Première lecture« Après la faute tu accordes la conversion »Sg 12, 13.16-19
PsaumeToi qui es bon et qui pardonnes,
écoute ma prière, Seigneur.Ps 85 (86), 5-6, 9a...
Deuxième lecture« L’Esprit lui-même intercède par des gémissements inexprimables »Rm 8, 26-27
Évangile« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson »Mt 13, 24-43
Frères et Sœurs,
Les paraboles de notre Evangile nous ont valu au moins un
terme qui a passé dans la langue française, c’est celui de zizanie qui a pour
origine le mot grec utilisé pour l’ivraie, la plante semée par l’ennemi. Cette
herbe comme vous ne l’ignorez pas est difficile à critiquer aujourd’hui puisqu’elle
constitue l’essentiel des pelouses de terrain de foot et de lieux de détente de
notre époque confortable. Dans notre littérature grand public, nous la
rattachons volontiers à une bande dessinée bien connue.
Semer la zizanie, c’est semer la discorde. Comment y
parvenir ? Une certaine forme de journalisme utilise par exemple des
méthodes professionnelles qui ont fait leurs preuves, utilisées aussi en
politique et qui n’ont pas besoin d’être énumérées. L’Eglise n’est pas à
l’abri, il suffit de toucher à certains thèmes pour faire tourner en vinaigre
les meilleurs crus et douter du rôle central de la charité.
Se focaliser sur la zizanie n’est pas une bonne solution et
n’en apporte aucune. Un peu comme les nouvelles des grands journaux qui nous
mettent le moral dans les talons… Il ne faut toutefois pas désespérer et
recherche le bien avant tout.
« La
parabole du bon grain et de l’ivraie, affronte le problème du mal dans le monde
et souligne la patience de Dieu (cf. Mt 13, 24-30.36-43). » nous
disait le pape François dans un commentaire. Il fait remarquer que le mot
ivraie, dérive, en hébreu, de la même racine que le nom «Satan» et qu’il rappelle
le concept de division.
Cette lutte a lieu d’abord au-dedans de nous. Les paisibles
graminées ne mènent d’ailleurs pas une vie tranquille. Ils ont tout un arsenal
chimique qui leur est propre pour se défendre, et aussi d’autres moyens. Le blé
qui est bas sur tige maintenant poussait plus vite et plus haut que les
mauvaises herbes pour les étouffer autrefois. Pour la vie dans le Christ, nous
sommes contraints de rester au naturel avec l’aide de la grâce, ce qui ne va
pas sans difficultés. Elle nous fait pousser plus vite et plus haut pour nous
assurer une bonne récolte pour le royaume. Mais combien de foi n’aurions-nous
pas envie de tirer sur la tige pour que tout aille plus vite. Tout jardinier
sait que ce n’est pas une solution.
Il ne faut pas se le cacher, il y a une vraie bataille qui
se livre en nous et dans la société. Pourquoi Dieu le permet-il ? Les
saints, dont Brigitte de Suède fêtée aujourd’hui, disent que c’est pour nous
faire grandir et donner une moisson de qualité. Dieu tire du mal un plus grand
bien.
Pourquoi ne pas se rapporter au catéchisme qui nous rappelle
que notre vocation est la vie dans
l’Esprit. La vie dans l’Esprit Saint accomplit la vocation de l’homme, elle est
faite de charité divine et de solidarité humaine. Si elle est gracieusement
accordée comme un salut, nous ne pouvons pas négliger la difficulté de notre
collaboration. Elle nécessite bien souvent un travail que nous considérons
comme titanesque.
Le bon grain, c’est la grâce mystérieuse répandue par la
parole qui fait porter un fruit abondant avec ces instruments indispensables
que sont les vertus humaines, prudence, justice, force et tempérance et les
vertus théologales foi, espérance et charité. Elles permettent de vivre les
béatitudes, c’est dire qu’il ne s’agit pas d’une production facile. Cette
culture mystérieuse nécessite aussi les 7 dons du Saint-Esprit : sagesse,
intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu.
Il est toujours bon de retourner à ses fondamentaux en
vacances surtout.
Ce combat se réalise également dans le champ de la politique
sujet à tant d’interrogations, d’incertitudes et même de dégoût. A Dieu seul au
final, il reviendra de faire un discernement.
« La politique, disait saint Jean-Paul II après
la chute de l’ancien monde (1992), devient (parfois) une « religion
séculière » qui croit bâtir le paradis en ce monde. Mais aucune société
politique, qui possède sa propre autonomie et ses propres lois (55), ne pourra
jamais être confondue avec le Royaume de Dieu. La parabole évangélique du bon
grain et de l'ivraie (cf. Mt 13, 24-30. 36-43) enseigne qu'il appartient à Dieu
seul de séparer les sujets du Royaume et les sujets du Malin, et que ce
jugement arrivera à la fin des temps. En prétendant porter dès maintenant le
jugement, l'homme se substitue à Dieu et s'oppose à la patience de Dieu. »
Si vous en avez l’occasion, je me permets de vous conseiller pour ceux qui en
ont le temps, un petit ouvrage d’Agnès Brot, Giorgio LA PIRA, un mystique en
politique chez DDB. Ce maire de Florence qui vécut toujours comme un pauvre et
les aidait sans cesse, nous montre par sa vie que rien n’est impossible, même
en Italie et peut-être chez nous. Un Abbé olivétain de Florence nous avait
raconté, il y a bien longtemps qu’il aidait tellement les pauvres qu’il donnait
les vêtements qu’il avait sur lui. Un de ses amis avait trouvé un « truc ».
Il lui prêtait par exemple un veston et il ne pouvait donc plus le donner, si
ce n’est par erreur.
La patience de Dieu, nous pouvons la demander pour nous
d’abord. Le cher saint François de Sales, nous dit à propos du manque de patience (traité de
l’Amour de Dieu) « Certes, Ami de Dieu, la colère est un serviteur qui
étant puissant, courageux et grand entrepreneur, fait aussi d’abord beaucoup de
besogne; mais il est si ardent, si remuant, si inconsidéré et impétueux, qu’il
ne fait aucun bien qu’habituellement il ne fasse en même temps plusieurs maux.
Or, ce n’est pas bon ménage, disent nos gens des champs, de tenir des paons en
la maison; car encore qu’ils chassent les araignées et en défont le logis, ils
gâtent toutefois tant les toits, que leur utilité n’est pas comparable au dégât
qu’ils font. » Vous me direz que de temps une bonne colère cela nous fait
du bien… Comme pour un feu le problème est de l’éteindre et qu’elle est
rarement sainte.
Que Notre-Dame vienne à notre aide sur notre chemin de foi
et de patience. Amen.
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