Pêche miraculeuse
(site St Louis des Français)
Lectures de la messe du jour1ère lecture : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 1-2a.3-8)
2ème lecture : « Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez » (1 Co 15, 3-8.11)
Evangile : « Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)
« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche»
et « N'ayez pas peur».
Homélie au sanctuaire.
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PAX
7 février 2016
5ème dimanche du Temps Ordinaire
Lectures de la messe du jour
1ère lecture : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 1-2a.3-8)
2ème lecture : « Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez » (1 Co 15, 3-8.11)
Evangile : « Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)
« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche» et « N'ayez pas peur».
Frères et Sœurs,
Nous nous retrouvons au bord du lac ce matin. Saint Luc, n’appelle jamais ce lac mer, car lui sait ce qu’est la vraie mer. Je ne sais pas comment vous avez perçu cet appel du Seigneur, surtout après la réponse de Pierre. « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » On croirait entendre un praticien expérimenté qui entend un jeune discoureur lui demander quelque chose d’aberrant. Il lui répond d’un air un peu lassé en enrobant légèrement les arrêtes de son propos. Sa remarque doit avoir pour source son expérience de pêcheur et le fait que certains poissons intéressants dont une sorte de tilapia qui portera le nom de Pierre, remontent à la surface la nuit. C’est le bon moment pour les attraper. Ils redescendent au fond la journée. Lui, l’expert pêcheur, aime cependant à un point tel le Seigneur, terrien de l’intérieur des terres, qu’il lance son filet. Toute parole qui sort de la bouche du Seigneur peut « nourrir son homme ». C’est la même problématique que pour les foules au désert. Jésus lui répond par une pêche miraculeuse, mais il ne veut pas qu’il en reste là.
La réaction de Pierre est surprenante pour nous, et instructive en cette année de la divine miséricorde. Que fait-il ? Ce qui s’est passé est tellement incroyable qu’il tombe aux genoux de Jésus et lui dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » Deux barques pleines de poissons, c’est incroyable et impossible, lui le patron pêcheur a eu le choc de sa vie. Ce ne sera pas le dernier. Pierre n’est pas seul, saint Luc ne mentionne pas André qui était pourtant là. Il a une intention. Il y a avec lui Jacques et Jean, dit-il, les piliers des douze, présents à la Transfiguration. Il nomme Jésus, « Seigneur », Kyrie, Christ. C’est la première fois que ce terme est donné à Jésus dans l’Evangile de Saint Luc par un Apôtre, par Pierre qui a été témoin de la puissance de Dieu. Il n’y a aucun doute sur le rôle qui lui sera attribué. Il « préside » à la pêche miraculeuse, et présidera à la première pêche miraculeuse évangélique à la Pentecôte ainsi qu’à la conduite de l’Eglise. Il est le premier à exprimer en quelque sorte sa foi en lui : Seigneur !
Bède le Vénérable, un bénédictin du 8ème siècle et docteur de l’Eglise estime qu’au sens imagé, allégorique, les deux barques figurent les Juifs et les Gentils, les païens… dans sa miséricorde, le Seigneur les conduit au port tranquille de la vie éternelle (catanea aurea).
Il n’est pas besoin d’être ichtyologiste, spécialiste en poissons, comme c’est beau les noms compliqués, pour savoir qu’un poisson tiré hors de l’eau meurt normalement. Mais c’est le symbole qui intéresse les Evangélistes. Nous nous rappelons aussi qu’un poisson est un signe de ralliement des chrétiens. Les premières lettres d’ichtus en grec, le poisson, signifie Jésus fils de Dieu sauveur « ἰχθύς - Ἰησοῦς /Χριστὸς/Θεοῦ/Υἱὸς/Σωτήρ ».
Nos poissons et leurs pêcheurs parviennent donc à la vie éternelle, au port et sur le rivage.
Le Seigneur annonce à Pierre que c’est d’autres poissons qu’il prendra : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Le pauvre est évidemment ému devant ce qui lui arrive.
Et maintenant, allons droit au but, êtes-vous d’accord de vous laisser prendre par les filets de la miséricorde ? Aucun doute là-dessus, puisque nous sommes tous ici. Alors serions-nous disponibles à devenir pêcheurs d’hommes ? De bons pêcheurs d’hommes ?
Quelle est la condition ? D’après nos lectures d’aujourd’hui, la condition fondamentale est de se reconnaître petit et pécheur.
Demandons au Seigneur sa miséricorde pour nous. Demandons-lui de nous aider. Voyez Isaïe purifié par l’ange, saint Paul disant devant tout le monde ce qu’il a été et la grâce de Dieu pour lui. « Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. » C’est parce qu’il s’est senti aimé, et pardonné par le Christ, qu’il est devenu son témoin. Il a été rejoint par le Christ Ressuscité et pour cette raison, il est allé jeter le filet et annoncer la joie de l’Evangile. Vous vous souvenez de l’expression de saint Jean-Paul II « Ne craignez pas », « N’ayez pas peur », comme au matin de la résurrection. S. Ambroise a une parole très sage dans son commentaire en disant qu’il faut se reconnaître pécheur pour que le Seigneur nous réponde : « N’ayez pas peur. » (commentaire de l’Ev. de S. Luc). Le Pape François a beaucoup insisté dans sa catéchèse de cette semaine sur le sacrement de la réconciliation, il utilise franchement le terme de confession. Voyez comme le Seigneur est bon d’avoir accordé à des hommes jusqu’au pouvoir de donner la vie, conclut Ambroise de Milan. Ce qui a été donné hier peut et doit l’être encore aujourd’hui.
Cette vie nous pouvons la donner et la recevoir dans les sacrements, mais aussi en annonçant la Bonne Nouvelle de l’Evangile.
Le chant de louange prophétique de Marie, au seuil de la maison d’Elisabeth, fut consacré à la miséricorde qui s’étend « d’âge en âge » (Lc 1, 50), nous dit le pape François dans la bulle d’indiction du Jubilé. Ce sera pour nous un réconfort et un soutien lorsque nous franchirons la Porte Sainte pour goûter les fruits de la miséricorde divine. Puisque nous avons cette chance ici, au sanctuaire, acceptons l’invitation de Notre-Dame et n’ayons pas peur de franchir la porte et d’entrer chez elle. Amen.
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PAX
7 février 2016
5ème dimanche du Temps Ordinaire
Lectures de la messe du jour
1ère lecture : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 1-2a.3-8)
2ème lecture : « Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez » (1 Co 15, 3-8.11)
Evangile : « Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)
« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche» et « N'ayez pas peur».
Frères et Sœurs,
Nous nous retrouvons au bord du lac ce matin. Saint Luc, n’appelle jamais ce lac mer, car lui sait ce qu’est la vraie mer. Je ne sais pas comment vous avez perçu cet appel du Seigneur, surtout après la réponse de Pierre. « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » On croirait entendre un praticien expérimenté qui entend un jeune discoureur lui demander quelque chose d’aberrant. Il lui répond d’un air un peu lassé en enrobant légèrement les arrêtes de son propos. Sa remarque doit avoir pour source son expérience de pêcheur et le fait que certains poissons intéressants dont une sorte de tilapia qui portera le nom de Pierre, remontent à la surface la nuit. C’est le bon moment pour les attraper. Ils redescendent au fond la journée. Lui, l’expert pêcheur, aime cependant à un point tel le Seigneur, terrien de l’intérieur des terres, qu’il lance son filet. Toute parole qui sort de la bouche du Seigneur peut « nourrir son homme ». C’est la même problématique que pour les foules au désert. Jésus lui répond par une pêche miraculeuse, mais il ne veut pas qu’il en reste là.
La réaction de Pierre est surprenante pour nous, et instructive en cette année de la divine miséricorde. Que fait-il ? Ce qui s’est passé est tellement incroyable qu’il tombe aux genoux de Jésus et lui dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » Deux barques pleines de poissons, c’est incroyable et impossible, lui le patron pêcheur a eu le choc de sa vie. Ce ne sera pas le dernier. Pierre n’est pas seul, saint Luc ne mentionne pas André qui était pourtant là. Il a une intention. Il y a avec lui Jacques et Jean, dit-il, les piliers des douze, présents à la Transfiguration. Il nomme Jésus, « Seigneur », Kyrie, Christ. C’est la première fois que ce terme est donné à Jésus dans l’Evangile de Saint Luc par un Apôtre, par Pierre qui a été témoin de la puissance de Dieu. Il n’y a aucun doute sur le rôle qui lui sera attribué. Il « préside » à la pêche miraculeuse, et présidera à la première pêche miraculeuse évangélique à la Pentecôte ainsi qu’à la conduite de l’Eglise. Il est le premier à exprimer en quelque sorte sa foi en lui : Seigneur !
Bède le Vénérable, un bénédictin du 8ème siècle et docteur de l’Eglise estime qu’au sens imagé, allégorique, les deux barques figurent les Juifs et les Gentils, les païens… dans sa miséricorde, le Seigneur les conduit au port tranquille de la vie éternelle (catanea aurea).
Il n’est pas besoin d’être ichtyologiste, spécialiste en poissons, comme c’est beau les noms compliqués, pour savoir qu’un poisson tiré hors de l’eau meurt normalement. Mais c’est le symbole qui intéresse les Evangélistes. Nous nous rappelons aussi qu’un poisson est un signe de ralliement des chrétiens. Les premières lettres d’ichtus en grec, le poisson, signifie Jésus fils de Dieu sauveur « ἰχθύς - Ἰησοῦς /Χριστὸς/Θεοῦ/Υἱὸς/Σωτήρ ».
Nos poissons et leurs pêcheurs parviennent donc à la vie éternelle, au port et sur le rivage.
Le Seigneur annonce à Pierre que c’est d’autres poissons qu’il prendra : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Le pauvre est évidemment ému devant ce qui lui arrive.
Et maintenant, allons droit au but, êtes-vous d’accord de vous laisser prendre par les filets de la miséricorde ? Aucun doute là-dessus, puisque nous sommes tous ici. Alors serions-nous disponibles à devenir pêcheurs d’hommes ? De bons pêcheurs d’hommes ?
Quelle est la condition ? D’après nos lectures d’aujourd’hui, la condition fondamentale est de se reconnaître petit et pécheur.
Demandons au Seigneur sa miséricorde pour nous. Demandons-lui de nous aider. Voyez Isaïe purifié par l’ange, saint Paul disant devant tout le monde ce qu’il a été et la grâce de Dieu pour lui. « Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. » C’est parce qu’il s’est senti aimé, et pardonné par le Christ, qu’il est devenu son témoin. Il a été rejoint par le Christ Ressuscité et pour cette raison, il est allé jeter le filet et annoncer la joie de l’Evangile. Vous vous souvenez de l’expression de saint Jean-Paul II « Ne craignez pas », « N’ayez pas peur », comme au matin de la résurrection. S. Ambroise a une parole très sage dans son commentaire en disant qu’il faut se reconnaître pécheur pour que le Seigneur nous réponde : « N’ayez pas peur. » (commentaire de l’Ev. de S. Luc). Le Pape François a beaucoup insisté dans sa catéchèse de cette semaine sur le sacrement de la réconciliation, il utilise franchement le terme de confession. Voyez comme le Seigneur est bon d’avoir accordé à des hommes jusqu’au pouvoir de donner la vie, conclut Ambroise de Milan. Ce qui a été donné hier peut et doit l’être encore aujourd’hui.
Cette vie nous pouvons la donner et la recevoir dans les sacrements, mais aussi en annonçant la Bonne Nouvelle de l’Evangile.
Le chant de louange prophétique de Marie, au seuil de la maison d’Elisabeth, fut consacré à la miséricorde qui s’étend « d’âge en âge » (Lc 1, 50), nous dit le pape François dans la bulle d’indiction du Jubilé. Ce sera pour nous un réconfort et un soutien lorsque nous franchirons la Porte Sainte pour goûter les fruits de la miséricorde divine. Puisque nous avons cette chance ici, au sanctuaire, acceptons l’invitation de Notre-Dame et n’ayons pas peur de franchir la porte et d’entrer chez elle. Amen.
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