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dimanche 6 avril 2025

La femme adultère




6 avril 2025  5ème Dimanche de Carême — Année C

Première lecture« Voici que je fais une chose nouvelle, je vais désaltérer mon peuple ...Is 43, 16-21

PsaumeQuelles merveilles le Seigneur fit pour nous :

nous étions en grande fête !Ps 125 (126), 1-2ab,...

Deuxième lecture« À cause du Christ, j’ai tout perdu, en devenant semblable à lui dans...Ph 3, 8-14

Évangile« Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter...Jn 8, 1-11


Chers Frères et Sœurs, chers amis,

Nous avons droit ce matin à un Evangile qui d’une certaine manière embête les prédicateurs de service. L’abbé Bernard est allé faire une retraite au bon moment.

L’image de cette pauvre femme au milieu de cette meute masculine ou aucune autre femme n’est mentionnée est plus que dérangeante. Mon cher et regretté confrère le Père Robert Martin, placide vaudois (comme presque tous les vaudois), que certains de vous ont connu comme gardien  ici, avait une expression pour dire que la limite était dépassée : « A la fin, ça énerve ! ». Ce sont des scribes et pharisiens, des maîtres de la loi, des juges qui viennent avec elle, non seulement pour la condamner, mais pour prendre Jésus au piège. Du mari trompé aucune mention, ni du lapin qui avait du courir très vite.

Un avocat aurait peut-être commencé par plaider sa cause en demandant : mais où est l’autre participant ? Le Lévitique dit que  l'homme et la femme adultères seront punis de mort (20 :10).

Dans les questions diverses il pourrait aussi se poser des questions sur la nature du mariage judaïque… L’intelligence artificielle étant à la mode j’ai demandé à une américaine ce qu’il en était de la polygamie dans le judaïsme et j’ai été un peu surpris de lire qu’elle avait été prohibée seulement  au 10e siècle environ, par un rabbin d’Europe centrale. Il existerait encore quelques communautés pratiquant la polygamie en Afrique du Nord et au Yémen. Et puis que de mansuétude pour David et Bethsabée la femme d’Urie mère de Salomon et « ancêtre » du Christ. Quand on est riche et puissant, on peut tout se permettre. Et puis est-ce qu’elle n’est peut-être pas une cousine de Suzanne tombée dans le traquenard de tristes vieillards. Passons. Nous ne sommes pas trop naïfs sur ce type de problématiques et sur l’évolution des statistiques contemporaines. Il y a d’innombrables documents, de sociologie, de droit, de psychologie, de décisions sur ce sujet. Mais que de souffrances, de déchirures, de blessures, de tristesse, et aussi de larmes d’enfants et de dysfonctionnement ils masquent.

Cette femme n’a pas d’avocat, sinon Jésus. On le sait miséricordieux et le piège est visible. Il ne se lance pas dans une argumentation, il se met à écrire sur le sable. Qu’a-t-il pu écrire ? En posant la question à un autre logiciel, le petit chinois communiste (très performant) m’a dit (dans un français parfait) que ce peut être :  1. **Un geste symbolique** 2. **Les péchés des accusateurs** 3. **Une référence à Jérémie 17:13**   4. **Un acte juridique** , une sentence. 5. **Une simple pause**. Jésus dit simplement : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » . Jésus ne vient pas jeter de pierres, lui qui est sans péché.  

La réaction de ceux qui sont présents est étrange. J’avais lu quelque part qu’il aurait fait percevoir à chacune des personnes présentes ses propres fautes en éclairant leurs conscience. Ce sera certainement ce qui adviendra pour nous lorsque nous le rencontrerons. Nous serons obligés de lâcher nos reproches, nos rancunes, notre justice de comptables pour nous retrouver avec Jésus seul et lui dire un oui pour toujours et définitif ! Mon petit chinois communiste a conclu : Cette scène illustre la pédagogie divine : Jésus ne nie pas le péché, mais transforme une condamnation mortelle en une occasion de repentance.

Jésus apporte la guérison par son pardon. « Va, désormais, ne pèche plus… » C’est assez mystérieux. Il n’appelle ni le mari, ni le fuyard, il ne condamne pas, il rétablit cette femme dans la communion.  Il n’est guère besoin de trop creuser le sujet pour nous rendre compte qu’elle représente Israël dans l’Ecriture, Israël qui court après d’autres dieux. Nous nous rappelons le prophète Osée. L’humanité qui a rompu son Alliance avec le Seigneur au commencement est appelée à revenir vers lui.

Il vient rechercher son Peuple, nous rechercher  et faire toutes choses nouvelles. « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Ce peuple que je me suis façonné redira ma louange. » Il vient guérir. Cette guérison doit commencer maintenant, notre marche dans le désert pour guérir et le retrouver pleinement doit commencer maintenant. Il ne s’agit pas de la repousser aux calendes grecques, c’est-à-dire jamais, ou de faire de la procrastination, domani, domani. Ce serait en quelques sortes nous moquer de nous-mêmes et de celui qui veut marcher avec nous et qui nous attend. Saint Augustin nous dit que le psaume 125 que nous avons entendus appartient à des psaumes intitulés cantiques des degrés. C’est le chant de ceux qui s’élèvent; et où s’élèvent-ils, sinon vers cette Jérusalem du ciel qui est notre mère à tous? Comme elle est du ciel, elle est éternelle. L’éternité, je crois que nous y aspirons tous en nous interrogeant sur ce qu’elle sera.

Peut-on être insensible à ce qui habitait Saint Paul : À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ,     et, en lui, d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ.  Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection.

Le plus grand mal est celui de vivre une séparation d’avec le Christ pour Saint Paul. Nous nous devons bien évidemment aujourd’hui d’être attentifs à ceux qui sont malades et vivent ce mystère du Christ souffrant et à ceux qui les soignent.

Dans sa bulle d’indiction, le pape, malade  lui-même, nous a dit que : Des signes d’espérance devront être offerts aux malades, qu’ils soient à la maison ou à l’hôpital. Leurs souffrances doivent pouvoir trouver un soulagement dans la proximité de personnes qui les visitent et dans l’affection qu’ils reçoivent. Les œuvres de miséricorde sont aussi des œuvres d’espérance qui réveillent dans les cœurs des sentiments de gratitude. Et que la gratitude atteigne tous les professionnels de la santé qui, dans des conditions souvent difficiles, exercent leur mission avec un soin attentif pour les personnes malades et les plus fragiles.

Nous pouvons conclure avec le début de sa prière pour le Jubilé.

Père, toi qui es aux cieux,  la foi que tu nous as donnée en  ton fils Jésus-Christ, notre frère,  flamme de charité  répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, éveille en nous la bienheureuse espérance pour l’avènement de ton royaume. Amen