27 août 2017 - 21ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture « Je mettrai sur mon épaule la clef de la maison de David » Is 22, 19-23
Psaume Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains. Ps 137 (138), 1-2a, ...
Deuxième lecture « Tout est de lui, et par lui, et pour lui » Rm 11, 33-36
Évangile « Je te donnerai les clés du royaume des Cieux »
Frères et Sœurs,
Nos trois lectures mettent l’accent sur le choix de Dieu, sa sagesse insondable… et la nécessité de son action. Il faut plus que des connaissances et des capacités, aujourd’hui, nous dirions des qualifications universitaires et des certifications dans tel ou tel domaine pour le rencontrer. Un certificat n’apporte pas une solution à tout. Je ne veux bien évidemment pas minimiser le dur travail de ceux qui l’ont fourni. Mais il y a quelque chose de plus ou quelqu’un de plus avec qui il faut compter, sous peine de voir une belle construction échouer en tour de Babel.
La première lecture nous a offert l’exemple d’une prophétie d’Isaïe annonçant la destitution d’un gouverneur de Jérusalem Shevna, peut-être un étranger. Dieu a choisi Éliakim pour le remplacer. « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David ». Mystérieusement, selon les interprétations figurant dans vos Bibles commentées, même ce clou bien enfoncé par Dieu finira par céder au poids de son nouvel entourage qui s’est accroché à lui. L’apocalypse reprend toutes les promesses faites à Éliakim pour les appliquer au Christ… Lui ne peut être détruit par rien.
Dans l’Évangile, sous l’inspiration de Dieu, Pierre confesse, proclame, affirme que Jésus le Fils de Dieu. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Ces mots nous paraissent ordinaires, à nous qui le faisons de manière habituelle, au moins tous les dimanches. Jésus déclare à Pierre qu’il est bienheureux, parce qu’il a reçu une grâce de Dieu, une révélation qu’aucune science aucune étude n’aurait pu lui obtenir… Il a su qui est Jésus. Il n’a pas fait de descriptif après une analyse comme le ferait un médecin pour son diagnostic ou un spécialiste en psychologie. Dieu le lui a révélé, lui a ouvert une porte de communication et de communion avec Lui. Il est celui qui détient toute Sagesse et toute connaissance. Il va lui faire un don extraordinaire, celui de la clef qui ouvre cette porte, voilà encore une analogie avec la première lecture… Tout vient de Dieu, par le Christ, y compris cette fameuse clef… Ce n’est pas une porte qui s’ouvre comme certaines portes modernes, après une analyse des empreintes, de l’ADN, de la voix, de la rétine, etc… Elle s’ouvre par une action de l’Esprit-Saint. Un canal de communication s’établit entre le ciel et la terre, grâce à la clef de la foi.
Cette clef est confiée à Pierre et à l’Église. Le passage nous rappelle une des grandes antiennes « O » du temps qui précède Noël… « O Clef de David, ô sceptre de la maison d'Israël ! qui ouvre, et nul ne peut fermer; qui ferme, et nul ne peut ouvrir : viens et tire de la prison, le captif qui est assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort. »
Saint Augustin que nous fêterons demain, s’est plu à interroger et à s’interroger sur la différence qu’il y avait entre la profession de foi de Pierre et ce que disaient les démons qui avaient reconnu le Christ. Elle réside dans l’amour : « Où trouvons-nous la preuve que Pierre parlait sous l'inspiration de l'amour? A la foi du chrétien s'adjoint la charité; celle des démons en est dépourvue. Comment en est-elle dépourvue? Pierre déclarait sa foi, pour s'attacher au Christ ; les démons déclaraient la leur, pour porter le Christ à s'éloigner d'eux. » (épître aux Parthes).
Vous me permettez également de citer deux de ses interprétations célèbres du début du passage de notre Evangile qui figure à l’intérieur de la coupole Saint Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise». Il a dit d’abord de l’apôtre saint Pierre que « l’Eglise a été fondée sur lui comme sur la pierre; » Puis dans le livre où il corrige une partie de ses écrits, il rappelle une autre nuance. « Tu es Pierre, et sur cette pierre »… Cette pierre est Celui que Pierre a confessé en disant: « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant ; » de la sorte, Pierre tire son nom de cette pierre, et figure la personne de l’Eglise, qui est élevée sur elle et qui a reçu les clefs du royaume des cieux. Il ne lui a pas été dit en effet: « Tu es la pierre (petra), » mais : « Tu es Pierre (Petrus). » Autrement dit : l’Eglise, ce n’est pas Pierre tout seul. Il agit au nom de l’Eglise. Magnanime Augustin laisse la liberté d’interpréter. Il n’empêche que s’appuyer sur la foi de Pierre est fondamental, il a reçu une mission, celle de confirmer ses frères dans la foi, par un don de Dieu.
En résumé, nous aurons donc compris, d’abord que 1) Dieu choisit qui il veut, et 2) qu’il révèle à Pierre qui est le Christ. Il y a un avant et un après ce moment-là. 3) 3ème et dernier point, il reste fidèle à sa promesse : la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur l'Eglise.
L’histoire de l’Église montre à l’envi, qu’il peut s’y produire des moments particulièrement délicats de décadence, comme pour Éliakim. Hier, la chapelle a eu la visite d’un petit groupe de personnes venant notamment de la Chaise-Dieu (Casa Dei, la maison de Dieu) en Auvergne. De cette Abbaye clunisienne célèbre est sortie au 14ème siècle, un moine possédant de grandes qualités, excellent diplomate, mais pas seulement, et qui est devenu pape d’Avignon, Clément VI. Il réussit le tour de force de désigner cardinal un sien neveu, qui avait dix-huit ans, seul de sa promotion. Il n’oublia pas les Dames de sa famille et leur fit ouvrir un compte par la « Révérende Chambre apostolique », sorte de banque ecclésiale de l’époque. L’Église a survécu et un pape est retourné à Rome.
Le Christ n’abandonne pas son Église… mais laisse parfois survenir des malheurs comme celui de la Réforme. D’un mal, il peut tirer un bien dans sa Sagesse infinie.
Notre-Dame de la Sagesse, priez pour nous. Amen.
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