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dimanche 3 avril 2022

La femme adultère

 


 

3 avril 2022 -5ème Dimanche de Carême — Année C

Lectures de la messe
  • Première lecture « Voici que je fais une chose nouvelle, je vais désaltérer mon peuple ... Is 43, 16-21
  • Psaume Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
    nous étions en grande fête !
    Ps 125 (126), 1-2ab,...
  • Deuxième lecture « À cause du Christ, j’ai tout perdu, en devenant semblable à lui dans... Ph 3, 8-14
  • Évangile « Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter... Jn 8, 1-11

Chers Frères et Sœurs,

 L’Évangile de ce 5ème dimanche de Carême appartient à ceux qui sont délicats à a aborder. Il nous présente Jésus enseignant publiquement au Temple, en présence d’une foule, et face à une femme accusée d’adultère par une mâle troupe de scribes et de pharisiens. Jésus, assis et les écoutant écrit sur le sable. C’est la seule fois qu’on le voit écrire. Habituellement, Il parle, il est le Verbe de Dieu, dont la Parole indestructible est destinée à s’inscrire dans les cœurs et non sur la pierre ou un autre support. Que peut-il écrire qui va bientôt s’effacer ? Serait-ce des fautes et pas seulement celle de cette femme, mais aussi celles de ses accusateurs. C’est une version que l’on entend parfois. Ou alors écrit-il le nom de ses interlocuteurs ? Une note de la TOB mentionne cette possibilité. Il pourrait s’agir d’une illustration d’un passage du prophète Jérémie : Ceux qui s’écartent de moi, sont inscrits sur la terre (Jr 17, 13), le séjour des morts. En contraste avec ce que le Seigneur dit ailleurs dans l’Évangile de Saint Luc : « Réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ». Pourquoi nos noms sont-ils inscrits dans les cieux, sinon en raison de la miséricorde de Dieu. La miséricorde est bien le thème de nos lectures.

Ce matin, le terrible supplice et la sanction de la lapidation nous interpellent tous. Certains en ont peut-être vu des images. Nous le trouvons mentionné dans le Lévitique (20, 10) : « 10 Quand un homme commet l’adultère avec la femme de son prochain, cet homme adultère et cette femme seront mis à mort. » On ne parle pas de l’homme dans notre texte, peut-être courait-il plus vite que la pauvre accusée. Ce châtiment figure aussi dans le livre du Deutéronome, avec cette conclusion : « Tu ôteras le mal du milieu d’Israël. » Jésus s’est fait l’avocat de cette pauvre accusée, il aurait pu demander par exemple : « L’Écriture mentionne l’homme et la femme, où est l’homme ? ». Il avait peut-être couru plus vite que la pauvrette. L’Écriture ne manque pas d’exemples scabreux d’adultères, de pratiques abusives, même de faux témoignages. Ils nous viennent à la mémoire avec des tentatives de manipulation de la justice. Nous pensons à Joseph et à la femme de Putiphar, à David et à Bethsabée dont naquit Salomon, à Suzanne et à ses vieillards aux tristes figures, avec l’intervention de Daniel.

C’est le témoin portant l’accusation qui, selon la Loi, devait jeter la première pierre. Cette condition aurait certainement du retenir la main de potentiels accusateurs, le Seigneur la fait valoir pour défendre cette femme. Peut-être fait-il remonter dans les consciences des scribes et des pharisiens, le souvenir de leurs propres fautes. En tout cas, elles reviennent à leur mémoire et même eux, les défenseurs de la Loi se retirent. Il ne s’agit pas de minimiser une faute qui porte gravement atteinte à une alliance. Le mot adultère a disparu de notre législation civile depuis belle lurette et appartient, modérément, à la catégorie des motifs sérieux pouvant être invoqués lors d’une séparation. Pardonnez ces réminiscences de ma période juridique.

La première intention des Scribes et de ces Pharisiens était de prendre Jésus publiquement au piège dans le Temple. Déjà au chapitre 5 de saint Jean, nous avons lu cette semaine : « les Juifs cherchaient à le tuer, car non seulement il ne respectait pas le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu. » Il faut comprendre sous le nom de Juifs, ceux qui n’avaient pas voulu croire en Jésus, nous vous le répétons, pour que cela rentre bien dans les têtes. La question est bien que Jésus se fait l’égal de Dieu, car il l’est et cela ressort de sa dernière phrase : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » Seul Dieu peut pardonner les péchés. Remarquons qu’il le fait, qu’il pardonne dans la discrétion, lorsqu’il n’y a plus personne. Si La Loi qui révèle le péché, est immobile, et accusatrice, Jésus apporte la miséricorde et la réconciliation. Mais il appelle un mal un mal, et en cette matière il y a bien des pardons à demander, sans parler des prudences qui font suggérer par certains confesseurs de faire vérifier qu’il n'y a pas de maladies concomitantes.

En ce temps de carême, il n’est pas inutile de rappeler ce qu’est le péché, le non-amour, une sorte de vide de Dieu. Il n’y en a pas qu’un seul, d’ailleurs, LE péché. Les nouvelles traductions de la liturgie nous ferons dire les péchés du monde et plus le péché. Ecoutons le catéchisme, ce sera notre effort de carême :  (1849ss) C’est une faute contre la raison, la vérité, la conscience droite ; il est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu et envers le prochain, à cause d’un attachement pervers à certains biens. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine. Nous aurions peut-être tendance à le minimiser où à l’escamoter, pourtant Jésus a voulu vivre sa Passion pour nous donner ce pardon. C’est là que sa miséricorde va le vaincre, mais aussi là que le péché manifeste le mieux sa violence et sa multiplicité : incrédulité, haine meurtrière, rejet et moqueries de la part des chefs et du peuple, lâcheté de Pilate et cruauté des soldats, trahison de Judas si dure à Jésus, reniement de Pierre et abandon des disciples. Cependant, à l’heure même des ténèbres et du Prince de ce monde (cf. Jn 14, 30), le sacrifice du Christ devient secrètement la source de laquelle jaillira intarissablement le pardon de nos péchés. » « Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. » « J’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple. »

Le symbolisme de cette femme est très fort, parce qu’elle représente Israël, c’est un thème connu. Dieu est son époux, l’époux d’Israël et il part à sa recherche parce qu’elle est son unique épouse et qu’il l’aime. Pour manifester la condition d’Israël, il avait fait épouser une prostituée au prophète Osée. Celui-ci avait donné des noms terribles à quelques-uns de ses enfants. Il avait appelé une de ses filles « non-aimée », son deuxième fils « pas mon peuple »… C’est bien mystérieux et nous scandalise. Le Christ est l’époux de l’Église :  «L’Église est sainte mais non sans pécheurs». Une belle formule du Cardinal Journet qu’il fait bon de rappeler.

En ce temps de préparation à Pâques qui se rapproche, comment ne pas apprécier et nous laisser habiter par les paroles de Saint Paul, les vivre : « Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. » Tout cela pour que nous puissions redire et chanter sa louange.

Le dernier mot de Jésus est celui de la miséricorde. « Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne. » Amen.

 

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