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Dans le temple de Courtelary, une épiphanie avait été découverte dans cette ancienne église romane locale en 1930. Elle est du XIVe siècle. Saint Imier est représenté avec son griffon sur la droite.
5 janvier 2025 L'Épiphanie du Seigneur — Année C Solennité
Lectures de la messe
Première lecture« La gloire du Seigneur s’est levée sur toi »Is 60, 1-6
Psaume Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.Ps 71 (72), 1-2, 7-...
Deuxième lecture « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héri...Ep 3, 2-3a.5-6
Évangile Nous sommes venus d’Orient adorer le roi Mt 2, 1-12
Chers Frères et Sœurs,
Nous nous rappelons qu’Epiphanie signifie manifestation. Le Christ est aujourd’hui manifesté au monde, aux nations. Dans la nuit de Bethléem, les anges l’avaient annoncé aux bergers durant la nuit. Ils étaient les petits de la maison d’Israël. Les mages se rendant à la crèche représentent tous les peuples de la terre. Nous aurions peut-être attendu cet épisode de l’enfance chez Saint Luc, plus tourné vers l’annonce de la Bonne Nouvelle aux nations. Il procède différemment. Dans la liturgie, sous ce vocable sont regroupés trois moments de la vie de Jésus : La venue des mages et leur adoration, son baptême et Cana. Dans le vécu l’Epiphanie est plutôt un moment de joie pour les enfants, à voir ce qui se passe en Valais et ailleurs. Ayant célébré dans un petit village du Jura Bernois, Courtelary, célèbre aujourd’hui pour son chocolat, je me suis rappelé que le temple de ce village, à l’origine église romane, contient une fresque de l’adoration des mages. Elle avait été redécouverte lors d’une restauration aux environs de 1930, avec celle d’un Saint ermite local, Imier. Il s’était réfugié au désert du Jura Sud, depuis l’Ajoie pour fuir une dame trop amoureuse. Je voudrais en venir au fait que nous pourrions nous aussi essayer de redécouvrir le sens de la venue des mages aujourd’hui, en n’en restant pas au seul joyeux folklore.
La joie doit demeurer, mais quelle joie en premier lieu ? Celle de pouvoir rencontrer le Seigneur notre lumière après avoir suivi l’étoile présente en nous. L’étoile disparaît lorsque le soleil se met à briller. Ce soleil, cette lumière, est un petit berger qui est là et qui doit nous conduire vers le Royaume. Il est le vrai soleil invaincu, célébré dans la Rome païenne en ce temps de l’année. Lorsque naît un petit enfant, chacun se réjouit de voir les sourires, les yeux qui rient. Les mages que l’on s’imagine comme étant de savants astrologues de l’époque, venus d’Arabie ou d’Iran, sont devenus des sortes de rois représentant toutes les nations, et toutes les races. Melchior, Gaspard et Balthasar se présent avec trois cadeaux, l’or pour la royauté, l’encens pour la divinité et la myrrhe pour annoncer son ensevelissement. Le parcours implicite et l’alliance de ces éléments sont surprenants. Comment peut-on mêler, le pouvoir, la divinité et la mort ? Le mélange paraît incompatible. N’est-ce pas parce que cet enfant vient proposer un chemin mystérieux à tous et même insupportable. Son message va remettre en cause toute la perception des valeurs de ce temps-là et la nôtre, et celle de tous les temps. Il est le vrai soleil invaincu qui reprend la vie qu’il déposera.
Hérode s’est senti menacé dans son autorité, il a voulu faire périr ce concurrent potentiel dangereux, nous connaissons la suite. Les prêtres et les scribes qui avaient la connaissance des Écritures l’ont renseigné et deviendront les principaux obstacles à son message. Mais vouloir saisir un rayon de lumière dans sa main, enfermer le soleil dans sa main, est-ce possible ? Pouvons-nous prétendre être les propriétaires de la révélation et l’enfermer dans un système et une manière de penser aujourd’hui ? La foi est fondamentale, certes, mais l’Esprit n’est-il pas libre d’aller où il veut ? Il va toujours de l’avant et nous demande une certaine souplesse intérieure et donc la confiance.
Le nombre trois est aimé par l’Eglise en raison de la Trinité. Il est mis en évidence avec les trois mages qui apportent trois cadeaux, nous pouvons envisager aussi trois pèlerinages, en cette année Sainte. Un pèlerinage à la suite de l’étoile, un pèlerinage en nous-mêmes à la recherche de la lumière et un pèlerinage auprès de notre plus proche voisin. Ces trois pèlerinages nécessitent de cultiver l’espérance. Elle nous permet de toucher un but que nous n’avons pas encore atteint. Cet enfant sur les genoux de sa mère va nous permettre de l’atteindre. Ce but, c’est l’entrée dans la communion avec son Père, dans la vie trinitaire, c’est voir Dieu. Nous y songeons de plus en plus fréquemment lorsque passent nos années et que décroissent nos forces.
Un regain d’espérance, nous est donné lorsque nous remarquons que les vieux systèmes d’athéisme pratique ont été remis en question, par l’étude sur la nature de la matière et son origine. La complexité du monde qui nous entoure et la nôtre devraient nous interpeller. Comment ne peut-il pas y avoir quelque chose, un au-delà du visible ? Pourquoi ne pas imiter les mages qui recherchaient la vérité et observaient le ciel ? C’était à leur manière, certes.
Le pape François nous invite à parcourir les chemins de l’espérance cette année. Nous avons reçu une sorte de petit moteur spirituel à 3 temps que sont les trois vertus : la foi, l’espérance et la charité. A propos de nos 3 rois mages, une histoire raconte qu’en retournant chez eux, l’enfant leur offrit 3 cadeaux spirituels, ces trois vertus qu’ils devaient transmettre autour d’eux : La foi, l’espérance et la charité. Ce fut Melchior qui hérita plus particulièrement de l’espérance qu’il devait ramener en Europe. Elle en avait besoin pour trouver un peu de lumière en raison des idéologies ambiantes.
Le Valais se rend dans sa cathédrale et à Rome pour ce pèlerinage d’année sainte, à Einsiedeln aussi. Si vous remontez du côté du diocèse de Bâle, il y a plus de possibilités dont la chapelle du Vorbourg… Un peu d’originalité, il en faut.
Comme nous sommes proches du lac, je mentionne symbole particulier pour les lacustres, il s’agit de l’ancre. Port-Valais en a une dans ses armes communales, d’ailleurs. Le Pape François cette ancre dans son message. « L’espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre au-delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en précurseur » (He 6, 18-20). « Dans le dynamisme inséparable des trois vertus théologales, l’espérance est celle qui oriente, indique la direction et le but de l’existence croyante. « Ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière » (Rm 12, 12). Que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent. » Autrement dit, ne négligeons surtout le pèlerinage vers notre plus proche voisin pour ranimer son espérance. C’est le pèlerinage qui peut donner le plus de fruits. Notre-Dame de la Sainte Espérance priez pour nous. Amen.
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