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dimanche 22 novembre 2020

Christ roi de l'Univers

 


22 novembre 2020

Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers — Année A
Solennité

Lectures de la messe
Première lecture « Toi, mon troupeau, voici que je vais juger entre brebis et brebis » Ez 34, 11-12.15-17
Psaume Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer. Ps 22 (23), 1-2ab, 2...
Deuxième lecture « Il remettra le pouvoir royal à Dieu le Père, et ainsi, Dieu sera tou... 1 Co 15, 20-26.28
Évangile « Il siégera sur son trône de gloire et séparera les hommes les uns de... Mt 25, 31-46

Homélie à Tavannes. Patronale de l'église en temps de Covid.

« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. »

Chers Frères et Sœurs,

Lorsque l’on parle de roi et de règne à Tavannes, sans remonter jusqu’aux empereurs romains de Tehisvana et de Pierre Pertuis, j’avais tout gosse l’image du Général d’empire Voirol qui finit pair de France sous le roi Louis-Philippe. Un signe de l’évolution des pouvoirs, et Tavannes a heureusement aujourd’hui une autre carte pacifique et bienfaisante à présenter. Nous ne pouvons toutefois écarter totalement de notre pensée l’idée d’une royauté terrestre puisque Jésus l’utilise dans l’Évangile. Ses contemporains attendaient un Messie qui viendrait rétablir la Royauté en Israël. Dans les idées de l’époque, on pensait à un pouvoir temporel qui devait s’étendre à toute la terre, soumettre les autres peuples et bien entendu l’empire romain. L’Écriture ne dit-elle pas dans le psaume 71 :  01 Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. 11 Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. Il s’agit bien d’une Royauté qui va s’établir, mais elle est d’un tout autre genre. L’Antienne d’ouverture tirée de l’Apocalypse, nous a parlé d’un Agneau immolé qui reçoit puissance, divinité, sagesse, force et honneur. Immolé, il est vivant. L’autre image tirée d’Ezechiel et de la première lecture est celle du berger, du pasteur : « Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis. »

Le psaume 22, nous la redonne : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. » Nous ne pouvons toutefois négliger l’image du roi pasteur qu’a été David qui ne craignait pas de défendre son troupeau contre les fauves. Il se dégage tout de même de ces symboles pastoraux, une idée de faiblesse qui contraste avec celle de conquérants militaires.

Jésus rappelle cependant et surtout que viendra le jour où il se révélera, apocalypse veut dire révélation, et que son autorité ainsi que sa puissance seront dévoilés et manifestés. Ce temps et la faiblesse qu’il a manifesté en se laissant mettre en croix, et en mourant, exprime le chemin que le Père a choisi et auquel Jésus s’est soumis pour que tous les hommes soient sauvés, pour qu’à tous soit donné la capacité de connaître et de voir Dieu. Il a obéi jusqu’à la mort et la mort de la croix. N’est-ce pas ce qu’il y a de plus mystérieux qu’un roi, Dieu, soit couronné d’épines flagellé et moqué, crucifié. Jésus a accepté et voulu prendre la voie du plus grand amour qui seul peut conduire à la vie. La puissance de Dieu est manifestée dans sa résurrection. Elle n’est pas destinée qu’à lui. N'avons-nous pas été baptisé dans sa mort et sa résurrection? C’est ce que nous dit saint Paul dans la 2ème lecture : « le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. » « c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. » Il désigne son plus grand ennemi qui est la mort, c’est elle qui est visée et sera mise sous ses pieds, avant que lui-même ne remette tout au Père et ne se remette lui-même à lui. Ce ne sera pas une disparition, mais une entrée dans l’amour trinitaire, une participation à l’amour et à la joie de Dieu, une sorte de courant et de ronde gigantesque de l’amour. Saint Basile de Césarée a une expression qui m’avait frappée il y a bien longtemps, celle de danse avec les anges. Nous allons devoir apprendre à danser avec Dieu, si vous me permettez la comparaison, sous l’action de l’Esprit-Saint. Le temps qui nous est donné l’est pour nous apprendre les pas de Dieu. Quelle affaire !

Qui peut se permettre d’ignorer que ce pas nous l’apprenons ici. Comment cela se fait-il ? « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » Nous voyons bien que de grandes recherches ne sont pas nécessaires, le pas de Dieu s’apprend ici et maintenant en témoignant de l’amour du Christ à notre prochain, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ». Certainement pas en prêchant seulement, mais en le faisant en Esprit et en Vérité. N’est-ce pas à cette condition que nous seront les bénis de Dieu? Que nous louerons réellement le Seigneur : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Le nom de saint Benoît, vient de béni, Benedictus.

Vous me direz peut-être mais alors pourquoi cette fête du Christ-Roi à la fin de l’année liturgique ? Je ne sais pas si vous vous êtes posés la question. Est-ce que cela a été toujours comme ça ? Pourquoi est-ce qu’à Tavannes on a consacré cette Église en 1930 au Christ-Roi ? Vous allez être surpris, peut-être, c’est parce que cette fête avait été instituée par le Pape Pie XI, en 1925, par son encyclique Quas primas, afin de mettre en lumière l'idée que les nations devaient obéir aux lois du Christ. C’était tout le contexte de l’entre-deux guerre et d’un monde qui perdait ses repères alors que naissaient les idéologies du 20ème siècle négatrice de Dieu. À l'origine, elle était célébrée le dernier dimanche d'octobre (c'est-à-dire le dimanche qui précédait la Toussaint), cette date avait été choisie pour la consécration de cette église, le 26 octobre 1930. Depuis la réforme liturgique de 1969, nous la célébrons le dernier dimanche du calendrier liturgique. L'orientation et le nom même de la fête ont été changés : elle est devenue la fête du « Christ Roi de l'univers », elle met l'accent sur l'idée que dans le Christ toute la création est récapitulée. Ce n’est plus seulement le Christ-Roi. Il s’agit donc d’une fête propre au 20ème siècle.

Jésus nous demande aujourd’hui de le laisser devenir notre roi dit le Pape François. Un roi qui par sa parole, son exemple et sa vie immolée sur la croix, nous a sauvés de la mort, et qui indique le chemin à l’homme égaré, qui donne une lumière nouvelle à notre existence marquée par le doute, par la peur et par les épreuves de chaque jour. Mais nous ne devons pas oublier que le royaume de Jésus n’est pas de ce monde. Il ne pourra donner un sens nouveau à notre vie, parfois mise à rude épreuve également par nos erreurs et par nos péchés, qu’à condition que nous ne suivions pas les logiques du monde et de ses «rois».

Que Notre-Dame dont nous fêtions hier sa présentation au Temple, nous accompagne nous-mêmes auprès de notre roi pour aller à la rencontre du Père et de son Fils dans l’Esprit, elle qui peut mieux que nulle autre nous enseigner les pas de la danse divine. Amen.  

 


 

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