10 septembre 2017 - 23ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture « Si tu n’avertis pas le méchant, c’est à toi que je demanderai compte... Ez 33, 7-9
Psaume Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur ! Ps 94 (95), 1-2, 6-7...
Deuxième lecture « Celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi » Rm 13, 8-10
Évangile « S’il t’écoute, tu as gagné ton frère » Mt 18, 15-20
Frères et Sœurs,
Ce passage de l’Evangile appartient à ce qu’on appelle le
« discours sur l’Eglise », chez saint Matthieu. Celui-ci a présenté
Jésus comme celui qui apporte le pardon et prêche la réconciliation. Il est le
maître doux et humble de cœur, qui a averti de ne pas se substituer à Dieu en
arrachant l’ivraie dans le champ.
Combien y a-t-il de païens et de publicains parmi
nous ? Combien ont posé de jugements et de faux-jugements sur ses proches
et ses voisins.
Il n’y a rien de plus difficile que d’effectuer un jugement
vrai sur ce qu’a fait une personne, sur des motivations à un acte, sur des
intentions. Qui sait, si celui qui accuse n’essayera pas d’abuser de sa
position… Les mécanismes et ressorts internes sont assez subtils et il faut
vraiment être entre frères et dans la confiance pour arriver à clarifier une
situation, lorsqu’elle doit l’être. Vous le savez, en criant assez fort ou en
profitant de sa fonction et de sa position pour mobiliser contre quelqu’un des
avis, en manipulant, on peut arriver à peu près à tout, quitte à ce qu’un
historien finisse peut-être par rétablir la vérité une centaine d’années après,
si vous êtes connu. Pour les petits, il ne reste que l’oubli et la rencontre
avec Dieu. Vous connaissez peut-être comment
chez les Romains, au Moyen-Age ou même encore dans les prisons de certains
états au 20ème siècle, aujourd’hui aussi on opérait ou opère pour
faire parler quelqu’un et obtenir la vérité. Des supplices les plus atroces aux
drogues, la panoplie de la cruauté est vaste. Ce qui est obtenu dans ces
conditions est-ce la vérité ?
Ceci nous ramène donc à l’élément de base, celui de la
charité, la vie dans le Christ. Sans elle rien ne va plus, il n’y a plus aucune
cohésion possible. Il ne reste que les rapports de force. La correction fraternelle,
certes, mais sur quelles bases et dans quelles circonstances, le sujet est
vaste.
Le premier lieu et terrain de réconciliation est celui de
nos familles, et chacun sait combien cela est difficile. Les signaux
avertisseurs de difficultés, tous devraient apprendre à les détecter et à prévenir
certains séismes… Il est dans l’air du temps de considérer que les choses
peuvent se résoudre par des procédures automatisées et que c’est normal, sinon
très moral, puisque ça ferait moins mal, parce que c’est plus facile. Qui est
guetteur et accepte d’avertir qui, dans quelles circonstances ? Lequel
aperçoit le premier la fatigue de l’autre, etc… Est-ce que je considère l’autre
comme étant à mon service et pouvant être utilisé totalement, usé jusqu’à la
corde. Uti et abuti. Or, entre personnes humaines, baptisés, et dans le cadre
d’un mariage particulièrement, c’est une autre règle qui devrait être en
vigueur : celle de l’amour mutuel disait saint Paul dans son épître.
« Ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. »
Vous devriez être des experts en charité et en attention… Saint
Augustin a une petite phrase qu’il est possible de ressortir facilement, même
avec une mauvaise mémoire : « Aime et fais ce que tu veux »… La
problématique réside dans la définition du mot aimer, nous le comprenons bien. Ce
n’est pas un sourire et des yeux doux en préparant dans l’ombre un traquenard.
Dans ce cadre, les grandes réflexions n’ont pas manqué. Nous
nous souvenons peut-être de celles de Benoît XVI. Tout le monde attendait une
réflexion sur la foi en raison de sa spécialité et des trois vertus théologales
foi, espérance et charité. Mais il en a fait deux sur l’amour et une sur
l’espérance. Celle sur la foi, l’encyclique à deux mains avait été signée par
le pape François… Celui-ci nous a gratifiés d’Amoris laetitia, le document qui
a suivi le Synode sur la famille… On en parle beaucoup. La focalisation s’est
surtout faite sur d’éventuels accès légitimes aux sacrements, après des drames
qu’il ne faut pas minimiser, mais en suivant un parcours de réflexion et de
discernement. « Accueillir, accompagner, discerner et intégrer » sont
les quatre maîtres mots.
Les évêques suisses ont fait paraître ces jours, en français
d’abord, je vous prie et qu’ils me pardonnent, c’est une forme d’exploit, un
document intitulé : « Pour un renouvellement de la pastorale du
mariage et des familles à la lumière d’Amoris laetitia : une bonne nouvelle
pour tou(te)s ». Vous avez donc encore du travail à ce point de vue.
Ces documents sont surtout à voir comme des outils pour
préparer, entretenir et essayer de réparer ou de soigner si vous préférez, le
mariage et la famille chez nous. Suivre le Christ, je ne vous apprends rien
n’est pas s’engager sur la voie de la facilité, mais c’est un chemin sûr. Si
vous aimez saint Augustin Amoris Laetitia le cite à trois reprises. Vous avez
cette sentence par exemple : « plus le danger a été grand dans le combat,
plus intense est la joie dans le triomphe ». Cela se comprend de la charité. Et
encore celle-ci : « Comme en danger d’incendie nous courons chercher de
l’eau pour l’éteindre, […] de la même manière, si surgit de notre paille la
flamme du péché et que pour cela nous en sommes troublés, une fois que nous est
donnée l’occasion d’une œuvre de miséricorde, réjouissons-nous d’une telle
œuvre comme si elle était une source qui nous est offerte pour que nous
puissions étouffer l’incendie ». N’est-ce pas beau… ce qu’on disait dans l’étable
d’Hippone? Pour parler à la manière du pape. Elles devaient sentir bon ces
brebis… Mais l’étable a disparu, il ne reste que le cœur d’Augustin… et son
enseignement. Comme quoi, il nous faut avant tout être vigilants pour à propos
de ce que nous vivons nous. Les plus belles et profondes considérations ont
besoin d’être vécues. Il faut persévérer…
Jésus, Marie et Joseph, Écoutez, exaucez notre prière Amen !
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