L'Avent : Marie, signe de l'attente
Edith Castel
Après Jean-Baptiste, poursuivons notre marche vers la fête
de la Nativité en compagnie de Marie. Une méditation à partir de l’icône
utilisée par l’Église Byzantine durant le temps de l’Avent, l’icône de la
Vierge du Signe ou « Platytera », ce qui signifie, en grec, le « large espace
du Verbe ».
L’icône est une « une image inspirée par la foi et la
méditation de l’Église » lorsqu’elle rumine, dans la prière, la vie du Sauveur,
de la Mère de Dieu et des Saints. A travers leur image, ce sont les Personnes
que l’Église vénère et non pas l’image en soi. Méditation en Église de
l’Écriture Sainte, « l’écriture » de l’icône (icono-graphie) obéit à des canons
précis : formes, couleurs, gestes, attitudes, tailles des personnages, éléments
du visage, composition du paysage... Tous ces éléments sont destinés à
visualiser les réalités théologiques et à incarner une présence spirituelle.
La tradition orthodoxe vénère Marie comme Mère de Dieu,
selon le titre que lui a donné le Concile d’Éphèse en 431. Dans l’iconographie
byzantine, Marie est toujours représentée avec l’Enfant Jésus : c’est en effet
l’image même de l’Incarnation, puisque la gloire spécifique de Marie est
d’avoir enfanté le Fils de Dieu. C’est ce que dit l’Évangile selon Saint Luc :
« L’ange dit à la jeune fille : ‘Voici que tu concevras et tu enfanteras un
fils... Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut... » Luc 1,31-32.
D’ailleurs l’évangile ne la sépare jamais de son fils, y compris lorsque Luc
nous dit, par deux fois, qu’elle « méditait toutes choses en son cœur » après
la visite des bergers et après avoir retrouvé Jésus au Temple.
Sur cette icône dite « Vierge du Signe », Marie, la Mère de
Dieu, est reliée à la prophétie de l’Emmanuel dans le chapitre 7 du prophète
Isaïe. « Voici que la jeune fille est enceinte, elle enfantera un fils, et elle
l’appellera du nom d’Emmanuel ». La vierge apparaît sur fond d’or, symbole de
la Lumière divine, délimité par un carré rouge symbole de la terre. Deux
symboles pour une réalité théologique : en concevant le Fils de Dieu, Marie
réunit le ciel et la terre. La couleur pourpre de son vêtement dit qu’elle est
Mère du Roi car dans l’Antiquité, la pourpre était l’apanage de l’empereur. Son
manteau est frappé de trois étoiles d’or, deux sur les épaules et une sur le
front, en signe de la virginité vécue avant, pendant et après la conception de
Jésus ; ou, et c’est une autre interprétation symbolique, en signe de son lien
privilégié avec la Sainte Trinité. Marie lève les bras vers le ciel : geste
biblique qui exprime la supplication fervente et l’offrande du cœur. « Elle
s’insère dans la lignée des prophètes et des priants de son peuple. Avec eux,
elle attend la venue du Messie... L’icône de la Vierge orante récapitule
l’Annonciation et le temps où Marie porte en secret Jésus dans son sein, c’est
pourquoi elle nous accompagne durant l’Avent. Elle nous enseigne à vivre
simultanément la supplication de l’attente, la bénédiction ‘pour les grâces
cachées et manifestes’, elle nous apprend surtout à concevoir et à porter le
Seigneur dans notre cœur » (1)
L’Enfant est inscrit dans une mandorle, symbole de la gloire
divine, faite de cercles concentriques bleus veinés d’or : les deux couleurs de
la divinité. Son visage est celui d’un adulte, car il est le Sauveur, vrai
homme et vrai Dieu, dit le Credo. Sur certaines icônes il tient dans sa main
gauche le livre des Écritures et de la droite, il bénit ; mais sur celle-ci il
n’a que le geste de la bénédiction. Le lieu où se trouve le Christ-Emmanuel
symbolise le cœur qui, dans le Premier Testament, est le lieu de la prière et
de l’engagement envers l’Éternel.
La Vierge signifie l’Eglise et tout croyant appelé à devenir
la demeure du Christ. Marie nous enseigne la prière et à nous tenir en présence
de Celui qui a dit dans le livre d’Osée (11,9) : « Au milieu de toi, Je suis le
Saint ».
(1) In « Commentaires d’icônes peintes au monastère de
l’Épiphanie ». 13910 Eygalières.
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