Dimanche prochain
Lectures de la messe
Première lecture : Vocation d’Abraham, père du peuple de DieuGn 12, 1-4a
Psaume : Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,comme notre espoir est en toi !Ps 32 (33), 4-5, 18-...
Deuxième lecture : Dieu nous appelle et nous éclaire2 Tm 1, 8b-10
Évangile : « Son visage devint brillant comme le soleil »
Frères et Sœurs,
Pourquoi parler de Transfiguration durant le Carême ?
N’est-ce pas une invitation de l’Eglise à nous laisser
transformer en laissant la lumière du Christ nous toucher comme un soleil
de printemps? Le mot transfiguration vient du latin transfiguratio «
métamorphose, transformation ».
La Transfiguration est un thème cher à l'abbé Zundel et à Paul VI. L’abbé Zundel dans une de ses méditations rappelait que
Jésus s’était transfiguré sur la Montagne, sur le Thabor entre deux annonces de
la Passion. Lors de la première, Pierre avait eu droit à une invective de
première force, la même que Jésus avait adressée à Satan dans le désert
dimanche dernier. Après la Transfiguration, les disciples n’oseront pas
protester ils seront simplement consternés dit l’évangile. Cela se passait à
l’époque de la fête des Tentes.
La Transfiguration a été un signe donné à Pierre Jacques et
Jean pour renforcer leur foi avant l’épreuve de la Passion. La divinité de
Jésus transparaît dans son corps qui paraît en quelque sorte dans un état
glorieux.
On peut imaginer l’émotion et la crainte des Apôtres. Mais
encore…
En quoi cela nous concerne-t-il ? Le premier motif d’intérêt
est le témoignage des Apôtres, le second est le parcours qu’ils ont accompli
ensuite. Ils ont été profondément émus par ce qu’ils ont vu, mais ils n’ont pas
compris. Ils avaient encore un long chemin à faire pour suivre le Christ. Nous
pouvons penser que nous n’y arriverons pas, que nous ne pouvons pas, que nous
ne pouvons plus… Dans la première lecture nous avons entendu qu’Abram avait
reçu la bénédiction de Dieu parce qu’il s’était mis en route… « Je ferai
de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu
deviendras une bénédiction. » Il devait avoir 76 ans… puisqu’il aura
Ismaël 10 ans plus tard… Ce qui peut certes nous amener à quelques
interrogations sur ce qu’est une année dans la Bible.
Cela veut toutefois aussi nous dire que Dieu peut bénir
toute réponse à son invitation quel que soit notre âge, ce qui paraît un
obstacle, avec son accompagnement d’habitudes, de diminutions dans ses
capacités physiques ou de perception du monde, de compréhension, de réactions.
Voilà de très hautes montagnes parfois…
Un environnement et un état de vie problématique sont tout
aussi redoutables. Par où peut s’insinuer la grâce ? Peut-être peut-elle
le faire à travers un sentiment d’injustice, un désir de réparation. Un exemple
pourrait parler aux plus anciens. Je vous ai mentionné tout à l’heure l’abbé
Zundel qui a sa tombe dans l’église rouge de Neuchâtel, la basilique de
l’Assomption. Si vous regardez la nef depuis le chœur, c’est sur votre gauche. En
1972, ce familier de Maritain et de l’abbé Journet avait fait une célèbre
retraite au Vatican en présence de Paul VI. Il avait pris l’exemple d’un
journaliste russe Michel Koriakoff, qui s’était laissé toucher par le Christ en
lisant tout athée qu’il était, un petit Evangile qu’on lui avait donné. Vous
connaissez la conduite peu recommandable des troupes russes lors de leur entrée
à Berlin. Lui, capitaine, voulant appliquer les préceptes évangéliques, avait
empêché que l’on fasse du mal aux femmes. Ayant été capturé par les allemands,
un capitaine l’avait violemment giflé, faisant tomber ses lunettes en présence
de son colonel. Une femme avait alors témoigné en sa faveur et cet officier
supérieur qui n’avait pas bougé avait ramassé respectueusement les lunettes
tombées à terre et les lui avait rendues. « Jamais, dit Zundel, ce colonel
allemand n'aurait pu imaginer que, devant un slave qui était pour lui un
sous-produit de l'humanité, devant un capitaine, lui qui était colonel, devant
un vaincu, lui le vainqueur, jamais il n'aurait pu imaginer qu'il fut capable
de ce geste de déférence et de réparation. »
« Nous avons dans ce trait minuscule, dans ce geste qui
semble sans portée comme une expérience de la naissance de l'homme en Dieu et
de Dieu en l'homme. »
Une première transformation par l’action de la parole de
Dieu, suivie par une deuxième.
Dieu peut nous transformer si nous lui disons oui, si nous
acceptons de le prendre avec nous et de marcher avec lui. Il ne nous conduit
pas sur un chemin recouvert de tapis confortables et de pétales de roses. Il y
en aura à l’entrée dans Jérusalem, certes, mais à la passion, ce ne seront plus
qu’épines, dureté du bois de la croix et pierres du chemin, brûlure des fouets
et souffrance de la chair où on enfonce des clous.
Pourquoi donc faire confiance ? « Car Dieu nous a
sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, à cause de son projet à lui et
de sa grâce. » Il a ressuscité Jésus. Dieu a transféré sa vie dans la
nôtre et qu'il veut protéger en nous ce don incomparable. Notre vie est un
dialogue continuel qui s'enracine au coeur de la Trinité Divine dont nous
sommes le sanctuaire. Que toute notre existence soit transfigurée par Celui qui
nous précède et demeure avec nous. Amen.
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