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dimanche 16 juillet 2017

Le Semeur



16 JUILLET 2017 - 15ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe
Première lecture« La pluie fait germer la terre »Is 55, 10-11
PsaumeTu visites la terre et tu l’abreuves, Seigneur,
tu bénis les semailles.Ps 64 (65), 10abcd, ...
Deuxième lecture« La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu »Rm 8, 18-23
Évangile« Le semeur sortit pour semer »Mt 13, 1-23


Frères et Sœurs,

La parabole du semeur est une des plus célèbres de l’Evangile. Il en énonce trois sur la terre, celle-ci, puis celle de l’ivraie et du bon grain et encore la graine de moutarde. Ce sera ensuite le trésor et la perle, puis enfin celle du filet. Il mentionne à 2 reprises la fin des temps, puis il y a le rejet à Nazareth, la mort de Jean-Baptiste et une suite de miracles, le premier étant celui de la multiplication des pains et des poissons qui nous permet un lien supplémentaire avec l’eucharistie aujourd’hui. Le Seigneur prend donc un exemple de la vie courante. Le blé faisait partie de l’alimentation de base au Proche-Orient dont il est originaire. Nous savons qu’il provient du croissant fertile. Aujourd’hui nos agriculteurs en Europe utilisent plus de 300 variétés entre blé dur et blé tendre. Certaines ont des noms des plus curieux par exemple Abraham et Pastoral… 
Pas de machine au temps de Jésus, il fallait labourer et semer avec des moyens rudimentaires et aussi surveiller les oiseaux du ciel, les voleurs et prier encore plus qu’aujourd’hui pour une météo clémente. Cette époque était sans subventions ni assurances contre la grêle.
Jésus parle en parabole aux foules et elles sont attentives, nous dirions aujourd’hui, scotchées à ses propos, s’ils ne comprennent pas, pourtant ils l’apprécient. La question est de savoir si c’est pour ses miracles et pour l’image qu’ils ont de lui et leur espérance, ce qu’ils imaginent. Jésus s’est adressé aux foules avec des mots simples, mais obscurs. Sa parole finale est apparemment rude : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende!» Un moine qui fut longtemps présent ici, avant le Père Maurice, perdant l’usage de l’ouïe, disait à certains moments : « Mais qu’est-ce qu’il dit ? ». Un autre un peu sceptique, avant que ne vienne un surcroît de charité, faisait remarquer : « Il entend ce qu’il veut, quand il veut bien. » Une oreille peut-être sélective, même involontairement, et même effectuer des reconstitutions subjectives, le phénomène est connu sans parler de l’expression « faire la sourde oreille », passée dans le langage commun.
Entendant Jésus, combien se sont-ils demandés : « Qu’a-t-il voulu nous dire ? » Jésus a énuméré les différentes manières de recevoir la parole, de l’écouter.  
Ce que les foules ne comprennent pas, ni les apôtres, il va demander à ceux-ci de le leur expliquer. L’enseignement de la parole de Dieu et sa signification appartient à leur mission. On dit aujourd’hui gouverner le Peuple de Dieu, le sanctifier et l’enseigner.
 « Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »
Nous comprenons que Jésus parle de manière symbolique. Explorons toutefois l’interprétation littérale. Le potentiel serait de 200 grains par épi. Mais on peut, disent les scientifiques, observer tout au plus 80 à 90 grains par épi, et en moyenne entre 30 et 60. Est-ce que Jésus a pris le temps d’en compter à Nazareth, même s’il le savait en tant que Dieu ? (Lorsqu’on préparait la farine pour confectionner les grains autrefois on le faisait soigneusement, en examinant et en choisissant les grains un par un.)
A Nazareth, n’y avait-il pourtant pas eu une personne attentive à la parole de Dieu ? Une terre bien préparée, la Vierge Immaculée ? N’est-ce pas à Nazareth que le Verbe s’est fait chair ? Je vous ai déjà mentionné une fois cette curieuse manière d’illustrer l’incarnation de Jésus des peintres du Moyen-Age. Ils le représentaient entrant en Marie par son oreille. L’idée se retrouve à plusieurs reprises chez saint Ephrem le Syrien au 4ème siècle. « Marie de Nazareth conçut le Seigneur par l’oreille, c’est-à-dire que la Parole de Dieu entra par l’oreille de Marie pour être par elle conçue. »
Nous pouvons demander au Seigneur de nous ouvrir les oreilles à sa parole pendant ce temps de repos estival et de l’approfondir. Que nous dit-elle à nous-mêmes simplement, d’abord. Et si nous ne comprenons pas demandons l’aide du Saint-Esprit et prenons du temps pour aborder des commentaires. (Si devant notre lacune à notre dernier jour il nous demande : mais tu avais pourtant l’internet…  Que répondrons-nous ? (Je vous souffle la réponse : le fournisseur d’accès était en panne, ou il y a eu peut-être un bug. )) La parole est une nourriture servie à la première table de nos célébrations. L’Eucharistie l’est également mais à la seconde table. Le Seigneur grandit en nous par sa parole et par son pain. C’est un enfantement difficile pour nous, notre champ intérieur a besoin d’être encore travaillé, les cailloux et les ronces enlevés. « Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. » Mais nous ne devons pas jamais désespérer… « Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance », (Rm 8, 24) nous le mesurons chaque jour. Benoît XVI nous y invitait dans sa fameuseencyclique sur l’espérance qui commence par ces mots. Saint Augustin va dans la même direction : « Soyez une bonne terre, vous disions-nous hier, et aujourd'hui nous répétons à tous: Que l'un donne cent, l'autre soixante et l'autre trente pour un. L'un produit plus que l'autre, mais tous ont droit au grenier. » (Sermon LXXIII).
Peut-être aurez-vous remarqué sur vos calendriers que nous fêtons Notre-Dame du Carmel. Nous pouvons achever notre prière avec saint Simon Stock éminent ermite et supérieur des carmes à une époque difficile pour eux. Il vécut longtemps dans un chêne creux paraît-il. (J’espère qu’il était plus grand que le millénaire de Châtillon) :

“ O Fleur du Carmel, ô Vigne fleurie, ô splendeur du ciel; ô Vierge féconde, ô Vierge unique, mais qui ne connus pas d’hommes; notre douce Mère, accorde tes faveurs, à tes enfants, Etoile de la mer” Amen.

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