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dimanche 17 août 2025

Qui est celle-ci?

 



En pays non-catholique, l'Assomption n'est pas nécessairement célébrée le 15 août, mais reportée au dimanche. Après avoir été au Carmel de Develier à la grotte Saint-Colombe avec les malades et dans le Jura Sud (Grand Chasseral), à Saint Imier et à Corgémont, l'icône est maintenant à Delémont... 

L'homélie a fini d'évoluer et de se reconstituer.

Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.

Chers Frères et Sœurs, chers Amis,

La Prophétie de Marie dans son Magnificat s'est réalisée et continue à le faire. 

L'image de l’Apocalypse frappe l’imagination. Qui est celle-ci qui monte du désert pour entrer dans la lumière ? Qui est celle-ci qui reflète la lumière du Christ et vient illuminer l’obscurité de nos nuits ? Qui est celle-ci qui vient nous aspirer vers le ciel ?

 Les Pères du Concile Vatican II nous ont laissé un texte magnifique sur la Vierge Marie, que j'aime relire avec vous aujourd'hui, alors que nous célébrons la fête de son Assomption dans la gloire du ciel. À la fin du document sur l'Église, le Concile dit ceci : « Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur (cf. 2 P 3, 10), elle brille déjà devant le Peuple de Dieu en pèlerinage comme un signe d’espérance assurée et de consolation. (cf. 2 P 3, 10) ». (Lumen gentium, n. 68).

Marie, que le Christ ressuscité a prise avec lui dans la gloire, corps et âme, resplendit comme icône d'espérance pour ses enfants en pèlerinage dans l'histoire. disait Léon XIV hier.

La souffrance et la mort n’ont plus de prise sur Marie. Aujourd’hui elle s’en va vers les hauteurs pour attirer vers elle tous ses enfants et  donner à son Fils des frères et des sœurs.

Qu’avons-nous à faire de l’Assomption de Marie ? Eh bien tout ! Nous avons tout à recevoir, car elle s’est donnée toute à Dieu, elle s’est faite notre avocate.

Marie a attendu pour rejoindre son Fils. Pourquoi ? Pour que l’Eglise née du côté de Jésus puisse faire ses premiers pas. Elle lui a appris et lui apprend à marcher comme elle a appris à Jésus à marcher. Marie est Mère du Christ, Mère de l’Eglise et Mère des hommes.

Aujourd’hui « tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l'Église en son, elle brille déjà comme un signe d'espérance assurée et de consolation pour nous qui sommes encore en pèlerinage » dit Vatican II. Oui ! Marie est un grand signe d’espérance pour nous. Aujourd’hui !

Le Christ est ressuscité, alors pourquoi Marie ne serait-elle pas entrée avec son corps dans la gloire ? Ne fallait-il pas qu’une femme avec son corps de femme y entre ? Dieu créa l’Homme, Homme et Femme il le créa et l’élève au plus haut des cieux. A quel âge est-elle partie ? 55, 60, 72 ans… Nul ne le sait exactement. Est-elle morte ? Est-elle entrée dans la gloire sans passer par là ? Le Pape Pie XII a laissé la question ouverte à cause d’un enfant.

La mort ne pouvait résulter en elle d’un désordre intime de son être. Elle est l’Immaculée, celle qui a été préservée dès le commencement de toute rupture humaine avec Dieu. Tout au contraire la mort ne pourrait  venir en elle que du désir d’être conformée à son Fils. Son corps, dont toutes les fibres n’avaient jamais cessé d’être présentes à la Vie qui était née d’elle- Son corps en lui une exigence de résurrection. Ainsi que son âme, en effet, il était tout ordonné à Jésus, dit Maurice Zundel.

Marie est toute centrée sur le Mystère du Christ, elle a vécu au plus profond d’elle-même sa passion.  On ne parle pas de martyre, de mort violente de Marie, parce qu’elle est morte au pied de la croix. L’idée est la même avec saint Jean. Il est le seul des Apôtres à ne pas être martyr.  Il est bon de nous le rappeler : Marie a participé intiment à ce qu’a vécu son Fils. Elle est présente aujourd’hui à ce qu’il vit dans son corps qui est l’Eglise. C’est le mystère de la compassion qui va plus loin que l’empathie contemporaine, si importante. Marie ne nous regarde pas à une certaine distance, en distribuant quelques miracles de temps à autres. Elle est avec nous sur les chemins de nos vies et de de nos familles, dans nos difficultés et nos joies comme elle l’était auprès de Jésus et de Joseph, auprès de l’Eglise naissante. La gloire de Marie, ça n’est pas un état de contemplation distante et souriante. C’est une plus grande proximité avec nous, en Dieu. Elle est Mère du Christ et Mère des Hommes, Mère de l’Eglise. Méditer sur l’Assomption de Marie, c’est mettre notre tête et  notre cœur dans les cieux, c’est nourrir notre espérance. L’espérance passe par la méditation des mystères glorieux du rosaire… Pour les anciens c’est particulièrement important.

Face à la tentation de nous conduire en invités suspicieux  du banquet du Royaume il faut oser y prendre place. Nous ne sommes pas des pique-assiettes, mais des invités, plus encore, des fils et des filles de Dieu. Il faut oser inviter à la table du Seigneur. Nous sommes invités avec Marie à revêtir notre habit de noces, le Christ ressuscité, à revêtir notre corps de gloire, notre corps de ressuscité. Comment faire en sorte alors que ce signe lumineux d'espérance soit mieux perçu par nous tous et par la société d'aujourd'hui? Benoît XVI disait : « Aujourd'hui, il y a  des personnes qui vivent comme si elles ne devaient jamais mourir ou comme si tout devait finir avec la mort; certains agissent en pensant que l'homme est l'unique artisan de leur destin, comme si Dieu n'existait pas, en arrivant parfois même à nier qu'il y ait une place pour Lui dans notre monde. Seule l'ouverture au mystère de Dieu, qui est Amour, peut étancher la soif de vérité et de bonheur de notre cœur ! Nous devons aimer comme lui. » L’urgence n’est-elle pas de mettre la lumière de l’amour dans notre cœur ?

L’Assomption de Marie est un grand signe d’espérance pour nous tous, pour chacun de nous lorsque nous sentons dans son corps que le temps passe, avec l’âge, la maladie, les difficultés. Demandons ensemble la grâce de pouvoir apporter de la consolation et un peu de lumière autour de nous avec Marie en nous aimant les uns les autres. Elle est avec nous ! Nous sommes « programmés » par notre baptême, avant tout pour ressusciter avec le Christ et à entrer dans la gloire avec Marie !

Nous te saluons, ô toi Notre Dame  Marie Vierge Sainte que drape le soleil
Couronnée d'étoiles, la lune est sous tes pas  En toi nous est donnée, l'aurore du salut. Amen 

dimanche 10 août 2025

"Tu nous appelais à la gloire " (Sg 18, 9) Estime de soi et estime du Christ en soi.

 


10 août 2025

 19èe dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) — Année C

 
 

Lectures de la messe

Chers frères et sœurs,

Attente, persévérance, patience, espérance et confiance, sont les mots qui nous viennent à l’esprit après ces lectures.

Le Seigneur nous invite avec force ces états intérieurs, la vie dans le Christ nous demande de la vigilance et de l’endurance : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. » Pourtant nous sommes en vacances. Il nous demande de veiller. « Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. »

Allez vous veiller ? Nous le faisons peut-être pour des motifs festifs en cette période de l’année… Les veilles festives ne manquent pas, mais plutôt dans le Nord. Dans le Sud, vous avez la réputation d’être plus sages et je crois avoir conservé cet usage. Les  années qui passent nous y invite plus facilement, mais pas toujours.

Le Seigneur nous demande plutôt de veiller à l’image de ce  que nous rapporte le livre de la Sagesse : Il nous rappelle la veillée du Peuple de Dieu avant de quitter l’Egypte. Les hébreux attendaient leur libération et la passage de la mer Rouge. Cette préparation et le passage de la mer rouge nous annonce le baptême. Par le baptême nous sommes libérés et sauvés, rachetés dans le Christ pour marcher à sa suite vers la Terre Promise. La Terre Promise, la Patrie définitive, c’est bien sûr le ciel et la vie éternelle. Ce thème et cette symbolique traverse les commentaires des anciens auteurs spirituels de l’Eglise, les Pères de l’Eglise.

La traversée du désert, la marche vers la terre promise ne se fait pas sans difficultés, à la suite du Christ et à sa manière. Par notre baptême et par l’Esprit, nous avons reçu sa marque en nous, le baptême est un sacrement qui imprime en nous, dans notre âme, une marque, ce qu’on appelle un caractère spirituel. Avec le pain eucharistique la nourriture pour notre voyage. Le Christ veille sur nous, avec nous et en nous. « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine. », nous a dit le psaume.

La lettre aux Hébreux met en valeur la foi qui permet la vie avec Dieu, dans une sorte d’obscurité. La foi permet d’être en communion avec le Seigneur et pour ainsi dire de toucher de Dieu, spirituellement, de tenir sa main, comme un enfant dans le noir, qui agrippe la main de sa maman ou de son papa. La foi permet la transmission de la vie de Dieu qui est amour. Par la foi, dans mon cœur, je suis en communion avec le Seigneur, même dans les situations les plus pénibles et il me permet d’avancer.

Vous y avez peut-être été attentifs nous sommes cette semaine en pleine période d’observations des étoiles filantes,  les perséides. La nuit du 12 au 13 août s’annonce particulièrement propice aux observations, malgré la pleine lune.

Notre vie de foi mentionnée par la lettre aux Hébreux pourrait être comparée à cette nuit parsemée de signes de la présence de Dieu. La lumière de la lune, est souvent comparée à la Vierge Marie. Elle est aussi là. Ces étoiles sont non seulement un signe de présence mais aussi une promesse de vie et de fécondité attachée à notre fidélité. Mes actes d’amour allument pour ainsi dire une étoile dans le ciel de Dieu.

Le Pape Léon dans son audience générale de mercredi, nous a dit que nous sommes invités à “préparer la Pâque” du Seigneur, à faire de notre vie une préparation de la Pâque  que nous célébrons tous les jours. Chaque geste de disponibilité, chaque acte gratuit, chaque pardon offert à l'avance, chaque effort accepté patiemment est une manière de préparer un lieu où Dieu peut habiter et donc de pouvoir avancer avec nous. Cette Pâque, que les disciples doivent préparer, est en réalité déjà prête dans le cœur de Jésus. C'est Lui qui a tout pensé, tout disposé, tout décidé. Cependant, il demande à ses amis de faire leur part. Cela nous enseigne quelque chose d'essentiel pour notre vie spirituelle : la grâce n'élimine pas notre liberté, mais la réveille. Le don de Dieu n'annule pas notre responsabilité, mais la rend féconde.

Préparer la Pâque est difficile mais nous ne pouvons éluder cette préparation. La vie nous le rappelle par elle-même. Avec notre baptême, nous n’avançons pas dans notre désert sous narcose. Les chemins sont divers. Nous fêtions hier, une Sainte Carmélite martyre et copatronne de l’Europe  Edith Stein, Thérèse Bénédicte de la Croix. Elle est morte à Auschwitz. Je vous cite quelques mots d’elle :  « la foi au Crucifié — la foi vive, celle qui s’accompagne du don aimant de soi —, cette foi est pour nous l’accès à la vie et le début de la gloire future ; c’est pourquoi la croix est notre unique titre de fierté. » « Pour nous, cette vie n’atteindra sa plénitude qu’au jour de la Gloire. Nous y participons cependant, dès maintenant — « dans la chair » —, dans la mesure où nous croyons. » Les chemins sont divers dans une convergence et une unité mystérieuse. En faisant mes lectures du temps de Covid, j’ai rencontré Etty Hillesum, une jeune juive juriste, passée en psychologie jungienne. Je n’aurais pas dit Santo Subito, mais à ma grande surprise, j’ai découvert au bas d’une petite note, que c’est elle qui avait mentionné le nom d’Edith Stein et de sa sœur dans le registre d’arrivée du camp de départ pour la mort. Elle y partira, elle aussi peu après. Les chemins de Dieu sont mystérieux. Mieux vaut être prêtre prudent et éviter les jugements péremptoires sur les parcours. Dieu seul connaît son chemin dans les cœurs et veut que tous les hommes soient sauvés et qu’aucun ne se perde.

QU’est-ce que croire ? Croire ce n’est pas  démontrer que l’on connaît par cœur les articles du credo, mais nous avons besoin d’un GPS spirituel. Croire c’est adhérer à un mystère et en vivre. Le mot foi vient d’un mot latin fides qui signifie confiance, avoir confiance en quelqu’un. Les adultes se serrent la main. La poignée de main est un geste de salutation et de bienvenue, pour exprimer la paix, la confiance, et l'amitié. Son origine remonte à l'Antiquité, où, nous dit-on, elle servait à montrer qu'on était désarmé et qu'on n'avait pas l'intention de nuire. Un père ou une mère ne peuvent pas vouloir nuire à leurs enfants, ils les prennent par la main pour leur apprendre à marcher sur les chemins de la vie et les rassurer. Mais si le Christ est au-dedans de nous, il peut prendre aussi le visage de quelqu’un que nous ne connaissons pas. Il est au-dedans de lui et au-dedans de nous. Il y a un mystère de communion et du Christ qui veut être tout en tous. Je cite encore Zundel en conclusion : Nous devons supplier la Trinité de s’emparer de toutes les fibres de notre être, pour qu’il soit le sacrement de Dieu. Avec quelle joie nous pourrons nous perdre dans la tendresse de Dieu en nous… Toujours fidèles à l’appel, nous deviendrons nous-mêmes un mystère de foi, une hostie, un fils de Dieu et nous ne pourrons plus nous aimer qu’à cause de lui et non à cause de nous. C’est pour cela qu’il faut être veilleurs.

En psychologie, on parle volontiers et avec raison, de soi et d’estime de soi, il ne faut pas jutifier et accepter de se laisser démolir gratuirement, mais il faut encore moins oublier l’estime du Christ en soi et dans l’autre. Le Christ est au-dedans de nous. Le suivre sur son  chemin de croix et notre chemin de foi n'est pas appeler le mal bien et le bien mal.

Il est là pour faire alliance avec nous jusque là.

Nous pourrons retenir cette image et demander à Notre-Dame d’être à nos côtés pour nous aider dans notre marche et veiller avec nous. Amen.


dimanche 3 août 2025

Les Temps Modernes ? Le Temps de l'Espérance.

 



3 août 2025

 18ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine II du Psautier) — Année C

Lectures de la messe


Chers frères et sœurs, chers amis,

Vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau pour vous conformer à l’image de votre Créateur, vous avez à vous renouveler sans cesse en vue de la pleine connaissance, afin que le  Christ soit tout, et en tous. J’aimerais vous proposer une petite homélie de vacances, pour vous éviter de la fatigue. Et voilà que saint Paul nous propose un  mouvement perpétuel jusqu’à ce que le Christ soit tout en tous

Le Seigneur dans l’Evangile nous invite à ne pas nous laisser hypnotiser par un grenier ou un frigo plein et nous reposer dans une perspective de vacances spirituelles. Nous avons été créés pour beaucoup plus, pour la vie en Dieu et avec Dieu. Il s’agit donc bien d’une construction spirituelle.

Le repos est bien la finalité des vacances. Mais pour notre vie avec Dieu, qu’en est-il ? En langage mystique il existe une belle expression le repos en Dieu. De quoi s’agit-il ? il faut dire adieu aux prières discursives et aux raisonnements théologiques, même à l’enchaînement de dizaines de chapelets. Le Seigneur à un moment fait tout le travail. La contemplation est silencieuse, souvent comparée au sommeil amoureux dans le Cantique des Cantiques. L’âme est "en" Dieu, et Dieu est "en" elle. Saint Benoît dit que le chemin de l’union à Dieu passe par la prière et le travail. Mais que si un frère est pris dans sa prière il ne faut pas le déranger. Il est seul avec le seul qui est en lui.

Les lectures d’aujourd’hui nous le rappellent sans conteste, tout est vanité nous dit l’Ecclésiaste. Le Seigneur nous met en garde contre une suractivité qui nous dissimule la finalité de notre vie.  

Dieu réveille ce propriétaire de l’Evangile   : ‘Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?’ Ce riche pauvre, pauvre de Dieu a oublié un élément important : le but de notre vie n’est pas dans la consommation et la contemplation de ce que nous avons accumulé, mais dans notre rencontre avec Dieu et notre vie en lui.

Le temps qui nous est donné pour nous reposer et nous mettre en retrait de nos activités habituelles, nous donne l’occasion de bilans personnels. Nous calculons peut-être l’état de nos finances, le nombre de nos années avant la retraite. Après, peut-être faites-vous comme moi en vous demandant : comment est-ce que je peux encore rendre service ? Puis vient une incise supplémentaire : Et si je me mettais à penser à Dieu ? Car finalement, ce que nous vivons a un but et un sens. Quelles sont les valeurs que je poursuis ? Quelle est mon espérance ? Tout cela me dépasse tellement que celui qui en est à l’origine ne peut être que très grand et très présent. Le Seigneur nous dit qu’il est devenu l’un de nous, un homme comme nous. Ce que nous vivons a une correspondance, un répondant en lui, c’est une porte de Dieu en nous. Pardon pour le rapprochement, mais il n’est pas question de méditer uniquement devant la porte d’un garde-manger ou d’un frigo plein.

Toutefois, les nouvelles du 1er août nous ont donné bien des inquiétudes. De mon enfance au collège des Pères du Saint-Esprit, au Bouveret, au bord du Léman, j’ai gardé le souvenir de Charly Chaplin. Il s’était assis sur un banc près du débarcadère et il regardait pensivement la côte d’en face avec Vevey où il habitait, ou plutôt Corsier-sur-Vevey. Vous avez peut-être en mémoire son dernier film comme acteur : Les Temps Modernes, de 1936, consacré aux problèmes économiques de l’époque. Il avait en particulier dénoncé le travail à la chaîne, ce qui avait fâché. Gagner son pain est un souci, surtout lorsque nous entendons les mauvaises nouvelles des actualités. Votre inquiétude est aussi la mienne. J’ai des souvenirs de ma grand-mère à Tramelan à cette époque. Pourtant le Seigneur, en un temps qui n’était pas doté de notre technologie, et de nos standards de vie, incite ceux qui l’entendent à faire confiance à leur Père des cieux. Il envoie ses disciples sur les routes, pour annoncer la bonne nouvelle. Ils doivent dire à ceux qu’ils rencontrent que leur Père est avec eux  et en eux.

Il ne s’agit pas seulement de fabriquer des choses, même géniales, qui se vendent, mais de participer à l’œuvre du créateur, pour donner un sens à leur vie et découvrir celui qui habite en eux et veut leur parler. Il s’agit de découvrir Dieu présent en moi et qui agit en et par moi. Il est en moi, dans les autres et dans la création. Cette rencontre avec lui est première. Une des questions aujourd’hui est celle de la transmission de la foi. Apprendre un métier oui, mais trouver et donner du sens à sa vie en fonction de notre place dans l’univers visible et invisible est tout aussi important. On ne peut plus jeter aux oubliettes comme il y a 50 ans, la vie spirituelle. Même la création interpelle : une simple visite à l’expo du CERN, m’avait interpellé il y a quelques années. Comment un monde qui a commencé si petit, surgi tout à coup et si  complexe... peut-il avoir abouti à ce que nous soyons là maintenant. Lancer un bloc-note en l’air suffit-il pour le rattraper avec un de ces algorithmes magiques  qui donnent les intelligences artificielles d’aujourd’hui? Elles fascinent et inquiètent… mais sont sans intelligence du coeur, froides et sans âmes bien que très polies. Cela fait   penser aux temps modernes de Chaplin, même s’il faut évoluer avec son temps. Avons-nous suffisamment confiance en nos capacités de résiliences ? De résilience spirituelle aussi. Sommes-nous à l’écoute de Dieu qui est en nous ?

L’attrait pour le religieux est-il pas le premier de nos soucis? Il est l’ultime. Pourquoi ne pas y songer plus tôt ou y faire songer ? Le Seigneur a besoin d'ouvriers, il a besoin de vous. Il a besoin de prêtres.  Nous avons célébré les funérailles d’un confrère africain à Delémont voici 2 semaines. Il y a la meilleure des justifications : les vacances nécessaires et le ministère. Mes confrères du Jura Pastoral sont épuisés par le ministère. Je me suis retrouvé sur 14, le seul prêtre qui n’était pas d’origine africaine…  Cela peut donner à penser à des urgences. Appelez vos jeunes au service du Christ!

Un des jeunes hier soir a posé une question au pape Léon hier soir : Nous sommes attirés par la vie intérieure, même si, à première vue, nous sommes perçus comme une génération superficielle et irréfléchie. Au plus profond de nous-mêmes, nous nous sentons attirés par le beau et le bien, sources de vérité. La valeur du silence, comme lors de cette Veillée, nous fascine, même si parfois elle inspire la peur par un sentiment de vide. Saint-Père, je voudrais vous demander : comment pouvons-nous véritablement rencontrer le Seigneur ressuscité dans nos vies et être sûrs de sa présence, même au cœur des épreuves et des incertitudes ? Comment y répondriez-vous? Notre-Dame de la Saint Espérance priez pour nous.