5ème Dimanche de Carême — Année A
Lectures de la messe
Première lecture « Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » Ez 37, 12-14
Psaume Près du Seigneur est l’amour,
près de lui abonde le rachat. Ps 129 (130), 1-2, 3...
Deuxième lecture « L’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous Rm 8, 8-11
Évangile « Je suis la résurrection et la vie » Jn 11, 1-45
Frères et Sœurs,
Qui n’est pas dans l’admiration devant ce signe que Jésus
accomplit ? Nous nous rappelons qu’il a donné trois signes analogues.
D’abord, celui de la fille de Jaïre, puis celui du fils de la veuve de Naïm et
aujourd’hui, dans saint Jean, c’est la résurrection de Lazare. Ce sont des
retours à la vie pour poursuivre des chemins en cette vie. Ce n’est pas encore
de la résurrection semblable à celle de Jésus dont il est question. Leurs corps
ne sont pas transformés comme celui de Jésus le sera. C’est une annonce de la
sienne.
Dans l’Evangile de saint Jean, Jésus donne 7 signes majeurs.
Ils sont 7 comme les 7 jours de la création, mais ils vont déboucher sur la
résurrection, le 8ème jour, le réveil de Dieu après son repos et le
silence du samedi saint. Les 7 signes de saint Jean sont : L’eau changée
en vin (Jean 2 :1-12), la guérison du fils d’un officier (Jean 4, 43-54), la
guérison d’un paralytique (Jean 5, 1-16), la multiplication des pains pour les
cinq mille hommes (Jean 6 :15) ; celui de la marche sur les eaux (Jean 6, 16-21),
la guérison de l’aveugle-né (Jean 9, 1-41) et enfin celui d’aujourd’hui, la
résurrection de Lazare (Jean 11, 1-46).
Nous sommes tous un peu surpris devant l’attitude de Jésus
lorsqu’on lui annonce la maladie de Lazare. Il dit à ses disciples que cette
maladie ne conduit pas à la mort, il attend deux jours et commence de monter à
Béthanie de Cisjordanie, alors qu’il se trouvait apparemment à Béthanie de
Transjordanie là où Jean-Baptiste baptisait. Il va bientôt passer par un autre
baptême et donner tout son sens, toute sa force et la puissance de la grâce au baptême.
Pourquoi n’a-t-il pas guéri Lazare à distance ? Il l’a
bien pour le fils du centurion. Lazare est pourtant un ami qui lui est très
cher, et il le laisse passer par là. Pourquoi ? « Cette maladie ne conduit
pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de
Dieu soit glorifié. »
Combien de fois nous sommes-nous demandés nous, pauvres
pécheurs : « Seigneur, pourquoi est-ce que tu ne nous évites pas tout
ça. Il est décidément bien difficile d’être ton ami. »
C’est la même réaction qu’ont presque tous ceux qui
rencontrent Jésus à Béthanie. Marie est complètement effondrée. Sa sœur va
devoir venir la chercher et l’avertir que Jésus est là. L’Evangile dit que les
Juifs vont suivre Marie en grand nombre, c’est très curieux.
Marthe est extraordinaire. Elle commence par faire un
reproche à Jésus Ce sera le même que celui que lui adressera Marie : « Seigneur,
si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Puis elle
ajoute : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu
demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Elle ne paraît pas croire à une
résurrection immédiate, ce sera pour plus tard… : « Oui, Seigneur, je le crois
: tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » « Je
sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Elle continue de
croire en la résurrection des morts au dernier jour, dans ces circonstances
dramatiques, c’est très beau. Mais lui quand à pouvoir faire quelque chose
lorsque la putréfaction a commencé… elle a tout de même des doutes.
« Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour
qu’il est là. » Nous la comprenons surtout dans un pays un peu chaud. Peut-être
a-t-il eu une de ces maladies ont des conséquences physiologiques difficiles ?
Mais elle dit oui à tout ce que dit Jésus.
Jésus perçoit dans tous les cœurs des reproches, il entend
des murmures, il voit et sent la tristesse, mais à lui, ne lui est-il pas
difficile d’obéir à son Père. Est-ce qu’il ne souffre pas ? Trois verbes
sont utilisés pour rendre compte de l’état intérieur de Jésus : il fut
saisi d’émotion, il fut bouleversé et il pleura. En voyant Jésus pleurer, tous
sont émus et touchés : « Voyez comme il l’aimait ». Ce n’est pas
de peu d’importance pour nous dans nos épreuves. Lorsque Jésus a pleuré dans
son ministère, devant des souffrances, il a pleuré pour toujours avec chacun de
nous et sur chacun de nous et il pleure encore. Mais il peut tout ! Jésus
est bouleversé devant la mort.
L’ancien pape Benoît nous dit ceci de ce moment
impressionnant : « En Jean, le bouleversement de Jésus est exprimé… en
référence au Psaume 43,5 « Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur
moi ? », mais en employant par trois fois dans le contexte de la passion, un
mot qui rend de manière particulièrement évidente le caractère abyssal de la
peur de Jésus : le mot tarâssein. Jean l’utilise pour montrer le trouble
profond de Jésus devant le tombeau de Lazare (cf. 11,33), puis après son entrée
triomphale à Jérusalem où, dit-il son « âme est troublée », comme
aussi elle l’est lorsqu'au Cénacle il annonce la trahison de Judas (cf. 13,21).
(180). C’est le trouble particulier de Celui qui est la Vie même devant l'abîme
de tout le pouvoir de la destruction, du mal, de ce qui s'oppose à Dieu et qui
maintenant le submerge, qu'il doit maintenant et sans délai prendre sur lui,
bien plus, qu'il doit accueillir en lui au point d'être personnellement « fait
péché » (2 Co 5,21). »
Cela suffit ! Jésus rappelle Lazare à la vie, il
rappelle son ami à la vie, il le rend aux siens, il partage son repas. Il a
accompli ce miracle pour son ami et pour nous, parce que nous sommes ses
disciples et ses amis. Mais n’est-ce pas à cause de ce miracle que le Conseil
décida de le faire périr parce qu’il valait mieux qu’un seul homme meure pour
le peuple ?
Il est avec nous pour toujours et dans l’épreuve. Il nous le
répète aujourd’hui : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt,
vivra… » - « N’ayez pas peur, je suis avec vous toujours ! »
Amen.
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