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vendredi 6 mai 2016

Saint Fromond


Dans le Jura est fêté après l'Ascension une figure locale, sorte de saint champêtre et pré-franciscaine, qui ne figure pas au calendrier liturgique mais dont on ne peut pas dire :  il n'a pas existé. Saint Fromond dispose d'un article à lui tout seul, sur Wikipedia, et en allemand ***, mais on peut préférer les pages que lui a consacré P.O. Walzer.
Courtételle ne l'oublie pas le saint ayant protégé le village lors d'une épidémie de peste, raison pour laquelle une statue en son honneur a été élevée au Noir Bois, à la chapelle des champs.
Patron local de l'écologie et des dévots du pape François.

PRIÈRE À SAINT FROMONT

En toi, FROMONT, tout est simple, et les voies du Seigneur ne furent jamais plus droites.
Dès que ton bâton se fut fiché en terre, parmi les bois et les étangs, à jamais ce fut là ton territoire, ton règne et ton empire.
Assis devant ta hutte, dans la mêlée estivale des fleurs et des herbes, tu fus celui qui donne une juste attention aux cris des geais et à la croissance des capucines,
heureux de toute mousson d’aubes et de promesses d’aube sur le couvert des chaumes.
Celui qui prie appuyé au plus gros chêne de ta clairière, la nuit tombée, près de ton lit de cendres et d’orties, les yeux fixés sur la Grande Ourse dont la stable géométrie propose à ta méditation une image d’éblouissement et de permanence.
O toi, brave FROMONT dont personne n’a rapporté l’histoire, ta vie eût pu s’écouler tout entière dans cette retraite inviolée, où se suffit l’honneur invisible de l’esprit.
Mais Dieu permit que tu connusses les secrets utiles aux corps et aux âmes et bientôt tous furent là, bêtes et hommes, réclamant secours et remèdes, paroles et lumière.
Tu savais tout: encourager les juments portantes, radoucir les ânes rétifs, réconcilier les chats et les oiseaux, dire la justice entre les myopes, confesser les porteurs de secrets, chanter le los des femmes musclées et travailleuses, caresser la tête des chiens et des bambins.
C’est pourquoi, fidèle FROMONT, nos prières montent toujours vers toi, en ce lendemain de l’Ascension.
Daigne prêter l’oreille à nos petits soucis d’hommes de villages, d’hommes de paille et d’humeur, et d’hommes considérés, comptables des grandes demeures familiales, pleines du souci des femmes et des enfants et des lourdes bêtes fastidieuses.
Ecarte de nous les orages trépignants et les maraudeurs de grands êspaces;
Rends-nous sourds et aveugles aux galopades d’ombres inquiétantes et au sifflement fou des voleurs de chevaux.
Protège nos maisons du feu.
Progège nos mains de la gale.
Protège nos étalons de la morve, protège nos bœufs du tournis, protège nos génisses de l’enfle.
Protège nos agneaux de l’affilée, nos veaux de la dartre laiteuse, nos ânes de la mélidé, nos moutons de la rabuze, nos cochons du farcin ou de la fève, nos dindes, nos poules et nos pigeons du pantoiement et de la pépie.
Et nous, de tout le reste.
AMEN.
(P.O.Walzer, Vie des saints du Jura)

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