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dimanche 13 juillet 2025

Le Bon Samaritain

 

 15ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) — Année C 13 juillet 2025

 
 

Lectures de la messe


Chers Frères et Sœurs,

Nous venons d’entendre 4 textes qui expriment l’immensité de Dieu, sa grandeur et sa proximité, celui qui est au-delà de tout et celui qui est en nous et juste à côté de nous, présent dans le plus petit.

L’hymne au Christ de l’épitre aux Colossiens nous le présente dans son identité profonde et son aboutissement. Le Père n’est pas mentionné. Le Christ Jésus est le médiateur, celui qui est au sommet et à l’origine de la création, au cœur et au centre de toute relation avec le Père, pour tous les êtres créés, hommes et anges. Il est la porte vers le Père. Il est le Messie glorieux et infiniment riche de par la pauvreté qu’il a revêtue, de par l’amour qu’il a manifesté pour son Père et chacun de nous personnellement et collectivement.  “Il est avant tous les êtres et tout subsiste en lui… en lui, toute chose a son accomplissement total, sur la terre et dans les cieux, par le sang de sa croix.” Il est la révélation du Père en lui tout se récapitule, tout est réconcilié, tout est accompli et tout est créé et recréé. En lui nous ressusciterons, cette résurrection a déjà commencé en nous par notre baptême. Il vient nous rejoindre personnellement, en nous prenant par la main, avec nos blessures, il nous charge sur son épaule, il nous soigne, il nous donne les premiers soins, il nous porte lui-même jusqu’à l’aubergiste qui doit finir le travail et qu’il paye de son amour, lui aussi. L’Evangile du Bon Samaritain, nous est destiné à chacun. Nous sommes tantôt aubergiste, tantôt celui qui est blessé et ramassé sur la route. Nous sommes tous aimés, aidés et sollicités par le Christ.

Sommes-nous capables de le reconnaître ? Il se cache et se révèle quand il veut, dans celui que nous rencontrons. Il n’est pas enfermé dans une doctrine proclamée et véridique certes, mais transformée en idéologie assénée. Le savant docteur de la loi dit à Jésus ce qui en est le cœur, et le centre de vie, ce petit mot « aimer » : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. ».

Comme exemple, Jésus prend un hérétique, un Samaritain, et c’est un prêtre qui fait les frais de la parabole. Le docteur de la loi, un légiste, un scribe, ni prêtre, ni lévite,  a voulu mettre Jésus à l’épreuve. Le grec dit parfois   « maîtres de la Loi » pour désigner ces docteurs. Ce n’est pas le cas, ici , mais celui-ci appelle  Jésus « Maître » « Didaskale » . Jésus prend un prêtre et un lévite pour son illustration, ce qui ne doit pas déplaire totalement  à son docteur d’interlocuteur.  Maurice Zundel dit que cette parabole est un chef d’œuvre de l’humour polémique . Le schismatique détesté doit être reconnu comme ayant la clef de l’amour vécu pour accomplir l’Ecriture. Le docteur de la Loi en convient, il est le modèle de la charité. Le prêtre et le lévite dévots se sont arrangés pour ne pas voir le malheureux gisant au bord de la route.

Elle n’était pas sûre entre Jérusalem et Jéricho. Elle était dangereuse à cause de son relief abrupt, mais aussi en  raison du danger constant pour les voyageurs en raison des nombreux bandits qui s’y dissimulaient. J’en ai le souvenir du parcours avec un car chaotique, qui nous faisait encore nous rappeler nos prières, il y a 50 ans.

Lorsque le Samaritain se laisse toucher par ce blessé, il prend le risque de tomber lui-même dans un piège, mais il le soigne et le conduit à l’auberge. Comment le fait-il avec quelle recette ? De l’huile et du vin.

En lisant le programme des médiévales de Saint-Ursanne  sur internet, j’ai vu qu’on y parlait des remèdes de l’époque qui devaient ressembler à ceux du temps de Jésus. On utilisait passablement d’herbes et d’huile, du vin pourquoi pas. Mon côté taquin m’a fait penser à de la salade. Si vous avez du temps pendant vos vacances vous pouvez faire une recherche sur les médecins dans la Bible et les remèdes. Relisez le chapitre 38 de Ben Sira : « 01 Honore à sa juste valeur le médecin pour ses services : le Seigneur l’a créé, lui aussi. 02 C’est du Très-Haut, en effet, qu’il tient son art de guérir, et le roi lui-même lui fait des présents. 07 Le médecin utilise les plantes pour soigner et ôter la douleur. » Plus loin Ben Sira est prudent quant au succès des soins. Être le médecin de son frère n’est pas toujours facile, les soignants en savent quelque chose. Quant aux autres soins matériels, au bénévolat et aux soins spirituels, ca n’est pas une sinécure. Saint Vincent de Paul appelait ceux qu’il assistait avec ses sœurs : les pauvres nos seigneurs et nos maîtres. Hier, comme aujourd’hui il faut beaucoup d’humilité et de courage et de cœur pour le faire et du  côté des soignés, ravaler sa fierté et accepter de se laisser aider. Il serait aussi bon pour nous de faire de temps à autre, un inventaire de nos pauvretés… et ne pas oublier de nous aider nous-mêmes pour être capable de solidarité et construire le Royaume  Le pape Léon dans son message pour la journée des pauvres en novembre, nous dit que « La Cité de Dieu nous engage   pour les cités des hommes. C'est de charité que nous avons besoin aujourd'hui, maintenant. »

Nous avons peut-être fait l’expérience particulière d’avoir été aidés par des personnes qui n’étaient pas aussi parfaites que les modèles de notre pensée unique. Il y a parfois de quoi se remettre en question, alors que nous sommes bien installés et à l’abri derrière les hautes barrières de nos habitudes et nos certitudes d’être dans le vrai, le raisonnable, et le bien.

Le Seigneur ne nous indique-t-il pas ce que nous avons à réaliser   chaque jour, dans les situations où nous nous trouvons, si nous voulons mettre en pratique le commandement “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”, pas seulement comme un ordre de marche pour payer un impôt de charité, mais pour le découvrir, lui qui est le pauvre autour de nous, mais aussi en nous. «A quelle pauvreté et en qui reconnaîtrai-je mon prochain?»

En ce temps de vacances, ne pourrions-nous pas écouter notre cœur ? Le docteur de la loi a réussi à se remettre en question, pourquoi pas nous ?

Très Sainte Vierge Marie, Notre Dame de la Compassion. Mère pleine de miséricorde et de tendresse. Que nous découvrions au creux de ton Amour, le bonheur d'aimer et d'être aimés. Donne-nous le courage de voir les plaies du monde, et la force de les soulager.  Fais de nos déchirures un passage, et de nos blessures un chemin. Amen.