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dimanche 9 février 2025

Une pêche miraculeuse hier oui, mais aujourd'hui?

 


9 février 2025 - 5ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) — Année C

Lectures de la messe

 

Chers frères et sœurs, chers amis,

Comment recevons-nous ces textes ? Viens Esprit-Saint en nos cœurs… O Saint-Esprit donne-nous des idées… Il va, il vient, il prend une monture et en change, il change de   porte-voix… En cherchant des idées hier, je suis allé sur le site de l’Eglise en France et j’ai constaté qu’un fournisseur connu de pistes d’homélies était parti vers le ciel. Le  Père Jacques Fournier, 99 ans, 76 de sacerdoce, c’est pas mal. Mais je ne sais pas si j’arriverai encore vous faire souffrir 29 ans. Mon baudet va continuer aussi longtemps que Dieu voudra.

C’est bien le Seigneur qui s’adresse à nous dans l’Ecriture aujourd’hui. Il s’évertue à prêcher avec des paraboles dont il ne donne volontairement pas tout le sens. Le début de notre Evangile paraissait un bricolage effectué par ceux qui nous ont préparé les lectures dominicales. On met fréquemment une petite phrase pour amener le reste de la lecture, un incipit. Mais ce n’est pas cela, il s’agit bien du texte de saint Luc. Les Apôtres et Pierre, le patron, sont revenus bredouille de la pêche.

Quand il faut gagner sa vie, cela fait problème, surtout sans assurance chômage. Pierre paraît bougon. Autant être sympa et rendre service. Que pense Pierre ? Peut-être qu’il vaut mieux écouter un sermon et méditer sur les fins dernières. Leur souci sera perceptible ailleurs dans les évangiles. Ils seront encore préoccupés de trouver du pain même après une multiplication des pains. Il n’est pas difficile de se mettre à leur place. Qui d’entre nous ne l’est pas en voyant s’accumuler les factures et en songeant aux frais d’avocat?

Le Seigneur va lui donner une leçon d’espérance et de foi, par le biais d’un miracle. Pierre est effaré par sa nouvelle pêche, après le sermon. Il lui avait fait confiance sans grand espoir… « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » Le Seigneur lui demande de passer d’un espoir, d’une probabilité, à l’espérance qui vise le royaume, qui est une ancre jetée au-delà du visible en Dieu. Il lui demande de croire en lui. Pour tirer sur cette ancre et passer au-delà du voile, il faut la force de l’amour. Le Seigneur va l’aider et nous aider à y parvenir en tirant sur cette fameuse chaîne. Il le fait à côté de nous, en nous et depuis le cœur de la Trinité. L’image parle d’elle-même.

Nous comprenons facilement la crainte et l’effroi de Simon-Pierre devant  ces deux barques pleines à raz-bord. Le lien  n’est pas trop difficile avec la première lecture. Elle  exprime le sentiment qui traverse Isaïe devant l’apparition de Dieu dans le Temple. Il lui apparaît sous l’aspect d’un souverain oriental, plutôt impressionnant, même écrasant… Cela provoque en lui la crainte, une sainte crainte. Dieu apparaît comme le tout autre, celui qui est tout-puissant, saint et parfait. Voilà qu’il  purifie le prophète, sans mérite de sa part : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » « Qui ira pour nous ? » traduit Chouraqui. Voilà, dans le livre d’Isaïe, un pluriel dans le Dieu unique qui interpelle. Comment Dieu peut-il être un et plusieurs ? Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »

Nous pouvons faire un parallèle entre cette lecture, l’émoi des Apôtres à la résurrection et notre Evangile : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Pierre va annoncer la Bonne Nouvelle. Ne crains pas, Me phobou, les mêmes mots que l’ange adresse à Marie. Elle n’a pas besoin de purification aux yeux de Dieu, la pleine de grâce. Mais elle est saisie par une sainte crainte.

Nous pouvons nous interroger sur le contraste avec ce que nous vivons aujourd’hui, où paraît prédominer une certaine indifférence, donc un amour du Christ édulcoré, apparemment. Faut-il se contenter d’avaler quelques calmants ? Aspirer à une pêche miraculeuse ? Certainement.  La question n’interpelle pas que moi. Il y a 2 semaines, un ami de jeunesse que j’avais connu à Fribourg jeune professeur de théologie et accompagnateur spirituel, voici presque 50 ans, le cardinal Schönborn, a pu enfin prendre congé de son siège de Vienne à 80 ans. Il a été secrétaire de la commission de création du catéchisme de Jean-Paul II. C’est quelqu’un qui écoute beaucoup, qui est amical et très ouvert. Dans son homélie d’au revoir il a dit notamment ceci :  « Aujourd'hui, je ressens particulièrement douloureux le contraste entre la joyeuse fête d'action de grâce que nous célébrons et le grand adieu que tant de personnes dans notre pays disent, la plupart en silence, à l'Église, rien qu'en 2023, ils étaient 85 000 ! Je me demande donc : à quoi ressemble une évaluation honnête de mes trois décennies de service ? »

Je crois que dans le Jura, d’après ce que j’entends, il y a aussi un problème à ce niveau. Le Cardinal Schönborn a quelques espérances lorsqu’il entend les plus jeunes. Je ne sais pas s’il table sur le traditionnel esprit de contradiction qui règne entre les générations, ce peut être un bon moteur.

Ne devrions-nous pas prier nous-mêmes pour obtenir du Seigneur des pêches miraculeuses ? Les poissons de Pierre sont tirés des profondeurs pour aller vers la lumière. L’image est classique. Aller vers la lumière de Dieu, y entrer et la partager, nous y sommes tous appelés. Je crois qu’après avoir parcouru un certain nombre d’années, lorsque nous devons trop nous bagarrer avec la dernière version windows  ou les 2 commandes de la télé, plus celle de la vidéo, nous percevons facilement que le bonheur ne réside pas là, dans l’hypnose médiatique, ni dans l’intelligence artificielle, américaine, chinoise ou autre. Une personne humaine a une valeur en elle-même. Je me suis amusé l’autre jour en voyant qu’une analyse génétique permettait de remonter éventuellement à je ne sais combien de millénaire en arrière, dans nos lignées généalogiques. Mais n’est-il pas encore plus intéressant de se dire qu’une personne humaine, depuis les origines et quelle que soit ses connaissances technologiques est capable de rencontrer le Seigneur, d’entendre la Bonne Nouvelle et de voir Dieu. Ce qui est le plus important pour nous et pour tout homme est ce qu’il y a devant nous… Dire notre foi, oui, en témoigner, mais aussi témoigner de notre espérance et de l’amour qui nous habite et nous conduit. Encore oui ! Et plus encore. Est-ce qu’il y aura encore des messagers de l’espérance parmi nous pour témoigner auprès des plus jeunes que nous voulons voir Dieu nous aussi et nous avec eux. Facile à dire, mais comme disent les psychologues, vous avez de la ressource. Courage !

Marie portant Jésus en elle avait parcouru les montagnes de Galilée pour rendre service à Elisabeth ! Toutes les deux ont été capables de témoigner de leur espérance ! Notre-Dame de la Sainte Espérance priez pour nous !