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dimanche 13 avril 2025

Dimanche des rameaux et de la passion du Seigneur

 

 Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur (semaine II du Psautier) — Année C 13 avril 2025

Dimanche prochain  

Chers Frères et Sœurs, chers amis,

En entamant notre procession, nous avons chanté l’antiphoné des enfants : « Les enfants des hébreux portant des branches d'olivier, allèrent au devant du Seigneur en criant et en disant : Hosanna au plus haut des cieux. » Ils étendaient leurs vêtements sur le chemin… Vous sentez-vous des enfants en ce Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur ?

Quel contraste entre l’entrée de notre célébration et la lecture de la passion ! Quel mystérieux chemin avons-nous à parcourir pour accueillir pleinement le mystère du Christ. Le faisons-nous seulement dans quelques heures de popularité privilégiée où il parcourt Jérusalem, où il entre dans le Temple pour en chasser les vendeurs. Si vous avez parcouru le chapitre 19 de l’Evangile de Luc, vous aurez remarqué que Jésus pleure sur Jérusalem avant d’y entrer. Quant à nous, nous parcourons aussi un chemin étrange. Peut-être applaudissons-nous intérieurement à ce que nous avons reçu, à l’enseignement de Jésus. S’est-il transformé  en idéologie, en pure théorie ? Est-ce nous que nous applaudissons ? Notre chemin est-il son chemin ?  Où conduit-il ? S’agit-il seulement d’une dénonciation de ces vendeurs chassés du Temple ? N’est-ce pas à la Passion, au sacrifice, au don de lui-même.

Nous avons cette année le privilège de retrouver notre Bible de Moutier-Grandval. Certains d’entre nous avions pu la voir en 1981. Le temps passe très vite. En parcourant ses reproductions, je n’y ai pas retrouvé d’entrée triomphale à Jérusalem, mais certainement des aides pour notre célébration. Nous avons notamment un Christ en gloire entouré des 4 évangélistes et de 4 prophètes, mais nous notons aussi la présence de 4 arbres, je suppose 2 cèdres et 2 oliviers, voilà pour les rameaux. Sur une autre enluminure figurent toujours entre les 4 Evangélistes un lion, le lion de Juda qui reste à côté de l’autel. Il paraît presque saluer l’agneau qui y monte, l’agneau qui va s’y immoler.

Un lion ne se sacrifie pas. Il symbolise la force et la domination, c’est lui en quelque sorte que la foule acclame. Mais les deux, l’agneau et le lion sont présents dans le Christ qui donne sa vie pour nous. Il  vient donc dominer par l’amour et le don de lui-même. Son sacrifice est un acte d’amour. Quel est le plus courageux, et le plus important, l’agneau ou le lion ?

Les représentations habituelles de la victoire du Messie et de la restauration d’Israël ne cadraient pas du tout avec la mission de Jésus et son identité profonde. Qui l’avait comprise et acceptée ? Personne, je crois à l’exception de Marie à qui l’ange lui avait annoncé qu’un glaive de douleur lui transpercerait le coeur. Acceptons-nous aujourd’hui mieux que ses contemporains, le Messie qui va être crucifié ? Dieu qui meurt dans son humanité était autant incroyable et intolérable au monde judaïque qu’hellénique. Ils ne savent pas ce qu’ils font. Que de chemin parcouru dans les esprits,  les concepts et surtout les cœurs, avant de pouvoir arriver à cette formule d’un Concile (Constantinople II) « Celui qui a été crucifié dans la chair, notre Seigneur Jésus Christ, est vrai Dieu Seigneur de la gloire et un de la Sainte Trinité. »

Comment recevons-nous aujourd’hui son message non seulement dans nos esprits, mais  encore dans nos vies ? Le faisons-nous mieux que ceux qui après son entrée triomphale se moqueront de Jésus en croix? Nous interpelle-t-il aujourd’hui encore par sa souffrance silencieuse ou exprimée ? Est-ce que je le rejette ou ai-je le courage de le regarder comme un de ses compagnons  sur la croix? Est-ce que je pense arriver à trouver en lui et avec lui, une réponse et un accompagnement à ma propre situation ? Il est crucifié entre 2 brigands, n’en suis-je pas un, au moins un peu ? Il ne s’agit pas de chercher une réponse parmi d’autres qui fasse sens mais de rechercher et de trouver la réponse définitive et unique qu’il affirme pouvoir me donner. « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Jésus transforme l’arbre de la connaissance du bien et du mal, l’arbre de mort, en arbre de vie dont il est le fruit qui se donne.

Nous avons des illustrations de ce que peut provoquer la puissance ou l’illusion de puissance dans l’actualité de ces jours avec ses guerres de toutes nature. Ce qui est le plus important, n’est-ce pas l’agneau en moi avec la réponse que je  donne personnellement à « Celui qui a été crucifié dans la chair, notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu Seigneur de la gloire et un de la Sainte Trinité. ». Quelle est mon espérance ? Non pas en quoi, mais « en qui » est-ce que j’ai placé mon espérance ? Suis-je important en raison de mes connaissances, de mes performances, de mon âge, de ma bonne santé, des moyens technologiques que je maîtrise ? Ils seront dépassés demain. Est-ce que j’ai plus de valeur que ceux qui m’ont précédés et de ceux qui n’ont pas accès à la bourse ? Des variations des cours font trembler, mais avons-nous un intérêt à ce qu’il y a après cette vie, à ces moins qui deviennent des plus ? On y songe un peu plus en devenant de moins en moins performant. Quelle différence aussi entre moi, une personne humaine et une intelligence artificielle ? J’ai entendu quelque part qu’elles peuvent déjà quasiment mentir et cacher leur réponse jusqu’au moment le plus opportun. Cela me rappelle Pascal et ses controverses avec les Jésuites, mais aussi un de ses questionnements : Quel est le sujet qui nous importe le plus ? C’est celui du sens intégral de notre destinée, de notre vie, et de notre espérance, tendue vers d’un bonheur qu’il n’est pas interdit de concevoir comme éternel, mais que seul Dieu peut donner.

Une intelligence non naturelle peut me donner de belle réponses avec ce que dit le pape François par exemple : « Avec le Christ, aucune nuit n’est définitive, aucune chute n’est irréversible. La Croix est l’échelle vers la lumière. » C’est très beau et très juste, mais ce n’est pas un moyen technique qui monte vers la lumière, mais bien moi qui y suis appelé ; moi qui suis appelé à voir Dieu et à ressusciter, parce que je suis un homme et que Jésus est Dieu et homme, parce que j’ai un cœur et une âme, comme mon voisin et tous ceux que j’ai plus de difficultés à aimer. Quelles sont les pensées qui me viennent lorsque je vois les victimes de la guerre et tous ces employés en Asie, entassés dans des usines cousant et à travaillant pour nous? Notre espérance n’est pas qu’une consolation temporaire, elle doit nous aider à communiquer un peu de la lumière du Christ autour de nous. Elle doit nous aider à regarder chacun comme une personne à laquelle il s’adresse et que je verrai dans la lumière.

« Celui qui meurt avec le Christ, ressuscitera avec le Christ. Et la croix est la porte de la résurrection. Celui qui lutte avec Lui, triomphera avec Lui. C’est le message d’espérance que contient la croix de Jésus, exhortant à la force dans notre existence. » Être disciple du Christ, c’est être messager de l’espérance.

Amen !



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