Frères et Sœurs, nous célébrons aujourd’hui le 23ème
dimanche du Temps ordinaire. Les Fêtes du Vorbourg sont à nos portes, il reste
une petite semaine. A Rome doit être canonisée aujourd’hui Mère Theresa de
Calcutta. Le miracle qui permet cette canonisation est la guérison d'un homme
de 35 ans, atteint de multiples tumeurs au cerveau en 2008, soit 10 ans après
la mort de la «petite sœur des pauvres». C'est une femme qui a prié pour que
mère Teresa vienne en aide à l’heureux bénéficiaire de cette grâce, un
Brésilien. On rapporte qu’étant tombé « dans le coma en salle
opératoire, l'intervention avait été retardée d'une demi-heure. En revenant, le
chirurgien avait découvert son patient assis, réveillé, guéri, lui demandant:
«Qu'est-ce que je fais ici?» Nous constaterons un contraste apparent avec l’Evangile
d’aujourd’hui, le Seigneur nous y invite à prendre notre croix et à le suivre.
Faisons-le avec confiance et recommandons-nous à sa miséricorde, reconnaissons que nous sommes pécheurs…
Lectures de la messe du jour
1ère lecture : « Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 13-18)
2ème lecture : « Accueille-le, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé » (Phm 9b-10.12-17)
Evangile : « Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 25-33)
Homélie
Frères et Sœurs,
Cet Evangile est apparemment un des plus délicats avec
lequel se confronter pour se mettre à la suite du Christ. Allez dire à des
parents, à une famille ou à des amis que vous souhaitez entrer dans la vie
religieuse, que voulez leur préférer le
Christ… C’est parfois ressenti comme de la torture psychologique…
Seigneur, quelle cruauté… ! Et toi-même, qu’est-ce que
tu as fait ? Tu as préféré ton Père du ciel à ta mère, à ta parenté. Tu as
laissé tout le monde tomber pour aller ton chemin.
Pourtant combien l’ont suivi depuis 2000 ans ! Le pape
canonise ce matin Mère
Theresa de Calcutta qui a donné sa vie pour les plus pauvres. Nous avons
tous au moins un élément de sa biographie en mémoire à propos de sa vocation et
des commencements de sa Congrégation au service des plus pauvres.
Saint Augustin donne une description du moteur de cet « extrémisme »
de la charité et de l’annonce de l’Evangile (Lettre 243) : Voilà que
l'amour de la vérité vous saisit; vous brûlez de connaître et de comprendre la
volonté de Dieu dans les saintes Ecritures; le devoir de la prédication
évangélique vous entraîne.
Faut-il que sa famille ou sa mère arrête cet élan qui a
emporté Jésus… ?
Quelle est donc cette sagesse déraisonnable qu’il vient
enseigner ? Il nous demande d’une certaine manière d’aller jusqu’à renier les
nôtres et notre propre vie.
Saint Augustin commente cette parole de Jésus : « Qui est ma
mère, et qui sont mes frères? »… il dit
que ceux-là seuls étaient ses proches qui faisaient la volonté de son
Père. Marie elle-même était comprise
dans ce nombre, car elle faisait la volonté du Père. Cette parenté du ciel est
de l’ordre le plus élevé. Toute parenté terrestre est appelée à y entrer, c’est
évident, elle trouve là son sens plénier.
Nous sommes conscients que Jésus a prononcé ses paroles
alors que de grandes foules faisaient route avec lui. Nous pourrions penser
qu’il veut mettre un filtre ou poser une limite à cette manière de le suivre.
Il n’est certainement pas venu pour donner un spectacle, ni même pour accomplir
des miracles, distribuer gratuitement à manger à tout le monde et guérir de
toutes les maladies tout de suite.
Jésus paraît vouloir mettre à l’épreuve ceux qui le suivent,
et quelle épreuve ! Et pourquoi ? « Quel homme peut découvrir
les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? »
N’est-ce pas à un apprentissage d’une nouvelle sagesse qu’il appelle ?
De la sagesse nous pouvons en acquérir en allant à l’école,
en étudiant à fond la matière ou des sciences totalement abstraites… en suivant
une méthode. Je ne sais plus où j’ai entendu une répartie disant
approximativement ceci : chez les scientifiques on sait qu’on approche de
la retraite lorsqu’on n’est plus capable d’appliquer une méthode et qu’on se
fie à son instinct. Peut-être s’agirait-il plutôt d’une forme de sommet de
sagesse et de possession par un art et d’un art. La sagesse peut être diverse. Souvent
autrefois, on s’amusait de l’intuition féminine alors qu’il s’agit peut-être
plutôt d’une forme de synthèse qui nous échappe, d’une sagesse.
La sagesse enseignée par Jésus renverse toutes nos méthodes
et nos habitudes de pensée et de vivre pour parvenir au bonheur.
« Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma
suite ne peut pas être mon disciple. »
Quelle est la volonté du Père ? Jésus nous enseigne
comment la discerner et la suivre.
Sainte Edith Stein parle d’une « Science de la Croix ».
Juste avant de partir à Auschwitz, on lui avait demandé de synthétiser
l’enseignement de saint Jean de la Croix. Elle explique ceci : Cette
« “science” n’est pas une simple théorie… Elle est une vérité bien perçue,
mais une vérité vivante, réelle et efficiente : semblable à une semence, elle
s’enfonce dans l’âme, y prend racine et se déploie, elle donne à l’âme une
empreinte particulière et marque ses faits et gestes de sorte que ceux-ci la
rayonnent et la laissent voir. On parle en ce sens d’une “science des saints”
et nous parlons donc de science de la croix. ».
Nous n’avons point besoin de doctorat en philosophie, mais
seulement de nous laisser saisir par l’amour du Christ et de nos frères. Le
billet de saint Paul à Philémon est suffisamment explicite sur ce que l’amour
du Christ doit nous porter à faire. Il demande à Philémon de traiter et
d’accueillir Onésime « mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé ». Le contraste est certain avec le sort réservé aux esclaves fugitifs dans l'empire romain. La Science de la Croix conduit à faire de tous, les disciples du Christ et de
tous les hommes une seule famille qui peut appeler Dieu Notre Père.
Concluons avec une prière de la sainte Mère Thérèse deCalcutta.
Seigneur, dans son humilité, Marie a reconnu ta sagesse
toute-puissante. Bien que troublée par le message de l'ange, et ignorante de sa
pleine signification, elle l'a accepté comme la «servante du Seigneur».
Mais qu'en est-il de moi, Seigneur?
Est-ce que j'écoute ce que tu as à me dire, ou suis-je trop
occupé à parler?
Est-ce que je cherche à savoir quel est ton dessein pour
moi, ou suis-je trop soucieux de donner forme à ma propre destinée?
Et lorsque je reçois la réponse à mes prières, est-ce que je
m'y dérobe et fuis, ou est-ce que je m'abandonne entre tes mains, et dispense
sans compter les dons que tu m'as accordés?
Seigneur, entre tes mains, je remets mon esprit. Amen.
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