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dimanche 3 janvier 2021

Jésus accepte les 3 cadeaux des mages.

 


3 janvier 2021

L'Épiphanie du Seigneur — Année B
Solennité

Introduction

 Chers Frères et Sœurs, vous me permettrez de vous souhaiter ce matin une bonne et heureuse nouvelle année, pressés que nous sommes tous de voir 2020 passer dans les archives pour au moins un très bon motif, même s’il y en a d’autres. La croix venant se planter auprès de la crèche, nous fait toujours problème, mais elle vient nous rappeler que le Seigneur est venu transformer le mal en bien, en le traversant et en le prenant sur lui. Le Verbe s’est fait chair, et il est venu habiter parmi nous. Nous fêtons la venue des rois de ces sages venus de la Perse ou de la Mésopotamie et qui représentent toutes les nations. La tradition leur a donné des traits qui nous rappellent que nous sommes tous frères. Ils ont apporté l’or, l’encens et la myrrhe. Nous connaissons la symbolique : l’or de la royauté, l’encens de la divinité et la myrrhe de l’ensevelissement, tout est là. Pourquoi ne pas mentionner Balaam, dont l’ânesse, un ânesse qui parlait avait certainement bien entendu la prophétie, avec ses grandes oreilles : « Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël. (Nb 24,17) ». Pour ceux qui ont peur de l’encens, vous êtes bien à l’abri aujourd’hui, avec vos masques et pour vous le faire aimer, nous pouvons nous rappeler qu’on l’utilisait aussi pour chasser les mauvaises odeurs, et lors d’épidémies. Au début de cette Eucharistie inclinons-nous avec les rois, devant celui qui apporte la miséricorde au monde et reconnaissons que nous sommes pécheurs...

 Première lecture « La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » Is 60, 1-6 

Psaume Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi. 71 (72), 1-2, 7-8, 1...

Deuxième lecture « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héri... Ep 3, 2-3a.5-6
Évangile Nous sommes venus d’Orient adorer le roi

Homélie 

Chers Frères et Sœurs,

L’antienne de communion fait cette comparaison : « comme les mages guidés par l’étoile, nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur ».  Elle nous parle sans aucun doute.

Ces trois personnages représentent toutes les nations et chacun de nous. La Bonne Nouvelle, nous fait comprendre saint Matthieu, ne restera pas confinée, ce qui est pour nous un signe d’espérance en ces temps problématiques. Les mages ont été guidés par une étoile. S’agit-il d’une comète ? de la conjonction de Jupiter et de Saturne, les hypothèses ne manquent pas.

Les mages ont quitté  leur lointain pays où ils étudiaient les astres, pour atteindre finalement Bethléem. L’étoile les a conduits d’abord à Jérusalem, là où se trouvaient les dépositaires de la promesse dans les Écritures. Saint Léon le Grand nous a dit ce matin que les écritures et les promesses à David s’étaient réalisées « quand une étoile guida les trois mages, appelés de leur lointain pays, pour leur faire connaître et adorer le Roi du ciel et de la terre. » Ils avaient des cadeaux avec eux. Les Pères ont déduit qu’ils étaient trois, parce qu’il y avait trois cadeaux.  Était présent à Jérusalem, le terrible et remarquable Hérode, auquel l’or aurait pu être attribué, comme détenteur du pouvoir, mais il n’était pas légitime. Les prêtres et interprètes des écritures auraient  cru pouvoir obtenir l’encens pour leur service au Temple, mais ces nouveaux prêtres voulaient le remettre au seul roi et prêtre. Et la myrrhe ? Qui en aurait voulu ? Qui aurait voulu d’un ensevelissement ? Pour un roi ce n’était pas de bonne augure, et pour des prêtres impossible, Dieu ne peut mourir.

Tous avaient eu peur en voyant débarquer ces étrangers de leurs vaisseaux du désert. Quelles questions on a du se poser sur eux à Jérusalem. Ils avaient cru être arrivés à leur destination puisque l’étoile avait disparu. Hérode par calcul, certainement, a obtenu des spécialistes de l’Écriture qu’ils leur indiquent l’endroit. C’était Bethléem, la ville de David. Hérode pouvait la faire surveiller depuis sa forteresse toute proche de l’Hérodion qui sera son tombeau. N’avait-il pas aussi tout intérêt à leur faire quitter la ville au plus vite pour éviter les remous. Nous nous devons aussi de remarquer que les connaisseurs de l’Écriture avaient la réponse, n’est-elle pas le trésor du peuple élu, destinataire des promesses ?

Les mages s’en sont donc allé, emportant avec eux leur trois cadeaux, suivant l’étoile qui était réapparue, mais certainement suivis eux aussi, à bonne distance. Avec les mages, et l’étoile, la croix se rapprochait aussi de Bethléem. On en voit parfois représentées sur certaines selles de dromadaires, même si c’est en Afrique du Nord, nous pouvons nous permettre une association libre. L’étoile et la croix…

Arrivés à Bethléem, ils voient s’arrêter l’étoile au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Que s’est-il alors passé ? Ils furent remplis d’une grande joie, la même qui avait envahi Marie et Élisabeth, la même qui habitait les anges et les bergers. Elle vient du Saint-Esprit. Nous sommes encore dans les mystères joyeux avec cette arrivée. Les cadeaux qu’ils n’avaient pu remettre à Jérusalem, parce que personne ne pouvait y accepter les trois, ils  les remettent à l’Enfant-Dieu. Marie les reçoit pour lui, avec Joseph, descendant de David. Comment se représenter cette scène ? Les Pères de l’Église l’ont fait à leur manière, ainsi que les anciens écrivains et les évangiles apocryphes. Un Père très connu, Ephrem le Syrien, a composé des poèmes, notamment sur l’Épiphanie et la Naissance de Jésus, où il raconte cette rencontre, dans un recueil appelé « Nusrata », autrement dit Berceuses. Le mot est bien adapté à l’enfance de Jésus. Il est bon de savoir qu’il n’y avait à l’origine dans l’Église primitive qu’une seule célébration où était fêtée ces mystères de Noël, de l’Épiphanie, qui comprenaient aussi le baptême. L’Épiphanie, c’est la « manifestation » ou « l’apparition » de la lumière.

Chez Saint Ephrem, les mages expliquent à Marie que Jésus est roi, ils prennent d’une certaine manière le rôle de l’ange Gabriel à l’Annonciation. Il lui avait certes déjà annoncé que son Fils serait appelé Fils du Très-Haut et que le Seigneur Dieu lui donnerait le trône de David son père. Mais l’idée est bien présente dans les Évangiles que Marie a en quelque sorte du apprendre au fur et à mesure, des éléments de sa mission et de celle de Jésus, lors de la présentation au Temple, par exemple, mais il ne faut pas tout mélanger.

Étant patients ce matin, vous me permettez de lire un passage de ce dialogue qui n’est pas dépourvu de charme : « Marie.— Il faut, étrangers, vous mettre en quête de ce roi, dont vous parlez, afin de lui porter vos hommages, car peut-être vous êtes-vous trompés, et le roi que vous cherchez est-il un autre.

Les mages. — Il faut, ô femme, nous en croire. Votre fils est roi, et nous avons été conduits par un luminaire qui ne peut s'égarer; la voie qui nous a conduite est parfaitement droite.

Marie. — L'enfant est tout petit, et, vous le voyez bien, il n'a ni diadème, ni trône. Que voyez-vous donc en lui, que vous l'honoriez du don de vos trésors comme un roi ? il est couché là dans la pauvreté de sa mère, et vous l'appelez un roi !

Les mages.— Il est petit, parce qu'il l'a voulu, parce qu'il se plaît à la mansuétude, à l'humilité, en attendant qu'il se révèle. Mais un temps viendra où les diadèmes se courberont devant lui et l'adoreront.

 Marie accepte donc l’or, l’encens et la myrrhe pour son enfant, mais aussi pour nous, qui sommes nés avec lui, la tête du Corps, devenus enfants de Dieu en lui et par lui. Tout lui est remis par les mages qui sont également nos ambassadeurs. Nous lui remettons tout et nous-mêmes, tout ce que nous avons et nous sommes. Toutes nos peines, la myrrhe, la souffrance qui peut être la nôtre et nous accompagne inévitablement. Lui, vient la prendre et lui donner un sens. Nos pauvres moyens il les transforme. Il nous apprend à adorer en Esprit et en Vérité. Il est venu pour cela. Le troisième cadeau des rois est parfois bien lourd à porter jusqu’à la crèche, nous n’en percevons pas le sens, nous ne le comprenons pas, ce temps d’épidémie, le rend peut-être plus pénible, mais nous trouvons notre joie dans les yeux ce petit enfant qui ouvre les bras, pour le recevoir.

Il veut faire de nous des messagers de cette joie qu’il nous transmet, venez adorons, celui qui se trouve et que nous voyons dans les bras de sa Mère. Elle nous enseigne à être "épiphanie" du Seigneur, dans l'ouverture du coeur à la force de la grâce et dans l'adhésion fidèle à la parole de son Fils, lumière du monde et but ultime de l'histoire et de notre histoire personnelle, si importante. Amen.


 

 

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