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dimanche 23 juillet 2017

L'ivraie et le bon grain



23 JUILLET 2017 -  16ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Première lecture« Après la faute tu accordes la conversion »Sg 12, 13.16-19
PsaumeToi qui es bon et qui pardonnes,
écoute ma prière, Seigneur.Ps 85 (86), 5-6, 9a...
Deuxième lecture« L’Esprit lui-même intercède par des gémissements inexprimables »Rm 8, 26-27
Évangile« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson »Mt 13, 24-43


Frères et Sœurs,

Les paraboles de notre Evangile nous ont valu au moins un terme qui a passé dans la langue française, c’est celui de zizanie qui a pour origine le mot grec utilisé pour l’ivraie, la plante semée par l’ennemi. Cette herbe comme vous ne l’ignorez pas est difficile à critiquer aujourd’hui puisqu’elle constitue l’essentiel des pelouses de terrain de foot et de lieux de détente de notre époque confortable. Dans notre littérature grand public, nous la rattachons volontiers à une bande dessinée bien connue.
Semer la zizanie, c’est semer la discorde. Comment y parvenir ? Une certaine forme de journalisme utilise par exemple des méthodes professionnelles qui ont fait leurs preuves, utilisées aussi en politique et qui n’ont pas besoin d’être énumérées. L’Eglise n’est pas à l’abri, il suffit de toucher à certains thèmes pour faire tourner en vinaigre les meilleurs crus et douter du rôle central de la charité.
Se focaliser sur la zizanie n’est pas une bonne solution et n’en apporte aucune. Un peu comme les nouvelles des grands journaux qui nous mettent le moral dans les talons… Il ne faut toutefois pas désespérer et recherche le bien avant tout.
« La parabole du bon grain et de l’ivraie, affronte le problème du mal dans le monde et souligne la patience de Dieu (cf. Mt 13, 24-30.36-43). » nous disait le pape François dans un commentaire. Il fait remarquer que le mot ivraie, dérive, en hébreu, de la même racine que le nom «Satan» et qu’il rappelle le concept de division.
Cette lutte a lieu d’abord au-dedans de nous. Les paisibles graminées ne mènent d’ailleurs pas une vie tranquille. Ils ont tout un arsenal chimique qui leur est propre pour se défendre, et aussi d’autres moyens. Le blé qui est bas sur tige maintenant poussait plus vite et plus haut que les mauvaises herbes pour les étouffer autrefois. Pour la vie dans le Christ, nous sommes contraints de rester au naturel avec l’aide de la grâce, ce qui ne va pas sans difficultés. Elle nous fait pousser plus vite et plus haut pour nous assurer une bonne récolte pour le royaume. Mais combien de foi n’aurions-nous pas envie de tirer sur la tige pour que tout aille plus vite. Tout jardinier sait que ce n’est pas une solution.
Il ne faut pas se le cacher, il y a une vraie bataille qui se livre en nous et dans la société. Pourquoi Dieu le permet-il ? Les saints, dont Brigitte de Suède fêtée aujourd’hui, disent que c’est pour nous faire grandir et donner une moisson de qualité. Dieu tire du mal un plus grand bien.
Pourquoi ne pas se rapporter au catéchisme qui nous rappelle que notre vocation  est la vie dans l’Esprit. La vie dans l’Esprit Saint accomplit la vocation de l’homme, elle est faite de charité divine et de solidarité humaine. Si elle est gracieusement accordée comme un salut, nous ne pouvons pas négliger la difficulté de notre collaboration. Elle nécessite bien souvent un travail que nous considérons comme titanesque.

Le bon grain, c’est la grâce mystérieuse répandue par la parole qui fait porter un fruit abondant avec ces instruments indispensables que sont les vertus humaines, prudence, justice, force et tempérance et les vertus théologales foi, espérance et charité. Elles permettent de vivre les béatitudes, c’est dire qu’il ne s’agit pas d’une production facile. Cette culture mystérieuse nécessite aussi les 7 dons du Saint-Esprit : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu.  
Il est toujours bon de retourner à ses fondamentaux en vacances surtout.
Ce combat se réalise également dans le champ de la politique sujet à tant d’interrogations, d’incertitudes et même de dégoût. A Dieu seul au final, il reviendra de faire un discernement.
« La politique, disait saint Jean-Paul II après la chute de l’ancien monde (1992), devient (parfois) une « religion séculière » qui croit bâtir le paradis en ce monde. Mais aucune société politique, qui possède sa propre autonomie et ses propres lois (55), ne pourra jamais être confondue avec le Royaume de Dieu. La parabole évangélique du bon grain et de l'ivraie (cf. Mt 13, 24-30. 36-43) enseigne qu'il appartient à Dieu seul de séparer les sujets du Royaume et les sujets du Malin, et que ce jugement arrivera à la fin des temps. En prétendant porter dès maintenant le jugement, l'homme se substitue à Dieu et s'oppose à la patience de Dieu. » Si vous en avez l’occasion, je me permets de vous conseiller pour ceux qui en ont le temps, un petit ouvrage d’Agnès Brot, Giorgio LA PIRA, un mystique en politique chez DDB. Ce maire de Florence qui vécut toujours comme un pauvre et les aidait sans cesse, nous montre par sa vie que rien n’est impossible, même en Italie et peut-être chez nous. Un Abbé olivétain de Florence nous avait raconté, il y a bien longtemps qu’il aidait tellement les pauvres qu’il donnait les vêtements qu’il avait sur lui. Un de ses amis avait trouvé un « truc ». Il lui prêtait par exemple un veston et il ne pouvait donc plus le donner, si ce n’est par erreur.
La patience de Dieu, nous pouvons la demander pour nous d’abord. Le cher saint François de Sales, nous dit à  propos du manque de patience (traité de l’Amour de Dieu) « Certes, Ami de Dieu, la colère est un serviteur qui étant puissant, courageux et grand entrepreneur, fait aussi d’abord beaucoup de besogne; mais il est si ardent, si remuant, si inconsidéré et impétueux, qu’il ne fait aucun bien qu’habituellement il ne fasse en même temps plusieurs maux. Or, ce n’est pas bon ménage, disent nos gens des champs, de tenir des paons en la maison; car encore qu’ils chassent les araignées et en défont le logis, ils gâtent toutefois tant les toits, que leur utilité n’est pas comparable au dégât qu’ils font. » Vous me direz que de temps une bonne colère cela nous fait du bien… Comme pour un feu le problème est de l’éteindre et qu’elle est rarement sainte.

Que Notre-Dame vienne à notre aide sur notre chemin de foi et de patience. Amen.

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