Le Caravage
2ème Dimanche de Pâques ou de la Divine Miséricorde (semaine II du Psautier) — Année C
Longue Intro (assis)
Chers amis, chers frères et sœurs,
nous voilà aujourd’hui réunis pour célébrer l’Eucharistie en ce dimanche de l’Octave
de Pâques, dimanche de Saint Thomas et de la Divine Miséricorde. Nous devons aussi
mentionner le Jubilé des adolescents qui s’achève aujourd’hui. Ils étaient des
dizaines de milliers au Vatican ce matin. La via della conziliatione était colorée
par une foule immense. Nous intégrons aussi à cette célébration les journées de
deuil et de prière pour le pape François, les novemdiales. Nous avons tous été
touchés par son départ après nous avoir dit « A Dieu », aurevoir au
ciel. La célébration des funérailles a été impressionnante. Même s’il n’y a pas
eu de « Santo Subito » romain, comme pour saint Jean-Paul II, ce
départ nous marquera. IL Les cardinaux Ré et Parolin ont déjà deux synthèses
pleines de sensibilité de son pontificat dans leurs homélies respectives. Il
reste à faire la nôtre ces jours, sur ces 12 ans au service de l’Eglise
universelle. Nous avons aussi la mission de prier pour que le Seigneur nous donne
un successeur qui permette à l’Eglise d’avancer dans ce 21ème
siècle. Je me demande si nous ne pourrions pas aussi formuler et exprimer
quelques part nos attentes et pas seulement dans le cœur de Dieu. Pour mémoire,
saint Jean-Paul II était parti la veille du dimanche de la divine miséricorde. Le
Pape François est mon 7ème pape, étant né sous Pie XII. Jean XXIII
avait été le premier dont j’ai pu prendre conscience. Ma grand-mère m’avait
annoncé son élection alors que j’avais 4 ans. Ma mémoire n’est pas excellente,
mais de cela je m’en suis souvenu. Une dame à La Promenade m’a dit qu’elle
était née sous Pie XI. Avec les années on se sent devenir de plus en plus une
sorte de monument historique. Il faut envisager que le 8ème puisse
être le dernier. Comment qualifier le pontificat du Pape François ? J’ai
retenu une expression d’un commentateur : Le Pape François a cherché à
rendre visible ce qui était caché… D’autres disent le pape du Peuple. Le
cardinal Ré a rappelé hier la primauté de l’amour dans la vocation de Pierre.
Le Seigneur lui a posé une question sur un sujet qui n’a rien d’un doctorat en
théologie. «Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ?». Et la réponse de Pierre fut
immédiate et sincère : «Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime». Il n’a
pas dit qu’il aimait le plus le Seigneur, il a fait preuve d’humilité. Le
Seigneur nous prend comme nous sommes.
La Canonisation de Carlo Acutis qui
devait avoir lieu aujourd’hui aves le jeunes, a été reportée. Un pape peut-être
aura-t-elle lieu en même temps que celle de Pier Giorgio Frassati, le 3 août.
Cela dépendra du prochain pape, mais ce sera un beau signe pour les
commencements d’un jeune pontificat. Peut-être est-ce parce qu’on a discuté de
la mise en cause de l’infaillibilité pontificale dans cet acte. Heureusement,
il y en a eu avant les procédures romaines. Pardonnez-moi d’avoir été long,
mais les circonstances sont extraordinaires.
Nous allons accueillir la
miséricorde du Seigneur avec l’eau qui nous rappellera notre baptême.
Nous chantons la Gloire de Dieu.
Chers Frères et Sœurs,
Mystérieuse voie que celle du
Seigneur. Avant sa Pâque, tous ses contemporains qui le voulaient, pouvaient le
voir. Il ne s’agissait pas seulement de le voir, mais déjà de l’aimer et de
croire en lui, de croire à ce qu’ils pouvaient pas voir de lui. Un véritable et profond amour du Seigneur
dépendait déjà de la foi en lui. L’amour est la vertu qui met en action la foi,
et la miséricorde est la manière concrète dont l’amour se déploie dans le monde,
soutenu par l’espérance.
Aimer le Seigneur en Esprit et en
Vérité veut dire l’aimer totalement dans toutes ses dimensions humaines et
divines. Impossible de dire Seigneur, je t’aime « vraiment » s’il ne
s’agit que d’apprécier ses apparences. Les apparences peuvent n’être qu’un
masque, ou un jeu d’acteur.
Jésus vient maintenant à la
rencontre de ses Apôtres en leur demandant de prendre le chemin de la foi,
après avoir vu. Il vient en se laissant voir et reconnaître pour 40 jours. Et
durant cet espace de temps, sous cette forme, il ne se laissera voir que par
ceux qui ont cru en lui et l’ont aimé, même de manière imparfaite. Il vient guérir
l’aveugle qu’est Thomas pour qu’il puisse croire. Pourquoi donc ? Pour
annoncer la Bonne Nouvelle. Thomas croit parce qu’il voit ! Par ses
Apôtres, le Seigneur nous demande de croire en lui et de l’aimer, soutenus par
l’espérance. Ce sont les grands moyens qui nous sont donnés pour le rejoindre
et le voir au dernier jour. La foi disparaîtra au profit de la charité. Il n’y
aura plus d’espérance, nous n’en aurons plus besoin. L’amour seul restera.
Le Seigneur nous a tracé un
chemin à travers ce qu’il a vécu en tant qu’homme jusqu’à sa Passion et sa Résurrection. Il l’a fait parce qu’il est le miséricordieux
et qu’il nous veut libres. Il ne contraint personne à l’aimer. Il vient panser
nos blessures, les guérir, guérir nos yeux et notre cœur. Il vient guérir notre
relation avec lui pour que cet amour entre lui et nous demeure pour toujours.
Notre foi nous permet de voir
au-delà du visible, de le toucher avec le fond de notre cœur. L’humanité
visible du Seigneur n’est plus là, mais il nous demande de regarder nos frères
et de le voir en eux. Comment dire, Seigneur je t’aime, alors que je n’aimerais
pas celui que je vois, ici et maintenant. Si je ne vois pas le Seigneur
maintenant, de mes yeux, il me donne des frères autour de moi. J’aime beaucoup une
expression, ce qu’on appelle le sacrement
du frère. Elle nous vient déjà des Pères de l’Eglise. En voyant mon frère, je vois le Seigneur en
lui. La miséricorde est la manière concrète dont l’amour se déploie dans le
monde. Nous pouvons toujours atteindre et être atteint, embrassé par le
Seigneur par la foi, l’espérance et la charité… Il nous touche et nous le
touchons par les 7 sacrements et le sacrement du frère.
La miséricorde a été le thème
favori du Pape François, dans la ligne de Saint Jean-Paul II. Nous nous sous
souvenons que sa devise a été : « « Miserando atque eligendo ». « Choisi parce que pardonné », tiré d’une
homélie d’un ancien bénédictin, Bède le Vénérable pour la fête de Saint
Matthieu. Le pape François aimait
beaucoup le tableau de la conversion de Saint Matthieu à Saint-Louis-des-Français
par le Caravage. Que lui demande-t-il maintenant ? Il doit rendre grâce
parce qu’il a été choisi et pardonné définitivement. Les documents sur la
miséricorde, vous en avez encore le souvenir : Riche en Miséricorde, c’était
par saint Jean-Paul II, Miséricorde et misère par le pape François. Avec l’Année
Sainte de la Miséricorde, il m’a laissé un souvenir merveilleux, au Vorbourg. Je
pense que le Pape François a essayé de nous la faire comprendre aussi
par l’ensemble des thèmes travaillés dans l’Eglise pendant tout son pontificat.
Un des traits constants de ses interventions a été de tenter de faire
comprendre que personne n’était exclu de la rencontre avec le Seigneur. Il est
allé jusqu’aux frontières de ce qui est possible aujourd’hui. Le Seigneur reste
le même, hier, aujourd’hui, à jamais. et il veut nous attirer tous à lui par ce
grand moyen de l’amour. M’aimes-tu ? m’aimes-tu vraiment ? Il n’y a
pas que Pierre à qui cette question, nous pouvons dire chacun, moi aussi. Je cite encore le Cardinal Parolin ce matin :
« La miséricorde nous ramène au cœur de la foi. Elle nous rappelle que la
bonne nouvelle de l'Évangile est avant tout la découverte d'être aimé par un
Dieu qui a des entrailles de compassion et de tendresse pour chacun de nous,
indépendamment de nos mérites. »
Le Pape François a essayé de
faire bouger les choses à sa manière et selon sa perception, avec l’aide de l’Esprit-Saint.
Le Cardinal Ré hier a dressé de notre pape défunt un portrait plein de finesse.
« Avec son vocabulaire caractéristique et son langage riche en images et
en métaphores, il a toujours cherché à éclairer les problèmes de notre temps
par la sagesse de l’Évangile, en offrant une réponse à la lumière de la foi et
en encourageant à vivre en chrétiens les défis et les contradictions de ces
années de changements, qu’il aimait qualifier de «changement d’époque».
L’Evangile de la Miséricorde
reste le même, mais nous avons à tenter de comprendre ce qu’il nous dit aujourd’hui,
ce que nous avons à changer en nous pour mieux répondre à l’appel et à l’envoi
de Jésus : « M’aimes-tu ? et bien va où là je t’envoie, que ce
soit dans ta famille, vers tes amis ou au loin ». Tout est dépassé après
quelques années et transforme en statue de sel ceux qui restent figés dans le
passé, même celui des plans pastoraux. Il ne s’agit pas que de modes
vestimentaires ou liturgiques.
Le Pape François aimait les homélies
brèves, selon ce qu’il nous disait. Je
ne veux donc pas allonger, ce serait peut-être une manière de vous faire lever
les yeux vers le ciel.
Il nous a dit un dernier au-revoir
et donné un dernier signe pour nos voyages à nous en se rendant à la basilique
de Sainte Marie Majeure, auprès de Marie la Mère de Miséricorde. Nous nous
confions à elle. Reine du Ciel, Réjouis-toi, le Seigneur est vraiment
ressuscité. Alléluia
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