Elevé ou exalté ?

La 1ère lecture de ce lundi de l'octave de Pâques nous  a procuré une surprise. « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins » (Ac 2, 14.22b- 33)

Elle a ajouté en effet quelques lignes à l'ancien texte qui rendent  compte à un point de vue du kérygme de Pierre.
...
Il n’a pas été abandonné à la mort,
et sa chair n’a pas vu la corruption. 

Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ;
nous tous, nous en sommes témoins.

(ajout)
Élevé par la droite de Dieu,
il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis,
et il l’a répandu sur nous,
ainsi que vous le voyez et l’entendez. »

La formulation retenue provoque , volontairement  très certainement, des tanguages émotionnels déstabilisateurs et interpellant. Le passage  fait allusion à la fois à la mort et à la résurrection, à l'Ascension et à la session du Fils à la droite du Père, à la procession des personnes divines (question du filioque), et à l'envoi du Saint-Esprit.

Les traductions françaises des symboles feront comprendre :

Symbole de Nicée : Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. 

...

Je crois en l'Esprit-Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils.

Symbole des Apôtres : 

... le troisième jour est ressuscité des morts

est monté aux cieux,

est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, ...

Je crois en l'Esprit-Saint.

La Bible de Jérusalem et la TOB ont préféré à celui d'élever le terme d'exalter : exalté par la droite de Dieu.

Bref, un malaise, "élevé" provoque un rapprochement avec l'Ascension. Il n'y a pas identité parfaite entre Ascension et Session à la droite du Père. "Je ne suis pas encore monté vers le Père". Les moments théologiques paraissent disctincts. 

Remarquons que dans l'Iconographie, le Christ à la différence d'Elie, s'élève par lui-même à la rencontre de son Père. C'est une image, mais le sujet est à approfondir.

La formulation n'apparaît pas nécessairement comme des plus heureuses.