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dimanche 21 septembre 2025

« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » (Lc 16, 1-13)


21 septembre 2025

 25ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) — Année C

 
 
Lectures de la messe

 

Quel titre pour une fête fédérale d'action de grâce? quelle est notre valeur fondamentale, quelles sont nos valeurs? Il y a bien et biens.


Mes sœurs, chers frères et sœurs,

Nous avons eu droit à un long évangile, une parabole du Seigneur qu’on nomme fréquemment la parabole du gérant malhonnête. Il est plus que peu scrupuleux. Un des éléments curieux est l’avis du Seigneur sur cet homme. Il ne le blâme pas totalement, et loue son habileté. Il y a donc un bien dans ce qu’il fait. Que cherche-t-il à faire après son renvoi, sinon à survivre ? Il cherche à être accueilli et à trouver un refuge. Il recherche la vie, mais de quelle vie s’agit-il ?

Il en a certainement fait de belles. Lorsqu’on renvoie une personne dans une entreprise ou qu’elle s’en va, on se sépare aussi de connaissances qui risquent d’être transférées à la concurrence. Ce gérant se sert encore plus dans la poche de son Maître pour se préparer un bon accueil.

Quel bien cherche-t-il, sinon un bien immédiat ? Le critère ultime de discernement selon le Seigneur, repose sur la nature du bien véritable. Quel est-il ?

L’argent, c’est le monde réel, le levier de la puissance. Dans cet univers et cette perspective purement matérialiste du monde créé, Dieu est réservé aux rêveurs et aux poètes. Quelles sont nos valeurs refuges ?  Notre nouveau pape Léon, vient de coécrire son premier livre en tant que pape. Il est en espagnol, mais nous pouvons « rendre grâce » aux traductions automatiques en attendant le français à mi-novembre. Le pape dit notamment ceci : Si nous perdons le sens des valeurs, qu'importe le reste ? La valeur de la vie humaine, la valeur de la famille et la valeur de la société…  Il mentionne encore l'écart croissant entre les revenus de la classe ouvrière et ceux des plus riches. Par exemple, les PDG qui, il y a soixante ans, pouvaient gagner quatre à six fois plus que les ouvriers. Ils gagnent aujourd'hui, selon les derniers chiffres qu’il a vu jusqu’à peut-être six cents fois plus que les ouvriers moyens. Ce sont des tailles de superpuissances. Il mentionne même le premier trillionnaire au monde. Qu'est-ce que cela signifie et de quoi s'agit-il ? On le croyait ruiné, on ne peut plus faire confiance aux médias. Si l’argent est la seule chose qui ait de la valeur aujourd'hui, alors nous avons un gros problème. On sent un peu la fibre de Léon XIII en arrière-plan des propos de Léon XIV.  Une mise à jour de la doctrine sociale de l’Eglise se profile-t-elle ?

Revenons-en aux valeurs. Quelles sont celles auxquelles nous nous référons ? Dans la culture psychologique et l’accompagnement, les valeurs sont mises en avant, avec raison. Comment donner sens à ce que l’on vit ? Il ne s’agit pas seulement de donner un sens aléatoire ou totalement subjectif. Comment non seulement rechercher un sens à ma vie mais aussi à la création ? Il ne nous est possible que d’avancer à tâtons par la réflexion et par la foi, étant limités par la matière dont nous avons été tirés. Dieu l’aime au point d’être devenu l’un de nous. Il est nécessaire de nous le rappeler tous les jours, surtout lorsque rien ne va plus.

Qu’est-ce que le Bien véritable ? « Le bien véritable est ce qui est conforme à la volonté de Dieu et conduit à la béatitude éternelle ». Dieu lui-même est le Bien suprême et la fin ultime de l’homme et de la création tout entière. Ce qui est visé pour nous est la béatitude. Ailleurs dans les Evangiles, Jésus répond à un jeune homme riche qui l’interroge. Il invoque d’abord la nécessité de reconnaître Dieu comme " le seul Bon ", comme le Bien par excellence et comme la source de tout bien. Il donne ensuite le mode d’emploi pour parvenir au Bonheur, avec la liste des commandements et donc des valeurs selon lesquelles selon lesquelles il faut se comporter pour être en accord avec lui. Il donne aussi les moyens pour y parvenir, n’oublions pas les sacrements qui nous introduisent dans la vie avec Dieu.

Il ne s’agit pas seulement d’être bien ensemble, de nous réchauffer avec des applaudissements, ou de l’auto-persuasion et une trop confortable estime de soi, mais de rechercher et de trouver Dieu d’abord au fond de notre cœur, puis dans l’autre. Lorsqu’on veut faire prendre un feu, on essaye de placer des éléments inflammables au centre du foyer et de le faire prendre. Mais ce centre d’où part le foyer qui devient un incendie doit être reconnu et aménagé en chacun.  Encore faut-il un espace approprié et communiquer  une étincelle .

Maurice Zundel est avec raison au centre d’un intérêt spirituel en croissance. Vous avez peut-être vu un petitfilm réalisé à Lausanne et qui a passé sur KTO, cette semaine. Nous fêtons le 50ème anniversaire de sa mort le 10 août 1975, ce qui ne me rajeunit pas… c’était à la veille de mon entrée en faculté de théologie. Le film est encore en ligne sur internet. Je voulais en venir à la place de Dieu dans notre cœur, au centre de nous-mêmes. Il veut habiter en nous. Pour y parvenir, il faut  un dépouillement et  de l’espace, avec un aménagement. Vous me permettez une citation  tirée d’une des homélies de Maurice Zundel pour ce 25e dimanche :

Pour libérer l’homme, il faut être dépouillé de tout, agenouillé devant lui et crucifié, c’est-à-dire qu’il faut accepter de mourir d’amour pour lui révéler l’univers infini de l’amour, pour lui faire prendre conscience de cette générosité au plus intime de lui-même et d’avoir un espace où toute l’humanité se sentira comblée, où Dieu lui-même se révèle avec son propre visage. C’est ce que Jésus a fait pour nous.

Il ne s’agit pas d’acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales, c’est tout le contraire. « De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple. » « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »   (Lc 12, 49).  Jésus nous confie aujourd’hui la charge de propager ce feu et d’ouvrir les coeurs. Il nous demande de rallumer l’espérance autour de nous. « il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. »

Nous pouvons terminer avec Sainte Thérèse de Jésus : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie ; tout passe. Dieu ne change pas : la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien Dieu seul suffit ! ». Quel feu brûlait en elle !

Réjouis-toi Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, il est avec nous, toujours. Amen.


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