13ème dimanche du Temps Ordinaire
Lectures de la messe du jour
1ère lecture : « Élisée se leva et partit à la suite d’Élie » (1 R 19, 16b.19-21)
2ème lecture : « Vous avez été appelés à la liberté » (Ga 5, 1.13-18)
Evangile : « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » « Je te suivrai partout où tu iras » (Lc 9, 51-62)
Homélie au sanctuaire
Jésus monte aujourd’hui vers Jérusalem. Saint Luc fait preuve d’originalité en ne suivant pas le
même plan que Matthieu et Marc.
Nous remarquons tout de suite le lien avec la première
lecture. Elle nous parle du départ du prophète Elie. Nous nous rappelons que
selon la tradition et l’écriture il fut enlevé au ciel dans son char de feu. Sachant
ce qui allait se passer pour lui, il invite Élisée à le suivre. Lorsque saint
Luc nous parle de l’enlèvement de Jésus au ciel, cet événement présuppose
l’élèvement sur la croix et sa
résurrection, avant son Ascension. Comme Élie a préparé Élisée, Jésus veut
préparer ses disciples.
Il envoie Jacques et Jean devant lui pour trouver un lieu
d’accueil dans un village de Samaritains. Les voilà confrontés à un refus.
Pourquoi ? Il se rend à Jérusalem. Or, nous l’avons entendu, les
samaritains et les juifs ne s’entendent pas. Lorsque le fils de Dieu s’est
incarné il a pourtant choisi un peuple particulier, ce peuple-là et un lieu
déterminé, pour des raisons bien mystérieuses.
Il a revêtu une identité, laquelle suppose qu’il ne peut
être accueilli sans elle et sans écarter bien des préjugés. Cette problématique
liée à l’incarnation, n’est-ce pas valable aussi aujourd’hui lorsque nous avons
à accueillir l’Evangile de la part d’une personne qui nous est envoyée? Les
disciples de leur côté doivent se préparer à rencontrer des difficultés. Nous
voyons leurs réactions après ce fameux rejet : « Seigneur, veux-tu que
nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » En cette période
d’orages nous comprenons bien ce que cela signifie. Je garde pour ma part encore
le souvenir de l’éclair impressionnant qui avait frappé Saint Pierre, le soir
où Benoît XVI avait renoncé à son pontificat. Mon confrère de son côté avait eu
une fameuse frayeur lorsqu’il y a bien des années, la foudre s’était abattue
dans le jardin à côté de la chapelle. Certaines choses ne s’oublient pas.
Jacques et Jean reçurent le surnom de « Boanergès »,
autrement dit, « Les fils du tonnerre ». Nous sommes certains qu’ils
le durent à cet épisode, même si Jean Chrysostome estime qu’il leur avait été
donné en raison de la puissance de leurs voix dans la prédication de l'Evangile
(Homélie sur les changements de noms IV). Et cela, même si avec saint Jean, fils du
tonnerre, nous sommes frappés de l'excès de bonté que Dieu a déployé
envers les hommes, en disant avec lui : « C'est ainsi que
Dieu a aimé le monde ». (Jean, III, 16.) (Hom. XXVII). Nous conviendrons
que Dieu n’entre pas de force dans les cœurs. On ne force pas à aimer, ni à
croire. Les Apôtres durent apprendre à
annoncer différemment l’Evangile. C’est un feu qui doit descendre du ciel mais bien
différent que celui qu’envoya Elie sur l’autel, nous enseignait le Cardinal
Ratzinger… Le feu avec lequel le Seigneur voulait enflammer le monde, c'est
l'Esprit Saint. Le feu, c'est celui qui provient de sa Croix, qui ouvre le
coeur des hommes et leur donne une espérance nouvelle, un chemin nouveau, une
vie nouvelle. *
Pour les appels qui viennent ensuite, on croirait à une
invitation à entrer dans un noviciat de religieux.
Ce sont des exigences que pose Jésus, mais nous ne lisons
aucune réponse. C’est assez curieux, en effet et nous invite à réfléchir sur la
manière dont nous sommes prêts à le suivre. Au prix de quelles transactions ?
Saint Paul nous donne pourtant des
éléments de réponse, ou au moins des explications sur ce que veut Jésus :
« Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. » …
« marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, » … « si vous vous
laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. »
L’Esprit qui réconcilie avec Dieu, l’Esprit de miséricorde
nous invite à nous mettre à la suite du Christ, à la suite de Jésus et pas
seulement de la fine pointe de nos bonnes intentions. Merveilleux psaume 15 qui
nous apprend ce qui se passe dans un cœur qui aime Dieu. Il promet la
résurrection : Mon cœur exulte, mon âme est en fête… tu ne peux
m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Je n’ai pas
d’autre bonheur que toi. Tu m’apprends le chemin de la vie… Et au final la
vision de Dieu… devant ta face, débordement de joie, à ta droite éternité de
délices !
Celui qui annonce l’Evangile a autant besoin de Miséricorde
que celui est appelé à la recevoir. C’est l’Esprit qui agit.
Notre Pape François s’étant rendu en Arménie, nous terminons
avec lui avec trois notes d’Orient, d’Esprit-Saint et de miséricordes. Il
citait hier Grégoire de Narek un docteur arménien de l’Eglise (Homélie).
C’est un maître de vie, parce qu’il nous enseigne qu’il est
avant tout important de reconnaître que nous avons besoin de miséricorde et
puis, face aux misères et aux blessures que nous percevons, de ne pas nous
replier sur nous-mêmes, mais de nous ouvrir avec sincérité et confiance au
Seigneur « Dieu miséricordieux et proche » (ibid., 17, 2), « ami des hommes,
[…] feu qui dévore[…] les broussailles des péchés » (ibid., 16, 2).
Avec ses paroles, je voudrais enfin invoquer la miséricorde
divine et le don de ne jamais nous lasser d’aimer et de nous laisser aimer :
Esprit Saint, « puissant protecteur, intercesseur et pacificateur, nous
t’adressons nos suppliques […]. Accorde-nous la grâce de nous exhorter à la
charité et aux œuvres bonnes […]. Esprit de douceur, de compassion, d’amour
pour l’homme et de miséricorde, […] Toi qui n’es que miséricorde […]
prends-nous en pitié, Seigneur notre Dieu, selon ta grande miséricorde » (Hymne
de Pentecôte).
Avec lui encore nous nous adressons à Notre-Dame
en conclusion : « Nous nous tournons vers Toi, sainte Mère de Dieu, Toi
qui as été fortifiée et protégée par le Père très-haut, préparée et consacrée
par l'Esprit qui s'est reposé sur Toi, embellie par le Fils qui habita en Toi :
accueille notre prière et présente-la à Dieu. »
* (Joseph,
cardinal RATZINGER SERVITEURS DE VOTRE JOIE Méditations sur la spiritualité
sacerdotale P. 29)
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