Sainte Catherine de Sienne est co-patronne de l'Europe et Docteur de l'Eglise. Cette mystique dominicaine, recluse puis au service de son prochain en soignant les plus pauvres et enfin missionnaire de la divine miséricorde joua un rôle important pour le retour des papes d'Avignon à Rome. Psychologue, elle sut encourager Grégoire XI, conduit par un désir modéré de retrouver Rome en ruines. Urbain VI, ce fut une autre affaire de caractère ombrageux, son manque de diplomatie et de prudence fut une des causes du schisme d'Avignon. Il fallait l'aborder dirait-on aujourd'hui, avec des pincettes. Sa légende noire dit qu'il lisait son bréviaire accompagné par les cris de cardinaux qu'il faisait supplicier. Tous les successeurs de Pierre ne sont pas sortis d'un même moule.
Catherine nous a laissé en plus d'une double part de son Esprit, son fameux Dialogue et environ 375 Lettres ainsi que des Oraisons. Elle qui ne savait pas lire fut plutôt prolifique. On dit qu'elle apprit le faire avec saint Jean.
Elle avait à sa dévotion et à son service un bon nombre de secrétaires dans sa petite troupe de fidèles.
Le Père Hurtaud dans son édition avait donné des divisions au Dialogue qui sont parfaitement en phase avec cette année de la Miséricorde : Miséricorde à Catherine, au Monde, à la Sainte Église, Providence de la Divine Miséricorde, etc...
Pour accompager notre méditation nous avons à dispositon l'oraison ci-dessous tirée de l'édition de E. Cartier. Le Cerf a publié bien sûr de nouvelles traductions plus scientifiques, mais on aime les vieux vins qui ont une "saveur" de prière et de piété.
XXX.- L’âme, pleine d’admiration pour la miséricorde de
Dieu, célèbre les dons et les grâces qu’en a reçu le genre humain.
1.- Alors cette âme, ivre d’amour, ne pouvait plus se
contenir, et elle disait en présence de Dieu : O éternelle Miséricorde, qui
couvrez toutes les fautes de vos créatures, je ne m’étonne plus si vous dites à
ceux qui sortent du péché mortel et qui retournent à vous : Je ne me
rappellerai pas vos offenses. O Miséricorde ineffable, je ne m’étonne plus si
vous dites à ceux qui sortent du péché, puisque vous dites de ceux qui vous
persécutent : Je veux que vous me priiez pour eux afin de pouvoir leur faire miséricorde.
2.- O Miséricorde, qui venez du Père, et qui gouvernez par
votre puissance l’univers tout entier! O Dieu, c’est votre miséricorde qui nous
a créés, qui nous a régénérés dans le sang de votre Fils ; c’est votre
miséricorde qui nous conserve ; votre miséricorde a fait lutter votre Fils sur
le bois de la croix. Oui, la mort a lutté contre la vie, la vie contre la mort.
La vie a vaincu la mort du péché, et la mort du péché a ravi la vie corporelle
de l’innocent Agneau. Qui est resté vaincu? la mort. Et quelle en fut la cause?
votre miséricorde.
3.- Votre miséricorde donne la vie ; elle donne la lumière
qui fait connaître votre clémence en toute créature, dans les justes et dans
les pécheurs. Votre miséricorde brille au plus haut des cieux, dans vos saints
; et si je regarde sur la terre, votre miséricorde y abonde. Votre miséricorde
luit même dans les ténèbres de l’enfer, car vous ne donnez pas aux damnés tous
les tourments qu’ils méritent.
4.- Votre miséricorde adoucit votre justice ; par miséricorde,
vous nous avez purifiés dans le sang de votre Fils ; par miséricorde, vous avez
voulu habiter avec vos créatures à force d’amour. Ce n’était pas assez de vous
incarner, vous avez voulu mourir ; ce n’était pas assez de mourir, vous avez
voulu descendre aux enfers et délivrer les saints, pour accomplir en eux votre
vérité et votre miséricorde. Votre bonté a promis de récompenser ceux qui vous
servaient fidèlement, et vous êtes descendu aux limbes pour tirer de peine (48)
ceux qui vous avaient servi, et leur rendre le fruit de leurs travaux.
5.- Votre miséricorde vous a forcé à faire encore davantage
pour l’homme : vous vous êtes donné en nourriture, afin que nous ayons un
secours dans notre faiblesse, et que, malgré notre oublieuse ignorance, nous ne
perdions pas le souvenir de vos bienfaits ; tous les jours vous vous offrez à
l’homme dans le Sacrement de l’autel, dans le corps mystique de la sainte
Église. Et qui a fait cela? votre miséricorde. O Miséricorde, le coeur
s’enflamme en pensant à vous ; de quelque côté que je me tourne, je ne trouve
que miséricorde, O Père éternel, pardonnez à mon ignorance qui ose parler
devant vous ; mais l’amour de votre miséricorde me servira d’excuse auprès de
votre bonté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire