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dimanche 19 mai 2019

Ce mal qui empoisonne le bien que vous faites! Mais aimez-vous les uns les autres!




Homélie  5e Dimanche de Pâques, 19 mai 2019  :

« Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres. »
Frères et Sœurs,
Avec ce passage du chapitre 13 de saint Jean et le dernier entretien de Jésus, nous sentons se rapprocher son Ascension et sa séparation d’avec ses Apôtres. Il donne ses dernières recommandations avec le commandement ultime et nouveau, celui de l’amour que nous avons à nous porter les uns aux autres.
Le Fils de l’Homme va être glorifié dans ces élévations que seront le calvaire, la remontée des enfers et la résurrection, l’Ascension et sa session à la droite de Dieu son Père, dans son humanité. 
Que veut dire le Seigneur en parlant de commandement nouveau ? Joseph Ratzinger dans sa retraite donnée au Vatican et intitulée le Ressuscité disait ceci : On ne reçoit l'amour qu'en aimant. Chez Jean, l'amour fraternel s'insère dans l'amour trinitaire. Il constitue le « commandement nouveau », non pas au sens d'un commandement extérieur, mais comme réalisant la structure intime de l'essence chrétienne. … Jean exprime une vérité extrêmement importante : l'amour abstrait n'aura jamais de force dans le monde s'il ne plonge ses racines dans des communautés concrètes bâties sur l'amour fraternel. La civilisation de l'amour ne se construit qu'à partir de petites communautés fraternelles. On doit commencer par le particulier pour parvenir à l'universel. L'édification d'espaces de fraternité est aujourd'hui non moins importante qu'au temps de saint Jean ou de saint Benoît (ou de sainte Thérèse)… les fraternités de moines, proposent les modèles de la nouvelle cité de frères dans la foi.
Nous avons de beaux exemples contemporains de l’amour fraternel dans la vie des saints fondateurs, non seulement hier, mais aujourd’hui, comme l’a fait Jean Vanier avec ceux qui ont fondé l’Arche.
L’Apocalyse nous a dit que Dieu va établir sa demeure parmi les hommes qu’il demeurera avec eux et qu’ils seront son Peuple. Cette réalisation avec son architecte invisible commence maintenant.
Jésus ne laisse apparemment que ce commandement de l’amour comme pierre fondamentale du temple spirituel. L’amour fraternel est pour ainsi dire le feu qui brûle le nouvel holocauste et le transforme en parfum d’agréable odeur qui monte devant Dieu et lui plaît. Ce ne sont plus les odeurs de sainte cuisine qui envahissaient la ville sainte, mais un sacrifice spirituel qui n’en est pas moins un sacrifice réel. « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Les épreuves viennent du dehors de la communauté chrétienne, mais aussi de son intérieur, du scandale, et également du péché qui nous a touché personnellement.
Ayant entendu la mention de Juda, tout à l’heure, nous pouvons nous demander : En quoi est-ce que Dieu peut être glorifié avec cette trahison ? Ne serait-ce pas d’abord parce qu’elle va permettre la manifestation de l’amour que Dieu a pour tous les hommes, un amour qui va jusqu’au don de sa vie, mais pas au prix de la vérité.
L’amour est parfois sali par notre humanité tortueuse dans l’expression des actes bons qu’elle pose, comme si le diable essayait d’en empoisonner la racine. C’est Judas dans le groupe des douze, c’est la partie blessée de nous-mêmes qui se révolte, qui se dresse contre Dieu, est prête au reniement, tout en s’indignant comme Pierre de sa fidélité.
Le Seigneur nous demande de porter l’Évangile en vivant son commandement. Si nous ne le respectons pas, ce n’est plus la ville sainte que nous bâtissons, mais des châteaux de sable au bord de la mer. Nous célébrons alors des cultes païens contemporains.
La commission théologique internationale dans son dernier document nous parle de l’évangélisation en ces termes «  L’évangélisation ne consiste pas seulement dans la proclamation confiante de l’amour salvifique de Dieu, mais dans la mise en œuvre d’une vie fidèle à la miséricorde qu’Il a manifestée dans l’événement de Jésus Christ, par lequel l’histoire tout entière s’ouvre à la réalisation du Règne de Dieu. » (citation d'une note doctrinale de la cdf)
L’Évangélisation a toujours rencontré des obstacles que ce soit face à l’ancien empire ou aux diverses idéologies totalitaires. Nous avons à faire face aujourd’hui, à celles qui subsistent, mais également à ce que la commission théologique internationale appelle « La réduction « libérale » de la liberté religieuse », une forme de neutralité religieuse qui s’étend au-delà des rapports du citoyen avec l’État, à la culture et à l’éthique. « Le moralement neutre », se met à contrôler le domaine de tous les jugements humains, il commence à assumer les traits d’un État « éthiquement autoritaire ». Il impose ses dogmes et sa vision de l’homme. Les personnes touchées d’un handicap mental sont chères à Jean Vanier, ce qui nous amène prendre pour exemple les enfants trisomiques qui sont aujourd’hui massivement victimes de ce « moralement neutre » et du silence. Où est la charité ?
Le plus grand obstacle à l’annonce de l’Évangile demeurera l’oubli du respect du commandement nouveau : Nous aimer les uns les autres. « L'amour abstrait n'aura jamais de force dans le monde s'il ne plonge ses racines dans des communautés concrètes bâties sur l'amour fraternel. »

Prière de Jean Vanier à Marie :

Ô Marie, donne-nous des cœurs attentifs,
humbles et doux
pour accueillir avec tendresse et compassion
tous les pauvres que tu envoies vers nous.

Donne-nous des cœurs pleins de miséricorde
pour les aimer, les servir,
éteindre toute discorde
et voir en nos frères souffrants et brisés
la présence de Jésus vivant.

Seigneur, bénis-nous de la main de tes pauvres.
Seigneur, souris-nous dans le regard de tes pauvres.
Seigneur, reçois-nous un jour
dans l’heureuse compagnie de tes pauvres.

Amen !



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