalem. Ils étaient nombreux puisque les Juifs fêtaient ce jour-là, cinquante jour après la Pâque, la fête du don de la Loi au Sinaï. Nous comprenons que c’est maintenant le temps de l’Esprit, de l’Esprit-Saint, qui vient agir dans les cœurs, écrire dans les cœurs et non sur une table de pierre.  Il y eut un grand bruit et un violent coup de vent, un phénomène extraordinaire nous dit saint Luc où des langues de feu se répandirent sur les disciples. L’image est très forte. Ce qui paraît encore plus extraordinaire c’est qu’ils se mirent à parler et que tous ceux qui avaient été attirés par le bruit, les entendaient dans leur propre langue, alors que beaucoup venaient de l’étranger. Le mot grec « phone » (comme dans téléphone, voix (phone) et loin (télé) peut être traduit par  vent, bruit, souffle, mais aussi voix, selon les différentes traductions. Le mot est différent de celui utilisé peu auparavant, dans « un bruit vint du ciel ». On peut donc bien parler de la voix d’une personne, de la troisième personne de la Sainte Trinité, mais ce que comprend la foule, chacun dans sa langue, ne provient que des paroles prononcées par les disciples. Cela peut vouloir dire que c’est à eux que l’Esprit a donné de transmettre la Parole. Il le fait par la médiation d’hommes qui forment l’Église.

Au Sinaï, Moïse reçoit les tables de la loi lors d’une manifestation de Dieu (Exode 19), ce qu’on appelle une théophanie. C’est quelque chose d’analogue qui paraît se produire à la Pentecôte, mais là c’est la Parole de Dieu, une parole vivante qui est reçue par les disciples et transmise aux nations symboliquement représentées. La transmission se fait à la manière d’un feu qui vient les habiter. Dieu vient toucher le cœur des auditeurs et y pénétrer.

Le vrai miracle mis en scène est celui de l’unité de tous les hommes qui est retrouvée. Nous nous trouvons devant le phénomène inverse de la tour de Babel. Les hommes avaient voulu toucher le ciel et l’atteindre sans Dieu, en l’excluant. Le signe donné est celui de l’unité retrouvée grâce à lui, grâce à l’Esprit-Saint qui vient donner un autre moyen de toucher le ciel, c’est-à-dire d’entrer dans l’Éternité grâce au don fait aux hommes. Ce don n’est autre que la communion avec Dieu, par l’Église qui est aussi le Corps du Christ. Il  va se construire et grandir jusqu’à la fin des temps. Le Christ qui est la tête de ce corps est déjà dans les cieux, l’Ascension le signifiait. Les Apôtres étaient pleins de joie en redescendant du Mont des Oliviers. Cette joie les habite à un tel point lors de l’effusion de l’Esprit, que ceux qui se sont rassemblés se disent entre eux : « Ils sont pleins de vin doux ». Cela paraît tellement original que la comparaison doit bien nous venir du jour de la première Pentecôte ( ce qui n’est pas une raison pour abuser des bonnes choses).

Le catéchisme de l’Église catholique, (qui est utile à consulter et à étudier même après la confirmation, il est gratis sur internet,) nous enseigne qu’en ce jour est pleinement révélée la Trinité Sainte (N°732). Il cite une prière de la Liturgie byzantine pour la Pentecôte : « Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste , nous avons trouvé la vraie foi : nous adorons la Trinité indivisible car c’est elle qui nous a sauvés. »

Qui est l’Esprit-Saint ? C’est une personne bien mystérieuse. Elle l’est du fait qu’elle ne parle pas d’elle-même, mais elle nous rappelle ce que Jésus a dit et nous donne le moyen de le faire passer dans notre vie. Le plus simple est de dire qu’il est l’amour du Père et du Fils et qu’il vient nous apprendre à aimer. Pourquoi ? Parce que Dieu est amour et que nous sommes appelés à partager sa vie, la vie de la Sainte Trinité qui est amour.

Il est symbolisé par l’eau que nous recevons au Baptême, l’onction de l’huile qui utilisé dans les 3 sacrements qui donnent un caractère (baptême, confirmation, ordination), mais qui est utilisée aussi pour l’onction des malades.

Puis viennent le feu, la nuée et la lumière, le sceau (il met une marque dans l’âme), la main, le doigt et la colombe que nous ne pouvons oublier, il était là au baptême de Jésus.

Que nous donne-t-il ? Ses dons, je vous le rappelle, sont au nombre de 7 : sagesse, intelligence, conseil, science, piété et crainte de Dieu, c’est-à-dire un vrai et profond amour de Dieu. Les fruits de son action sont di saint Paul : « joie, paix, patience (il en faut), longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence » (Ga 5, 22-23). Nous voilà riches d’un petit rappel.

L’action de l’Esprit vient nous conformer à Jésus. Si le rouge utilisé dans la Liturgie est bien le symbole de l’amour, il manifeste l’amour total de Jésus qui est allé jusqu’au don de sa vie. « Vous aussi, vous allez rendre témoignage. », dit Jésus dans l’Évangile. Le nom de martyre vient de « témoin » en grec. Chacun de nous a reçu des dons qui nous permettent d’aimer comme Jésus, dans les circonstances de notre vie de tous les jours ou de manière extraordinaire, cela peut arriver. Lorsque l’Église canonise les saints, elle est attentive à montrer la manière dont ils ont aimé en vivant l’Évangile. Ce qui transforme le monde, c’est l’amour, c’est notre témoignage donné par notre parole et vécu en actes.

Aujourd’hui, nous ne pouvons surtout pas oublier Marie qui plus que personne a été à l’écoute de l’Esprit-Saint. De l’Annonciation à la Pentecôte, elle est là. Elle guide les premiers pas de l’Église et l’accompagne chaque jour. Elle nous accompagne chaque jour. Demain nous fêtons Marie en tant que Mère de l’Église ainsi que l’ont voulu le Pape Paul VI durant le concile, et le Pape François récemment. Lundi étant jour de congé, ne l’oublions pas.

Nous pouvons conclure avec une partie de la prière du Pape François : Ô Mère, aide notre foi !

 Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel. … Sème dans notre foi la joie du Ressuscité. Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul. Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur ! Amen.

 

P.S. Les analogies entre le Sinaï et le Mont Sion sont nombreuses, et très présentes chez les Pères et Saint Thomas.

 

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