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vendredi 4 mars 2016

Deux commandements de l'amour (saint Jean-Paul II)


Evangile du jour : « Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur : tu l’aimeras » (Mc 12, 28b- 34) 


Il y a deux commandements de l'amour, comme expressément l'affirme le Maître dans sa réponse — mais l'amour est seul et unique. Seul et unique il embrasse Dieu et le prochain. Dieu : au-delà de toute chose, parce qu'il est au-delà de tout. Le prochain : à la mesure de l'homme, et donc "comme soi-même".

Ces "deux amours" sont si étroitement liés l'un à l'autre que l'un ne saurait exister sans l'autre. Saint Jean l'affirme pour sa part : "Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas" (1 Jn 4, 20). On ne peut donc séparer un amour de l'autre. Le véritable amour de l'homme, du prochain est, en même temps, du fait même qu'il est un amour vrai, amour envers Dieu. Ceci peut étonner certains. Cela étonne à coup sûr. Lorsque le Seigneur présente à ses auditeurs la vision du Jugement dernier — comme le rapporte saint Matthieu dans son Évangile — il dit :

"J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, / j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire / j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, / nu et vous m'avez vêtu, / malade et vous m'avez visité, / prisonnier et vous êtes venus me voir" (Mt 25, 35-36).

Et ceux qui avaient entendu ces paroles s'étonnèrent et nous savons qu'ils demandèrent : "Seigneur, mais quand est-il arrivé que nous T'ayons fait cela ?" Jésus répond : "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25, 37-40). Ces frères les plus petits, c'est votre prochain, c'est un des hommes.

5. Cette vérité est très importante pour toute notre vie et pour notre comportement. Elle est particulièrement importante pour ceux qui cherchent à aimer les hommes, mais "ne savent pas s'ils aiment Dieu" ou même qui déclarent de ne pas "savoir" l'aimer. On explique facilement cette difficulté si l'on prend en considération toute la nature de l'homme, toute sa psychologie. Il est en effet plus facile pour l'homme d'aimer celui qu'il voit que Celui qu'il ne voit pas (cf. 1 Jn 4, 20).

6. L'homme est pourtant appelé — et appelé fermement comme le démontrent les paroles du Seigneur Jésus — à l'amour envers Dieu, à l'amour qui surpasse toute chose. Si nous accordons une réflexion à ce commandement, à la signification des paroles figurant déjà dans l'Ancien Testament, et répétées de manière insistante par le Christ, nous devons reconnaître qu'elles nous disent beaucoup de l'homme lui-même. Elles révèlent la perspective la plus profonde et définitive en même temps de son être, de son humanité. Si le Christ assigne à l'homme comme tâche un tel amour, c'est-à-dire l'amour de Dieu que l'homme, lui, ne voit pas, cela veut dire que le cœur humain cèle en soi la capacité de cet amour, que le cœur humain est créé "à la mesure d'un tel amour". N'est-ce pas là la première vérité sur l'homme, c'est-à-dire qu'il est à l'image et à la ressemblance de Dieu lui-même ? Et saint Augustin ne dit-il pas que "le coeur humain reste inquiet aussi longtemps qu'il ne repose pas en Dieu" ? :

Ainsi donc le commandement de l'amour de Dieu au-delà de toute chose révèle une échelle des possibilités intérieures de l'homme. Il ne s'agit pas d'une échelle abstraite. Elle a été confirmée et ne cesse de l'être par tous les hommes qui prennent au sérieux leur foi, le fait d'être chrétiens. Et même il ne manque pas d'hommes qui ont confirmé héroïquement cette échelle des possibilités intérieures de l'homme.

7. À notre époque nous sommes confrontés avec une critique souvent radicale de la religion, avec une critique de la chrétienté. Et alors ce "plus grand commandement" devient victime lui aussi de l'analyse destructrice. Si l'on épargne, et si même on approuve généralement l'amour envers l'homme, l'amour envers Dieu est, par contre, refusé pour divers motifs. Le plus souvent, il s'agit simplement d'une expression athée de la vision du monde.

Au contact de cette critique qui se présente sous diverses formes, tant sous forme systématique que circulante, il faut au moins peser ses conséquences pour l'homme lui-même. Si en fait, le Christ avec son plus grand commandement, a révélé toute l'échelle des possibilités intérieures de l'homme, alors nous devons nous interroger nous-mêmes : si nous refusons ce commandement, n'est-ce pas diminuer l'homme ?

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