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vendredi 1 mai 2015

Saint Joseph travailleur


Quelqu’un m’a dit hier sur le plan de la boutade : si vous étiez syndiqué vous ne travailleriez pas demain. Pensez, un syndicat monastique à la chapelle du Vorbourg! Quelle affiliation? Celui des polyvalents? Une devise de l'ordre bénédictin fréquemment évoquée est bien Ora et Labora, la Prière et le Travail. Saint Benoît demande d'accorder à la première la priorité.

A une époque, certains patrons avaient été ouvriers avant de changer de statut et de monter leur propre entreprise. Pour passer la barrière, impossible de continuer à militer du même côté… Peut-être en est-il resté quelque chose ? Y aurait-il un syndicat de prêtre, question polémique s’il en est ? Le Chapitre presbytéral local aurait de la peine à se livrer à une telle conversion. N’oublions pas les conseils et les représentants pour des dialogues avec l’évêque. Pour les autres agents pastoraux ce serait plus simple.  Autre sujet, pour sourire un peu, dans l’entreprise familiale « Saint Joseph », est-ce que Jésus n’était pas l’apprenti puis l’ouvrier et Joseph le patron ?
Il travaillera ensuite à l’édification de l’Eglise, la maison de son Père. Un charpentier étant capable de construire une vraie maison à son époque, nous pourrions dire que c’était une sorte d’annonce.
Les métiers de l’artisanat sont précieux, quand l’un d’eux manque à l’appel, c’est le début de la catastrophe.
La question ouvrière est quant à elle toujours grave. Pour quel salaire travaille-t-on parfois dans certains pays pour produire ce que nous utilisons ou consommons, ici et tous les jours ? Avons-nous une pensée pour ceux qui les ont produits ? Le sujet des ouvriers et ouvrières surexploités, a été brûlant au commencement de l’ère industrielle et au 20ème siècle. Nous ne devons pas oublier qu’à la racine d’un des mouvements idéologiques  de cette époque, il y a eu des dérives gravissimes qui ont pour origine une faute importante, et l’édification d’une structure collective de péché. Est-ce différent en certains pays aujourd’hui? Jamais plus le travail au-dessus du travailleur, jamais plus le travail contre le travailleur, mais toujours le travail pour le travailleur, le travail au service de l’homme, de tout homme et de tout l’homme. Le souhait de Paul VI a-t-il été exaucé?

La question sociale est un sujet qui est important pour l’Eglise et je ne crois pas qu’on puisse dire qu’aujourd’hui elle soit surtout au côté des puissants.
Rappelons au passage que le bienheureux Paul VI s’est rendu à l’OIT à Genève, un grand moment, qu’il estimait hautement important et symbolique (discours de Paul VI à l’OIT pour son cinquantenaire).
Si la pénibilité du travail trouve son origine dans le péché des origines, celui-ci était au commencement une participation à l’œuvre créatrice de Dieu. La création a été confiée à l’homme. Nous attendons à ce propos l’encyclique du pape François sur l’écologie.


Quelques documents sur la question sociale :

" Rerum novarum " (1891)
" Pacem in terris " (1963)
" Mater et Magistra " (1961)
" Humanae Vitae " (1968)
" Laborem exercens " (1981)
" Centesimus Annus " (1991)
" Evangelium Vitae " (1995)

PAPE FRANÇOIS - AUDIENCE GÉNÉRALE - Mercredi 1er mai 2013 (extrait)

Dans l’Évangile de saint Matthieu, à l’un des moments où Jésus revient dans sa patrie, à Nazareth, et parle dans la synagogue, est souligné l’émerveillement des villageois face à sa sagesse, et la question qu’ils se posent : « Celui-là n’est-il pas le fils du charpentier ? » (13, 55). Jésus entre dans notre histoire, il vient parmi nous, en naissant de Marie par l’œuvre de Dieu, mais à travers la présence de saint Joseph, le père légal qui veille sur lui et lui enseigne également son travail. Jésus naît et vit dans une famille, dans la sainte Famille, en apprenant de saint Joseph le métier de charpentier, dans l’atelier de Nazareth, en partageant avec lui l’application, la fatigue, la satisfaction et également les difficultés de chaque jour.

Cela nous rappelle la dignité et l’importance du travail. Le livre de la Genèse rapporte que Dieu créa l’homme et la femme en leur confiant la tâche d’emplir la terre et de la soumettre, ce qui ne signifie pas l’exploiter, mais la cultiver et la préserver, en prendre soin à travers son travail (cf. Gn 1, 28 ; 2, 15). Le travail fait partie du dessein d’amour de Dieu ; nous sommes appelés à cultiver et à protéger tous les biens de la création et de cette façon, nous participons à l’œuvre de la création ! Le travail est un élément fondamental pour la dignité d’une personne. Le travail, pour utiliser une image, nous « oint » de dignité, nous remplit de dignité; il nous rend semblables à Dieu, qui a travaillé et travaille, qui agit toujours (cf. Jn 5, 17) ; il donne la capacité de gagner sa vie, de faire vivre sa famille, de contribuer à la croissance de sa nation. Et je pense ici aux difficultés que, dans divers pays, rencontre aujourd’hui le monde du travail et de l’entreprise ; je pense à ceux, et pas seulement les jeunes, qui sont au chômage, souvent à cause d’une conception purement économique de la société, qui recherche le profit égoïste, sans tenir compte des paramètres de la justice sociale.

Je désire adresser à tous l’invitation à la solidarité, et aux responsables des affaires publiques l’encouragement à faire tous les efforts pour donner un nouvel élan à l’emploi ; cela signifie se préoccuper de la dignité de la personne ; mais surtout, je voudrais dire de ne pas perdre l’espérance ; saint Joseph aussi a traversé des moments difficiles, mais il n’a jamais perdu confiance et a su les surmonter, dans la certitude que Dieu ne nous abandonne pas. Et je voudrais également m’adresser en particulier à vous, garçons et filles, et à vous, les jeunes : appliquez-vous dans votre devoir quotidien, dans l’étude, dans le travail, dans les relations d’amitié, dans l’aide envers les autres ; votre avenir dépend également de la façon dont vous saurez vivre ces précieuses années de la vie. N’ayez pas peur des engagements, du sacrifice, et ne regardez pas l’avenir avec crainte ; gardez vivante l’espérance : il y a toujours une lumière à l’horizon.


J’ajoute encore un mot sur une autre situation de travail particulière qui me préoccupe : je veux parler ce que nous pourrions appeler le « travail esclave », le travail qui rend esclave. Combien de personnes, à travers le monde, sont victimes de ce type d’esclavage, où c’est la personne qui est au service du travail, tandis que ce doit être le travail à offrir un service aux personnes pour qu’elles aient une dignité. Je demande aux frères et sœurs dans la foi et à tous les hommes et femmes de bonne volonté un choix ferme contre la traite des personnes, où figure aussi le « travail esclave ».

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