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dimanche 18 mai 2025

" Je vous commande de vous aimer les uns les autres"

 



8 mai 2025

 5ème Dimanche de Pâques (semaine I du Psautier) — Année C


Lectures de la messe


Homélie

« Je vous donne un commandement nouveau : Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. »

Chers Frères et Sœurs,

Le contexte de l’Evangile d’aujourd’hui est celui du départ de Jésus lors de sa Passion. Il n’y a pas de mention explicite de l’Ascension dans l’Evangile de Jean. On pourrait certainement y voir une allusion dans les paroles de Jésus lorsqu’il apparaît à Madeleine, après sa résurrection  : "Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père".

La Bonne Nouvelle doit être annoncée à toutes les nations et il ne sera plus présent dans son humanité et visiblement pour assurer la cohésion de ceux qui croiront en Lui, de son Eglise. Nombreux, ils le seront ! Les Actes des Apôtres nous ont relaté le long et périlleux voyage de Saint Paul et les fruits de son ministère. Son souci de venir partager les fruits de cette annonce, nous montre son souci de l’unité qui était celui de toute la jeune Eglise. Jésus n’est plus là pour écouter les Apôtres au retour de leur première mission. Après l’Ascension, ce n’était pas du chacun pour soi. Comment garder cette unité ?

La lecture du livre de l’Apocalypse qui suit les Actes, n’est pas simplement une catastrophe à grande échelle, elle est un dévoilement de ce qui s’est construit derrière le visible et les apparences. Ca n’est pas qu’une séance de démaquillage. Nous pouvons  prendre l’image plus parlante de la chrysalide qui devient papillon. « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » Qu’est-ce qui va apparaître ? Le Christ qui est en nous et avec nous et avec ceux qui auront cru en lui, ceux qui ne se seront pas contentés de paroles, mais qui auront vécu le véritable amour comme lui : par lui, avec lui et en lui. Grâce à l’Esprit.

Dans l’Evangile, Jésus lors de la dernière Cène annonce son départ. Il donne ses dernières recommandations. Elles sont appliquées à ce dernier départ qu’est l’Ascension. Jésus va être glorifié, il change de mode de présence. Le terme « glorifié » doit encore être expliqué. La gloire de Dieu est d’abord la dimension intrinsèque de Dieu, sa perfection qui ne peut être mesurée et assumée par nous maintenant. Nous ne pouvons l’aborder que par des images toujours dépassées, ce qui inspire la louange. La gloire de Dieu culmine dans la perfection du don d’amour des personnes trinitaires entre elles.

Une manifestation extérieure de la perfection divine est là devant nous dans la création. Il faut savoir ouvrir les yeux devant la beauté, la grandeur, l’infiniment grand et l’infiniment petit, la coordination de cet ensemble. La beauté des fleurs au printemps, ce que peut créer un artiste, le travail d’un scientifique… Ils nous donnent parfois de voir un reflet de la gloire de Dieu. Mais plus profondément encore, il y a cette curieuse faculté de l’amour qui nous donne de laisser Dieu entrer en nous et de le toucher. Il est là, de manière voilée, il construit sa vie avec nous comme pour la chrysalide.

L’amour, c’est le filtre de Jouvence et de cette nouvelle création. Jésus parle d’un commandement nouveau.  « Je vous donne un commandement nouveau : Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » Ce commandement n’est pas en soi nouveau, il appartient aussi à la première Alliance. Par contre cette nouveauté dont parle Jésus a ceci de particulier qu’elle bat en brèche, une conception que nous qualifierions aujourd’hui d’individuelle, de légaliste et de calculatrice de l’amour. Ce qui est vraiment nouveau, c’est la manière dont Jésus a aimé. Cela dépasse un amour calculateur, dosé, je te donne pour que tu donnes, do ut des, disaient les latins. Jésus a aimé en se laissant conduire complètement par l’Esprit. Lui seul pourra venir frapper à la porte du cœur, y entrer, rassembler et assurer la cohésion de l’Eglise, construire et faire grandir le corps du Christ. Ce n’est pas pour rien que Jésus va demander à ses disciples d’attendre la venue de son Esprit à la Pentecôte. Il l’avait expliqué à ses Apôtres avec l’image du cep et des sarments : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. »

La spiritualité de notre nouveau Pape Léon XIV a pour base Saint Augustin. Son ordre missionnaire porte son nom. Les médias nous l’ont bien présenté et nous entendrons bien parler de lui pendant son pontificat. Au cœur de la pensée de Saint Augustin, il y a cet amour immense qui demeurera toujours et qui nous permettra de rentrer non seulement en contact, mais en communion définitive avec le Seigneur lorsqu’il sera tout en tous.

Augustin essaye de nous faire comprendre que l’amour vécu par le Christ dans sa passion est un moment où Dieu manifeste sa gloire en montrant jusqu’où il capable d’aller pour nous amener à le rencontrer. Ce drame nous trouble comme les disciples, surtout lorsque nous le vivons dans nos moments de difficultés. « Grâce à lui, nous pourrons tout faire », c’est-à-dire rencontrer son Père et manifester sa gloire, l’amour qui est le sien. Mais sans l’Esprit Saint nous ne pouvons rien faire… Saint Augustin nous invite à voir au-delà des apparences : la souffrance et l’humilité du Christ ne sont pas des signes de défaite, mais bien les prémices d’une vie nouvelle et d’une communion plus intime avec Dieu. L’appel est de reconnaître que l’amour et l’obéissance parfaits du Christ sont les conditions nécessaires pour que la lumière du divin brille dans nos vies.

Que de grands mots… pour dire que la gloire de Dieu qui n’est pas celle de Louis XIV se manifeste encore plus dans l’infiniment petit, dans l’infiniment fragile, dans l’infiniment intérieur. Demandons au Seigneur de nous ouvrir les yeux sur sa présence au-dedans de nous et dans celui que nous rencontrons, où il est déjà présent. Demandons-lui en même temps une part de son Esprit pour le rencontrer en eux. C’est lui qui vient construire cette Jérusalem nouvelle dont parle l’Apocalypse. Elle nous rappelle un grand livre de Saint Augustin, la Cité de Dieu.

Je vous rappelle un passage de ce que nous a dit le pape Léon au soir de son élection : « Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière. L'humanité a besoin de Lui comme pont pour être rejoint par Dieu et par son amour. Aidez-nous vous aussi, puis aidez-vous les uns les autres à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix. »

Marie Reine du Ciel, Réjouis-toi, le Seigneur est vraiment ressuscité . Alléluia.


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