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vendredi 10 juin 2016

Entre BD et Icônes


Quelques mots ce matin sur le thème des images qui a un certain écho en ville ces jours. Nous pourrions nous contenter de jeter sur ce sujet le regard un peu condescendant d’un adulte sur les albums pour enfants qui ont pourtant un grand intérêt pour la catéchèse. Nous avons tous eu en main, à une époque de notre vie (7 à 77 ans et plus), de petits albums, dont les planches et les premiers tirages valent parfois maintenant des millions de francs, comme il en va pour les grands peintres (culture banque.com). Les vendeurs spécialisés le savent très bien. Tout se mesure à l’argent. Mais l’image n’a-t-elle pas une autre cote ?

Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier… Lorsquest venue la «plénitude des temps» (Ga 4, 4), quand tout fut disposé selon son dessein de salut, il envoya son Fils né de la Vierge Marie pour nous révéler de façon définitive son amour. Qui le voit a vu le Père (cf. Jn 14, 9). A travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne,[1] Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu.


Ainsi s’exprime le pape François au début de la bulle d'indiction du jubilé extraordinaire de la miséricorde


La valeur de l’image, c’est le Christ.
Nous pouvons nous arrêter à quelques citations de l’Ecriture dans ces quelques lignes et à une mention du catéchisme.
   
Colossiens 1:4-15 -  ... le Christ Jésus … est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature
Jean 1:18 -  Personne n’a jamais Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître.
Genèse 1:27 -  Et Dieu créa l'homme à son image.

Résumé du catéchisme n°92
92. Le Christ avait-il un vrai corps humain? (Catéchisme 476-477)
Le Christ a assumé un vrai corps humain, par lequel Dieu invisible s’est rendu visible. Pour cette raison, le Christ peut être représenté et vénéré au moyen d’images saintes.
n° 240
240. Quelle est le but des images saintes? (Catéchisme 1159-1161 ; 1192)
L’image du Christ est l’icône liturgique par excellence; les autres images représentant la Vierge et les saints signifient le Christ qui est glorifié en eux. Elles proclament le message évangélique lui-même que la Sainte Écriture transmet par la parole. Elles contribuent à réveiller et à nourrir la foi des croyants.



Dieu créa l'homme à son image. Le mot image revêt plusieurs sens, mais il y a de quoi nous inciter à réfléchir sur la dignité humaine et le respect qui lui est dû y compris dans les représentations. On ne confond pas bien entendu une image publicitaire et une image liturgique, mais en tout il peut y avoir des abus qui provoquent parfois des réactions inattendues pour ne pas dire plus. Si les représentations du religieux sont digne de respect, pourquoi pas la personne humaine créée à l’image de Dieu ?

Les bandes dessinées contemporaines ont-elles une histoire ou pré-histoire? Les présentations laïques contemporaines ont tendance à minimiser l'importance du religieux dans les présentations, idéologie oblige. (Musée belge de la BD; BNF : La BD avant la BD)

Dans les temples païens on illustrait les exploits des dieux... Nous songeons également aux tombeaux égyptiens couverts de fresques. Ce type de représentations n'était pas possible dans le Judaïsme, Dieu ne peut absolument pas l'être, tout comme dans l'Islam. Toutefois chez les chrétiens, en raison de l'Incarnation la chose est non seulement possible mais une manière d'en témoigner. Les saints peuvent aussi être représentés, comme bénéficiaires et médiateurs (secondaires) de la grâce venue du Christ.
Dans les églises depuis la plus haute antiquité la catéchèse a passé par les fresques et les sculptures. Quiconque s’est donné la peine de lever les yeux sur les portails d’une église ou cathédrale ancienne, sur les vitraux, les mosaïques, etc… se rend compte de la richesse des enseignements qui sont là. Le Christ se rend plus proche de nous à travers ces illustrations. L’icône dans la tradition orientale est un mode de présent du Christ et des saints. J’avais été frappé en lisant voici bien des années l’ouvrage de celui qui était le Père Christoph Schönborn, intitulé : L'icône du Christ. Fondements théologiques aux éditions du Cerf. L’ouvrage a subi ou bénéficié de plusieurs rééditions. A l’époque de la querelle des images en Occident, certains allaient jusqu’à considérer que la présence du Christ était aussi importante sinon plus que l’eucharistie. Abus certain, mais n’oublions pas que beaucoup donnèrent leur vie pour la défense des images et l’empereur ne joua pas le beau rôle (iconoclasme). Rome défendit toujours fidèlement le culte des images, accueillant bon nombre d’artistes chassés d’orient ou ne pouvant plus y exercer leur art. Sans exagération, on peut dire que bon nombre des plus belles et anciennes réalisations se retrouvent en Italie (Ravenne) et en Occident grâce à cette protection.  
En Cappadoce dans le centre de la Turquie actuelle, et dans l’empire d’Orient de manière générale, l’iconoclasme amena la destruction de bon nombre de ces trésors. Parfois nous avons d’heureuses surprises. Par exemple, voici quelques semaines les agences de presse ont relaté la découverte d’une église très ancienne de Cappadoce,  à Nevsehir elle daterait du Vème siècle et ses images paraissent avoir échappé à l’iconoclasme. Ailleurs, une représentation de saint Paul datant du VIème siècle a été retrouvée à Ephèse en 2002.

Nous pourrions aussi aborder le thème des différentes manières d’aborder les représentations en Orient et en Occident, ainsi que celui du blasphème qui voulant porter atteinte à Dieu, blesse d’abord inutilement les convictions de l’homme.

À compléter, donc

Quelques pistes :

Egon Sendler, L'icône, Image de l'invisible : Éléments de théologie, esthétique et technique, Paris, Desclée de Brouwer, coll. « Christus » (no 54), 1981, 251 p. (ISBN 2-220-02370-2)
Christoph Schönborn : L'icône du Christ. Fondements théologiques aux éditions du Cerf
Bandes dessinées pour enfants et catéchèse.
Le classement a été fait selon les éditeurs par une sœur de la librairie Saint-Augustin à Saint-Maurice, un grand travail.


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