Demain devrait être la fête de saint Bernard de Clairvaux... Ayant eu l'insigne bonheur de contempler la relique de sa tête à Troyes ou ce qu'il en reste, impossible de le laisser discrètement passer. Lucelle le célèbre également. Dans le passage d'une homélie ci-dessous, il va nous parler de Marie vêtue du soleil et la lune sous les pieds. La lune que symbolisait-elle? L'Eglise, mais aussi l'inconstance. On ne trouve pas encore de référence à la victoire sur l'Islam.
Association Maison saint Bernard ; Oeuvres de Saint Bernard ; Association Abbaye de Clairvaux ;
Extrait de l'homélie pour le dimanche dans l'Octave de l'Assomption.
Marie… 3. N'est-ce point là la femme qui est vêtue du
Soleil? Je veux bien que la suite de la prophétie montre qu'on doit entendre
ces mots de l'état présent de l'Église, mais on peut aussi fort bien les
appliquer à Marie. En effet, elle semble s'être revêtue d'un autre Soleil, car,
de même , que le Soleil se lève indifféremment sur les bons et sur les
méchants, ainsi Marie ne fait point une question de nos mérites passés; elle se
montre pour tous favorable, et pour tous très-clémente ; elle enveloppe d'un
immense sentiment de commisération les misères de tous les hommes. Tout défaut
se trouve placé au-dessous d'elle, et, dans une sorte d'élévation
très-excellente, elle dépasse toutes nos faiblesses, toute notre corruption,
plus que toute autre créature, de manière qu'on peut dire avec raison que la
lune est sous ses pieds. Autrement il ne semble pas que nous disions rien de
bien grand, si nous plaçons la lune sous les pieds de celle dont il ne nous est
pas permis de douter qu'elle est élevée au-dessus des chœurs des anges, plus
haut que les séraphins, et que les chérubins. Ordinairement, la lune est le
symbole, non-seulement de la corruption, mais même de la sottise, et parfois
aussi de l'Église dans le temps présent; de la sottise à cause de ses phases
différentes, et de l'Église, probablement parce qu'elle n'a qu'une lumière
empruntée. Eh bien, s'il m'est permis de parler ainsi, je dirai que c'est la
lune, entendue dans ce double sens, qui se trouve sous les pieds de Marie,
mais, l'une y est d'une manière, et l'autre de l'autre. En effet, « l'insensé,
est changeant comme la lune, et le sage est stable comme le soleil (Eccli.
XXVII, 12). » Or, dans le soleil, la chaleur et l'éclat sont constants; la lune
au contraire brille seulement, encore sa lumière est-elle changeante et
incertaine, elle ne demeure jamais dans le même état. C'est donc avec bien de
la raison qu'on nous représente Marie, revêtue du Soleil, puisqu'elle a pénétré
l'abîme de la sagesse divine à une profondeur tout à fait incroyable, au point
que, autant que cela se peut pour une simple créature, en dehors de l'union
personnelle, elle semble plongée tout entière dans cette lumière inaccessible,
dans ce feu qui a purifié les lèvres du Prophète ( Isa. VI, 6), et qui embrase
les séraphins mêmes. C'est d'une manière bien différente, que sont les choses
pour Marie; elle n'a point mérité seulement d'être effleurée par cette lumière,
mais d'en être recouverte de tous côtés, d'en être enveloppée de toute part, et
de s'y trouver comme au milieu du feu. Si le vêtement de cette femme est on ne
peut pas plus brillant, il est aussi on ne peut point plus chaud, tout est
inondé de ses incomparables rayons, et on ne peut soupçonner en cette femme
rien je ne dis point de ténébreux, mais même de tant soit peu sombre et obscur,
ni même rien de tiède, rien, dis-je, qui ne soit extrêmement chaud.
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