17 juillet 2016 - 16ème dimanche du Temps Ordinaire
1ère lecture : « Mon seigneur, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur » (Gn 18, 1-10a)
2ème lecture : « Le mystère qui était caché depuis toujours mais qui maintenant a été manifesté » (Col 1, 24-28)
Evangile : « Marthe le reçut. Marie a choisi la meilleure part » (Lc 10, 38-42)
Homélie au sanctuaire
Frères et Sœurs,
Nous sommes gratifiés aujourd’hui de trois textes qui nous
rappellent l’importance de l’hospitalité. En ce temps de vacances, ne sont-ils
pas bienvenus ? Qui pourrait-on accueillir? Nous avons certainement en
mémoire, le passage de l’épître aux Hébreux : « N’oubliez pas l’hospitalité :
elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » (Hb
13,2). Il est vrai que nous aurions peut-être quelques difficultés à entrer
dans cette manière d’envisager un accueil. Les anges, oui… c’est un peu spécial
? Ils existent pourtant.
Dans son commentaire de l’Evangile de saint Luc, Ambroise de
Milan concluait à propos du passage de dimanche dernier sur le bon Samaritain
en faisant cette réflexion : « Ce n’est pas la parenté qui rend
proche, mais la miséricorde. » Notre première lecture et l’Evangile nous
permettent une réflexion analogue à propos de l’hospitalité. Faire bon
accueil n’est-ce pas rendre proche et manifester qu’on est miséricordieux.
L’hospitalité rendue par Abraham au Seigneur qui lui
apparaît sous l’aspect de ces trois anges est très appréciée des peintres
d’icônes en particulier. Nous ne pouvons pas ne pas aimer celle qu’a écrite
André Roublev sur ce thème. Elle est universellement connue. Réunis autour
d’une table on perçoit un plat avec ce qui semble être une esquisse d’agneau.
Le personnage du centre fait un signe de bénédiction. Au-dessus de lui il y a
un arbre qui symbolise la croix et dans un angle un bâtiment qui peut représenter
l’Eglise. Deux anges en regardent un troisième qui paraît être celui qui envoie
en mission, c’est-à-dire le Père.
Nous y voyons fréquemment dans ces hôtes, la Trinité. C’est
une interprétation que donnait Saint Augustin : « L'Écriture, en faisant
ce récit, nous enseigne que trois hommes parurent auprès d'Abraham; or, dans
ces trois hommes, on peut reconnaître plutôt la Trinité même, qui est un seul
Dieu. » (Livre II réfutation de Maximin év. arien).
L’Evangile nous explique comment recevoir le Seigneur. Il y
a Marthe et Marie… L’action et la contemplation, Le service du Seigneur par
toute une activité de préparation du repas… et mille autre choses, n’est-ce pas
l’action ? La remarque de Jésus fait habituellement le délice des
contemplatifs : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites
pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure
part, elle ne lui sera pas enlevée. »
Saint Ambroise explique bien que le Seigneur ne reproche pas
à Marthe ses bons offices. Marie a choisi la meilleure part ce qui veut dire Jésus
lui-même. Un évêque comme Ambroise a d’ailleurs bien besoin d’aide. La
tradition prend exemple sur les Apôtres qui ont choisi des diacres pour le
service des tables. Eux doivent enseigner et s’occuper des affaires du Seigneur,
de l’annonce. Ambroise d’ordinaire très sérieux a une remarque qu’on prêterait
presque à un pince sans rire, peut-être pour faire taire toute contestation. Citant
l’Ecriture, il dit : « Les yeux du sage sont dans sa tête (Eccl.
II, 14)». Le vrai sage est celui dont l’esprit dans le Christ, et l’œil est
élevé vers les hauteurs ; aussi les yeux du sage sont dans sa tête et ceux
du fou dans son talon…
Il est encore une autre manière que celle d’un évêque de se
consacrer à écouter le Seigneur. L’Eglise, vous ne l’ignorez pas protège la vie
contemplative en raison de la fécondité mystérieuse de l’apostolat de la
prière. Il n’est pas possible à un évêque de contraindre des contemplatifs à
des activités pastorales.
Nous avons donc tous deux missions et quelles sont-elles ?
La première consiste d’abord à accueillir le Christ en nous, pour ce qu’il est
« le Christ est parmi vous, lui, l’espérance de la gloire ! » nous a
dit saint Paul. Il vient nous enseigner et faire de nous des porteurs de la
Bonne Nouvelle, que veut-il faire de nous ? Des messagers de la
miséricorde, c’est notre deuxième mission. Nous le faisons par notre parole et
notre vie.
Etre miséricordieux nous pouvons le devenir encore plus en
pratiquant l’hospitalité, en recevant les porteurs de Bonne Nouvelle. Dans la
règle de saint Benoît, il y a toute une liturgie pour la réception des hôtes
dont on lavait les pieds et qui devraient être accueillis comme le Christ en
personne. Un verset du psaume 47 devrait même être dit en conclusion :
« Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple.»
Le regard fixé sur Jésus et son visage miséricordieux, nous
dit le pape François, nous pouvons accueillir l’amour de la Sainte Trinité. La
mission que Jésus a reçue du Père a été de révéler le mystère de l’amour divin
dans sa plénitude. L’évangéliste Jean affirme pour la première et unique fois
dans toute l’Ecriture :
« Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16). Cet amour est désormais rendu visible et tangible
dans toute la vie de Jésus.
Sa personne n’est
rien d’autre qu’amour, un amour qui se donne
gratuitement. Misericordiae
vultus, n.8) A nous de l’accueillir.
En recevant le Christ, c’est bien la miséricorde que nous
recevons. Si le Christ est présent, les trois personnes de la Trinité sont là
et qui peut mieux nous apprendre à les recevoir que Marie Fille du Père, Mère
du Fils, Epouse de l’Esprit. Amen.
* Accueillir l'étranger est une des oeuvres de miséricorde a rappelé le pape à l'Angélus.
* Accueillir l'étranger est une des oeuvres de miséricorde a rappelé le pape à l'Angélus.
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