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3ème Dimanche de Pâques
1ère lecture : « Nous sommes les témoins de tout cela avec l’Esprit Saint » (Ac 5, 27b-32.40b-41)
2ème lecture : « Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse » (Ap 5, 11-14)
Evangile : « Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson » (Jn 21, 1-14)
Frères et Sœurs,
Si vous aviez déjà lu les lectures proposées ce matin, vous aurez
peut-être eu cette pensée : Pourquoi a-t-il pris la version longue de
l’Evangile ? Certains sentent peut-être une pensée fugace traverser leur
esprit : « En plus, j’ai mal aux jambes ». Pardonnez-moi donc,
mais une justification va suivre. Nous nous retrouvons avec Simon-Pierre,
Thomas, très concerné par l’Evangile de dimanche dernier, Nathanaël, Jacques et Jean, et deux autres de ses
disciples. N’ayant pas encore reçu d’autres instructions, ils sont retournés en
Galilée à leur métier, celui de pêcheurs.
Le récit est connu, les disciples passent une nuit sans rien
prendre et Jésus ressuscité, qui ne se laisse pas reconnaître dans un premier
temps, leur dit de jeter leur filet à droite de la barque. Il est curieux de
voir que les disciples obéissent à un inconnu. Auraient-ils souvenir d’un
événement analogue ? Pourquoi jeter le filet à droite ? Pourquoi « Dieu,
par sa main droite, a-t-il élevé, Jésus en faisant de lui le Prince et le
Sauveur, pour accorder à Israël la conversion et le pardon des
péchés. » ? Pourquoi le Fils de l’Homme s’assied-il à droite de la
puissance ? Pourquoi invitera-t-il à venir à sa droite ou à sa
gauche ? Simplement parce que la droite symbolise la faveur et la puissance
de Dieu.
Cette pêche miraculeuse est curieusement placée à la fin de
l’Evangile de saint Jean. Nous nous souvenons que saint Luc en place une au
début du ministère de Jésus (Lc 5, 1-11). Les prémisses nous invitent à nous
interroger sur le but de l’évangéliste dans cette présentation. Il paraît être de
présenter une sorte d’image de l’action de l’Eglise et de montrer la place de
Pierre dans la communauté et la manière dont Jésus l’a réconcilié après son
triple reniement.
Les disciples tirent donc ces poissons naviguant dans les
ténèbres pour les amener à la lumière sur le rivage de la vie éternelle. Jean
qui a l’intuition de l’ami, a reconnu le Seigneur et le dit à Pierre. Celui-ci manifeste
son impétuosité coutumière. Le repas de Jésus est un rappel de l’eucharistie.
Saint Augustin témoigne de cette interprétation. Comme je vous l’ai déjà dit à
quelques reprises, le poisson a été un signe de reconnaissance chez les
premiers chrétiens, ICHTUS, le poisson en grec, étant l’anagramme de « Jésus le
Christ, Fils de Dieu, Sauveur ».
Le dialogue qui suit entre Pierre et Jésus nous interpelle
en ce dimanche. Nous avons bien entendu qu’à trois reprises Jésus l’interroge
sur son amour pour lui. « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que
ceux-ci ? » « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? » « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? »
Interrogés pareillement, nous aurions plutôt le sentiment
que celui qui pose les questions a un doute… c’est le cas de Pierre ou de
manifester une parole d’énervement. On me l’a dit hier en parler local.
L’Evangile nous dit que Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus
lui demandait : « M’aimes-tu ? » La tradition dit que le Seigneur lui faisait
regretter et racheter son triple reniement par une triple manifestation
d’attachement envers sa personne. Il lui donne autorité sur le troupeau et son
Eglise. La finale parlant de la fin de Pierre, nous interpelle. Jésus lui
révèle jusqu’où et jusqu’à quand le conduira son amour pour lui. Cette fameuse
ceinture, qui fréquemment nous rappelle qu’à un certain âge, on ne fait plus ce
qu’on veut et comme veut, peut aussi nous dire que l’amour de Dieu et son
soutien sont les plus forts. Augustin résume et conclut :
« Ainsi devait finir l'homme qui avait renié son
maître, et qui l'aimait si vivement, cet homme élevé par sa présomption, jeté à
terre par son reniement, purifié par ses larmes, éprouvé par sa confession,
couronné à cause de ses souffrances; oui, il devait finir, en mourant victime
de son amour sans bornes pour celui avec qui un empressement coupable lui avait
fait promettre de mourir. » (Tr. S. J. 123)
Nous avons beaucoup parlé déjà de la miséricorde depuis
l’ouverture de cette année sainte et nous n’avons pas fini de le faire, fort
heureusement, car chacun de nous en a grand besoin. Notre Evangile est une
démonstration de la manière dont le Seigneur a exercé sa miséricorde après sa
résurrection. Il a cette autorité décrite de manière imagée par l’apocalypse.
Même le ressuscité est capable, de déclencher une tristesse,
un sentiment de contrition parfait dans le cœur de Pierre… Je ne sais pas si ça
vous impressionne, mais c’est mon cas. Il y a deux choses qui interpellent :
le regret de Pierre, et le pardon de Jésus après avoir vaincu la mort, qui montre à son ami fautif, lui donne son pardon et son
autorité divine et lui fait participer à celle-ci pour transmettre sa miséricorde divine. Remarquons
aussi que même celui qui pour un temps aura la plus grande autorité dans l’Eglise
qui lui est confiée, doit et devra rendre compte de sa gestion à celui à qui tout est
soumis. Cette réconciliation accordée est tellement forte, ainsi que la grâce
obtenue, qu’il pourra aller jusqu’au bout du chemin le rejoindre, là-bas à
Rome. Vous serez jugés sur l’amour, Pierre a témoigné du sien. Il est
extraordinaire.
Je n’ai qu’un souhait que la miséricorde obtenue en cette
année puisse nous aider à nous relever et nous permettre de nous retrouver tous
un jour devant l’Agneau, avec ces myriades de myriades d’anges en fêtes.
Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié, à qui l’a renié,
nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. Marie atteste que la
miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans
exclure personne. Reine du ciel, réjouis-toi le Christ est vraiment ressuscité,
alléluia !
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