Remarquons un élément particulier dans ce commentaire du pape François. Pie XI avait instauré en 1925 la solennité du Christ-Roi (Quas Primas) en la plaçant le dimanche avant la fête de Tous les Saints (La Toussaint), pour manifester la souveraine autorité du Christ sur les instiutions et sur les hommes, face au progrès de l'athéisme et de la sécularisation de la société. Le phénoméne est encore en marche, sous d'autres formes institutionnelles parfois, mais pas toujours.
La fête avait été placée à la fin de l'année liturgique lors de la réforme de Vatican II pour mettre l'accent sur le retour du Christ à la fin des temps et au jugement dernier (cf Martimort l'Eglise en Prière).
L'élément curieux est que le pape François ne fait aucune allusion à ce retour du Christ et à l'eschatologie pour mettre l'accent sur la souveraineté réelle du Christ aujourd'hui, mais différemment de ce que le monde veut. On penserait presque à une sorte de "régression". Ou alors s'agit-il de ne pas insister sur le jugement dernier en raison de l'année de la miséricorde toute proche.
Traduction privée :
Le Pape François – Angelus - Place Saint-Pierre
Dimanche, 22 Novembre 2015
Chers frères et sœurs, bonjour!
En ce dernier dimanche de l'année liturgique, nous célébrons
la solennité du Christ Roi. L'Évangile d'aujourd'hui nous fait contempler
comment Jésus se présente à Pilate en tant que roi d'un royaume « qui
n’est pas de ce monde» (Jn 18:36). Cela ne signifie pas que le Christ est le
roi d'un autre monde, mais qu’il est roi d'une autre manière, et pourtant il
est roi dans ce monde. C’est un affrontement entre deux logiques. La logique du
monde repose sur l'ambition, la compétition, les combats avec les armes de la
peur, du chantage et de la manipulation des consciences.
La logique de l'Evangile, qui est la logique de Jésus,
s’exprime plutôt par l'humilité et l'abnégation, elle s’affirme
silencieusement, mais efficacement, avec la force de la vérité. Les royaumes de
ce monde sont parfois construits sur l'arrogance, la rivalité, l'oppression; le
royaume du Christ est un «royaume de justice, d'amour et de paix» (Préface).
Comment Jésus lui-même s’est-il révélé comme roi? Dans l’événement de la
Croix! Qui regarde la Croix du Christ ne peut manquer de voir la surprenante
gratuité de l'amour. Certains d'entre vous peuvent dire :
"Mais, Père, cela a été un
échec." C’est proprement l'échec du péché - le péché est un échec - l'échec
des ambitions humaines, c’est le triomphe de la Croix, c’est le don gratuit de
l'amour. Dans l'échec de la Croix, nous voyons l'amour, cet amour qui est
gratuit, que Jésus nous donne. Parler de puissance et de force, pour le
chrétien, cela signifie se référer à la puissance de la croix de Jésus et à la
puissance de l'amour: un amour qui reste ferme et intègre, aussi en face du
refus, et qui apparaît comme
l'accomplissement d'une vie donnée,
dans l'offrande totale de soi en faveur de l'humanité. Sur le Calvaire,
les passants et les chefs se moquent de Jésus cloué sur la croix, et lancent ce
défi: «Sauve-toi, toi-même et descends de la croix» (Mc 15,30). «Sauve-toi, toi-même!". Mais, paradoxalement, la vérité de Jésus est proprement celle
qui se manifeste dans les moqueries et les injures de ses adversaires: « Il ne peut pas se
sauver lui-même! » (V. 31). Si Jésus était descendu de la croix, il aurait
succombé à la tentation du prince de ce monde; au contraire, il ne veut pas se
sauver précisément dans le but de sauver les autres, parce qu'il a donné sa vie
pour nous, pour chacun de nous. Dire : "Jésus a donné sa vie pour le
monde", c’est vrai, mais il est plus beau de dire: "Jésus a donné sa
vie pour moi." Et aujourd'hui, sur la place, chacun de nous, peut dire
dans son cœur: "Il a donné sa vie pour moi ", pour être en mesure de
sauver chacun de nous, de nos péchés.
Et qui l’a compris? L’un des deux criminels qui sont crucifiés avec lui, l’a
compris, celui qui est appelé le "bon larron", qui le supplie: "Jésus,
souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume" (Lc 23,42).
Mais celui-là était un malfaiteur, c’était un corrompu et
c’était un condamné à mort à cause de la brutalité dont il avait fait usage
pendant sa vie. Mais il a vu dans l'attitude de Jésus, la douceur de l'amour de Jésus. Et ceci est
la force du règne du Christ : c’est l’amour. Pour cette raison, la royauté
de Jésus ne nous opprime, mais nous libère de nos faiblesses et de nos misères,
nous encourageant à suivre les chemins de la bonté, de la réconciliation et du
pardon.
Regardons la croix de Jésus, regardons le bon larron et
disons tous ensemble, ce qu’il a dit au bon larron : "Jésus, souviens-toi de
moi quand tu viendras dans ton royaume."
Tous ensemble: "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans
ton royaume." Demandez à Jésus, quand nous nous voyons faibles, pécheurs,
vaincus, de le regarder et de lui dire: "Tu es là. Souviens-toi de moi! ".
Face à tant de larmes dans le monde et de trop de blessures
dans la chair des hommes, nous demandons à la Vierge Marie de nous soutenir
dans nos efforts pour imiter Jésus, notre Roi, en rendant présent son règne
avec des gestes de tendresse, de compréhension et de miséricorde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire