Albrecht Altdorfer
Homélie au sanctuaire :
Evangile : « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les
morts » (Jn 20, 1-9)
Frères et Sœurs,
Quelle est notre réaction devant ce tombeau vide ? Il n’y a
pas eu d’instantané de la résurrection, à ma connaissance… et pardonnez-moi,
Jésus ne nous pas laissé de selfie, un autoportrait comme on disait autrefois. Saint
Jean mentionne à deux reprises, les linges, posés à plat et le suaire qui avait
entouré la tête de Jésus non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa
place. Bien sûr, je suppose qu’il n’y a pas un seul d’entre nous qui ne pense
pas un peu au moins au Saint-Suaire. Mais là, si effectivement cela est vrai, il n’y
a point encore de photo de la résurrection, puisque c’est le corps du Christ
qui est représenté.
Quelle est la réaction de saint Jean ? « Il vit et il
crut ».
De celle de Simon-Pierre, il ne paraît pas dire grand-chose.
Il lui a cependant marqué un grand respect et nous sentons qu'il y une sorte de prééminence reconnue à Pierre. Ils sont partis
ensemble, mais Jean a couru plus vite, puis il a attendu. Cela voulait dire qu’ils avaient un lien
de charité et de respect qui les unissait. Jean a attendu Pierre et l’a laissé entrer le
premier. Pierre apparaît comme étant interloqué et pour le moins songeur : les linges sont là, et un autre élément matériel, de poids, est à signaler, cette
fameuse pierre qui a été roulée.
Et l’autre témoin, Marie-Madeleine ? L’évangile paraît
lui donner le rôle de la femme émotive chère aux films et séries télévisées
d’autrefois… Aujourd’hui, le message communiqué est un peu différent. Pourtant, elles sont
solides, d’abord au pied de la croix et mine de rien, elles ont eu le courage de l'embaumer sommairement et de se rendre les premières au tombeau. Toutefois, il n’y a pas pour Marie-Madeleine, cette
fameuse remarque de saint Jean : « Il vit, et il crut » point de « Elle vit, et elle crut ». Il est
le premier parmi les disciples à témoigner qu'il a cru en la résurrection du
Seigneur et son témoignage est véridique.
Il est vrai qu’on peut discuter ce point. Saint
Augustin, dit que saint Jean aurait cru Marie-Madeleine et non en la
résurrection, mais il est assez seul (Est-ce en raison de sa faiblesse envers sa très chère concubine, la mère de son fils Alypius?). Jean Chrysostome, très observateur dit de
son côté que saint Jean nous a fait remarquer précédemment que Jésus avait été
enseveli avec une grande quantité de myrrhe, laquelle fait adhérer fortement
les linges au corps, il aurait été bien difficile de faire une mise en scène si
bien ordonnée alors qu’il était plus simple d’emporter le corps embaumé
(homélie 85 sur S. Jean).
A propos des femmes encore, ailleurs on voit que les disciples ne croient pas dans
l’annonce de la résurrection de Jésus par les femmes. Les préjugés ont la vie
dure, mais il est utile aussi de rappeler que selon la Loi, le témoignage des femmes
n’était pas recevable… Pour Marie, la maman de Jésus, c'est un peu autre chose. Elle devait sentir que l'annonce directe, n'était pas sa mission. Un bon nombre, sinon le plus grand nombre des
commentateurs, dit qu'elle a cru la première et a vu le
Seigneur la première. Saint Jean-Paul II nous disait dans une de ses audiences
que le Seigneur lui avait certainement réservé sa première apparition… Mais il
avait choisi ses apôtres pour être ses témoins… Les desseins de Dieu sont
parfois bien mystérieux.
Poursuivons sur notre première idée provocatrice, de la « photo »
du Seigneur Ressuscité et comment en avoir une ? Si je parlais d’image,
vous me concéderiez que le terme est plus approprié, surtout à l’église… image
vivante, ce serait encore mieux. Si j’en viens à dire que le Christ ressuscité
est vivant en nous, alors nous sommes nouveau un peu empruntés, tous. Est-ce
possible ? Par les sacrements reçus, bien sûr. Tous par le baptême et la
confirmation, et moi par le sacrement de l’Ordre. Bien entendu, nous nous
considérons tous comme trop pauvres et indignes, mais le Seigneur a voulu venir
chez nous, et en nous comme un pauvre, chez des pauvres. Il est sorti du
tombeau pour venir à notre rencontre et nous faire miséricorde.
Jean croit devant le tombeau vide et ces linges dont la
disposition l’interpelle... Ce n’est pas devant le Seigneur qu’il touche et
qu’il voit. De toute évidence, il veut nous montrer l’importance de la foi.
S’il ne le voit pas encore, il va le voir. Nous avons un autre élément encore.
Saint Jean nous dit en substance que
« jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que,
selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. ».
C’est assez extraordinaire l’importance qu’ils accordent aux Écritures, à
l’autorité des Écritures. Pourquoi le font-ils ? Il ne s’agit pas d’une
habitude, c’était quelque chose de très ancré en eux. L’Ecriture, c’est la
Parole de Dieu. Sans une clef pour ouvrir cette porte, car c’en est une, il est
difficile d’entrer dans sa compréhension. Le Seigneur les leur a expliquées, et
les a interprétées pour eux. Souvenez-vous des disciples d’Emmaüs… Ce n’est pas
un exégète de plus ou moins bonne cuisine, à pensée variable, ou un
commentateur de télé « arte » ou autre, c’est le Seigneur ressuscité
qui leur a fait sa démonstration. Après elle, ils ont été convaincus parce
qu’il était là devant eux, ressuscité… Nous pouvons nous demander : 1) Est-ce
que je crois dans l’autorité des Écritures? et 2) dans le témoignage des
Apôtres ?
La porte du tombeau s’est ouverte, la porte de la
miséricorde. Qu’y trouvons-nous ? L’Ecriture et dans celle-ci, le
témoignage des Apôtres.
L’année de la Miséricorde ne finit pas avec la résurrection
de Jésus, au contraire. Le pape François dans sa bulle d’indiction nous avait
dit que nous passons la Porte Sainte sûrs d’être accompagnés par la force du
Seigneur Ressuscité qui continue de soutenir notre pèlerinage. Et plus loin
que le pardon est une force qui ressuscite en vie nouvelle et donne le
courage pour regarder l’avenir avec espérance.
Il nous a demandé encore de tourner notre pensée vers la
Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous accompagne en
cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse
de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait
homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite
chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la
miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour.
Avons-nous besoin d’un autre argument ? Le Christ est
vraiment ressuscité alleluia ! Reine du ciel réjouis-toi, alléluia !
Fais-nous participer à ta joie, alléluia !
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