Rechercher dans ce blog

jeudi 13 décembre 2018

Le Saint Crucifix de Develier




Le Saint Crucifix de Develier

Le présent opuscule a été publié le 3 mai 1937, fête de l'Invention de la Sainte Croix, à l’occasion du tricentenaire du Saint Crucifix.      L. B., curé.

NOTICE

Le saint Crucifix de Develier est en bois ; il a 1 m. 40 de hauteur et porte la date de l’année 1600. Il est exposé à la vénération des fidèles sur un autel latéral, dans l’église de cette paroisse. A proximité, on peut lire sur une grande plaque de marbre, l’inscription suivante :
« Crucifix miraculeusement conservé lors de l’embrasement de cette église, pendant la Guerre de 30 ans, en 1637. »
Nulle image du Sauveur crucifié n’est entourée d’une plus grande vénération dans notre pays. L’origine de cette dévotion populaire remonte à l’année 1637, rappelée dans l’inscription ci-dessus. La vallée de Delémont était alors dans la désolation et sans cesse traversée par les troupes françaises, allemandes, suédoises, qui rivalisaient entre elles d’indiscipline, de rapacité et de barbarie. Un jour, une bande de soldats suédois pénètre dans l’église de Develier, la pille, et la livre aux flammes. Au lendemain du désastre, le saint Crucifix, qui auparavant était suspendu à l’arc de l’entrée du chœur, se retrouva intact dans les cendres fumantes. Ce fut une immense consolation au milieu de cette épreuve cruelle.
Dès lors, le saint Crucifix de Develier n’a cessé d’être, non seulement pour la paroisse, mais pour toute la vallée de Delémont. un objet de vénération et un but de pèlerinage. Le culte rendu à cette sainte image s’est transmis de génération en génération. Dans les malheurs et dans les souffrances de la vie, la première pensée fut souvent de recourir au saint Crucifix, objet d’une pieuse dévotion et source de bien des grâces. C’est surtout dans les maladies, que le secours de la sainte image est invoqué avec plus de confiance et plus d’empressement. Il est peu de familles à Develier et dans les environs qui n’aient à remercier le saint Crucifix de quelque faveur spéciale.
Avant la Révolution française, la ville de Delémont venait chaque année en procession au saint Crucifix, et en outre faisait célébrer une messe à l'autel de la sainte image, les trois premiers vendredis après l’invention de la Sainte-Croix. Cette dévotion, interrompue depuis 1793, a été rétablie en 1816, à la demande du magistrat de la ville, et a continué jusqu’au milieu du 19e siècle. Depuis, la procession est remplacée par trois messes au saint Crucifix.
Autrefois, la paroisse de Bassecourt venait aussi tous les ans, au mois de mai, en procession au saint Crucifix. D’autres paroisses y vinrent dans des temps de calamité.
En 1861 un don a été fait à la paroisse de Develier, à charge par elle de faire célébrer annuellement quelques messes à l’autel du saint Crucifix, et d’entretenir une lampe allumée devant cet autel, tous les dimanches et fêtes de l’année.
Ainsi, dès 1637, le culte envers un objet si cher à la piété des fidèles a toujours existé. Le 12 septembre 1869 fut notamment pour le saint Crucifix un jour à jamais mémorable. La manifestation religieuse de cette belle fête restera dans l’histoire de la sainte image comme le plus éclatant témoignage de vénération qu’elle ait reçu.
C’est en ce jour, deuxième dimanche de septembre, que Mgr Eugène Lachat,  évêque de Bâle, assisté du Rme Père Abbé de la Pierre et de plusieurs membres du chapitre cathédral de Soleure, en présence d’un clergé nombreux et d’un peuple immense, couronna au nom de N. S. P. le Pape Pie IX, la statue miraculeuse de Notre-Dame du Vorbourg, dans l’église paroissiale de Delémont, où elle avait été transportée pour la circonstance.
M. le doyen Vautrev avait eu l’heureuse idée de convier le saint Crucifix de Develier à la fête du Couronnement. Il était bien juste, en effet, que l’image du Fils fit cortège à la Mère couronnée et glorieuse.
Répondant avec empressement et avec bonheur à cette invitation, la paroisse de Develier se rendît processionnellement à la fête, avec son antique et bien aimé Crucifix, porté entre un chœur d’hommes et un chœur de jeunes filles, qui chantaient alternativement le Vexilla regis et le cantique Vive Jésus ! Vive sa croix !
Lorsque le saint Crucifix franchit la porte de Delémont, tous les fronts se découvrirent avec respect ; une émotion religieuse s’empara de tous les cœurs, et c’est au milieu d’une multitude respectueuse et au chant des saints cantiques, que la sainte image du Sauveur arriva triomphalement à l’église St-Marcel.
La grande procession, de Delémont au Vorbourg, fut une manifestation très solennelle. La foule immense avança pleine de respect et de piété, à travers les rues pavoisées et ornées de guirlandes, au son de la musique et des chants sacrés, vers la sainte chapelle. Le saint Crucifix et la Vierge couronnée attiraient tous les regards et remplissaient les âmes des sentiments les plus touchants : sentiments de compassion et de reconnaissance à la vue de l’image du divin Rédempteur crucifié pour notre salut ; sentiments de joie, de confiance et d’espérance, à la vue de l’image de sa très-sainte Mère et de la nôtre.
Arrivée au sommet de la montagne, la procession s’arrêta, et le cortège épiscopal pénétra seul dans la chapelle, où la sainte statue fut replacée sur son autel. La procession reprit ensuite le chemin de la ville, au chant des litanies de la Ste-Vierge et du Te Deum, et arriva à l’église de St-Marcel. Le saint Crucifix fut déposé dans le chœur, et y demeura jusqu’au 24 septembre, exposé à la vénération des fidèles, qui s’empressèrent de venir, chaque jour, en grand nombre, lui présenter leurs hommages et lui adresser leurs supplications. Les voix éloquentes qui avaient annoncé la parole de Dieu, le jour du couronnement, ne se faisaient plus entendre ; mais on peut dire que le saint Crucifix, pendant les douze jours qu’il passa dans l’église de Delémont, y remplit l’office d’un prédicateur capable de convaincre et de ramener au bien.

Le vendredi, 24 septembre, la paroisse de Delémont rapporta processionnellement le saint Crucifix dans l’église de Develier.
La paroisse de Develier revit avec bonheur sur son autel le saint Crucifix, et depuis lors il continue à être l'objet de la vénération des habitants et des pèlerins.
Rappelons qu’en 1918, à l’occasion du rétablissement des processions dans le Jura bernois, le saint Crucifix, grâce à l’initiative intelligente de M. le curé Paul Aubry, fut une seconde fois porté solennellement à l’église paroissiale de Delémont pour y être exposé pendant plusieurs jours à la vénération des fidèles.
Que le saint Crucifix, préservé des flammes, et la Vierge miraculeuse du Vorbourg daignent garder notre vallée et notre Jurande tout malheur, et nous conserver à jamais le trésor inappréciable de la foi catholique ! Amen.



PRIÈRE au Saint Crucifix de Develier

Adorable Sauveur, Dieu tout-puissant et miséricordieux, je vous remercie d’avoir, pour ranimer la foi et la piété des fidèles, conservé intact au milieu des flammes le saint Crucifix de Develier.
Très doux Jésus ! plein de confiance en votre douloureuse Passion et en votre cruelle agonie sur la croix, je m’offre à Vous en sacrifice de reconnaissance pour tout ce que vous avez fait et souffert pour mon salut. Et comme vous avez préservé des flammes votre sainte image, je vous supplie, par vos mérites infinis, et ceux de Marie, co-rédemptrice du genre humain, de me préserver du péché et de garder mon âme pour la vie éternelle. Ainsi soit-il.
(50 j. d’indulg., François von Streng, Evêque de Bâle et Lugano, 3 mai 1937)


INVOCATIONS

Nous Vous adorons, ô Jésus, et nous Vous bénissons, parce que Vous avez racheté le monde par votre sainte Croix ! (100 j. d’indulg.)
*
Mon Jésus, pardon et miséricorde, par les mérites de vos saintes plaies !
(300 j. d'indulg.)
*
Père éternel, je Vous offre les plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour guérir celles de nos âmes ! (300 j. d'indulg.)




L’AMI DE TOUS LES JOURS
Pieuses réflexions du R. P. d’Alzon

Avez-vous un crucifix et comment vous comportez-vous à son égard ?
Quittez-le le moins possible : mettez-le sur votre table quand vous écrivez, sur vos genoux quand vous travaillez, afin de le regarder de temps en temps, et quand vous vous endormez, laissez-le entre vos mains.
Certes, rien n’est plus sanctifiant que la communion fréquente et l’adoration du Saint-Sacrement ; mais on ne peut toujours avoir Notre Seigneur Jésus-Christ substantiellement présent dans le cœur, on ne peut être constamment à ses pieds ; on peut toujours avoir son image sur soi, et cette image vous dit bien des choses.
Si, le matin en vous levant, vous baisez votre crucifix avec amour et vous promettez à Notre Seigneur Jésus-Christ de porter votre croix tout le long du jour ;
Si, pendant votre méditation, vous tenez la Croix entre vos mains et vous vous proposez de vous immoler 6ur l’autel du sacrifice de Jésus-Christ ;
Si pour réveiller votre ferveur, vous portez de temps en temps la main sur votre crucifix ;
Si vous le serrez fortement dans les moments d’angoisse, de peines, de luttes, de tentations ;
Si, au moment de partir pour quelque bonne œuvre, vous l’adorez en vous rappelant que c’est encore Jésu6-Christ que vous allez secourir dans la personne des pauvres et des petits ;
Si, au moment de pratiquer quelque sacrifice, vous baisez les plaies divines qui sont les fontaines de la vie de l’Eglise et les sources de notre perfection ;
Si, le soir, vous allez à ses pieds rendre compte de votre journée, de votre orgueil devant ses abaissements, de vos vanités devant ses humiliations, de votre lâcheté devant ses angoisses, de votre paresse en présence de la sueur de sang répandue sur ce corps divin, de votre égoïsme en face de son amour infini, de votre impatience, de vos dépits, de votre défaut de charité en face de ses longues attentes sur votre cœur ;
Ah ! il me paraît bien difficile que votre crucifix ne devienne pas pour vous un ami, un confident.
Notre Seigneur vous aimera, vous instruira, vous fortifiera à travers son image ; et, dans un commerce plus continuel, uni à Dieu par cet intermédiaire muet, vous sentirez comme une transformation de tout votre être : ce ne sera plus seulement le bois, le métal qui reproduira pour vous les traits du Seigneur, ils se graveront d’une manière plus vivante dans votre âme. Vous sentirez Faction plus immédiate de Celui qui, pour vous, a été attaché à la Croix. Vous voudrez vous transformer en Lui et dire comme saint Paul : Vivre, pour moi, c’est Jésus-Christ. Et votre vie, prenant un caractère nouveau, vous découvrira de nouveaux horizons dans la science chrétienne, si vous vous laissez emporter par l’amour ; et toute vie, toute science, tout bonheur se résumeront pour vous dans ces deux mots : Jésus-Christ crucifié.
Vous avouerai-je en toute simplicité que le meilleur moment pour moi est surtout le soir avant de m’endormir. Il ne faut pas beaucoup d’efforts pour se laisser aller à penser à ce bon Maître dont on tient les mains. On lui dit qu’on l’aime ; on lui demande pardon de ses sottises ; on est tout à coup frappé de ce pardon qui tombe du haut de la Croix ; on songe au mal que l’on a fait au bon Dieu, au temps que l’on a perdu, aux grâces que l’on a reçues. On le remercie de ses bienfaits ; on lui fait des promesses enflammées ; on rougit d’être dans un bon lit, quand il est mort sur le gibet ; on s’excite à l’amour, à réparer le temps perdu. On adore Dieu le Père en lui présentant son Fils ; on invoque le Saint-Esprit qu’il nous a envoyé ; on prie pour l’Eglise qui naquit sur le Calvaire ; puis on prend courage dans la pensée de l’amour et de la puissance de Dieu ; et, si le sommeil n’est pas venu, on trouve le temps court en pareille compagnie.
Voilà quelques idées qui, je le désire, vous porteront à lier un commerce intime avec votre crucifix. Il vous rendra Jésus-Christ présent à l’esprit et au cœur ; que voulez-vous de plus ?

Priez la sainte Vierge qu’elle vous apprenne comment vous devez coller vos lèvres sur les plaies de son divin Fils et y prendre le courage...
Que la croix soit votre bien, votre espoir, votre vie, votre récompense !

N. B. — La Fête du Saint Crucifix de Develier se célèbre le lundi qui est ou qui suit le 3 mai, Invention de la Sainte-Croix.

IMPRIMATUR.
Solodori, die 26 Aprilis 1937.
E. FOLLETÊTE. Vic. gen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire