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dimanche 30 avril 2017

Les compagnons d'Emmaüs



30 AVRIL 2017

3ème Dimanche de Pâques — Année A
Lectures de la messe
Première lecture« Il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir »Ac 2, 14.22b-33
PsaumeTu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie.
Deuxième lecture« Vous avez été rachetés par un sang précieux, celui d’un agneau sans...1 P 1, 17-21
Évangile« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain »


Frères et Sœurs,

Qui sont les disciples d’Emmaüs ?
Nous ne connaissons que le nom du premier « Cléophas ». C’est un nom d'origine grecque, forme abrégée de kleopathos, il signifie quelque chose comme « célébrer  le lever d’une étoile ». Aujourd’hui on abrège volontiers Cléo, ce qui lui donne une sorte de consonance exotique. Il est vrai que l’abréviation du prénom est aussi un diminutif de Cléopâtre, en plus discret. Compagnon de Jésus ou reine d’Egypte… ? Il mérite d’être remis à la mode.
Mais l’autre disciple qui est-il ? Saint Luc ne nous le dit pas (était-ce lui d’ailleurs, c’est une tradition tardive). L’habitude a été prise de dire que ce disciple nous représente. Nous pouvons tous nous reconnaître dans ce voyageur anonyme qui s’en revient tout triste de Jérusalem. Nous avons besoin de comprendre et nous avons besoin de consolation, tant les déceptions sont parfois grandes et les difficultés paraissent insurmontables. Leur déception était immense, ils étaient tout tristes, ils avaient besoin de verbaliser et de partager…
Pourquoi étaient-ils donc si tristes ? Leur peine était immense et ils ne voulaient pas croire ce que quelques femmes leur avaient annoncé une histoire de tombeau vide et d’anges. Ils devaient penser que les pauvres avaient été trop secouées par ce qu’elles avaient vu : Jésus sur la croix. C’était la fin de toutes leurs espérances : le Sauveur, le Messie était mort et bien mort. La femme de Cléophas, elle-même l’avait constaté, elle qui était restée au pied de la croix : « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. » (Était-ce l’épouse de notre Cléophas, bonne question ).
Il est intéressant de voir comment Jésus, dissimulant ses traits,  les entreprend. Il commence par leur dire : « De quoi discutez-vous en marchant ? » « Racontez ! »
Alors qu’ils mettent en cause le témoignage des femmes, il en fallait d’ailleurs deux pour un témoignage valide, les voilà qui reçoivent une fameuse semonce…
« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Je me souviens qu’étant tout petit au collège des spiritains du Bouveret, un professeur fribourgeois avait sorti une expression qui nous avait laissés interloqués… « Vous êtes bouchés à l’émeri »… Expression fleurie qui veut dire : Vous n’y comprenez rien de rien, vous êtes complètement étanches à ce que je vous dis.
Pauvres mais bienheureux disciples… Et le Seigneur commence à leur ouvrir l’esprit au sens de l’Ecriture, il leur explique l’enseignement des prophètes et l’annonce des souffrances du Messie pour entrer dans la gloire.
C’est le premier enseignement pour nous, tous les jours de l’année, essayons d’être proches des Ecritures, d’en rechercher le sens. Le cœur va nous brûler.
Mais il leur faut encore un deuxième signe efficace, celui du pain partagé. Les disciples ne le reconnaissent pas encore.
« Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. »
Jésus prend le pain fait du blé produit par la terre et ceux qui la travaillent.
Quelle émotion et quelle joie les a envahis, les voilà qui retournent à Jérusalem de nuit sans crainte des ténèbres et des brigands, ils portent une lumière dans leur cœur, qui les fait courir pour porter la bonne nouvelle. L’Eucharistie porteuse de la grâce du Christ, l’Eucharistie qui est le Christ présent a ouvert leurs yeux et les a guéris de leur incrédulité. L’Eucharistie, sacrement des sacrements, guérit, elle guérit le cœur, elle nous guérit de nos tristesses, elle nous guérit de notre manque de foi.
Si notre cœur est lourd, parfois, devant des accumulations de tristesses, des difficultés insurmontables, rappelons-nous ces moments de partage où la lumière du Christ est venue illuminer les ténèbres des disciples d’Emmaüs.
L’étoile de Cléophas brille à nouveau, il peut la célébrer.
Le blé nouveau lève dans les champs arrosés du sang des martyrs.
Le pape François s’est rendu en Egypte, cette semaine. Elle a été le lieu de refuge de la Sainte Famille, elle vénère saint Marc l’Evangéliste et les communautés chrétiennes ont bien des difficultés. Voici sa conclusion que je fais nôtre :
Comme les disciples d’Emmaüs, retournez à votre Jérusalem, c’est-à-dire à votre vie quotidienne, à vos familles, à votre travail et à votre chère patrie, pleins de joie, de courage et de foi. N’ayez pas peur d’ouvrir votre cœur à la lumière du Ressuscité et laissez-le transformer votre incertitude en force positive pour vous et pour les autres. N’ayez pas peur d’aimer tout le monde, amis et ennemis, car c’est dans l’amour vécu que résident la force et le trésor du croyant !
C’est la charité qui fait grandir la foi ! Avec un cœur froid, comme nos malheureux fruitiers, elle gèle et meurt.

Marie Mère de l’espérance, donne-nous ton Fils ressuscité. Amen.

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