« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. »
L’Evangile de ce matin nous fait penser par association à l’exhortation du pape
François sur la joie
de l’Evangile qui appartient au thème de nos fêtes du Vorbourg « Vivre
la joie de l’Evangile ».
Fêtant
saint Grégoire le Grand auquel a fait allusion le pape François dans sa
catéchèse d’hier, nous pouvons mentionner son rôle dans le contexte de la
famille bénédictine, bien entendu. Ce pape avait écrit une vie de saint Benoît
qui sert de référence, ses fameux Dialogues avec le diacre Pierre. Nous
connaissons ses nombres autres écrits : homélies, commentaires sur l’Evangile,
des œuvres morales et autres commentaires de l’Ecriture. Les commentateurs disent qu’il ne possédait pas le grec, à témoin ses propos au temps de son ambassade comme diacre à Constantinople.
Saint Grégoire
a été également un ardent propagateur de l’Evangile, puisque c’est lui qui a
envoyé en Angleterre
des moines missionnaires avec saint Augustin de Cantorbéry avec quarante
moines du monastère du mont
Cælius (il avait fondé ce monastère dans la maison familiale sur une des 7
collines de Rome).
L’ancien pape Benoît lui avait consacré une
longue catéchèse. Il est juste,
disait-il, de prononcer un mot sur les
relations que le Pape Grégoire cultiva
avec les patriarches d'Antioche, d'Alexandrie et de
Constantinople elle-même. Il se soucia toujours d'en reconnaître et d'en
respecter les droits, en se gardant de toute interférence qui en limitât
l'autonomie légitime.
En guise de lecture spirituelle, écoutons le début de son
Prologue aux célèbres Dialogues avec le diacre Pierre.
Accablé par les difficultés de sa charge, Grégoire se réfugiait en un lieu isolé qui nous fait penser à une finalité des actuels jardins du Vatican et même de Castelgandolfo. Nous pouvons nous demander aussi : où pouvons-nous nous-mêmes retrouver la joie et le Christ ? N’est-ce pas « à l’écart du monde », dans les Ecritures, la liturgie, la vie conventuelle et la contemplation de la nature en cette période où un accent est mis sur son respect et sa préservation ? Dans le jardin de Dieu, nous pouvons rencontrer les traces du créateur, sa joie et repartir annoncer l’Evangile. Un monastère n'est-ce pas une sorte de jardin de Dieu?
Accablé par les difficultés de sa charge, Grégoire se réfugiait en un lieu isolé qui nous fait penser à une finalité des actuels jardins du Vatican et même de Castelgandolfo. Nous pouvons nous demander aussi : où pouvons-nous nous-mêmes retrouver la joie et le Christ ? N’est-ce pas « à l’écart du monde », dans les Ecritures, la liturgie, la vie conventuelle et la contemplation de la nature en cette période où un accent est mis sur son respect et sa préservation ? Dans le jardin de Dieu, nous pouvons rencontrer les traces du créateur, sa joie et repartir annoncer l’Evangile. Un monastère n'est-ce pas une sorte de jardin de Dieu?
PROLOGUE
Un jour que j’étais
accablé des troubles violents que me causent certaines personnes du monde, qui
me forcent à résoudre dans leurs affaires même des problèmes dont, bien sûr, je
ne devrais pas avoir à me mêler, je gagnai un lieu solitaire ami de ma
tristesse, où tout ce qui me pesait dans mon ministère pût m’apparaître bien en
vue et où tout ce qui a coutume de m’affliger se présentât aisément tout
rassemblé devant mes yeux. Là donc, comme j’étais resté assis en grande peine,
longtemps silencieux, survint mon très cher fils, le diacre Pierre, qui m’est
familièrement lié d’amitié depuis la fleur de sa jeunesse et qui m’assiste dans
ma recherche du sens des Saintes Lettres. Quand il vit que j’étais consumé
d’une lourde peine de cœur, il me dit : « Te serait-il arrivé quelque chose de
nouveau, que je te voie plus triste que de coutume ? » « Pierre, dis-je, la
tristesse que je supporte chaque jour est tout ensemble vieille et nouvelle ; elle
est pour moi toujours vieille par l’habitude que j’en ai, et elle est toujours
nouvelle parce qu’elle s’accroît. Oui certes, dans son infortune, mon âme
frappée de la blessure de ses tracas se souvient de ce qu’elle fut jadis au
monastère ; comment toutes les choses périssables étaient sous elle ; combien
elle s’élevait au-dessus de ce qui passe ; qu’elle n’avait continuellement en
mémoire que les choses du ciel ; que, bien que prisonnière du corps, elle
dépassait déjà, par la contemplation, les barrières mêmes de la chair ; qu’elle
désirait même la mort, qui pour presque tous est une peine, parce qu’elle y
voyait l’entrée de la vie et la récompense de son labeur. Mais à cette heure, à
l’occasion du ministère pastoral, elle subit les tracas des personnes du monde,
et, après le si bel éclat de son repos, elle est souillée de la poussière des
activités terrestres. Et quand, par condescendance pour la foule, elle s’est
dispersée vers les choses du dehors, lors même qu’elle aspire aux choses du
dedans, elle y retourne à coup sûr amoindrie. Je pèse donc ce que j’endure, je
pèse ce que j’ai perdu. Et tandis que je considère ce que j’ai perdu, ce que
j’endure devient plus lourd. Car me voici maintenant secoué par les grandes
vagues de la mer, et dans la nef de mon esprit, je me heurte aux bourrasques
d’une violente tempête. Et quand je me ressouviens de ma vie antérieure (sa vie
monastique), c’est comme si, regardant en arrière, je voyais le rivage, et je
soupire. Mais, chose plus pénible encore, à mesure que je suis ainsi porté, balloté
par des flots immenses, c’est à peine si désormais je puis voir le port que
j’ai laissé. Car telles sont les vicissitudes de l’esprit que d’abord il perd
sans doute le bien qu’il tient, en telle manière pourtant qu’il se souvienne de
l’avoir perdu, mais que, à force de s’en éloigner, il en vienne à oublier le
bien même qu’il avait perdu ; et il arrive ainsi qu’ensuite il ne voie même
plus par la mémoire ce que d’abord il tenait en réalité. En telle sorte qu’il
se passe ce que je viens de dire : à mesure que nous naviguons plus loin, nous
ne voyons même plus désormais le havre de repos que nous avons laissé. Et même
ceci parfois s’ajoute pour augmenter ma peine, que me revient en mémoire la vie
de certains hommes qui de tout leur esprit ont délaissé le siècle présent. Et
alors, tandis que j’aperçois leur sublimité, je reconnais en quelle bassesse je
gis moi-même. De ces hommes, c’est dans un genre de vie plus solitaire que la
plupart ont plu à leur Créateur, et, crainte qu’ils ne laissent vieillir, par
une activité humaine, leur renouvellement spirituel, le Dieu tout-puissant n’a
pas voulu qu’ils fussent absorbés par les embarras du monde.
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