Rechercher dans ce blog

dimanche 16 janvier 2022

Les Noces de Cana, une épiphanie

 


Atelier Saint-André

 16 janvier 2022


2ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

Première lecture « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari » Is 62, 1-5
Psaume Racontez à tous les peuples
les merveilles du Seigneur ! Ps 95 (96), 1-2a, 2b...
Deuxième lecture « L’unique et même Esprit distribue ses dons, comme il le veut, à chac... 1 Co 12, 4-11
Évangile « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Ca... Jn 2, 1-11

Introduction

Chers frères et sœurs, mes chères sœurs, nous voici rendus au temps ordinaire, qui ressemble en cette période de l’année à une mi-temps entre les célébrations qui entourent Noël et Pâques. Nous avons célébré dimanche dernier, le baptême du Christ et aujourd’hui nous accompagnons le Seigneur, Notre-Dame et les Apôtres à une noce. Jésus débute son ministère en participant à une fête et il vient apporter une joie surabondante à ceux qui y participent, mais aussi apporter la guérison au premier couple qui n’avait pas voulu vivre dans une totale union avec leur créateur. Les icônes de la descente aux enfers et de la résurrection illustrent cette restauration en montrant le Seigneur tirant Adam et Eve par la main. Il est vrai que c’est parfois Adam seul, qui est tenu, mais peut-être cela montre-t-il qu’il porte la responsabilité de la faute originelle. Le Seigneur vient restaurer ce qui avait été abîmé.

Chers Frères et Sœurs,

Les textes d’aujourd’hui marquent une forme de célébration du mystère de l’Église. Cana est un des trois moments qui sont rassemblés sous le nom d’épiphanie. Épiphanie vient d’un mot grec qui signifie manifestation. Elle célèbre la manifestation de Dieu aux hommes. Elle est en même temps l’adoration des Mages, le baptême du Christ au Jourdain et le premier miracle de Jésus aux noces de Cana.

Le nom de Cana peut être traduit par « l'endroit des roseaux », sa localisation la plus généralement acceptée situe le village à 6 km au nord-est de Nazareth, Develier Courtételle. Cela peut expliquer l’invitation de Jésus et de Marie. Cette première manifestation de Jésus par un miracle, nous est rapportée seulement par saint Jean. Jésus commence d’annoncer la Bonne Nouvelle dans le cadre d’un mariage.

Le thème est important chez les prophètes, dont Isaïe que nous avons entendu dans la première lecture. Le Seigneur s’y manifeste comme l’époux de Jérusalem et d’Israël. C’est un temps de joie, après l’invasion, la déportation et l’exil. Il vient faire toutes choses nouvelles. Nous sentons présentes de joyeuses représentations orientales. Lors des mariages dans les rites des églises orientales, les époux sont couronnés. Cela nous fait penser aussi puisque nous faisons allusions à l’orient, que pour la semaine de prière pour l’unité de cette année, c’est le Conseil des Églises du Moyen-Orient, basé à Beyrouth, au Liban, qui a organisé le groupe de rédaction de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2022. Elle a pour titre : « «Nous avons vu son astre à l’Orient…». A Cana, le nouveau roi est là, l’époux de Jérusalem, l’époux de l’Église. Cana est bien dans la famille de l’Épiphanie, on parle aussi de Théophanie.

La symbolique de Jean donne lieu à bon nombre d’interprétations, les symboles foisonnent. L’Évangile nous parle du troisième jour dont le premier paraît difficile à identifier. Est-ce 3 jours après la rencontre de Nathanaël ? Nous en serions alors aussi au 7ème jour de ministère de Jésus après que Jean ait donné son témoignage  à Béthanie de Transjordanie où il baptisait : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. »

Dans l'Ancien Testament, le troisième jour est le jour de la théophanie, comme par exemple dans le récit central de la rencontre entre Dieu et Israël au mont Sinaï : « Le troisième jour, dès le matin, il y eut des coups de tonnerre, des éclairs... le Seigneur y était descendu dans le feu » (Ex 19, 16-18)

Nous reconnaissons également une anticipation de la théophanie définitive et décisive de l'histoire : la Résurrection du Christ le troisième jour. Si ce jour est bien le septième jour, il serait aussi en quelque sorte le jour de la fête de Dieu pour l'humanité, l'anticipation du sabbat définitif dont il est question dans une autre prophétie d'Isaïe « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés » (Is 25, 6). La signification de cette énumération est délicate puisqu’habituellement Pâques est désignée comme le 8ème jour.

Festin, vin, mariage, troisième jour, le Seigneur nommant Marie « Femme », Marie qui intercède pour le jeune couple, pour l’Église. L’ensemble symbolique est foisonnant, avec les dialogues entre les participants à ce repas de noces. Jésus parle de « son heure ».

L'« heure » de Jésus annonce sa « glorification », qui réunit en un tout la Croix et la Résurrection. On peut aussi voir dans ce repas de mariage, l’Eucharistie, le sacrement qui soutient l’Église et la famille humaine et qui la fait croître jusqu’au retour du Seigneur au dernier jour. Il bénit cette union et l’habite. Elle est liée au don de la vie et à la croissance de l’Église. Le pape François a attiré l’attention voici 2 semaines, sur une problématique à laquelle nous sommes devenus peu réceptifs au vu des commentaires à son propos.

« Ouvrons les yeux, dit-il, sur la façon dont la famille vit la responsabilité de communiquer la foi, de transmettre la foi, aussi bien en son sein qu’à l’extérieur. » La transmission de la foi passe par la famille, tout comme celle de la culture.

« L'autre jour, poursuivait-il, je parlais de l'hiver démographique que nous connaissons aujourd'hui : les gens ne veulent pas avoir d'enfants, ou seulement un et rien de plus. Et beaucoup de couples n'ont pas d'enfants parce qu'ils ne le veulent pas, ou ils n'en ont qu'un seul parce qu'ils n'en veulent plus, mais ils ont deux chiens, deux chats... Oui, les chiens et les chats prennent la place des enfants. Oui, c'est drôle, je comprends, mais c'est la réalité. Et ce déni de la paternité et de la maternité nous rabaisse, nous enlève notre humanité. Et ainsi la civilisation devient plus vieille et sans humanité, parce que l’on perd la richesse de la paternité et de la maternité. » On pourrait aussi ajouter un certain étonnement devant le fait que la crise covid, d’après les médias n’a pas favorisé un accroissement des naissances. Ce n’était pas le cas lors de certaines pannes d’électricité, ou du réseau télé il y a une trentaine d’années.

La présence du Seigneur et de l’Esprit, sont à l’origine de l’unité et de la croissance spirituelle. La 2ème lecture nous l’avons tous compris manifeste la conséquence de l’effusion de l’Esprit. Ses dons sont transmis à ceux qui sont appelés à contribuer à l’édification du corps du Christ, à la construction de l’Église. Il se répandent sur tous ceux qu’il choisit librement, et mystérieusement il agit parfois au-delà des frontières visibles de l’Église, sans attendre, posant aussi des pierres d’attente spirituelles.

Saint Jean-Paul II affectionnait l’expression de mystérieuse fécondité spirituelle en s’adressant notamment aux religieuses du Carmel. « 3. Laissez-moi encore vous assurer - au nom de la tradition constante de l’Église - que non seulement votre vie peut annoncer l’Absolu de Dieu, mais qu’elle possède un merveilleux et mystérieux pouvoir de fécondité spirituelle[2]. Pourquoi? Parce que votre oblation d’amour est intégrée par le Christ lui-même à son œuvre de Rédemption universelle, un peu comme les vagues se fondent dans les profondeurs de l’océan. En vous voyant, je pense à la Mère du Christ, je pense aux saintes femmes de l’Évangile, debout au pied de la croix du Seigneur et communiant à sa mort salvatrice, mais également messagères de sa résurrection. » Que le Seigneur nous donne de remplir à chacun notre mission, dans le respect réciproque pour que croisse le Royaume. Amen

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire