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jeudi 6 août 2015

La Transfiguration du Seigneur


L’ancien pape Benoît nous dit dans son Jésus de Nazareth, que la Transfiguration eut lieu à l’époque de la fête des Tentes, ce qui explique les paroles de Pierre. La fête de la Transfiguration est entrée récemment dans la liturgie occidentale par les moines de Cluny qui tinrent longtemps militairement la montagne de la Transfiguration en Terre Sainte. C’était une fête orientale. Rappelons que les iconographes traditionnellement écrivent en premier lieu une icône de la Transfiguration pour que la lumière qui en émane éclaire le travail de toute leur vie.
Quel contraste entre la lumière qui sort du visage du Christ et éclaire les Apôtres, Moïse et Elie ainsi que le chemin qui va le conduire à Jérusalem et cette date entrée dans l’histoire récente en raison d’une abomination voulue par les hommes, la lumière aveuglante et destructrice de cette fameuse bombe qui détruisit en un moment plus de 70.000 personnes, sans compter les victimes qui moururent des conséquences de cet acte de guerre. D’un côté, le Fils de Dieu va donner sa vie pour que le monde soit sauvé, d’un autre une décision prise pour un motif plus politique que stratégique, d’après ce qu’on lit.
Sur le site de l’Abbaye de Scourmont en Belgique, Dom Armand Veilleux nous dit ceci « Dans la nouvelle cathédrale de Tokyo, au Japon, on peut voir un crucifix tout à fait surprenant.  Il n’a pas de bras et tout le corps est calciné.  Il ne s’agit pas d’une œuvre d’art, même si la cathédrale est très moderne (et qu’il y a un autre crucifix très moderne au-dessus du maître autel). Il s’agit d’une œuvre d’horreur.  C’est le crucifix qui pendait au-dessus du maître autel dans la cathédrale de Hiroshima, le 6 août 1945 lorsque la première bombe atomique est tombée sur la ville.  Ce crucifix abîmé et calciné demeure un rappel de ce que l’homme est capable de faire à l’homme, un rappel de la façon dont nous sommes capables de traiter l’image de Dieu présente en chacun de nos frères. »
Nous devons avant tout nous tourner par la foi vers le visage de celui qui a été transfiguré. Il éclaire la route de nos vies.
A l'époque actuelle imprégnée de ce que l'on appelle la "civilisation de l'image", disait saint Jean-Paul II en l’an 2000, le désir de pouvoir contempler la figure du divin Maître se fait plus aigu, mais il est opportun de rappeler ces paroles:  "Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru" (Jn 20, 29). Ce fut précisément en regardant avec les yeux de la foi le visage adorable du Christ, vrai homme et vrai Dieu, que vécut le vénéré et inoubliable Paul VI. En le contemplant avec un amour ardent et passionné, il dit:  "Le Christ est beauté:  beauté humaine et divine, beauté de la réalité, de la vérité, de la vie" (Insegnamenti, IX/1971, 36). Et il ajoutait:  "La figure du Christ présente, sans altérer l'enchantement de sa douceur miséricordieuse, également un aspect grave et fort, formidable, si vous voulez, contre la lâcheté, les hypocrisies, les injustices, les cruautés, mais jamais séparé d'une irradiation souveraine d'amour" (ibid., p. 56).


Du bienheureux Paul VI mort le 6 août 1978 en la fête de la Transfiguration : (Il avait composé ce texte qu’il n’avait pu prononcer).

La Transfiguration du Seigneur, rappelée dans la liturgie du jour jette une lumière éblouissante sur notre vie quotidienne et nous invite à tourner notre pensée vers le destin immortel que le fait en lui-même recouvre. Sur la cime du Thabor, le Christ dévoile pour quelques instants la splendeur de sa divinité, et se manifeste aux témoins choisis tel qu'il est réellement: le Fils de Dieu, "l'irradiation de la gloire du Père et l'empreinte de sa substance" (cf. Hb 1, 3). Il découvre également le destin, transcendant de notre nature humaine, qu'il a assumée pour nous sauver, destinée elle aussi, parce que rachetée par son sacrifice d'amour irrévocable, à participer à la plénitude de la vie, à l'héritage des saints dans la lumière" (Col. 1, 12). Ce corps qui se transfigure devant les yeux stupéfaits des apôtres, est le corps du Christ notre frère, mais il est aussi notre corps destiné à la gloire. Cette lumière qui l'inonde est et sera aussi notre part d'héritage et de splendeur. Nous sommes appelés à partager une si grande gloire parce que nous sommes "participants de la nature divine" (2 Pier 1, 4). Une destinée incomparable nous attend si nous vivons loyalement notre vocation chrétienne selon les conséquences logiques des engagements de notre baptême.

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