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samedi 2 avril 2016

Ne prenez jamais la bêtise trop au sérieux. (Proverbe Chinois)

Actions de grâces


Je me tourne d’abord vers la sainte Église visible (elle est invisible aussi, je le sais), l’Église Catholique Romaine, qui a clôturé le 8 décembre 1965 son deuxième Concile du Vatican. Où se trouve-t-elle en son universalité visiblement manifestée, cette sainte Église ? Dans l’assemblée oecuménique qu’est le Concile, et dans la personne individuelle qu’est le Pape, le premier tenant son existence et sa pleine autorité du second, l’un et l’autre assistés de l’Esprit de Dieu, vêtus de la blancheur de la vérité, et auréolés de charismes qui portent sur cette pauvre terre un peu de la Lumière Incréée. Et en regardant l’Église, je plie les genoux (ça ne se fait plus beaucoup, mais tant pis) en profondes actions de grâces.
De tout ce que le Concile a décrété et accompli je rends grâces. D’autres choses encore j’aurais sans doute aimé rendre grâces, si le Concile les avait faites aussi. Mais à ces choses-là il n’était évidemment pas appelé: dès l’origine et par la volonté même de Jean XXIII, il a été pastoral plutôt que doctrinal (encore qu’il ait consacré deux de ses Constitutions à d’importants points de doctrine). Et il est clair que cela répondait à un dessein providentiel; car la tâche historique, l’immense renouvellement qu’il devait mener à bien concernait le progrès dans la prise de conscience évangélique et dans l’attitude du coeur plutôt que les dogmes à définir.
Mon Dieu, n’étaient-ils pas définis, ces dogmes, et pour toujours ? (Car les nouvelles définitions dogmatiques qui surviennent avec le temps explicitent et complètent les anciennes, elles ne les changent en rien.) La doctrine de l’Église n’était-elle pas établie avec certitude, et sur des bases assez solides pour permettre de progresser sans fin, par tous les Conciles précédents et par un travail séculaire ? Quel homme ayant reçu la foi théologale pourrait être assez sot pour s’imaginer que des certitudes éternelles allaient se mettre à bouger, à se creuser de doutes et de points d’interrogation, à se liquéfier dans le flot du temps?
Personne pourtant n’a besoin de chercher bien loin pour admirer les ressources de la sottise humaine, et comprendre qu’elle et la foi théologale peuvent certainement faire bon ménage dans un même cerveau, et y dialoguer entre elles comme tout le monde fait maintenant avec tout le monde, encore que le contact avec la première soit plutôt malsain pour la seconde.
Nous aurons à revenir là-dessus, car il faudra bien, quoique ça ne m’amuse guère, dire quelques mots du néo-modernisme qui fleurit aujourd’hui.
Pour le moment je voudrais continuer en paix mes actions de grâces.

Jacques Maritain, Le Paysan de la Garonne Chapitre I

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