Résurrection mode d'emploi

Il est connu que plus les prédicateurs prennent de l'âge, plus ils ont de la peine à écouter les autres. Il en va de même lorsqu'on est hissé dans l'échelle de la hiérarchie, ou lorsqu'on en est redescendu involontairement.
On apprécie surtout d'entendre les autres penser comme nous et s'exprimer comme nous... Ce qui permet les blagues sur les porteurs de Bonne Nouvelle. Les Réformés ont les mêmes usages, ils ont parfois de fameux répertoires sur ce type d'auto-dérision et de propos de table.

En parcourant le dernier ouvrage de Fabrice Hadjadj, Résurrection mode d'emploi, aux éditions Magnificat, je suis tombé sur ce délicieux passage :

Le nouvel archi-apôtre sombre bientôt dans le fondamentalisme, non parce qu’il est archaïque, mais parce qu’il est high-tech. Il veut qu’à sa harangue on réagisse aussi vite qu’un processeur Intel. Et il oublie que, selon Jésus, la réactivité spirituelle moyenne que le prédicateur est en droit d’espérer de son assistance est largement inférieure à celle d’une tortue ou d’un escargot. C’est plutôt celle d’une plante: la sûre lenteur de la pousse et de l’enracinement. Il l'a dit explicitement : Là où les grains poussent aussitôt, la couche de terre n’est pas profonde (Mt 13, 5). 

Il m'a semblé avoir lu ailleurs, mais je ne retrouve pas le passage, une suggestion de prêcher face à un mur pour s'exercer à la patience... Il est vrai que c'était peut-être un songe qui meublait un demi-sommeil. L'ironie vous prend même en dormant, vilain défaut.