Prière de saint Thomas More pour obtenir l’humour
Donne moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer.
Donne moi la santé du corps avec le sens de la garder au mieux,
Donne moi une âme sainte, Seigneur, qui ait les yeux sur la beauté et la pureté, afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais sache redresser la situation.
Donne moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir.
Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle «moi».
Seigneur, donne moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres.
Les deux martyrs remarquables d'abord par leur témoignage méritent aussi une mention pour leur humour, qui est une caractérisique des martyrs anglais. Un extrait du commentaire de dom Jean Leclercq, osb (volume VII).
Mais la fermeté de ces martyrs offre un caractère très
original que ne présentent pas au même degré les récits de la primitive Église.
Il faut, croyons-nous, grouper divers traits afin de se rendre compte qu'un
élément nouveau s'est introduit dans la fermeté, et cet élément tient au
tempérament de la nation anglaise. C'est le commentaire le plus prime-sautier
de la devise merry England. Si nous osions en rapprocher une citation sacrée,
nous dirions volontiers que les martyrs anglais du XVIe siècle, avec leur «
humour » inextinguible, donnent, dans le martyre, une interprétation imprévue
du mot de saint Paul : « Dieu aime celui qui donne joyeusement. »
Thomas More demande qu'on l'aide à gravir l'échafaud, car
pour la descente, dit-il, je ne m'en occupe pas. John Fisher réclame un bonnet
en marchant à la mort, car, ajoute-t-il, je ne veux pas m'enrhumer. Thomas
Founde, qui demeura plus de trente années en prison, faisait tous les matins sa
toilette avec autant de soin qu'en a pu mettre feu M. de Narbonne pendant la
retraite de Russie (1). John Kemble, âgé de quatre-vingts ans, arrive dans les
faubourgs de Hereford. Son gardien lui montre l'emplacement où doit avoir lieu
l'exécution. « Bien, bien, dit le vieux martyr, asseyons-nous ici pour que je
regarde à mon aise en fumant une bonne pipe. » Et il s'installe, le
brûle-gueule aux dents, sur un pli de terrain (2). Thomas Green et Alban Roe,
exécutés ensemble, s'entr'aident en allant au supplice. Le sieur de Marsys
assista à leur fin. Green, dit-il, « descendit les degrés de la prison avec une
mine et un port qui sentait son conquérant, salua courtoisement le prévôt », s'étendit
sur la claie et dit au charretier : « Allez, fouettez (3). »
Cette force n'est pas « exaltation de cabinet », car on
l'expérimente entre deux séances de torture. Thomas Strange est torturé trois
jours de suite sur le chevalet, et pendant trois autres jours il est suspendu
par les bras à des anneaux de fer. Tandis qu'on le disloque sur le chevalet, un
ministre anglican entre dans la salle et entame une polémique. Strange se
tourne vers le juge et lui demande de faire mettre le ministre sur un chevalet
lui aussi. « Alors, dit-il, je répondrai, car il est entendu que dans toute
discussion les adversaires doivent être dans des conditions égales. » Ces
plaisanteries ne prennent tout leur sel que par la solennité des circonstances
où elles sont prononcées. Comme Th. Strange, la jeune Margaret Powell est un
pince-sans-rire. Le juge lui ayant dit qu'elle devrait embrasser la religion du
royaume, « Oui, sans doute, dit-elle, mais j'attendrai que Messieurs du
Parlement se soient mis d'accord entre eux auparavant. »
La mort offre un charme attirant à ces consciences fortes et
saines. Au moment où le P. William Davis est condamné à mort, il entonne le Te
Deum auquel répondent ses quatre compagnons. Thomas Bullaker, à l'instant où
est prononcée la sentence, s'agenouille devant letribunal et récite les trois
premiers versets du Te Deum. Backworth au moment de sa condamnation dit : « Que
Dieu soit loué et béni à jamais. » Cuthbert Maine dit : « Dieu soit loué. » Un
long pressentiment du sort menaçant ne trouble pas ces âmes vaillantes. Marie
Stuart écrit au duc de Guise (septembre 1586) « Je leur ai déclaré que pour
moi, je suis résolue à mourir pour ma religion, car bien qu'ils m'aient rendue
quasi-impotente, pour cela le coeur ne me manquera. »
Cette mort attendue et souhaitée ne les trouble pas. Un
cultivateur du nom de Milner laisse une femme et dix enfants. Le juge lui
représente la misère où ils sont plongés et d'où les tirera son abjuration.
Milner entend ce discours, monte les degrés de l'échelle et crie au juge : « Je
veux être pendu. » Roger Wrenno, tisserand, fut pendu, la corde cassa, il tomba
sur le sol évanoui, reprit ses sens, se leva et, sans plus d'explications,
gravit de nouveau l'échelle. Cette Margaret Powell, dont nous venons de dire la
jolie impertinence, ne retrouva toute sa gaieté qu'en recevant la nouvelle de
sa condamnation à mort. Le sieur de Marsys la trouva «s'entretenant. fort
tranquillement avec quelques autres dames; à voir leurs contenances, on eût
jugé que c'étoient ses compagnes qui étoient condamnées à mort et qu'elle étoit
venue les consoler Au moment de partir pour le supplice, « jamais on ne la vit
si gaie. » A cet instant, la grâce arriva. Le coup était rude, mais Margaret
Powell « fit voir par sa résignation qu'elle n'aimoit pas tant la couronne que
la volonté de celui qui la donne (1) ».
L'histoire des quatre fils de sir Richard Worthington est
non moins belle. L'aîné avait seize ans, le plus jeune douze ans seulement.
Tous quatre furent arrêtés au moment de s'embarquer pour la France, où ils
allaient faire leurs études dans un collège catholique. Ils furent séparés les
uns des autres, interrogés, menacés de mort. Comme ils ne livraient aucun
secret, on les priva de nourriture. Pendant des mois entiers, ils reçurent de
quoi les empêcher de mourir. On leur donnait le fouet, on leur faisait des
promesses alléchantes. Tout fut inutile. On ne parvint pas à les faire assister
au service protestant. Les deux aînés furent fouettés jusqu'au sang ; alors les
deux plus jeunes réclamèrent le même traitement. Après six mois de sévices, on
parvint à les arracher des mains des bourreaux. Aucun d'eux n'avait faibli (1).
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