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dimanche 26 janvier 2020

La Parole est dans vos coeurs






26 janvier 2020

dimanche, 3ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A
de la férie

Mes sœurs, chers frères et sœurs,

Bienvenue à tous et à toutes pour cette célébration en ce 3ème dimanche du temps ordinaire. Le pape François a décidé l’an passé, qu’il devait être consacré au thème de la Parole de Dieu. Il l’a fait par la lettre apostolique aperuit illis : Alors il ouvrit leur cœur à la connaissance des Écritures ». Il a placé cette journée sous le patronage de saint Jérôme. C’est assez curieux… pour quelle raison ? On croirait que l’on a effectué une sorte de repêchage. Vous savez certainement que très longtemps on a utilisé une traduction latine de la Bible appelée Vulgate, durant près de 1600 ans. Cette traduction latine a été refaite à l’issue du Concile, mais par contre, elle n’est quasiment plus utilisée, puisque nous employons les traductions liturgiques en langue vernaculaire, qui passent régulièrement à la moulinette de la critique. On fait avec et on remercie.

Que la parole de Dieu résonne dans nos cœurs. Accueillons-la et pour y parvenir demandons au Seigneur de guérir l’oreille de nos cœurs et de l’ouvrir.


Chers frères et sœurs,


L’écoute de l’Évangile d’aujourd’hui nous rapporte que , quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. C’est toujours le territoire d’Hérode Archélaüs, mais sa seconde partie plus au nord, puisque Jean-Baptiste a été exécuté à Machéronte non loin de la mer morte.

La mort de Jean-Baptiste est en quelque sorte le signe qu’est venu le temps où Jésus doit annoncer la Bonne Nouvelle. Il est le seul à parler, il est le Messie et le dispensateur de la parole, lui le Verbe fait chair. Il rentre en Galilée, mais il ne se rend pas à Nazareth. Nous dirions aujourd’hui qu’il change de domicile et il se rend au bord du lac, où il ira habiter chez Pierre à Capharnaüm. Habituellement on associe aujourd’hui le nom de cette ville à un amoncellement d’objets en désordre, une sorte de grenier poussiéreux ou à une chambre où tout est en désordre, de quoi désespérer une mère de famille. En fait la signification de Capharnaüm est bien différente le nom veut dire le « village du Consolateur ou de la compassion».

Jésus commence à y manifester la compassion de Dieu pour les hommes, il est le consolateur. Que fait-il ? Il annonce la Bonne Nouvelle, il parle et enseigne.

Ce moment n’est-il pas merveilleux mais aussi très particulier ? Le Christ parle et commente l’Écriture dans la synagogue, il parle simplement sans son appui direct lorsqu’il enseigne les foules. Il la cite nous rappelant l’importance de la méditer et de la conserver dans nos cœurs, comme le faisait Marie. Jésus prêche et ses auditeurs recueillent la Bonne Nouvelle qui nous est transmise aujourd’hui. Lorsque nous entendons proclamer l’Évangile, nous n’entendons pas directement Jésus, mais l’écho de sa parole dans le cœur des disciples. Le Verbe de Dieu s’exprime, mais il ne prend pas pour communiquer un parchemin du papier de l’encre, un roseau taillé ou une plume. Il écrit d’une certaine manière dans le cœur de ceux qui l’écoutent. Cet enseignement nous est communiqué dans les livres du Nouveau Testament, sans droits d’auteur. L’Esprit-Saint agissait déjà dans les et rouleaux livres de la première alliance, mais il le fait encore de manière plus particulière. C’est tout un sujet de réflexions que celui de l’inspiration des écrivains sacrés. Qu’est-ce qui fait qu’un livre est reconnu comme inspiré et non un autre. Qui détermine le canon des Écritures ? Aujourd’hui, nous disons c’est l’Église en définitive. Les Écritures ne peuvent pas nous tromper et ne donnent pas un enseignement erroné. C’est ce qu’on appelle l’inerrance des Écritures.

On lisait l’Écriture en Israël et de manière solennelle, à la synagogue et au Temple. Il y a toute une liturgie qui accompagne sa lecture et son chant. La torah est conservée dans une armoire que l’on appelle arche d’alliance, ou même temple. C’est dire l’importance de cette parole. « Le retour du peuple d’Israël dans sa patrie, après l’exil babylonien, fut marqué de façon significative par la lecture du livre de la Loi. La Bible nous offre une description émouvante de ce moment dans le livre de Néhémie. Le peuple est rassemblé à Jérusalem sur la place de la Porte des Eaux à l’écoute de la Loi. Dispersé par la déportation, il se retrouve maintenant rassemblé autour de l’Écriture Sainte comme s’il était « un seul homme » (Ne 8, 1). À la lecture du livre sacré, le peuple « écoutait » (Ne 8, 3).

Ce moment significatif est encore mentionné une seconde fois dans le document du pape François : La Transfiguration rappelle la fête des tentes, dit-il, quand Esdras et Néhémie lisaient le texte sacré au peuple, après le retour de l’exil. Elle anticipe la gloire de Jésus en préparation au scandale de la passion, gloire divine qui est également évoquée par la nuée qui enveloppe les disciples, symbole de la présence du Seigneur. Cette Transfiguration est semblable à celle de l’Écriture Sainte qui se transcende lorsqu’elle nourrit la vie des croyants. L’Écriture Sainte doit être honorée parce qu’elle est la parole de Dieu, et en raison de la vie qu’elle transmet. Comme la gloire de Dieu environnait l’arche d’alliance en déplacement qui contenait le rouleau de la Loi.

« L’Église a toujours vénéré les divines Écritures comme elle le fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie de la table de la Parole de Dieu et de celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles » (Dei Verbum, n. 21). Nous avons deux tables, celle de la Parole et celle de l’Eucharistie.

Mais il ne s’agit pas d’un trésor qui doit rester caché, bien à l’abri, la parole doit être proclamée et méditée, elle a pour but de nous enseigner et de transformer les cœurs, elle doit s’inscrire dans les cœurs.

Nous ne pouvons que nous réjouir aujourd’hui, je ne dis pas de la disparition de la Vulgate de saint Jérôme en latin, mais de ce que le concile Vatican II ait permis et voulu qu’elle soit accessible et compréhensible à chacun dans sa langue et sous toutes les formes, du papier au numérique. La réforme à ce point de vue, nous a aidé à franchir un pas très important. La Bonne Nouvelle a été transmise non par le livre mais par la parole, l’enseignement oral, on racontait l’histoire sainte et la vie de Jésus, avec des images aussi. Les traductions étaient interdites. Jeune moine, j’avais été impressionné par un passage de la vie de Sainte Catherine de Sienne où il était dit en substance que sa connaissance des Écritures ne venait pas de ce qu’elle avait entendu des lectures à la messe, c’était du latin, mais des images, des sculptures, de l’enseignement oral, des sermons... Longtemps, elle ne sut ni lire, ni écrire. En 1875, il y avait encore 75% d’analphabètes en Italie. Le pape dans son document a parlé de l’homélie. C’est, ma foi, très délicat : « L’homélie, en particulier, revêt une fonction tout à fait particulière, car elle possède « un caractère presque sacramentel » (Evangelii Gaudium, n. 142). Il engage à faire entrer en profondeur dans la Parole de Dieu, dans un langage simple et adapté celui qui écoute. Qui n’aimerait faire mieux ? Par bonheur, il y a le Saint-Esprit… Nous ne sommes pas une religion du livre, mais de la parole. D’où l’importance de notre témoignage, de la parole vécue, l’écho de la parole de Jésus dans nos vies.

Commentant la réflexion du Seigneur : « Bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ». C’est comme dire, selon le pape : ma mère est bienheureuse précisément parce qu’elle garde la Parole de Dieu, non pas parce que le Verbe est devenu chair en elle et a vécu parmi nous, mais parce qu'elle garde la parole même de Dieu par qui elle a été créée, et qu’en elle Il s’est fait chair » (Comm. l’év. de Jn., 10, 3). Amen.

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